Rien ne va plus,La révolution est en marche, place au jeunes.
Crâner au bloc en faisant son Benton, c’est fini.
Exit les brosses bétadinées, exit les joyeux sproutch-sproutch-sproutch, exit les nuages de mousse orange qui voletaient gaiement à travers la pièce pour finir immanquablement sur nos Nikes toute neuves.
On ne se frottera plus les ongles pendant des heures, on ne s’écorchera plus les avant-bras avec le côté qui gratte des éponges, on ne s’agenouillera plus pour se rincer dans des lavabos toujours fixés trop bas, on ne connaîtra plus l’eau gelée de trois heures de matin qui achève de nous réveiller au milieu d’une nuit de garde, on ne recommencera plus tout depuis le début parce qu’à vouloir se rincer « de haut en bas », on a évidemment effleuré le robinet à la toute fin de l’opération.
Finies les tâches de Bétadine au dessus des coudes, finies les crampes dans les bras après 10 minutes de brossage fastidieux et fini le tamponnage des avants-bras qui les laissaient inévitablement humides sous le sarrau.
Finies les bonnes blagues, aussi. (« Ahahaha, je t’ai mis de la Bétadine plein ton pyjama »)
Place au SHA. Deux fois une minute trente de frotte-frotte, c’est stérile, c’est doux, c’est sec, c’est propre par terre.
C’est la fin du brossage des mains, et les vieux chirurgiens ont du mal à s’en défaire... Il faut les comprendre, ils se sont bétadiné les bras huit fois par jour pendant 30 ans...
Moi aussi, j’ai du mal à m’en défaire… Il faut me comprendre, c’était la seule chose que j’étais fichue de faire correctement dans un bloc opératoire...
(http://www.infectiologie.com/public/congres/jni04/j-inf/Inf01-04-mains-jni04.pdf)
 |
Cordialement, Hélène, étudiante en médecine |