Bonsoir à tous,Hou la la Aloès quelle question ! Tu me fais plancher pendant que ménage et vaisselle s’entassent… Et puis c’est difficile de parler de ses réussites, ça donne un peu l’impression de se vanter… et je n’aime pas tellement parler de moi, même si j’ai fait des progrès dans ce domaine (tiens ! voilà une réussite).
Pour moi une réussite c’est ce qui s’obtient avec des efforts. S’il n’y a pas d’efforts, c’est juste quelque chose de naturel, ou un don, mais ce n’est pas une réussite.
Ma première réussite a été de décider de me soigner. Vers 15 ans j’ai été en consultation au CMPP, ça n’a pas été facile du tout, j’étais vraiment très très angoissée. Malgré cette angoisse, j’ai persévéré dans cette thérapie qui a duré à peu près 5 ans, ça n’a pas été une partie de rigolade je vous assure, mais je me suis cramponnée. J’ai dû affronter un séjour prolongé en clinique psychiatrique, là aussi je me suis cramponnée, pour finir par obtenir ce que je voulais : ce fameux «état compatible avec la vie» (je sais que tu aimes bien cette expression Aloès ), qui n’était pas gagné au départ. Mais aussi j’étais jeune, j’avais beaucoup d’espoir.
J’ai réussi à trouver un homme, un travail, je me suis mariée, nous avons eu des enfants, est-ce qu’on peut vraiment parler de réussite ? à mon avis non, parce qu’à cette époque ça allait bien, je ne faisais pas beaucoup d’effort, toutes ces choses s’accomplissaient naturellement, ma vie se déroulait assez tranquillement.
Puis il y a eu une grosse décompensation, une grosse rechute. La rechute, c’est bien pire que la maladie initiale. D’abord parce je connaissais déjà les difficultés à affronter, je savais à quelle vitesse on tombe, et avec quelle lenteur on remonte la pente. Et puis comme je pensais que j’étais « guérie », que plus rien n’allait m’arriver de fâcheux, j’ai été très déçue, vexée, furieuse… Il m’a fallu accepter que j’avais quelque chose de «différent» dans la tête, une faille, une fragilité. Il m’a fallu accepter de reprendre le chemin du psy, des médicaments, ça n’a pas été de gaieté de cœur. J’ai commencé par me haïr, me révolter contre le sort, détester l’humanité entière et le psy avec… bref faire à peu près tout ce qu’il ne faut pas faire (ensuite, après beaucoup de temps, j’ai accepté tout ça, et j’ai repris la thérapie, non sans difficultés, et je vois de nouveau des progrès apparaître). La plus grosses réussite à ce moment a été : ne pas désespérer.
Une autre petite réussite a été de me mettre à faire un peu de gym, alors qu’avant j’avais toutes les peines du monde à me bouger, étant un peu «statufiée» par mes inhibitions. Là je me suis forcée au départ, et finalement c’est devenu une habitude que j’apprécie, ça me fait du bien. Mais je ne peux pas dire que l’ai fait par plaisir au départ, j’ai peu d’envies, je suis souvent obligée de me pousser à faire des choses pour mon bien, et je vois le bénéfice ensuite.
Ma grande chance, qui a changé bien des choses, ça a été la rencontre avec Internet, les forums, les gens un peu semblables à moi. Parce que quand on parle de ses problèmes avec un psychiatre, ça ne nous dit pas s’il y a d’autres personnes comme nous sur la terre, des gens qui ressentent la même chose, qui pensent de manière semblable. Et quand j’étais en clinique psychiatrique, il y avait toutes sortes de personnes très différentes, de pathologies différentes, et aucune ne me ressemblait. Quand j’ai découvert Internet, j’ai trouvé sur des forums des gens qui exprimaient les mêmes souffrances que ce que je ressentais, qui employaient les mêmes mots, qui se posaient les mêmes questions, qui réfléchissaient sur les mêmes thèmes… cela a eu un effet extraordinaire, sidérant même au début tellement j’ai été étonnée… En même temps, Internet m’offrait une mine de renseignements, un champ d’investigations presque illimité.
A ce moment-là, après avoir été «percutée» par les messages d’Isa, j’ai commencé à participer aux forums. Je le considère comme une réussite, parce que pour participer j’ai dû vaincre de très fortes inhibitions, craintes d’être agressée et d’agresser, craintes d’écrire des bêtises, de trop me dévoiler, peur de parler de choses que je tais depuis des années, puisque je ne m’exprime jamais sur ces sujets dans la vie courante.
Ces efforts pour aller sur les forums ont été largement récompensés, j’y apprends énormément chaque jour, je sauvegarde beaucoup de messages dans mes dossiers informatiques, ceux qui m’intéressent, ceux qui me font réfléchir, ceux qui me font évoluer (en particulier certains messages d'Isa, du Dr Dupagne, d’Aloès, de Poulou, de Laurence, d’Alexia, de Boebey sur TPL en Projection, qui me «parlent» beaucoup et provoquent certains déclics et progressions).
Voilà donc mes petites réussites du moment, et j’espère qu’il y en aura encore d’autres
A bientôt,
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Pandore Non médecin, juste "patiente" Modératrice de Santé Psy |