Bonsoir!J'ai découvert votre site il y a peu de temps, et la qualité des discussions et des réponses (sur le transfert, par exemple) m'encourage à aborder un sujet que je travaille depuis plusieurs années : la psychogénéalogie, ou comment un sytème familial qui fonctionne mal, qui est "malade", crée des problèmes de santé chez les membres de cette même famille, du grand-père à la petite fille...
Bien sûr, les maladies changent, ne sont pas les mêmes, mais leur apparition est souvent liée à un événement familial : décès, maladie d'un proche. Personnellement, j'ai déclenché un Basedow (ou plutôt mon inconscient l'a fait pour moi) suite au diagnostic de Parkinson chez ma mère. Le jour où je me suis rendue compte que j'aidais ainsi ma mère : ELLE est malade, donc, JE dois être malade, pour ne pas la "trahir", je suis tombée de haut, j'ai grandi, et j'ai décidé de me réveiller, de couper le cordon ombilical... Je l'ai fait consciemment, ce fut douloureux, mais comme il a été écrit à propos du transfert (point de vue du médecin) : ma fermeté, mon repositionnement clair et net, et l'expression de mes limites à respecter par les autres, ont assaini nos relations, et ils m'en sont sûrement reconnaissants (mais ils ne l'avoueront jamais!). Bien sûr, je ne suis pas le thérapeute de mes parents (même si j'ai tenté de l'être au début), mais j'ai très longtemps fait l'objet d'un transfert de leur part, et cela continue sûrement, mais maintenant, j'en suis consciente, ce qui change les choses, car je ne "marche" plus.
Maintenant, je me rends compte que mes enfants aussi sont sensibles à la qualité des relations familiales, ils "sentent" les choses, et les expriment, parfois physiquement (la terrain génétique est là, c'est la seule chose qu'on ne PEUT PAS MODIFIER), et je me rends compte que cette histoire familiale, avec ses non-dits, ses conflits, qui remontent à plusieurs générations, continue à "travailler" mes enfants...
L'inconsient joue un grand rôle dans la maladie, qu'elle soit physique ou mentale. Chez les femmes du côté de ma mère, il y a une tendance claire à la dépression (tendance seulement, aucune n'a fait une réelle dépression) et à la manipulation des autres. J'arrive à m'en amuser, maintenant, quand je suis témoin de conversations ou psychodrames familiaux, je connais par coeur le film, et je ne suis jamais déçue par les acteurs!
Seulement, il y a un DENI évident de ce malaise familial, entretenu par les femmes - et leurs conjoints respectifs, sur plusieurs générations. "La dépression, c'est honteux, il ne faut pas se laisser envahir par elle, on n'a pas le droit d'aller mal quand on a "tout pour être heureuse" etc. Ce discours a bercé mon enfance, et quand j'ai osé dire clairement que quelquechose clochait dans la famille, on a répondu que c'est moi le problème (bien pratique, en fait, je le porte en moi, à ma manière, et la maladie de Basedow en est une expression). C'est à cette époque que j'ai lu le livre de Susan Forward "Parents toxiques" qui a mis des mots, certes durs, sur ce que je vivais alors.
Je me souviens de mon médecin de famille, quand j'étais adolescente (j'ai eu une période d'anorexie, mais dont je me suis sortie en quittant la maison), qui m'a dit, quand je lui ai fait part de mon projet de partir loin de la maison : "Vous êtes une passionnée, je ne me fais pas de souci pour vous, bon vent!". Je serai toujours reconnaissante à ce médecin-là, qui soignait toute la famille, et connaissait bien chacun de ses membres, d'avoir compris et trouvé les MOTS pour me déculpabiliser de partir... Ce fut le premier pas vers l'indépendance. A cette époque, je n'étais pas du tout consciente que la relation à mes parents, que les relations familiales remontant à plusieurs générations (avec deuils d'enfant et autres difficultés) me travaillaient au corps et à l'âme. Depuis, j'ai fait un travail sur moi (je soigne Basedow sur le plan physique ET mental), et j'invite mes enfants à exprimer ce qui ne va pas chez eux, au maximum. Je ne suis pas une super-woman, malheureusement, je ne peux pas tout changer d'un coup de baguette magique, mais au moins, j'essaie d'écouter ce que disent mes enfants, pour qu'ils aillent de l'avant!
Bref! J'essaie de rompre la chaîne infernale de la transmission inconsciente des problèmes, ce qui est à l'origine de ma maladie, je dis bien à l'origine, car elle est apparue à un moment précis de ma vie, pas avant, pas après, et en ce sens, elle m'a permis de rétablir un certain équilibre dans les relations familiales avec mes parents... Basedow est maîtrisée, et depuis que je suis malade, je me fais davantage respecter, j'ai gagné en estime de moi, et j'en suis très contente! C'est le véritable gain que j'ai pu tirer de la maladie.
Merci de m'avoir lue jusqu'au bout. Toute maladie est une maladie du corps ET de l'âme. J'aimerais avoir vos avis sur la questions des "familles à problèmes" ou quand la maladie est l'expression d'un déséquilibre et d'un dysfonctionnement dans les relations familiales (souvent, tout cela est inconscient, bien sûr!). Et ces maladies n'apparaissent que si le terrain génétique est présent, bien sûr, d'où la diversité des maladies en question.
@ bientôt!
Sandy