Bonjour,voici un topo que j'ai fait sur un autre forum (anorcri) mais qui a peut-être sa place ici.
J'aimerais désamorcer cette illusion d'un soi-disant déclic, à partir duquel on se mettrait en route vers la guérison.
Je vais essayer de faire simple et j'ai conscience que tout le monde va me tomber dessus pour défendre ce "dieu-déclic" qui tient à coeur (et à juste titre) à plein de gens.
Alors j'aimerais que chacun aille fouiller dans ses archives personnelles et qu'il ramène un ou plusieurs déclics qu'il a vécu.
(allez au boulot !)
En général, ce déclic se produit lors d'une situation vraiment désespérée :
"j'étais au fond du trou, j'avais plus rien à perdre, alors j'ai eu le courage de changer de vie, et tout a redémarré mieux qu'avant"
Donc la logique de la chose semble être
"je vais mal" => "je me laisse couler" => "je touche le fond" => "le déclic se produit" => "je rebondis et je remonte"
Jusque là, vous me suivez ?
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Bon. Vu comme ça, le déclic, c'est merveilleux. Il suffit de se laisser dégringoler un bon coup et hop, on rebondit ! Joie bonheur allégresse.
On vient se faire un petit coucou sur le forum entre deux rebonds 
Seulement voilà...
avec le temps, on a du mal à se laisser dégringoler. Ca fait mal, quand même. On veut bien croire qu'il y a le déclic au fond du ravin, la descente est rude.
Puis le rebond, ben... on n'a pas rebondit si haut que ça.
Peut-être qu'on n'était pas descendu assez bas ?
Alors on serre les dents, on se laisse choir un peu plus (ça fait mal, ça !) et on attend de rebondir.
Plus on descend profond, moins on rebondit haut...
Peut-être que ce n'est pas encore assez profond. Allez, on creuse un peu. On cherche la souffrance, on en a besoin, on a placé tellement d'espoir en elle. On va bien finir par en avoir marre de souffrir, quand ça sera trop douloureux, on va réagir, on aura le fameux déclic, on va rebondir très vite, très haut.
On est là, en bas, on creuse vers la mort, on creuse sa tombe, on appelle la souffrance, on attend le déclic. Ca avait marché, autrefois. Je le sais d'expérience. Pourquoi cette fois-ci, ça ne fonctionne plus ? Pourquoi je n'ai plus de force pour rebondir ?
Je fais quoi, au fond de mon puits ? Je creuse encore, je m'accroche désespérément à cette souffrance qui me permettra peut-être de réagir.
Peut-être... peut-être très près de la mort, j'aurai le déclic.
Peut-être que je ne me suis pas assez rapprochée. Peut-être que j'étais trop vivante, que j'avais trop de forces, que je ne souffrais pas assez...
La mort... il n'y a plus qu'elle comme espoir. Plus je m'en rapprocherai, plus j'aurai des chances de réagir, de rebondir, de guérir...
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Alors mon déclic, là, il était faux ?
Reprennons notre schéma :
"je vais mal" => "je me laisse couler" => "je touche le fond" => "le déclic se produit" => "je rebondis et je remonte"
"je vais mal" => "je me laisse couler"
Bon, ça c'est une attitude qu'on a tous. C'est naturel, parce qu'on ne sait pas quoi faire d'autre tout simplement.
"je me laisse couler" => "je touche le fond"
Là, il y a erreur. On a appelé l'état le plus bas "le fond", mais ce n'était pas le fond. On aurait pu descendre plus bas.
Reprenez votre exemple concrêt, votre déclic de jeunesse. Imaginez quelques circonstances aggravantes. Le fond aurait pu être beaucoup plus profond...
Le fond, c'est la mort, et il y a rarement un déclic à ce moment là.
Ce n'était pas le fond. C'était un étage parmi d'autres. Il aurait pu être plus haut ou plus bas.
"je touche le fond" => "le déclic se produit"
Voici le pot aux roses.
D'abord, on a vu que ce n'était pas le fond mais un étage parmi tant d'autres.
Le déclic s'est produit... est-ce que c'était la profondeur de souffrance, qui a fait ce déclic ?
Qu'est-ce qui s'est passé, à ce moment là, pour que je rebondisse ?
J'ai osé quitter une situation qui me faisait souffrir pour aller vers du mieux ?
J'ai exprimé ma détresse ?
J'ai rencontré des gens capables de m'aider ?
J'ai pris conscience d'un mieux-être possible et je me suis précipité vers lui ?
...
est-ce que la souffrance était nécessaire ?
si j'avais sû tout ça, est-ce que j'aurais pu réagir avant ?
est-ce que c'est vraiment un "déclic" ou bien un ensemble de conditions favorables ?
Est-ce qu'aujourd'hui, avec la maladie et ses conséquences, je peux orienter ma vie vers des conditions "plus" favorables ?
Comment puis-je savoir de quelles conditions favorables j'ai besoin ?
etc...
Cécile