Bonjour,Pinback, ton prof faisait référence à Pierre Bourdieu, mais il faut avouer que ce dernier est difficile à lire. Je le connais grâce à des revues consacrées aux Sciences humaines. Il a un style bien à lui ( il avait je devrais dire ).
Lorsqu'on lit régulièrement des oeuvres d'une certaine complexité syntaxique, elles deviennent plus compréhensibles avec le temps. Là, je crois qu'il est question de connaissances. On apprend de nouveaux mots, de nouvelles structures de phrases, et on finit par s'y habituer, par les assimiler. Mais je crois que l'acte qui consiste à lire développe toujours l'intelligence. Certainement parce qu'on fait travailler notre mémoire, mais aussi parce qu'on met en relation le contenu de nos lectures avec d'autres élements déjà acquis.
Moi, je pars du principe que l'intelligence est l'art d'établir des rapports. Et bien on peut établir des rapports dans le contenu même de nos lectures, mais aussi avec des connaissances déjà acquises. Je crois qu'i y a toujours moyen de faire comprendre des choses complexes de manière simple, avec des mots simples, mais cela demande beaucoup plus de temps. Je veux dire que quelqu'un qui connait un grand nombre de notions n'est pas plus intelligent. Ce qui pourrait le rendre intelligent, c'est l'utilisation de ces notions. Il y a autant de personnes intelligentes dans les métiers à faible qualification que parmi ceux qui nécessitent de longues études. Seulement tout le monde n'est pas intéressé par la médecine, car dans la plupart des cas, l'école n'est pas la seule institution à reproduire les inégalité. Il y a la famille aussi, l'amour que l'on a envers nos parents. L'influence de la famille est importante. Ceux qui ont des parents qui travaillent dans l'industrie seront sûrement plus intéressés par ce type de métier que par la médecine, parce qu'ils se reconnaissent plus facilement dans ce type de métier. Bien sûr, ils pourront préférer un métier mieux rémunéré, mais ils devront alors refouler une partie de leur identité. Quoiqu'il en soit, il n'y a pas de sot métier, il n'y a que des salaires de misère et des conditions de vie déplorables.
Mon père est ingénieur. Demandez-lui de faire du bricolage, il en sera incapable. C'est pas qu'il n'a pas les connaissances pour, mais il ne sait pas les utiliser à bon escient. Il existe plusieurs formes d'intelligences. Moi, si on me fait lire une recette de cuisine, j'aurais beaucoup de mal à préparer le plat comme il faut. Ce type de lecture ne m'apporte pas grand chose, même si ça se lit facilement. On pourra dire que je ne suis pas doué pour la cuisine, mais certainement pas pour la lecture, car je sais lire d'autres types d'ouvrages, je sais tirer partie d'autres types d'ouvrages.
La complexité caractérise l'intelligence. Et bien il n'y a pas que la complexité d'un type d'écriture. Un musicien intelligent sera d'abord quelqu'un qui a une bonne oreille, qu'il sache lire ou pas. On peut saisir des choses complexes sans savoir lire, même si c'est difficile dans notre société où l'apprentissage passe par la lecture. Il y a des gens qui apprennent très vite grâce à des paroles ou en imitant des gestes. Il est bon de savoir lire, bien sûr, mais pas nécessairement de savoir lire des ouvrages scientifiques. Un médecin n'est pas plus intelligent qu'un ouvrier. Il possède certainement plus de connaissances, il a une meilleure mémoire, c'est possible, mais ça n'est pas être intelligent. L'intelligence a quelque chose à voir avec l'adaptation. Le musicien qui est capable de jouer avec différentes personnes est plus intelligent que celui qui ne sait rien faire d'autres que des concerts en solo ou toujours avec les mêmes personnes. J'admire les jazzmen, beaucoup moins les groupe de rock, même s'il y en a de très bon ( Pink-Floyd par ex ).
Bref, bonne soirée.
Felipe.