Bonjour, Andrea68,Je ne crois pas qu'un médecin qui ne manifeste pas de compassion vis-à-vis de vous à la suite d'une fausse couche manque d'empathie, il se protège, à mon avis. Quitte, hélas, à vous marcher sur la tête.
Je vous livre ici mon expérience de bénévole : quand je faisais de l'accompagnement social de bénéficiaires des Restos du Coeur, l'histoire des personnes me toucheit. Mais il a dû m'arriver une fois ou l'autre de prononcer quelques paroles que je croyais légères et qui s'avéraient déplacées : "Mais vous verrez, la roue tourne, mais si, vous allez vous en sortir...". A la réflexion, c'était effectivement déplacé de ma part, pour une personne souvent en détresse grave. Mais que pouvais-je faire ? M'apitoyer sur son sort ? C'eût été, dans ce cas de figure j'entends, presque pire que de rester assez froide face aux événements. Personne n'avait à gagner d'un pathos commun. Il fallait aider, point, et si j'avais dû céder à la pitié à chaque histoire entendue, il n'est pas dit que les mers du Globe eussent suffi à contenir les larmes versées. Mais il existe d'autres façons de manifester son empathie et sa compassion que de pleurer avec la personne sur son sort...
"Imaginez maintenat que votre gynéco vous ai dit: "Vous avez de l'endométriose, vous n'aurez jamais d'enfants, mais ce n'est pas grave car vous pouvez adopter!"
Est-ce que cette phrase va vous faire du bien ou vous guérir plus vite de votre blessure?" : excellente question. Je me la pose encore maintenant. Singulièrement, que la gynéco m'ait appris franchement ma stérilité m'a plutôt rassurée : enfin une qui ne ment pas... et surtout qui ne s'acharne pas. Je préfère cet aveu honnête d'impuissance qu'un acharnement à me faire mère, ce que la Nature - certainement par raison - me refuse. D'un autre côté, je ne sais pas, en toute objectivité, si je ne vais pas chercher à contrarier le sort un jour ou l'autre en maudissant celui qui souhaite m'aider et qui échoue...
J'ai 33 ans, il ne me reste pas x années pour avoir des enfants - mais l'envie n'est pas là. Savoir en plus qu'un obstacle m'empêche d'être mère dans de bonnes conditions - sauf à subir x traitements douloureux - refroidit encore plus mes ardeurs. Une superstition supplémentaire me donne à penser que si un enfant naît de moi malgré l'obstacle, il y a un moment ou à un autre où il paiera cette condescendance de la Nature. Ne prenez surtout pas ce que je viens de dire personnellement, cela n'engage que moi.
Blessure ? L'endométriose me blesse, pas tant ses conséquences. Elle est injuste, elle m'a fait beaucoup souffrir, sans que jamais je ne comprenne pourquoi elle s'en prenait à moi ainsi. Au risque d'être brutale, j'appelle la stérilité qui en résulte un "dégât collatéral".
Je vais supposer maintenant de vous quelque chose de très dur : mettez-vous une seule seconde à la place du gynéco qui voit des fausses couches à longueur de mois, voire d'années. S'il devait en plus "investir" chaque fausse couche qu'il vit et voit sur le plan psychologique, je ne suis pas certaine qu'il ferait long feu.
D'un autre côté, c'est vrai qu'avec la manière, les choses passent souvent mieux...