Bonjour Pierre,Félicitations ! Tu as beaucoup de mérite à déployer tous ces efforts de volonté et puis à avoir résolu de te rendre seul à cette réunion. J’ai hâte que tu nous racontes comment ça s’est passé. Tu es parvenu à t’abstenir de consommer pendant les premiers jours, les plus difficiles. C’est donc que tu as ce qu’il faut pour poursuivre, à condition de rester vigilent...
Pour ma part, il me semble toujours que malgré l’horreur des trois premiers jours, peut-être même à cause de cela, c’est après que le danger s’avère le plus sournois. Au début, je souffre tellement de mes trop récentes libations que j’ai l’impression de combattre un ennemi très concret. La bête me révolte et ça renforce mon courage. Alors pour la suite, il faut toujours se rappeler de quel épouvantable trou noir on a émergé et au prix de quels efforts. Tout ça parce qu’un seul verre nous y précipiterait encore et à coup sûr. S’il faut être vigilent, il faut aussi se rappeler qu’il n’y a pas de difficulté insurmontable.
Tu sais, on ne peut pas juger l’attitude de ton médecin. Simplement, il faut que tu évites de cultiver une fixation malsaine sur l’attitude de quiconque te semblerait chercher à uniquement te culpabiliser (comme alcoolique, je me débrouille moi-même assez bien tout seul à ce chapitre
). Pour autant, il arrive qu’une certaine fermeté sois susceptible d’aider. Personne n’a le pouvoir de faire en sorte que nous nous sentions coupable. Cette culpabilité, on la porte en soi et si elle peut parfois aiguilloner notre volonté de rétablissement, il faut sans doute avant tout se pardonner le mal qu’on s’est fait...
Il importe bien peu que tu parviennes ou non à donner tort à ton médecin en te battant tout seul. C’est ta vie à toi qui est en jeu. En un sens, tu as donc raison de chercher à t’en sortir tout seul : c’est toi et toi seul qui va devenir abstinent, qui va réussir ou échouer, qui va en jouir ou en payer le prix. Ce constat est d’une importance extrême. Mais, il est tout aussi vrai qu’on ne peut pas s’en sortir tout seul : on a besoin d’être soutenu et encouragé. On a besoin de l’expérience d’autres buveurs pour apprendre à reconnaitre et à éviter les nombreux pièges qui nous guettent.
Et puis ne négliges pas la possibilité que les autres aient besoin de toi aussi : ça m’aide, moi, de lire que tu as envie de te battre, ça m’aide de prendre conscience que d’autres ont réussi à se relever. C’est donc possible...
Tu peux tout à fait faire quelque chose de bien de ta vie ; sois certain que sans l’alcool, tes projets vont pouvoir prendre forme et que tu sauras les réaliser.
Suggestion : sur ce forum, il y a un post de Yanou qui m’aide beaucoup personnellement. Il s’intitule « Itinéraire des premiers jours ».
Bon courage Pierre,
Jacko