Bonjour,Cet été, j'ai été hospitalisée pendant 9 jours. Rien de grave, j'ai de l'eczéma et je commençais à être vraiment au bout du rouleau. Mon médecin anti-douleur (Comment on les appelle ? Un antalgologue ?) m'a donc proposé une hospitalisation, dans le service dermatologie de l'hôpital (un hôpital renommé en la matière) où je suis suivie.
J'y suis entrée sans espoir particulier, simplement parce que la vie commençait à me peser, parce que je souffrais beaucoup et en continu. J'espérais qu'on parviendrait à me faire retrouver un semblant de sommeil et à me soulager un peu.
Je suis sortie au bout de 9 jours à ma demande, parce que rien de tout ça n'a été fait, ni même tenté, et parce que je trouve que j'ai été traitée dans des conditions déplorables.
Je poste ce message pour déverser un peu ce que j'ai sur le coeur, et pour avoir quelques réponses, savoir si je suis mal tombée ou bien si l'ôpital c'est toujours comme ça.
Déjà, je trouve que j'ai été très peu suivie. J'imaginais que ce séjour à l'hôpital était l'occasion de tester les traitements avec un suivi quotidien pour voir l'évolution au jour le jour et pouvoir le modifier en fonction de son efficacité.
En réalité, le médecin m'a demandé à mon arrivée ce que je prenais comme médicaments, a augmenté les doses, m'a prescrit un traitement supplémentaire, et basta. J'ai en tout et pour tout été examinée (je veux dire, en me déshabillant pour montrer l'état de ma peau) trois fois en neuf jours, et maximum 30 secondes à chaque fois. Et j'ai vu en tout cinq équipes de médecins différentes (ben oui, celle de la semaine, celle des jours fériés, celle du samedi, celle du dimanche, et celle du chef de service qui passe une fois par semaine). Et la plupart du temps, je n'étais vue que par une interne, qui ne savait jamais (je n'exagère pas !) répondre à mes questions. C'était systématiquement : "Attendez, je vais regarder dans le Vidal", ou "Attendez, je vais demander à mon chef de clinique" (et j'avais beau attendre, elle ne revenait jamais pour me donner la réponse). Comment, dans de telles conditions, espérer un réel suivi efficace du patient ?
Ce qui m'amène à la question que j'ai fini par me poser : à 800 euros la journée, à quoi sert une semaine d'hospitalisation ? J'ai observé les patients du service. J'ai eu deux voisines successives, la première avait entre autres un grave problème digestif, la seconde était là après avoir fait une embolie pulmonaire. Alors que j'étais dans un service de dermato ! Et toutes deux étaient très âgées, de même que 90% des patients du service. J'en suis venue à la conclusion que l'hôpital était en réalité un endroit pour s'occuper des personnes âgées dépendantes : elles n'ont pas réellement besoin de soins médicaux (d'où la faible présence de médecins), mais ont besoin d'aide pour les actes quotidiens (manger, se laver...), d'où une présence hallucinante d'infirmiers et d'aides-soignants. Je ne sais pas si c'est partout pareil, mais ça m'a donné l'impression qu'au final, on ne s'occupait pas coorectement de ces personnes âgées (qui auraient plus besoin de maisons de retraites médicalisées ou quelque chose comme ça), et qu'on ne s'occupait pas non plus correctement des patients qui, comme moi, sont venus pour un problème médical précis avec un espoir d'amélioration, puisque tout s'organise autour des besoins des personnes âgées qui constituent la principale "clientèle" de l'hôpital, et qui n'ont pas de réel besoin médical, mais plus besoin d'assistance. N'y aurait-il pas besoin d'une réelle discussion à ce sujet ?
A part ça (le manque de soins médicaux, qui était ce que j'attendais principalement de cette hospitalisation), j'ai été sidérée par les conditions de vie à l'hôpital. Quand je suis arrivée, on m'a installée dans une chambre occupée par une très vieille dame qui avait l'air très malade. J'étais venue entre autres parce que la douleur m'empêchait de dormir la nuit. Et bien là, je n'ai plus dormi du tout. Cette dame avait des problèmes digestifs et faisait toutes sortes de bruits bizarres (hoquets, vomissements...), et les infirmiers passaient toutes les heures changer ses perfusions, prendre sa tension, et parfois changer ses draps. Le tout en allumant la lumière à chaque fois. Est-ce que c'est normal ?
L'état de ma voisine a empiré très vite. Elle s'est mise à gémir tout le temps, et c'était très dur de la voir souffrir ainsi. Déjà parce que je compatissais à sa souffrance qui avait l'air d'être énorme et dont tout le monde avait l'air de se foutre éperdument. Et puis aussi parce que je lui en voulais d'être comme ça, de râler (au sens propre, comme un mourant) tout le temps, d'être à côté de moi, et que je m'en voulais de lui en vouloir comme ça, parce que je me trouvais vraiment sans pitié...
Les soignants ne faisaient aucun cas de sa souffrance. Elle s'arrachait systématiquement ses sondes (elle avait plein de sondes de partout et de poches qui en sortaient). En trois jours, on l'a amenée deux fois au bloc pour les lui remettre, et on lui a remis sur place une sonde urinaire. Dans la chambre, avec moi à côté. On ne m'avait même pas prévenue qu'on allait la lui remettre. Ca a duré une bonne demie-heure. Elle gémissait, c'était atroce. Je ne pouvais pas sortir de la chambre sans passer devant son lit, et je n'en étais pas capable. Est-ce qu'on a le droit de m'imposer ça, et aussi de lui imposer à elle un tel manque d'intimité ?
Au bout de trois jours, je passais toutes mes journées dans le couloir (pas possible non plus de s'éloigner sous peine de rater LA visite quotidienne du médecin), parce que je n'en pouvais plus de la voir souffrir comme ça.
Le quatrième jour, on m'a fait changer de chambre, enfin, me disant que ça n'était plus possible. J'ai passé la nuit dans une autre chambre, puis le lendemain matin, on m'a fait redéménager dans la chambre initiale. Ben oui, la dame était morte dans la nuit...
C'était terrible. Est-ce qu'on a le droit de me faire assister presque à la mort de quelqu'un comme ça, et de me faire changer de chambre pour me renvoyer à l'endroit où elle est morte ? Est-ce que c'est normal que je trouve ça atroce et lamentable ? Ou bien est-ce que tous les malades hospitalisés doivent subir ce genre de choses, sauf que eux n'ont pas le choix parce qu'ils sont gravement malades et ne peuvent même pas protester ?
Voilà, il y a tout un tas d'autres choses que j'ai trouvé étranges (quatre jours d'attente avant que le traitement ne débute, manque d'hygiène (par exemple, les aides-soignants qui me mettent des draps propres avec les mêmes gants que ceux avec lesquels ils ont changé les draps souillés de ma voisine...), manque de coordination entre les différents soignants, impossibilité de me faire prescrire un médicament pour soulager les douleurs des règles (en 3 jours, je n'ai pas réussi à en obtenir, sachant que je les avais oubliés à la maison en partant), alors qu'à côté de ça, on m'a presque forcée à prendre de l'Oxycontin, que mon médecin m'avait prescrit seulement "à la demande"...), mais les deux points que je vous ai explosés sont ceux qui m'ont paru le plus difficiles à supporter. Ca m'a déjà fait du bien de vider un peu mon sac (je suis désolée d'avoir été si longue), j'aimerais bien savoir si c'est normal que je sois scandalisée par certaines choses qu'on m'a fait subir, ou bien si c'est "normal", ou du moins, courant. Je vous remercie.