Bonjour,je te remercie de tes voeux, j'en aurais bien besoin car je suis de nouveau enceinte et ai beaucoup de mal à rester calme et sereine bien que je reçoive ce conseil éclairé plusieurs fois par jour...
Je participe toutes les six semaines à un groupe de discussion sur le décès périnatal. Ca paraît un peu morbide mais si ça peut l'être c'est le plus souvent plein d'espoir et d'échanges profonds entre personnes totalement différentes. La dernière fois nous avons étudié un petit texte dont je ne connais pas l'auteur mais dans lequel chaque parent c'est reconnu à un moment ou à un autre. Le voici:
"Liste de souhaits
Je voudrais que mon enfant ne soir pas mort. Je voudrais l’avoir à nouveau près de moi.
Je voudrais que tu n’aie pas si peur de prononcer son nom. Mon enfant a vécu et était important pour moi. Il est aussi très important pour moi d’entendre que mon bébé était important pour toi aussi.
Si je pleure ou que je suis émue quand tu parle de mon enfant, alors je voudrais que tu sache que ce n’est pas parce que tu me fais du mal. La mort de mon enfant est la seule cause de mes larmes. Tu as parlé de lui et m’as donné la chance de pouvoir partager mon chagrin. Merci infiniment.
Je voudrais que tu ne fasses pas mourir une deuxième fois mon enfant, en retirant de ta maison toutes ses photos.
Perdre un enfant n’est pas contagieux, je voudrais que tu ne m’écarte pas de ton chemin, j’ai plus que jamais besoin de toi.
Je sais que tu pense beaucoup à moi et que la mort de mon enfant te cause du chagrin. Je voudrais que tu me le montre, en m’appelant, en m’envoyant une carte ou une lettre, en posant ton bras autour de mes épaules.
Je voudrais bien que tu ne t’attende pas à ce que mon chagrin disparaisse après 6 mois ou un an. Ces premiers mois et cette première année sont bouleversants, mais je voudrais que tu puisse comprendre que mon chagrin ne se terminera jamais. J’aurais du chagrin de la mort de mon enfant jusqu’au jour de ma propre mort.
Le chemin du deuil est difficile et je me bats pour le parcourir mais je vroudrais que tu comprenne que je ne guérirai jamais complètement. Mon bébé me manquera toujours et je serai en deuil ma vie durant.
Je voudrais que tu ne t’attendes pas à ce que j’arive à « ne plus y penser » ou à « être heureuse ». Cela prendra encore beaucoup de temps avant que cela soit possible.
Je n’ai pas besoin que l’on me plaigne, mais je voudrais que tu me permette d’être triste. Je dois en passer par là.
Je voudrais que tu comprenne que ma vie est sens dessus dessous. Je sais que c’est désagréable pour toi d’être avec moi quand je ne me sens pas bien. Aie de la patience avec moi.
Pardonne moi si je suis impolie, ce n’est pas intentionnel. Parfois tout est de trop et j’ai seulement besoin d’être seule. Si je fuis, je voudrais que tu m’aide à trouver un endroit calme, où je puisse être tranquille.
Je voudrais que tu comprenne que le chagrin transforme les gens. Une partie de moi est morte avec mon bébé. Je ne suis plus la personne que j’étais avant son départ et ne pourrais plus jamais l’être.
Je voudrais que tu puisse me comprendre. Que tu puisse imaginer ce que je ressens : ma perte et mon chagrin, mon silence et mes larmes, mon vide et ma douleur.
Mais tous les jours j’espère que jamais tu ne le comprenne…"
Je l'ai traduit du Néerlandais (j'habite en Flandre Belge) et je m'aperçois que j'ai automatiquement tout mis au féminin. Pourtant ce texte a aussi été très apprécié des papas.
J'aime particulièrement la deuxième et la première phrase. le premier souhait va de soit mais je le trouve en fait un peut bizarre. Bien sûr qu'on voudrais que nos enfants soient vivants mais faire son deuil c'est en grande partie apprendre à accepter ce qui c'est passé. Et s'enfermer dans ce genre de souhait n'est pas bon, je crois.
Je suis sûre et certaine que tu as beaucoup apporté à ton amie. La maladresse n'y fait rien. Nous les parents sommes bien conscients qu'il est difficile de venir nous parler et nous sommes très reconnaissants à ceux qui ont le courage et l'amitié de le faire.
Amitiés,
Claire