J'avais envie de vous faire profiter de trois petits contes que j'ai lus et qui m'ont fait penser à de nombreux malades alcooliques dont je fais partie...A chacun d'en tirer ce qu'il veut, ne serait ce que le plaisir d'un sourire, ce qui ne fait pas de mal...
"L'illusionniste et le perroquet"
Le paquebot Normandie est en train de battre le record de la traversée de l'Atlantique. A bord, un illusionniste doit donner une représentation dans laquelle figure un pérroquet.
Or, son pérroquet personnel vient de mourir. Apprenant que le capitaine en possède un autre, il va lui demander l'autorisation de l'utiliser, pour un simple tour de passe-passe.
- Moi, dit le capitaine, je ne me mèle pas de ces choses-là. Il faut demander au perroquet.
L'illusionniste s'adresse donc au perroquet du capitaine, oiseau assez grincheux d'un certain âge, qui demande ce qu'on attend de lui exactement.
- Presque rien, dit le magicien. A un moment donné, je vous fais disparaître, c'est tout.
- Pas question, dit le perroquet. Je ne veux absolument pas disparaître.
L'illusionniste argumente longuement, explique le tour, tant et si bien que le perroquet du capitaine se laisse convaincre. Ce n'est qu'un jeu, lui a dit l'illusionniste.
La représentation commence. Ce soir là, les chaudières du navire, lancé à la conquête du ruban bleu, sont au maximum de puissance. L'illusionniste procède à ses manipulations habituelles, montre le perroquet, le dissimule derrière un voile noir.
A cet instant, les chaudières du paquebot explosent. Le bâtiment tout entier est englouti.
Plus tard, sur la mer, on retrouve le perroquet trés mécontent qui marche de long en large sur une planche en répétant :
- Mais quel jeu de cons ! Quel jeu de cons !
* * *
"La bonne pensée"
Un jeune Anglais parfaitement ivre vient un jour trouver Norman Vincent Peale, auteur d'un livre alors célèbre, "The Power of positive Thinking". Le jeune homme ivre demanda à l'auteur quelle différence il pouvait établir entre une pensée positive et une pensée négative.
Remarquant aisément l'état dans lequel se trouvait le jeune visiteur, Peale lui dit :
- Revenez donc me voir quand vous serez sobre, je serai heureux de vous répondre.
- Je vous remercie, répondit le jeune homme, mais quand je suis sobre, je m'en fous.
* * *
"Dans la tempête"
Nasreddin Hodja est assis à l'arrière d'une pirogue qui traverse tant bien que mal un bras de mer. Deux hommes devant lui rament avec vigueur. Nasreddin ne fait rien.
Soudain une tempête se lève. Elle se montre violente. Des vagues dangereuses secouent la pirogue. Les deux rameurs s'épuisent à lutter contre la mer, qui menace à chaque instant d'engloutir le trop frêle esquif.
Ils se retournent pour jeter un coup d'oeil à Nasreddin et le voient qui, trés étrangement, prend de l'eau dans la mer et la verse dans la pirogue. Ils s'en étonnent, ils crient :
- Mais que fais tu ? Tu es fou ? C'est le contraire qu'il faut faire ! Pourquoi mets tu de l'eau dans la pirogue ?
- Ma mère, répond Nasréddin, m'a toujours dit qu'il faut être du côté du plus fort !
* * *
* Textes tirés du livre "le Cercle des Menteurs" de Jean Claude Carrière
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