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"Comment aider une amie alcoolique?"

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Forum : Arrêter l'alcool (Protected)
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enzo (VNI) (1 messages) Voir addresse IP de cet auteur
23-01-04, 21:08  (GMT)
"Comment aider une amie alcoolique?"
Bonjour à vous tous qui pouvez m'aider et pardon si je suis un peu longue...
j'ai retrouvé ,il ya un an ,ma meilleure amie après 25 ans de vie à l'étranger et des évènements personnels et familiaux qui nous ont éloignées .L'émotion a été forte,nous avions 20 ans à nouveau comme si rien n'avait changé, c'était génial! Depuis ,nous essayons de nous revoir assez régulièrement malgré les 500 km qui nous séparent.
Mais j'ai vite découvert qu'elle avait tout de même changé et qu'elle est en fait alcoolique.depuis quand , je n'en ai pas d'idée précise même si je dirais que cela me semble déjà ancien et qu'elle me parait très malade,sévèrement dépendante.Une bonne situation professionnelle pourtant mais une rupture affective ancienne dont elle ne semble pas bien guérie,depuis,une grande solitude, pas d'enfant ,une dépression sourde qui resurgit régulièrement ...
je pense qu'elle a voulu en me recherchant (car c'est elle qui a fait les démarches assez complexes pour me retrouver)trouver une aide .Et là dessus ,pas de problème , cette amie est comme ma soeur ,je dirais même plus...
Mais comment dois-je m'y prendre?Dabord ,comment aborder le sujet de sa maladie sans la heurter,sans la blesser?Ce serait ma première question .
mais aussi,ce peut-il qu'elle pense que je ne me sois encore aperçue de rien alors qu'elle était ivre morte par deux fois lorsque je suis allée la chercher à la gare.Qu'elle emporte avec elle dans ses valises l'alcool qui lui est necessaire (je l'ai surpris bien sûr tout à fait par hasard et à son insu)qu'elle fait 100 aller et retour à sa chambre dans la journée pour boire etc... sans compter la démarche toujours floue et l'élocution incertaine ...
Pense t-elle vraiment que sa dépendance ne se voit pas ?attend -t-elle que je lui en parle la première ? comment faire ? y a t-il surtout quelque chose qu'il ne faut pas dire?
J'aimerais bien aussi le regard d'un(e) alcoolique, si vous pouviez me dire ce que vous attendez ou attendiez de vos amis , pour qu'ils vous aident .
J'avoue ne pas être très armée et je crains manquer de tact.
SVP , je sais qu'il n'y a pas de solution tout faite et que peut-être mon feeling me fera trouver la solution ,mais pour le moment à chaque rencontre ,ce fut l'échec, pas le courage d'en parler , les mots ne sont pas venus et depuis , je tourne dans ma tête mille manières et pas une qui ne sort vraiment .Peut-être quelqu'un ou quelqu'une pourra t-il me donner un peu de courage?

Merci encore , j'attends vraiment avec impatience un coup de pouce!!!

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  Liste des réponses à ce message

  Sujet     Auteur     Posté le:     ID  
 RE: Comment aider une amie alcoolique? yanou (VNI) 23-01-04 1
 RE: Comment aider une amie alcoolique? RVCat (VNI) 23-01-04 2
   RE: Comment aider une amie alcoolique? Enzo (VNI) 24-01-04 5
       RE: Comment aider une amie alcoolique? Poulou 24-01-04 6
           RE: Comment aider une amie alcoolique? enzo (VNI) 24-01-04 7
               RE: Comment aider une amie alcoolique? Poulou 25-01-04 8
 RE: Comment aider une amie alcoolique? Poulou 23-01-04 3
   RE: Comment aider une amie alcoolique? Enzo (VNI) 24-01-04 4

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Texte des réponses

yanou (VNI) (129 messages) Voir addresse IP de cet auteur
23-01-04, 21:48  (GMT)
1. "RE: Comment aider une amie alcoolique?"
Bonsoir,
J'ai lu votre post. Je suis une alcoolique abstinente depuis plus de trois ans. Le problème avec l'alcoolique c'est en même temps un besoin d'être aimé, reconnu, mais qui n'aime pas qu'on lui fasse remarquer ses défauts.
Comment une personne en vient à ne plus pouvoir se passer de ce poison que l'on croit magique. Moi je croyais que personne ne savait que je buvais. Quand mon mari me faisait une réflexion sur ma consommation je lui répondais "qu'aujourd'hui j'étais fatiguée et que c'était sans doute pour cela que l'alcool ne m'avait pas réussi"...
Toujours est il que le lendemain matin j'avais tellement la tête dans le sac (pour rester polie) que je restais allongée dans mon lit, les mains sur les draps, pour ne pas trembler, et je me disais : "si seulement je pouvais aller à l'hopital". Mais parler ouvertement de mon problème d'alcool, même avec mon mari qui était très patient avec moi, je ne le pouvais pas. Je niais.
Pour votre amie, vous pouvez peut être essayer en douceur de lui parler de ce que vous ressentez vis à vis d'elle. Si elle se braque, lachez prise. Petit à petit, après quelques temps, reparlez lui, faites lui de petites suggestions du genre "tu sais l'alcool n'est pas un vice, c'est une maladie.Je peux peut être t'aider". Essayez de dialoguer avec elle, mais de ne jamais la juger.
Si vous voyez qu'elle accroche, qu'elle accepte votre aide, le plus rapidement possible (car il faut battre le fer pendant qu'il est chaud) prenez contact avec un alcoologue. Accompagnez la si vous pouvez, pour qu'elle se sente épauler dans sa démarche. Ensuite la décision lui revient. Personne ne peut faire le travail à sa place.
Car pour qu'un alcoolique puisse s'en sortir il faut qu'il accepte de faire un travail sur lui-même. C'est quelque fois très dur. Certains n'ont pas le déclic immédiatement.
Moi j'ai eu la chance de tomber sur une alcooloque très humaine. Je n'étais pas sure à 100% que la cure de sevrage qu'elle me proposait allait m'apporter quelque chose. Mais au bout de 8 jours d'hospitalisation j'ai admis que j'avais un gros problème d'alcool. Parallèlement à cette cure j'allais dans des réunions d'anciens buveurs. Cela m'a beaucoup apporter.
J'ai pu découvrir qui j'étais réellement, j'ai appris à gérer mes émotions,et surtour j'ai arrêter de faire du pauvre de moi. Je me suis ouverte aux autres. Moi qui étais toujours seule auparavant, repliée sur moi-même, je suis devenue ou redevenue celle que je suis aujourd'hui. Je suis heureuse, même si la vie ne m'a pas épargnée.
J'espère de tout coeur que vous pourrez aider votre amie. Vous pouvez aussi laisser trainer chez vous des papiers avec le nom d'associations d'anciens buveurs.
Je pense aussi que vous aurez d'autres suggestions par Poulou et Iseulta qui en connaissent aussi un rayon dans cette fichue maladie.
Amicalement
Yanou
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RVCat (VNI) (112 messages) Voir addresse IP de cet auteur
23-01-04, 22:43  (GMT)
2. "RE: Comment aider une amie alcoolique?"
Bonjour Enzo,
jJ'ai l'impression que c'est un des trucs les plus difficiles auxquels j'ai eu à réfléchir.

Moi dans un premier temps, je poserai une question ouverte : du genre "tu sais que nous sommes amis depuis longtemps, as tu quelque chose sur le coeur dont tu voudrait qu'on parle ensemble? Tu sais que si tu as besoin d'aide, je suis là pour toi".

Si çà ne marche pas ou partiellement, laisser passer un peu de temps et être plus directe.
"J'ai vu que tu buvais beaucoup et souvent. Tu as sans doute des raisons, mais je sais que les problèmes ne trouvent pas leur solutions de cette manière. Si tu le veux, je peux t'aider, mais il faut que tu me fasse confiance. Et pour ça, il faut que tu m'ouvre ton coeur et qu'on parle de tout ça."

Maigre proposition, mais c'est ce qui me vient spontanément.
Un de tes (nombreux ici) amis
RVCat

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Enzo (VNI) (2 messages) Voir addresse IP de cet auteur
24-01-04, 11:39  (GMT)
5. "RE: Comment aider une amie alcoolique?"
Merci également à Yanou et à RVcat.
En fait ,je ne suis pas très familière des forums ,et j'ai hésité à faire une réponse de remerciements pour les trois messages que j'ai reçu ,ce que j'aurais du faire.Au lieu de cela ,j'ai d'abord répondu à Poulou qui m'a paru plus "ferme " et m'a un peu "secouée" et faite réagir immédiatemnt.Je puise aussi dans vos réponses de quoi me "gonfler " pour mon séjour de vacances avec mon amie où je devrais percer l'abcès...
C'est vrai qu'en dernier lieu ,c'est à elle de décider d'arrêter de boire ,mais il faudrait que je lui redonne des raisons de continuer et d'arrêter et comment ?
de toutes façons, j'essaireai toutes vos suggestions et vous contacterai sûrement à nouveau .merci encore mille fois de vos réponses si promptes , j'ai essayé sur d'autres sites de demander de l'aide ,mais j'ai eu l'impression de ne pas être prise aux sêrieux , il me semble que dans certains groupes de buveurs ,le non buveurs est "écarté" au motif "qu'il ne peux pas comprendre s'il n'est pas passé par là".Autrement dit on serait inutile , et çà, je ne peux pas l'accepter...

Merci encore à vous et à bientôt.Enzo

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Poulou (958 messages) Envoyer message email à: Poulou Envoyer message privé à: Poulou Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
24-01-04, 12:01  (GMT)
6. "RE: Comment aider une amie alcoolique?"

>C'est vrai qu'en dernier lieu ,c'est à elle de décider d'arrêter
>de boire ,mais il faudrait que je lui redonne des
>raisons de continuer et d'arrêter et comment ?

Rebonjour Enzo

Juste quelques petites rectifications que je pense importantes :

Ce n'est pas en "dernier lieu" qu'il apartient à votre amie de décider d'arrêter de boire, ce fait vient en PREMIER lieu, au contraire, car si le désir d'arrêter n'est pas présent, si elle se sent bien dans sa vie alcoolisée, vous pourrez faire ou dire ce que vous voudrez, elle continuera de boire...

En second lieu, je pense que vous n'avez pas à lui donner des raisons d'arrêter ou de continuer de boire; Celà émergerera du plus profond d'elle, si ça doit émerger un jour; Votre amie n'est pas idiote, elle connaît les effets de l'alcool; Mais pour l'instant, elle se sert de ce produit pour anesthésier des souffrances, des hontes, des angoisses, qu'elle traine en elle depuis son enfance, trés certainement.

Ce n'est que lorsqu'elle en aura marre d'en avoir marre de souffrir dans l'alcool qu'elle aura le désir de changer de vie...

Par contre, en lui parlant de votre inquiétude (si vous êtes inquiète), en lui parlant de ce qui vous gêne par exemple lorsque vous la voyez faire des aller retour dans sa chambre pour boire (n'hésitez pas à lui dire que vous avez vu de l'alcool dans ses bagages, sans avoir fouillé et sans ton de reproche, juste en constatant) et en revenir la bouche pateuse; En lui disant que si elle vous considère comme son amie, elle ne se cache pas si elle a besoin de boire, qu'elle le fasse devant vous, mais que si elle a besoin de pleurer, de se lacher, de raconter ce qui ne va pas, elle n'hésite pas, vous êtes là pour elle...
Que si elle veut que vous l'accompagniez voir un alcoologue, assister à une réunion de malades alcooliques, vous serez aussi là pour elle.

En lui parlant de ce que vous avez vu de son comportement avec l'alcool, vous ouvrez la porte entre vous et elle afin que si elle veut vous parler, s'appuyer sur vous, elle puisse le faire...Mais c'est tout ce que vous pouvez faire : L'assurer de votre présence...
Vous ne pourrez pas vous mettre dans sa tête et faire naître les envie d'arrêter l'alcool pour elle...Elle a sa vie à vivre pour sortir de l'alcool, et vous ne pouvez rien faire à sa place dans ce domaine...

Amicalement

Poulou

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enzo (VNI) (1 messages) Voir addresse IP de cet auteur
24-01-04, 23:07  (GMT)
7. "RE: Comment aider une amie alcoolique?"
Décidemment Poulou ,vous êtes redoutable ,vous touchez juste et ne laissez rien passer,et evidemment vous avez raison .
La vérité est que j'ai peur de l'alcool, qu'il soit plus fort qu'elle:
vous dites :
"si elle se sent bien dans sa vie alcoolisée":est-ce vraiment possible de se sentir bien si on doit vivre caché?
"les raisons d'arrêter émergeront un jour si ça doit émerger ...": et si ce jour n'arrive pas ?
"quand elle en aura marre d'en avoir marre de souffrir et qu'elle voudra changer de vie... ":et si elle veut pas changer de vie , ou qu'elle ne s'en sent pas le courage ? il y a aussi d'autres moyens d'en finir vite quand on en a marre de souffrir.Mon grand-père paternel que je n'ai pas connu était alcoolique ,je pense au moins une Vingtaine d'années,avant de se suicider vers la cinquantaine .
Si vous avez raison , je n'ai pas une grande carte à jouer et ça m'est intolérable .
Je relis votre premier message qui m'a glacée,notamment le passage relatif à votre ex-mari vous filmant...Vous êtes restée seule ,si je comprends bien pour vous en sortir et sincérement bravo!mais si vous aviez eue une amie , n'auriez-vous pas gagné du temps,est-ce que cela n'aurait-il pas été plus facile pour rebondir au lieu de devoir "toucher le fond" comme vous l'avez fait pour se relever ?
"elle a sa vie à vivre pour sortir de l'alcool " "et je ne peux rien faire à sa place " OK!je n'ai pas l'intention de faire les choses à sa place de même que mes amis ne font pas non plus les choses à ma place.Mais il n'empêche que les échanges que j'ai avec eux,non seulemnt apportent du réconfort souvent, mais aident aussi à mieux se déterminer et à y voir parfois plus clair.Et les choix que je fais ,même si je les assume totalement auraient été parfois différents si j'avais été seule , à réfléchir et à décider.Je vis seule avec mon fils de 9ans , mais en fait , je ne vis pas ma vie seule, je la partage avec quelques amis (ceux-là toujours très rares ,mais finalement on n'a pas besoin d'en avoir beaucoup)qui me font également partager la leur .Nos vies sont différentes ,nos problèmes sont différents mais nous nous accompagnons mutuellemnt et nous entraidons . Et je pense qu'avec ou sans alcool ,c'est la même chose .
L'assurer de ma présence,point.C'est un peu court:je dois rester là ,relativement passive, impuissante finalement...
"je dois ouvrir la porte entre elle et moi afin que si elle veut me parler , s'appuyer sur moi , elle puisse le faire" :belle image celle de la porte ,mais c'est toujours elle qui décide ... Et moi je ne peux rien faire ? rien suggérer ?rien vouloir?
Bien , j'arrête,vous aurez compris que je pense que sur le fonds vous avez raison mais que je l'admets difficilement !Je voudrais refaire le monde ,la sortir de l'enfer en 8 jours même en plus mais avoir l'assurance de pouvoir l'aggripper et la tirer de là même si cela doit me coûter toute mon énergie.Mais au lieu de cela je dois reconnaitre que le contrôle de la chose pour la première fois m'échappe en grande partie et que je ne peux presque rien ,même si je dois regarder mon amie descendre doucement dans l'abime.
Je suis contre le mur ,ce soir ,un tantinet désespérée mais je vais trouver une brêche ...
Merci encore Poulou ,je suivrai vos conseils à la lettre sans chercher à vivre la vie des autres promis!
et n'hésitez pas à me reprendre si j'ai encore dit des stupidités .D'ailleurs , j'écrirai moins les prochaines fois que vous ayez moins à intervenir...
Amicalement.
Enzo.

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Poulou (958 messages) Envoyer message email à: Poulou Envoyer message privé à: Poulou Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
25-01-04, 00:28  (GMT)
8. "RE: Comment aider une amie alcoolique?"
D'ailleurs , j'écrirai moins les prochaines fois que vous
>ayez moins à intervenir...
>Amicalement.
>Enzo.
>
Rebonsoir Enzo

Tsss...Ce n'est qu'en parlant comme nous parlons qu'on parvient à débroussailler ce qui ne l'est pas...; Si "j'interviens", c'est parce que ça m'aide à moi aussi, ne vous faites pas d'illusion; En vous disant tout ce que je vous dis, c'est un peu à moi même que je le répète, afin de ne pas oublier...

Vous l'avez dit trés justement, on peut laisser toute son énergie à vouloir sauver les autres, à vouloir les changer, les aider plus qu'il ne nous apartient...Et vous avez un enfant de 9 ans qui a besoin de toute cette énergie, car il est votre priorité en tant que mère...Avant même votre amie, qui, elle, est adulte alors que lui ne l'est pas et a encore besoin de vous...
J'ai une fillette de 9 ans moi aussi, elle m'a souvent aidée à me rappeler mes priorités lorsque j'avais tendance à m'épuiser auprés de certains malades alcooliques que j'estimais mais qui n'étaient pas prêts à quitter l'alcool.

Ma propre mère était dépressive depuis que je suis née; Alors l'impuissance à sauver l'autre, je connais...
J'ai vu ma mère choisir de se donner la mort en se défenestrant plutôt que choisir de vivre.
J'aimais ma mère comme toute fille aime sa mère.
Son geste m'a laissée dans un profond désarroi, avec un sentiment d'inutilité, de non reconnaissance immense :
Elle n'avait même pas voulu vivre, en dernier ressort, parce qu'elle avait une fille que son geste aurait pu casser complètement !
Elle n'a pas voulu me reconnaître même au dernier instant et a préféré enjamber cette fenêtre.

Mes enfants m'ont sauvée du néant aprés ce geste de ma mère.

Pendant 42 ans, j'avais préssenti qu'elle commettrait un geste pareil; Pendant 42 ans j'ai fait du chantage à la Vie pour que ce qu'il s'est passé ne se passe pas.
Pendant 36 ans de maladie alcoolique, boulimique vomitive, de peur, d'effacement de moi dans ma petite enfance, j'ai dépensé toute mon énergie à tenter de distraire ma mère pour qu'elle ne commette pas ce geste irréparable. (C'est à l'âge de 36 ans que j'ai lâché ma mère et que j'ai commencé à soigner ma maladie alcoolique en allant chez les A.A.)

Mais j'étais impuissante à donner l'envie de vivre à ma mère alors qu'elle aimait la mort; En vivant pour elle pendant 36 ans, je n'ai réussi qu'à reculer l'échéance de son suicide...(C'est comme ça que je le ressens)

La seule chose sur laquelle je peux agir c'est sur ma propre vie...

Je ne peux pas agir sur la vie des autres...

C'est un dur constat à faire et à accepter, mais ce constat d'impuissance, même s'il est dur à avaler, une fois qu'on l'a digéré, on se sent libre, détaché :
On sait enfin où on en est de ce qui nous incombe et de ce qui ne nous incombe pas, on sait où se situe notre responsabilité (comme être présent à nos enfants en bas âge avant tout); On se sent enfin "à l'heure"...En toute humilité, si désagréable que celà puisse être pour notre égo.

Sinon, pour répondre à votre question quant à savoir si une véritable amie m'aurait aidée lorsque j'étais dans l'alcool :
Quand j'étais dans l'alcool, j'étais perdue et incapable d'avoir un quelconque sentiment d'amitié avec qui que ce soit.
Par contre, je me souviens de certaines personnes qui m'aimaient bien, avant mon mariage, qui me disaient ce qu'elles pensaient de ma vie à 200 à l'heure, qui me disaient que je me détruisais...
Je riais au nez de ces personnes, à l'époque, car je n'étais pas prête à arrêter de boire.
Mais certaines de ces personnes sont restées plantées dans mon coeur, et leurs paroles sont revenues à ma mémoire plusieurs années aprés, tout comme l'information sur les réunions A.A., semée en moi dix ans avant que j'y mette les pieds...

Tout ce que vous pourrez dire en toute honnêteté à votre amie si vous ne parlez que pour vous, Enzo, ce sera comme une graine d'amour semée en elle qui germera si elle doit germer; L'important c'est peut être que vous ne doutiez pas que la graine germera...
Ensuite, laissez faire le temps sans attendre quoique ce soit, mais avec confiance...

Poulou


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Poulou (958 messages) Envoyer message email à: Poulou Envoyer message privé à: Poulou Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
23-01-04, 23:40  (GMT)
3. "RE: Comment aider une amie alcoolique?"
Modifié le 23-01-04 à 23:45  (GMT)

Bonsoir Enzo

Je sais que je ne peux compter que sur deux seules personnes au monde pour aujourd'hui (un homme et une femme), qui sont totalement hônnetes avec moi; Ces deux personnes ne me cachent rien de ce qu'elles ont à me dire lorsqu'elles ont quelque chose à me dire, et de ce qui peut les tracasser dans leur relation avec moi.

Parfois, selon ce qu'elles m'ont dit l'une ou l'autre, je me suis sentie fortement ébranlée intérieurement; J'ai même eu envie d'aller me saouler sur le champ à deux reprises, alors que j'avais arrêté de boire, tellement j'étais choquée par ce qu'elles me disaient; Avec l'une d'elle, je suis même restée plusieurs mois sans la revoir; Mais à présent je me sens en confiance avec ces deux personnes; Je sais que si elles ont quelques chose à me dire elles me le diront sans ronds de jambe et sans détour, en toute amitié, et je parviens à faire de même; Et ça, pour moi, ça vaut toutes les caresses dans le sens du poil du monde.

A la place de votre amie, ce que j'apprécierais, même si tout grincerait en moi, ce serait que vous me parliez comme un ami, comme le frère que vous pensez être, comme quelqu'un qui m'aime et donc ne cherche pas à me plaire mais à me voir aller mieux, comme quelqu'un qui n'a pas envie de me voir me détruire, et qui me le dit, sans se demander si ça va me plaire ou non, mais seulement parce qu'il est mon ami et qu'il tient à moi...

Voilà ce que j'apprécierais à la place de votre amie, Enzo...

Lorsque j'étais dans l'alcool, personne n'a jamais osé me parler en toute simplicité, en toute honnêteté de la sorte; Je me sentais bien seule avec mon problème...:
Si les gens qui disaient m'aimer ne m'en parlaient pas, c'est qu'ils n'étaient pas au courant, sinon ils m'en auraient parlé...Ca va de soi...Ils m'auraient proposé de l'aide, m'auraient au moins fait part de leur inquiétude à mon égard par rapport à mon alcoolisation...
Mais non...Rien...ils me disaient que je fumais trop, que j'avais une mine bizarre, se plaignaient de moi, de mes sautes d'humeur, mais aucun mot concernant ce qu'ils avaient remarqué de ma façon de faire avec l'alcool (s'ils avaient remarqué quelque chose, je n'en sais toujours rien, je ne vis plus avec ces gens) Pourtant je devais sentir l'alcool, parler bizarre, comme vous dites....

Si, je me souviens, à deux reprises, mon ex mari m'a même dit : "Mais qu'est ce que tu as, Sylvie ?" Il a pris sa caméra et m'a filmée alors que j'avais bu et m'a passé le film ! sans un mot au sujet de l'alcool !
Je me sentais tellement honteuse, tellement coupable, j'aurais voulu être à six pieds sous terre tellement je me sentais laide, lâche, humiliée.
Mais rien, pas un mot contenant "alcool" !
Seulement un doigt immense pointé vers moi en signe d'accusation.

J'en viens même à penser que j'étais invisible pour eux ou alors...Je ne sais pas, je ne veux pas savoir, mais ce que je sais, c'est que leur "amour" (ma mère me traitait comme mon ex mari), n'était pas de la même nature que le mien, et que je ne tiens pas à fonctionner avec le leur.

Heureusement pour moi, un jour, j'ai touché mon fond, je me suis regardée en face sans attendre que ceux que j'aimais le fassent et m'en parlent, et j'ai franchi la porte des A.A..

Tant que l'alcool reste tabou pour l'entourage, le malade alcoolique n'en parle pas non plus et continue de se cacher ou de fuir son problème...

Tout change, bien souvent, lorsqu'il sait qu'il ne peut plus leurrer son monde...Lorsque les choses sont "dites".

L'alcoolisme est la maladie du non dit; La Honte et la culpabilité chapeautent cette maladie.

Parlez de vous dans votre relation avec votre amie, Enzo, de votre inquiétude, de ce que vous pensez ou ressentez, de ce que vous avez remarqué, un peu comme vous venez de le faire dans ce post...Juste pour vous, pour ne pas trahir le sentiment d'amitié que vous ressentez envers elle, pour ne rien lui cacher, pour vous sentir libre face à elle, et surtout sans attendre qu'elle le prenne bien ou mal, simplement pour vous libérer vous, de ce non dit.

Quand même, si elle vous a recontacté, ce n'est pas pour rien...Elle doit avoir besoin d'un ami véritable...A vous de faire le second pas...Sur la pointe des pieds, en toute amitié, si c'est ce que vous ressentez vraiment pour elle...

Bon courage.

Poulou

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Enzo (VNI) (2 messages) Voir addresse IP de cet auteur
24-01-04, 11:19  (GMT)
4. "RE: Comment aider une amie alcoolique?"
Mille merci pour votre ou plutôt ton message qui m'a réconfortée (oui en fait je suis une "Enzo")et décidée je crois dans l'attitude que je dois adopter avec elle.La franchise sans plus tarder.En fait j'ai beaucoup insisté pour que nous partions une dizaine de jours en vacances ensemble et que nous ayons le temps de parler tranquillement,le temps peut-être aussi de se brouiller et de se réconcilier .Car comme je l'ai dit, en fait on se voit très peu ,c'est elle qui vient chez moi ,quand elle le décide et j'ai du m'imposer fortement pour passer un week-end chez elle au mois d'aout,je souspçonnais les raisons de ses hésitations : ne pas me laisser voir le désordre de son appart, l'alcool ,partout présent qu'elle n'a pas le temps de faire disparaitre.De fait ,la réalité s'est montrée très au-delà de mes appréhensions!Seule dans sa tannière ,elle néglige tout , se néglige elle-même vit dans un chaos indescriptible !Et finalement jusqu'à présent nos rencontres ont été brèves et j'y ai surtout cherché la confirmation de l'alcoolisme ,afin d'être sûre et de ne pas aborder un problème qui n'en serait pas un .Je voulais aussi me donner le temps de bien lui reconfirmer toute la confiance qu'elle peut trouver dans notre relation nouvellement rétablie avant d'aborder la question qui je le crains sera ,même si j'y mets tout le tact possible, vécue d'abord comme une agression ...
Maintenant ,je dois plonger.d'autant que me semble t-il ,il y a urgence:elle a eu récemment un accident de voiture par sa faute, et j'ai peur qu'elle finisse par perdre son travail car elle est... anesthésiste (!).
je pars dans trois semaines avec elle et je vous tiendrai au courant de mes démarches .J'aurai sans doute encore besoin de votre soutien.Merci encore pour ton appui.
Enzo.

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