Modifié le 19-10-03 à 00:35 (GMT)Bonsoir lililou
Lorsque je suis allée assiter à ma première réunion des Alcooliques Anonymes, je me suis enfin sentie là où je devais être.
J'étais arrivée au bout de ma souffrance dans l'alcool; Je n'avais plus rien à perdre d'essayer ce que ces malades alcooliques sobres et aparemment heureux me suggéraient, même si je ne comprenais pas tout.
Et ils me suggéraient d'essayer de ne pas toucher à l'alcool juste pour 24 heures.
Je me suis dit : "Mais pourquoi ils disent ça ? 24 heures plus 24 heures plus 24 heures ça fait toute une vie." Je leur ai demandé : " Pourquoi vous conseillez ça ? Pourquoi vous ne me dites pas de ne plus toucher du tout à l'alcool ?"
Et ils m'ont répondu :
" Ne cherche pas à comprendre, Essaie seulement..."
Et j'ai essayé :
Le lendemain de ma réunion, j'ai commencé ma journée en décidant de ne pas boire "pour aujourd'hui" (on peut réduire la journée par tranche d'heure si besoin est).
Le soir, lorsque je suis allée me coucher et que j'étais claire, je me suis sentie fière de moi : Moi, l'alcoolo, l'ivrogne, la tâche qui ne savais pas tenir ses promesses de ne pas boire, je me couchais sobre !
Le lendemain matin, lorsque je me suis réveillée, je me souvenais de ce que j'avais fait la veille, alors qu'habituellement je me levais la honte au ventre, guétant l'air de mon conjoint pour voir si j'avais fait ou dit quelque chose de "grave" car j'avais tout oublié !
Forte de cette fierté, j'ai eu envie de faire un essai pour 24 heures de plus...Et ça a marché, et j'ai été fière de moi à nouveau, et j'ai eu envie de continuer...
Et petit à petit, les 24 heures de sobriété se sont succédées, et dans ma poitrine, au fur et à mesure que les jours sans alcool s'ajoutaient, une dignité faisait place à cette sensation d'être une tâche; Je relevais peu à peu la tête...
Les A.A. m'ont aussi suggéré d'appeler un autre malade alcoolique (certains "anciens" m'avaient donné leur numéro) si j'avais envie de boire, ce que je faisais chaque fois que je me sentais en danger émotionnel (mon ex mari et moi nous disputions trés souvent).
En parlant au téléphone, l'envie de boire s'estompait, mes émotions se calmaient : Je trouvais auprés d'autres malades alcooliques comme moi le soutien que j'avais trouvé avant dans l'alcool.
Je n'ai jamais pris de médicament pour m'aider à arrêter de boire en ce qui me concerne; C'était par la bouche que je me tuais à petit feu en buvant, c'est par la bouche que je me suis soignée en parlant.
Celà fait à présent plus de onze ans que l'alcool ne fait plus partie de ma vie et que je m'en passe avec bonne humeur car mes valeurs ont changé, tout comme mes centres d'intérêt...
Je suis heureuse d'avoir pu vous donner un morceau de mon témoignage Lililou 
Bonne route à vous sans l'alcool, quelle que soit celle que vous prenez pour y arriver, ça vaut tellement la peine de vivre libre et lucide ! 
Poulou