C’est au tour de la Caisse nationale d’assurance maladie de chiffrer les dépenses médicalement justifiées. Des estimations qui tombent à pic mais surprennent toujours. Les dépenses de santé semblent optimales et la traque des dépenses superflues (non justifiées médicalement) ne semble donc pas concerner le corps médical.
Certes, ces 85% <1> n’atteignent pas les 93% de satisfaction des français vis-à-vis de leur médecin <2> mais constituent un beau résultat.
La CNAMTS chiffre donc à seulement 5,75 milliards d’Euros les dépenses non médicalement justifiées. Sachant qu’il s’agit d’un estimation haute et que "non médicalement justifiée" peut vouloir dire "socialement justifiée", le corps médical peut se féliciter d’un tel résultat déclare le Ministre interrogé à ce sujet.
Certes, il est toujours possible de mieux faire et les meilleurs économistes de la CNAM après de longs calculs ont déclaré : si ceux qui prescrivent le plus prescrivaient moins, nous pourrions économiser 2 à 2,75 milliards supplémentaires. Ces calculs sont d’une telle complexité que ces experts n’ont pu donner qu’une fourchette.
Mais la France parvient à avoir le meilleur système de santé du monde en y consacrant 10,4% de son PIB, soit un pourcentage moyen par rapport aux autres pays de l’OCDE <3>
Ce chiffre de 85% de dépenses justifiées ne va pas sans faire grincer quelques dents.
Tout le monde se souvient pas exemple du carnet de santé : 100% de 60 millions d’euros partis à la poubelle, ou encore du milliard d’euros englouti dans le projet Sésame-Vitale, dont 90% ont été dépensés en réunions inutiles, expertises fumeuses et technologies dépassées.
Le simple passage à l’an 2000 s’est révélé ruineux pour la majorité des administrations, avec des coûts atteignant parfois 100.000 euros par poste informatique, dans une telle atmosphère de gabegie que ces dépenses ont généralement été tenues secrètes.
Un audit récent des caisses par l’association des CFMB <4> confirme que seul 70% du temps passé par les employés des centres de paiement est consacré à la production ; les 30% restant sont passés à ramasser des papiers sous leur bureau, préparer des rapports pour le Ministre, faire des calculs stupides, assister à des réunions syndicales ou changer le fond d’écran de leur ordinateur.
Pour le Dr Cabrera : Il faut cesser la bataille des chiffres et aller vers les bonnes pratiques et l’usage de référentiels. On ne peut que suivre notre confrère dans cette affirmation de bon sens.
Ne nous reposons pas trop vite sur nos lauriers. Nous pouvons faire mieux. Visons tout 86% l’années prochaine !
Notes :
<1> http://www.radiofrance.fr/divers/thematiques/elections/news_presse/communique.php ?comm_id=85040743
<2> http://www.e-sante.fr/magazine/article_5924_4.htm
<3> http://www.oecd.org/dataoecd/10/17/2789792.pdf
<4> Contrôleurs Financiers Médicaux Bénévoles
PS : Ce message qui se veut humoristique est destiné à faire pendant au catastrophisme "15 % des dépenses de santé sont injustifiées a-t-on pu lire partout. Si vous travaillez en entreprise, demandez-vous quel pourcentage des effectifs, du temps de travail, des réunions, du matériel couteux, est réellement destiné à produire.
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Dr Dominique Dupagne Administrateur du Forum |