Prisons françaises : 24 suicides pour 1 000 détenus, contre 20 pour 100 000 en population généraleExtraits d'un article du Quotidien du Médecin (13/07/2004 – Philippe Roy)
"Sur 63 652 détenus, pour 49 595 places en cellules, plus de 13 400, soit un quart, sont affectés par des pathologies mentales. Le phénomène touche un entrant sur deux, rapporte une étude de la Santé et des Affaires sociales réalisée en 2002. Pendant la détention, il est fréquent que les problèmes s'aggravent ; et chez les condamnés sans antécédents, il n'est pas rare que surviennent des troubles du comportement.
Au 1er juillet 2004, le taux d'occupation moyen des 188 établissements pénitentiaires était de 128,3 %. On y recense un suicide tous les trois jours (24 suicides pour 1 000 détenus, contre 20 pour 100 000 en population générale) et une tentative quotidienne.
Parmi les nouveaux entrants, 55 % souffrent d'anxiété, 54 % ont des problèmes avec l'alcool et/ou les drogues, 42 % des perturbations psychosomatiques et 42 % des troubles du comportements (impulsivité, tendance au passage à l'acte, colère). Dans 48 % des cas, les difficultés rencontrées sont considérées comme "importantes" par le Groupe français d'épidémiologie psychiatrique. Or nombre d'entre eux échappent à une consultation psychiatrique. Les 26 services médico-psychologiques régionaux fonctionnent chacun avec 3,8 médecins à temps plein pour 1 600 patients suivis par an. Quant aux quatre unités pour malades difficiles (UMD) de Montfavet dans le Vaucluse, de Sarreguemines en Moselle, de Villejuif dans le Val-de-Marne et de Cadillac en Gironde, avec un total de 400 places, elles s'adressent aux condamnés jugés irresponsables au moment des faits qui leur sont reprochés, auxquels s'ajoutent quelques malades internés dans des hôpitaux classiques et qualifiés d'"agités" et de "perturbateurs".
Pour les pouvoirs publics, tout ira mieux avec les USHA, unités hospitalières spécialement aménagées pour les détenus porteurs de pathologies mentales. Prévues par l'article 48 de la loi d'orientation et de programmation pour la justice du 9 septembre 2002, elles se font attendre, cruellement. Au cabinet de Philippe Douste-Blazy, on affirme que le « groupe Santé-Justice » (structure permanente) a mis sur papier la programmation de 19 USHA, représentant 705 lits et quelque 140 millions d'euros de crédits, pour la période 2007-2012. Rattachées au milieu hospitalier, soit spécialisé, soit général, les premières USHA devraient sortir de leurs cartons en 2007."
Pandore