Modifié le 13-01-04 à 19:28 (GMT)Bonsoir
J'étais moi même fille de malade alcoolique, donc je comprends complètement ce que vous pouvez ressentir, Une fille et Caro...
Mais ce que je vais vous dire risque de ne pas vous plaire, et pourtant, je me dois de vous le dire :
En plus d'avoir été fille d'un alcoolique (mon père est décédé à présent), j'ai aussi été fille d'une mère accro au "crabe" dans le ventre, et cette maladie s'appelle la co-dépendance (ma mère est morte aussi à présent); Elle empêche, entre autre, de prendre ses cliques et ses claques, sa fille par la main, et de QUITTER une situation INTOLERABLE avec un malade alcoolique qui n'est pas prêt à arrêter de boire.
Cette maladie de la dépendance fait qu'au lieu de se sauver et de sauver ceux dont on a la responsabilité comme ses enfants, on reste dans une situation qui nous rend malade, qui nous mine, qui nous fait vivre la peur au ventre, mais en plus qui met notre vie en danger, nous et ceux qu'on devrait protéger.
Pourquoi ? :
Parce qu'on est d'abord malade de la dépendance au malade alcoolique, puis parce qu'on est dans le "connu", dans les habitudes, parce que se plaindre, avoir peur, vouloir changer l'autre, l'alcoolique, on connait, mais s'occuper de soi, se faire passer en premier avec ses enfants, sauver sa peau, se débrouiller pour changer ce qu'on peut changer dans une situation qui ne nous va pas, on ne connait pas, et puis ça demande de se bouger vraiment, ça demande de lâcher l'os des gérémiades, ça demande qu'au lieu de montrer la paille dans l'oeil de son père et de son conjoint, on commence à regarder la poutre dans le sien ! :
Alors on reste dans ce qui ne nous va pas mais qu'on connaît bien, en s'inventant des fausses excuses comme "l'alcool, ça coûte cher à la "famille"..."
Je suis désolée, mais si l'alcoolisme de votre père vous ruine, vous et votre mère, il me semble que vivre loin de votre père vous coûterait moins cher, justement, non ?...
D'autre part, j'aimerais qu'en toute honneteté, vous vous posiez cette question que je me suis posée aussi en pensant à mon père (la réponse m'a fait tout bizarre) :
Un être humain (pas un chien ni un kleenex, hein, je parle d'un être humain) qui vit avec une femme et une fille qui posent sur lui un regard méprisant, plein de reproches (je l'ai eu envers mon père), qui ont à son encontre, des envies de meurtre (je les ai eues), des sentiments de rejet, de haine (je les ai eus) qui se sent de trop, l'indésirable...
Il a envie de quoi s'il ne sait pas comment faire pour changer cet état de fait ? :
Ben moi je vais vous le dire :
Il a envie de BOIRE ! Et il boit !
Par contre, si sa femme et sa fille avaient les actes en accord avec leur regard et leurs sentiments, elles le quitteraient, et là, les choses seraient plus plausibles !
Mais que comprendre de la part de gens qui restent avec vous alors qu'ils vous détestent et souhaitent votre mort ? : C'est à en devenir fou.
Pourquoi vouloir se soigner pour des gens que vous sentez qu'ils ne vous aiment pas ? Pourquoi vouloir quitter le seul produit qui vous donne un peu de chaleur aux tripes : L'alcool ?
Mon père en était là...Il en est mort de la gangrenne...
j'ai mis longtemps à comprendre qu'il n'était pas le seul malade dans l histoire et que sa maladie était étroitement complémentaire avec celle de ma mère.
Un peu comme un combat d'égos, de titans, de dragons..Le plus fort tue le moins fort...
Je suis descendue du ring de ce genre de combats le jour où j'ai décidé de m'occuper de moi et de ma propre vie, en laissant mes parents s'occuper de la leur, et, si difficile que ça ait pu être pour moi de lâcher ma mère, je me suis gagnée dans ce choix.
Les groupes de paroles réunissant des personnes qui avaient connu les mêmes souffrances que moi m'ont beaucoup aidée dans ce cheminement vers moi même.
Poulou