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"Le mythe du déclic"

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cilloux (2292 messages) Envoyer message email à: cilloux Envoyer message privé à: cilloux Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
13-01-05, 22:53  (GMT)
"Le mythe du déclic"

Bonjour,

voici un topo que j'ai fait sur un autre forum (anorcri) mais qui a peut-être sa place ici.


J'aimerais désamorcer cette illusion d'un soi-disant déclic, à partir duquel on se mettrait en route vers la guérison.

Je vais essayer de faire simple et j'ai conscience que tout le monde va me tomber dessus pour défendre ce "dieu-déclic" qui tient à coeur (et à juste titre) à plein de gens.

Alors j'aimerais que chacun aille fouiller dans ses archives personnelles et qu'il ramène un ou plusieurs déclics qu'il a vécu.

(allez au boulot !)

En général, ce déclic se produit lors d'une situation vraiment désespérée :
"j'étais au fond du trou, j'avais plus rien à perdre, alors j'ai eu le courage de changer de vie, et tout a redémarré mieux qu'avant"

Donc la logique de la chose semble être
"je vais mal" => "je me laisse couler" => "je touche le fond" => "le déclic se produit" => "je rebondis et je remonte"

Jusque là, vous me suivez ?

- - - - -

Bon. Vu comme ça, le déclic, c'est merveilleux. Il suffit de se laisser dégringoler un bon coup et hop, on rebondit ! Joie bonheur allégresse.

On vient se faire un petit coucou sur le forum entre deux rebonds

Seulement voilà...

avec le temps, on a du mal à se laisser dégringoler. Ca fait mal, quand même. On veut bien croire qu'il y a le déclic au fond du ravin, la descente est rude.

Puis le rebond, ben... on n'a pas rebondit si haut que ça.

Peut-être qu'on n'était pas descendu assez bas ?

Alors on serre les dents, on se laisse choir un peu plus (ça fait mal, ça !) et on attend de rebondir.

Plus on descend profond, moins on rebondit haut...

Peut-être que ce n'est pas encore assez profond. Allez, on creuse un peu. On cherche la souffrance, on en a besoin, on a placé tellement d'espoir en elle. On va bien finir par en avoir marre de souffrir, quand ça sera trop douloureux, on va réagir, on aura le fameux déclic, on va rebondir très vite, très haut.

On est là, en bas, on creuse vers la mort, on creuse sa tombe, on appelle la souffrance, on attend le déclic. Ca avait marché, autrefois. Je le sais d'expérience. Pourquoi cette fois-ci, ça ne fonctionne plus ? Pourquoi je n'ai plus de force pour rebondir ?

Je fais quoi, au fond de mon puits ? Je creuse encore, je m'accroche désespérément à cette souffrance qui me permettra peut-être de réagir.

Peut-être... peut-être très près de la mort, j'aurai le déclic.

Peut-être que je ne me suis pas assez rapprochée. Peut-être que j'étais trop vivante, que j'avais trop de forces, que je ne souffrais pas assez...

La mort... il n'y a plus qu'elle comme espoir. Plus je m'en rapprocherai, plus j'aurai des chances de réagir, de rebondir, de guérir...

- - - - -
Alors mon déclic, là, il était faux ?

Reprennons notre schéma :
"je vais mal" => "je me laisse couler" => "je touche le fond" => "le déclic se produit" => "je rebondis et je remonte"

"je vais mal" => "je me laisse couler"
Bon, ça c'est une attitude qu'on a tous. C'est naturel, parce qu'on ne sait pas quoi faire d'autre tout simplement.

"je me laisse couler" => "je touche le fond"
Là, il y a erreur. On a appelé l'état le plus bas "le fond", mais ce n'était pas le fond. On aurait pu descendre plus bas.

Reprenez votre exemple concrêt, votre déclic de jeunesse. Imaginez quelques circonstances aggravantes. Le fond aurait pu être beaucoup plus profond...
Le fond, c'est la mort, et il y a rarement un déclic à ce moment là.

Ce n'était pas le fond. C'était un étage parmi d'autres. Il aurait pu être plus haut ou plus bas.


"je touche le fond" => "le déclic se produit"
Voici le pot aux roses.

D'abord, on a vu que ce n'était pas le fond mais un étage parmi tant d'autres.

Le déclic s'est produit... est-ce que c'était la profondeur de souffrance, qui a fait ce déclic ?

Qu'est-ce qui s'est passé, à ce moment là, pour que je rebondisse ?

J'ai osé quitter une situation qui me faisait souffrir pour aller vers du mieux ?
J'ai exprimé ma détresse ?
J'ai rencontré des gens capables de m'aider ?
J'ai pris conscience d'un mieux-être possible et je me suis précipité vers lui ?
...

est-ce que la souffrance était nécessaire ?

si j'avais sû tout ça, est-ce que j'aurais pu réagir avant ?

est-ce que c'est vraiment un "déclic" ou bien un ensemble de conditions favorables ?

Est-ce qu'aujourd'hui, avec la maladie et ses conséquences, je peux orienter ma vie vers des conditions "plus" favorables ?

Comment puis-je savoir de quelles conditions favorables j'ai besoin ?

etc...

Cécile

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  Liste des réponses à ce message

  Sujet     Auteur     Posté le:     ID  
 RE: Le mythe du déclic Pandore 13-01-05 1
 RE: Le mythe du déclic amateur 14-01-05 2
 RE: Le mythe du déclic rosalie 14-01-05 3
   RE: Le mythe du déclic Pinback 14-01-05 4
       RE: Le mythe du déclic amateur 14-01-05 5

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Texte des réponses

Pandore (1637 messages) Envoyer message email à: Pandore Envoyer message privé à: Pandore Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
13-01-05, 23:10  (GMT)
1. "RE: Le mythe du déclic"
Bonsoir,

Personnellement, les seuls déclics que j'ai eus se sont passés en thérapie.

Seule avec moi-même, aucun déclic à attendre, seulement la chute inexorable, ou encore pire, je tourne en rond inlassablement.

Pour moi, le seul mythe serait de croire que je peux m'apporter des réponses à moi-même, me faire changer moi-même. Pourtant j'ai lu un tas de livres "psy", des tas de témoignages.

Rien ne m'a fait avancer comme ces séances où j'essaye d'être moi, d'énoncer une parole qui souvent me surprend moi-même. Les déclics qui se font là sont autant d'ordre émotionnel que du domaine de la compréhension.

L'impression ressentie est plutôt étrange, comme si on avait réellement fait bouger des choses à l'intérieur de ma tête. Ce n'est pas toujours très agréable sur le coup, le jour même. Il me faut souvent plusieurs jours pour retrouver un peu de calme et mesurer le mieux-être.

Bonne nuit,

Pandore

Non médecin, juste "patiente"
Modératrice de Santé Psy

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amateur (1136 messages) Envoyer message email à: amateur Envoyer message privé à: amateur Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
14-01-05, 08:02  (GMT)
2. "RE: Le mythe du déclic"
Modifié le 14-01-05 à 09:29  (GMT)

Bonjour Cécile,
Il me semble que je me suis déjà confiée quelque part sur Atoute à ce sujet. Mais je ne sais plus où
Je crois que j'ai vécu un véritable déclic. En ce sens que j'ai été suicidaire longtemps, me détruisant et fréquentant les personnes qui se trouvaient dans la même situations. Les personnes saines, simples, m'ennuyaient au plus haut point. C'est ainsi que je me suis mariée avec un homme que je craignais mais qui a mis la pression pour des questions de papiers officiels. Trois semaines plus tard, j'étais une femme battue. La descente s'est faite par à coup, jusqu'à ce que je n'aie plus aucune énergie, craignant pour la vie de mes proches, n'osant pas me raconter, fuyant tout le monde, humiliée, engluée dans cet enfer d'où je ne voyais pas d'issue.
Je me souviens d'un soir, devant mon lavabo, une lame de rasoir à la main et me disant: cette fois, tu as vraiment toutes les raisons de te suicider. Alors si tu ne le fais pas, il faut arrêter de nous bassiner avec ton désir de mourir.
Ce déclic a eu lieu. Petit à petit, j'ai osé me confronter dans la réalité à la mort (la mienne car il m'en a menacé toute une nuit, mais aussi la sienne puisqu'il s'est jeté sous ma voiture et a fait une tentative de suicide sous mes yeux, après avoir détruit le téléphone pour que je ne puisse pas appeler les secours).
Au fond, je me suis donnée le droit de vivre, j'ai décidé de quitter l'envie de mourir, mais pour cela j'ai dû prendre le risque de mourir et de faire mourir. C'est paradoxal, non?
Depuis bien des années se sont écoulées, la vie n'est pas toujours rose, je souffre de solitude, j'ai d'autres problèmes, mais je n'ai plus envie de me détruire.

Alexia


On n'en finit pas d'être un homme.Ne
désespérez jamais. Faites infuser
davantage.
Henri Michaux
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rosalie (367 messages) Envoyer message email à: rosalie Envoyer message privé à: rosalie Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
14-01-05, 09:12  (GMT)
3. "RE: Le mythe du déclic"
Bonjour Cécile

>
>"je vais mal" => "je me laisse couler"
>Bon, ça c'est une attitude qu'on a tous. C'est naturel, parce
>qu'on ne sait pas quoi faire d'autre tout simplement.

On peut couler sans en être vraiment conscient. On se débat en ayant l'impression d'être fort de ne pas se laisser faire ,et plus on se débat plus on coule ; qui a parlé de sables mouvants dans une autre discussion?
>
>"je touche le fond" => "le déclic se produit"
>Voici le pot aux roses.
>
>D'abord, on a vu que ce n'était pas le fond mais
>un étage parmi tant d'autres.

Et si on définissait le fond comme l'intensité de souffrance que l'on ne supporte plus et qui est différent suivent les personnes et les circonstances.

>
>Le déclic s'est produit... est-ce que c'était la profondeur de souffrance,
>qui a fait ce déclic ?
>
>Qu'est-ce qui s'est passé, à ce moment là, pour que je
>rebondisse ?

L'instinct de survie? la prise de conscience de son état ? (Misère!! regardez dans quel état je suis!!!...)

>
>J'ai osé quitter une situation qui me faisait souffrir pour aller
>vers du mieux ?
>J'ai exprimé ma détresse ?
>J'ai rencontré des gens capables de m'aider ?
>J'ai pris conscience d'un mieux-être possible et je me suis précipité
>vers lui ?

La prise de conscience et l'envie de se battre peuvent venir de n'importe où, un évènement particulier ,une rencontre etc....

>
>est-ce que la souffrance était nécessaire ?

Elle est incontournable . Quand on va mal on souffre. Quand on souffre on cherche à ne plus souffrir. C'est donc aussi l'élément salvateur.
>
>si j'avais sû tout ça, est-ce que j'aurais pu réagir avant

Il est peut être possible, en effet, d'avoir une approche différente de certains problèmes (tous????? ce n'est pas sûr)

Amicalement
Aurélie


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Pinback (205 messages) Envoyer message email à: Pinback Envoyer message privé à: Pinback Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
14-01-05, 12:02  (GMT)
4. "RE: Le mythe du déclic"
Bonjour Cécile,

Encore une fois, tu proposes un sujet d'une grande pertinance. Bien que ton past soit long, je crois avoir compris où tu veux en venir.
C'est vrai que pour moi, le déclic semble être un mythe. J'en viens même à me demander si cela m'est déjà arrivé. Mais que je me trompe pas, c'est peut-être une tentative de ma mémoire d'effacer mes souvenirs même positifs dans une tentative de suicide virtuel. Toujours est-il, j'ai l'impression depuis six mois de chuter sans fin. Mes symptômes devinnent plus profonds de semaines en semaines. Pas moyen de voir le bout de la fin. Les sables doivent être trop mouvant pour que je puisse rebondir... J'ai du mal à voir comment je pourrais dans ces conditions je pourrais rebondir. Ou peut-être vais-je éclater en touchant le fond (trop fragile)?
La question mérite d'être posée...

Hervé

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amateur (1136 messages) Envoyer message email à: amateur Envoyer message privé à: amateur Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
14-01-05, 14:14  (GMT)
5. "RE: Le mythe du déclic"
Bonjour Cécile et hervé,
Peut-être que j'ai senti un déclic parce que mes sables mouvants étaient que trop réels au niveau de la chair. Attention, je ne dis pas que les vôtres ne le sont pas. Mais ils n'ont pas, - du moins ce me semble - une dimension extérieure objectivable.
Je connais un centre de réadaptation qui s'occupe de jeunes en détresse (automutilation, drogues, etc.) qui a pour habitude de prévoir des épreuves du genre marche dans le désert, avec une nuit passée à l'écart du groupe, etc. Il y a un risque certain, c'est un pari, mais certains trouvent ainsi un nouveau départ.
Alexia


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Henri Michaux
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