Modifié le 27-11-04 à 14:17 (GMT)Modifié le 27-11-04 à 14:12 (GMT)
> Moi qui suis née après la loi Weil, je n'avais
>jamais imaginé à quel point l'avant contraception et l'avant loi
>Weil avait été pénible pour les femmes, jusqu'à ce que
>je lise "Paroles d'avortées" (à La Martinière). Ce sont des
>témoignages sur l'avortement d'avant la loi Weil.
> Nous qui avons l'embarras du choix devant les moyens de
>contraception, on ne sait plus qu'avant les femmes étaient angoissées
>chaque mois en attendant leurs régles, que cette angoisse les
>rendait parfois frigides, que la contraception était interdite puis très
>peu au point, elles n'avaient non seulement pas le droit
>d'avorter mais elles n'avaient pas non plus le droit d'éviter
>d'être enceinte, il fallait faire prospérer la nation, les femmes
>étaient là pour faire des enfants, que ça leur plaise
>ou non, elles n'avaient pas de contrôle sur leurs corps,
>et certaines étaient enceintes tous les ans. D'où de très
>nombreuses grossesses, et de très nombreuses non désirées. Il y
>avait avant la loi Weil entre 800 000 et un
>million d'avortements par an, un avortement pour une naissance. Je
>me suis rendu compte en lisant ce livre que la
>majorité des femmes avaient subi au moins un avortement, certaines
>plus d'une dizaine, dans des conditions atroces, avec en plus
>des curetages à vif, des risques de stérilité, de complications
>graves et de mort.
>C'était la vie des femmes il y a encore quelques dizaines
>d'années. L'avortement était tabou car interdit, passible de prison, donc
>les femmes se taisaient. Mais c'était leur vie quotidienne.
>
>Cordialement,
>
>Laurence
Bonjour
Il y a ces femmes d'avant la loi Weil comme ma mère, les femmes d'aprés la loi Weil comme vous, jeunes femmes, qui n'avez pas été témoin de tout ça, et il y a les femmes comme moi, (vos mères trés certainement), qui sont les "entre-deux".
Ces femmes dont je fais partie sont celles qui ont connu la "libération sexuelle" avec tout le débridage complètement désordonné qu'elle représentait (un peu comme un animal sauvage qu'on relâche aprés une longue captivité et qui court dans tous les sens), qui ont été témoin impuissant, dans leur tendre enfance, de ces atrocités, blocages et valeurs rigides, qui ont tremblé pour leurs mères, qui se sont fermées à leur père, qui ont cru que la vie était la mort et la mort la vie.
Je me suis trouvée avec le choix des deux extrêmes :
Faire tout et n'importe quoi avec mon corps de femme, et agir de façon trés rigide comme ma mère.
J'ai fait l'expérience de ces deux options au cours de ma vie, je n'étais pas heureuse et avais recours à l'alcool pour m'aider à vivre ainsi.
Mais un jour je me suis enfin retrouvée à ma place et j'ai enfin pu choisir mon juste milieu : La liberté de disposer de mon corps de femme "depuis l'intérieur" et non plus par imitation.
Je ne sais pas pourquoi je vous raconte ça, vous n'en avez peut être rien à faire, mais c'est ce qui justifie, je pense, mon besoin de parler de ce 3 ème choix d'accouchement sous X, que je n'ai pas entendu proposer aux femmes qui ne voulaient pas élever l'enfant dont elles étaient tombées enceinte malgré elles, et qui m'aurait convenu à moi si j'avais été dans leur cas.
Poulou