je vais faire une réponse très courte ici, ma réponse pourrait engendrer des réactions fort peu plaisantes.Si on rejette sa souffrance en se complaisant dedans, en se disant que de toute façon, quelque part, il y a des côtés positifs à être malade, ça peut, pourquoi pas, être positif au départ. Après tout, je me suis dit plusieurs fois que c'était bien que je sois en dépression majeure et que je rejette tout le monde autour de moi, car finalement, ça me laissait de l'espace libre et aussi du temps pour me remettre en question. Le fait d'être en dépression me force à faire une longue pause dans ma vie et ma dépression est réellement handicapante, au point où je perdrai complètement les pédales si je reprenais le travail demain par exemple (j'aurais de forts accès de violence envers ceux qui m'ont agressé verbalement, par exemple, je pense, ou ceux qui m'ont bien fait chier, pour la sécurité de tous et mon avenir, il vaut mieux que j'évite de retourner au boulot).
Quelque part, je suis content de cette maladie car elle me permet de me reposer principalement, de me retrouver face à moi-même, à mes responsabilités, à ma vie et à en faire un bilan. Et puis, je tire des avantages sadiques de la dépression, je me dis que si je veux prendre du bon temps en lisant plutôt qu'en travaillant, je peux le faire. Je me complais dans ma maladie en en tirant ce qui m'est profitable mais uniquement à titre personnel.
Puis il y a l'autre côté de la maladie, celui que l'on subit complètement. Dans mon cas, on a beaucoup de temps libre mais un moral la plupart du temps si bas qu'on a envie de rien faire. Alors on passe ses journées à ruminer un certain nombre de choses, on pense beaucoup, on traine plus qu'autre chose à ne pas faire grand chose car toute réelle envie, motivation, plaisir a disparu.
Et puis la culpabilité vient. La culpabilité d'être malade et de ne pas travailler comme les autres, la culpabilité de se sentir faible et de ne pas être capable de réagir, de se dire qu'on manque sûrement de volonté, qu'il faudrait y mettre du sien, on voit les semaines passer, on fait des efforts pour tenter d'aller mieux et on voit qu'ils sont encore trop gros parfois et un matin, on se réveille en ayant un petit peu envie de faire quelque chose, on le fait peut-être 5 min puis le moral rechute, on range tout dans le placard et tous les sentiments négatifs reviennent.
En gros, je dirais que, selon les personnes, selon les maladies, il n'y a pas de mal à se complaire dans la douleur si cela permet d'aller jusqu'au fond des choses et de voir si c'est vraiment ce qu'on a envie de faire comme choix, si on veut toute sa vie se complaire dans la douleur ou vraiment vouloir guérir un jour. Car je pense qu'aucun choix n'est mauvais, puisqu'au final, on en retire quelque chose.
Il est sûr qu'une personne atteinte d'un cancer et étant au stade terminale ne peut décemment pas dire qu'elle se complait dans la douleur. Elle souffre et elle ne voudrait probablement qu'une chose, que cette souffrance cesse et qu'elle soit guérie.
cela me rappelle une histoire avec Brule Lee. Cet homme, bien connu, a un jour soulevé une haltère beaucoup trop lourde pour lui et s'est sévèrement abimé le dos. Il a dû rester immobilisé 6 mois dans un lit sur lequel il était entièrement attaché et qui tournait, car il ne devait pas bouger sa colonne vertébrale. Il a rejetté ce handicap pendant un moment mais sa femme l'a convaincu de se battre et de ce mal, il en a écrit un livre sur sa théorie de la vie et de son art martial. Et il a travaillé comme un fou alors que les médecins disaient qu'il ne remarcherait probablement jamais.
Je me dis que c'est comme tout. L'important n'est peut-être pas ce qui nous arrive mais la manière dont on y réagit.
Je suis enseignant, alors je reprends l'exemple de Freinet. Cet homme était infirme à cause de la guerre (la seconde, je crois). Il ne pouvait plus exercer son métier comme avant et il aurait pu choisir de se complaire dans son malheur et de ne plus rien faire de sa vie (et personne n'aurait eu à le juger pour cela, quand on se retrouve dans un fauteuil roulant alors qu'on est face à des enfants 6 heures par jour, il y a peut-être de quoi se dire qu'il faut arrêter) mais il a choisi d'utiliser son handicap pour créer une nouvelle pédagogie que l'on appelle aujourd'hui la pédagogie Freinet et qui rend les enfants acteurs plutôt que spectateurs dans la classe. Ainsi, il avait infiniment moins de choses à faire en classe.
Moi, je dis juste qu'aucun choix n'est condamnable. Si on choisit de se complaire dans sa douleur parce qu'on ne veut pas s'en sortir sur le moment, qu'on se trouve même de bonnes excuses pour rester dans la douleur et ne pas se soigner, eh bien je pense qu'il faut faire ce choix. Il est tout à fait possible qu'un jour, cette personne changera de choix et décidera de faire quelque chose, de réellement s'en sortir.
Et si la personne encaisse suffisamment bien le choc et parvient à combattre sa maladie et à en tirer des choses positives sans jamais se complaire dans son malheur, eh bien c'est aussi son choix.
De toute manière, je pense que quelque soit le choix que l'on fait, on ne doit pas le condamner car ça ne veut pas dire qu'on ne fera pas un autre choix ultérieur bien différent. Il n'y a pas qu'une voie vers la guérison je pense, du moins je l'espère.
J'ai fait plutôt long pour quelqu'un qui voulait faire court, désolé Cécile (d'ailleurs, j'ai tenté de t'envoyer un mail mais ça n'a pas marché, je t'en envoyé un message personnel sur ta boite, l'as-tu eu?).
Un dernier exemple: Patch Hunter Adams, joué par Robbin Williams. Personne ayant réellement existée, ayant choisi la mort plutôt que la vie à un moment, ayant choisi d'être soignée en hôpital psychiatrique, restant à l'hôpital car ne se sentant pas en état d'aller mieux par elle-même, restant dans sa douleur (j'ignore s'il s'y complaisait, je ne suis pas lui) et qui a brusquement eu le rêve de vouloir aider son prochain car cela le soulageait (mais attention au revers de la médaille de ne pas se sentir en échec et tomber en dépression si on ne parvient pas à aider plusieurs personnes...)
Cet homme a fait beaucoup je trouve et exerce apparemment toujours actuellement, du moins je crois.
Il a failli laisser tomber, ne plus se relever à la mort de son amie (si ceci est une véritable partie de sa vie et non pas une partie romancée, je n'en sais rien) mais alors qu'il refusait de continuer par douleur et en voulant rester enfermé dans sa douleur, il s'est finalement relevé.
Alors peu importe le choix qu'on fait... il nous amènera à des conséquences que nous supporterons un moment avant de faire un autre choix... je ne pense pas que l'être humain puisse stagner toute sa vie dans un même état, je pense qu'à un moment, il se sent obligé de faire un autre choix, d'aller plus loin.
Tout ceci n'est que mon opinion.
amitiés, Cécile, et désolé de m'être emporté sur ton autre post,
John