Modifié le 23-01-04 à 23:45 (GMT)Bonsoir Enzo
Je sais que je ne peux compter que sur deux seules personnes au monde pour aujourd'hui (un homme et une femme), qui sont totalement hônnetes avec moi; Ces deux personnes ne me cachent rien de ce qu'elles ont à me dire lorsqu'elles ont quelque chose à me dire, et de ce qui peut les tracasser dans leur relation avec moi.
Parfois, selon ce qu'elles m'ont dit l'une ou l'autre, je me suis sentie fortement ébranlée intérieurement; J'ai même eu envie d'aller me saouler sur le champ à deux reprises, alors que j'avais arrêté de boire, tellement j'étais choquée par ce qu'elles me disaient; Avec l'une d'elle, je suis même restée plusieurs mois sans la revoir; Mais à présent je me sens en confiance avec ces deux personnes; Je sais que si elles ont quelques chose à me dire elles me le diront sans ronds de jambe et sans détour, en toute amitié, et je parviens à faire de même; Et ça, pour moi, ça vaut toutes les caresses dans le sens du poil du monde.
A la place de votre amie, ce que j'apprécierais, même si tout grincerait en moi, ce serait que vous me parliez comme un ami, comme le frère que vous pensez être, comme quelqu'un qui m'aime et donc ne cherche pas à me plaire mais à me voir aller mieux, comme quelqu'un qui n'a pas envie de me voir me détruire, et qui me le dit, sans se demander si ça va me plaire ou non, mais seulement parce qu'il est mon ami et qu'il tient à moi...
Voilà ce que j'apprécierais à la place de votre amie, Enzo...
Lorsque j'étais dans l'alcool, personne n'a jamais osé me parler en toute simplicité, en toute honnêteté de la sorte; Je me sentais bien seule avec mon problème...:
Si les gens qui disaient m'aimer ne m'en parlaient pas, c'est qu'ils n'étaient pas au courant, sinon ils m'en auraient parlé...Ca va de soi...Ils m'auraient proposé de l'aide, m'auraient au moins fait part de leur inquiétude à mon égard par rapport à mon alcoolisation...
Mais non...Rien...ils me disaient que je fumais trop, que j'avais une mine bizarre, se plaignaient de moi, de mes sautes d'humeur, mais aucun mot concernant ce qu'ils avaient remarqué de ma façon de faire avec l'alcool (s'ils avaient remarqué quelque chose, je n'en sais toujours rien, je ne vis plus avec ces gens) Pourtant je devais sentir l'alcool, parler bizarre, comme vous dites....
Si, je me souviens, à deux reprises, mon ex mari m'a même dit : "Mais qu'est ce que tu as, Sylvie ?" Il a pris sa caméra et m'a filmée alors que j'avais bu et m'a passé le film ! sans un mot au sujet de l'alcool !
Je me sentais tellement honteuse, tellement coupable, j'aurais voulu être à six pieds sous terre tellement je me sentais laide, lâche, humiliée.
Mais rien, pas un mot contenant "alcool" !
Seulement un doigt immense pointé vers moi en signe d'accusation.
J'en viens même à penser que j'étais invisible pour eux ou alors...Je ne sais pas, je ne veux pas savoir, mais ce que je sais, c'est que leur "amour" (ma mère me traitait comme mon ex mari), n'était pas de la même nature que le mien, et que je ne tiens pas à fonctionner avec le leur.
Heureusement pour moi, un jour, j'ai touché mon fond, je me suis regardée en face sans attendre que ceux que j'aimais le fassent et m'en parlent, et j'ai franchi la porte des A.A..
Tant que l'alcool reste tabou pour l'entourage, le malade alcoolique n'en parle pas non plus et continue de se cacher ou de fuir son problème...
Tout change, bien souvent, lorsqu'il sait qu'il ne peut plus leurrer son monde...Lorsque les choses sont "dites".
L'alcoolisme est la maladie du non dit; La Honte et la culpabilité chapeautent cette maladie.
Parlez de vous dans votre relation avec votre amie, Enzo, de votre inquiétude, de ce que vous pensez ou ressentez, de ce que vous avez remarqué, un peu comme vous venez de le faire dans ce post...Juste pour vous, pour ne pas trahir le sentiment d'amitié que vous ressentez envers elle, pour ne rien lui cacher, pour vous sentir libre face à elle, et surtout sans attendre qu'elle le prenne bien ou mal, simplement pour vous libérer vous, de ce non dit.
Quand même, si elle vous a recontacté, ce n'est pas pour rien...Elle doit avoir besoin d'un ami véritable...A vous de faire le second pas...Sur la pointe des pieds, en toute amitié, si c'est ce que vous ressentez vraiment pour elle...
Bon courage.
Poulou