Bonsoir,étant en dépression (épisode majeur) depuis le 7 décembre, je suis dans une phase que je déteste par dessus tout car c'est une des plus dangereuses.
Depuis que je suis adolescent, je suis très sensible et avec les années, cette sensibilité est devenue de l'hypersensibilité de plus en plus forte et marquée. Autant dire qu'en dépression, elle s'en donne à coeur joie.
Vous devinez aisément mon problème. Je tente de parler à de rares amis de ma maladie, mais je suis parfois mal reçu avec des jugements qui me blessent profondément et dans ce cas là... je coupe net car un jugement est pour moi un rejet de ma personne et je ne suis surtout pas dans une phase où je peux supporter un rejet de ma personne, de mes idées.
Et là, il suffit qu'un ami (une connaissance on va dire plutôt), me fasse une remarque (du style, secoue-toi un peu si tu veux reprendre le dessus et arrête de voir ta psy, je le verrais bien si tu avais des problèmes) pour que je devienne sub-zero John et... il se peut que cette personne soit pratiquement rayée de ma vie.
Et j'ai peur, car il y a quelques personnes que je cotoie quelques fois dans l'année, dont je me sens plus ou moins proche (qui sont gentils, on va dire), et qui m'ont proposé de l'aide, mais je suis dans une telle phase de rejet de moi et d'hypersensibilité que je sais que je peux blesser très facilement des personnes auxquelles je vais tenir, peut-être même encore plus celles-ci.
Je suppose que vous avez déjà été confronté à cela, que ce soit pour des problèmes de nourriture (ne mangeant que très peu, je me suis fâché avec ma soeur l'autre jour qui m'a braqué en voulant me forcer à manger alors que j'étais dans un jour dégoût de la nourriture (curieusement, pour la nourriture, ce sont des jours avec et des jours sans, mais pas des phases de plusieurs semaines, enfin pour le moment) et je ne pouvais rien avaler, ça m'écoeurait, ce n'était pas gras, ce n'était que des fruits, mais ce jour là, ça m'écoeurait et j'ai claqué la porte.
Ma psy m'a dit:"il faudrait tenter de ne pas vous brouiller avec vos proches, vous avez besoin d'eux aussi, je pense que ça partait d'un bon sentiment."
Bon, après avoir soufflé deux jours, nous nous sommes excusés réciproquement mais j'avoue que j'ai peur de cette phase, et mon humeur peut varier si vite, je vais parfois me sentir aggressé par la distance. Si on me montre un magazine et qu'on l'approche trop près de mon visage d'un coup, même si c'est à une distance raisonnable, je vais avoir un sentiment de recul, de rejet. Il y a des moments, même à table, je ne supporte pas de ne pas avoir d'espace, je peux trouver la personne à côté de moi trop proche, ou la bouteille d'eau trop près si on la repose juste devant mon verre.
Et les discours "on va finir par te retrouver à l'hôpital, pense à nous" n'aident pas vraiment. D'ailleurs, ma psy m'a répondu curieusement face à ce dilemme car je lui disais que je rendais ma famille encore plus malheureuse en ayant cette dépression et elle m'a répondu:"oui mais bon, dans cette histoire, vous êtes tout de même celui qui souffre le plus ici et qui peut se mettre en danger, votre famille doit vous soutenir, même si ce n'est pas facile pour eux."
Elle m'a dit que je culpabilisais beaucoup trop de mes actions ou de mes non actions sur les autres, que ça ne faisait que m'enfoncer davantage.
Le souci, c'est que malgré que je sais tout cela, je n'ai toujours pas trouvé le moyen de me débarasser de cette hypersensibilité et de cette culpabilité.
Des idées à propos de personnes ayant dépassé ce cap ou le traversant?
amitiés,
John