Bonjour,Les souvenirs douloureux qui remontent sont pénibles, stressants, angoissants, etc.
Vous dites:
"La question que je me pose aujourd'hui est "Est-ce que je vais pouvoir vivre à présent sans continuer à souffrir de ce passé""
À votre place, je me poserai plutôt la question suivante: "Est-ce que je VEUX vivre à présent, sans continuer à souffrir de ce passé"
Il n'est pas ici question de vous culpabiliser, mais cette question mérite réflexion pour faire réellement le ménage dans nos vies et nos souvenirs.
Vous dites aussi:
"bien que je sais que le passé n'est plus, je vois qu'il revient quand même inconsciemment."
Certains éléments, émotions du passé remontent, mais vous avez conscience que cela fait partit du passé, et non du présent. À partir de là, vous avez le choix de vous laisser sombrer dans ces émotions en pensant que vous êtes condamnée à revivre sans cesse le passé, ou alors, vous entreprenez doucement un processus de changement, en acceptant que ces souvenirs, et émotions pénibles remontent, tout en faisant l'exercice de bien distinguer le présent et de vous y accrocher du plus fort que vous le pouvez.
"Ce que j'aimerai savoir c'est si tous ces mauvais souvenirs vont cesser de me faire souffrir."
La question ici, c'est "qu'est-ce que je peux faire pour atténuer ces mauvais souvenirs, pour qu'ils me fassent moins souffrir". Car attendre qu'ils cessent d'eux-même, c'est à mon avis en vain. C'est une attitude qui leur laisse prise sur nous. C'est à soi de reprendre la gouverne de notre vie, de ne pas se laisser envahir et détruire notre présent par ces souvenirs douloureux.
Ce que je veux dire, c'est une fois que vous prenez conscience que vos émotions sont hors proportions, car c'est des souvenirs qui remontent, pourquoi ne pas l'accepter comme tel, écouter ce que ça dit à l'intérieur de vous, et prendre la décision, de ne pas vous laisser envahir par ces affects. C'est une décision qui vous appartient.
Cela peut paraître un peu sec ce que je dis, et je comprends que lorsqu'on souffre on a parfois le sentiment que rien de ce que l'on peut faire ou dire changera quelque chose. On se sent bien impuissant. Mais au contraire, les changements viennent petit à petit lorsqu'on s'y met et qu'on comprend qu'il appartient à soi d'y faire quelque chose, car la souffrance qui s'estompe par magie, ça n'existe pas. On essaie une première fois de ne pas se laisser envahir par tout ça, par écouter ce qui se passe réellement, puis une autre, et une autre. Parfois on réussit, parfois pas, mais on persiste. Et voilà qu'après quelques semaines, quelques mois, on se rend compte qu'on va mieux, un peu à la fois.
Personnellement, il m'arrive de vivre à l'occasion le phénomène que vous exprimez. Parfois il s'agit d'un détail, d'un mot, d'une attitude, d'un comportement de l'autre qui déclenche en moi une tempête d'angoisses et de stress. La première chose que je fais, est d'identifier ce qui est la part réelle des choses dans le présent, et la part qui appartient au passé. Lorsque je me rend compte qu'il s'agit en bonne partie du passé qui remonte, et non pas un geste dangereux au présent, alors je m'accroche à toutes mes forces au présent, et je ne laisse pas gagner le passé. Il m'arrive de craquer, mais je reprends la route en acceptant que cela fasse parfois partie du processus. Et pour moi cela fonctionne, car j'ai de moins en moins ces reminiscences et de moins en moins de douleurs dûes au passé.
"Je pleure parce que j'ai la rage de ne pas avoir su me défendre et parce que ces agressions venaient de personnes que j'aimais."
Il m'arrive de m'en vouloir aussi. C'est une des raisons pour laquelle j'ai récemment décider d'entamer une démarche de pardon. Pas au sens religieux du terme, mais dans le sens d'un cheminement, qui veut pour sa finalité, donner dans l'apaisement de mon être et de mes mémoires. Un pardon vis-à-vis de personnes ou de situations qui m'ont fait souffrir. Et un pardon vis-à-vis de moi-même parce qu'il m'arrive de m'en vouloir. M'en vouloir d'être restée en contact pendant plusieurs années, avec une personne qui me faisait souffrir, de n'avoir pas su exprimer clairement certaines choses comme je l'aurais voulu, de n'avoir pas mieux perçu les situations, de n'avoir pas toujours prises les bonnes décisions, etc.
Il m'arrive aussi d'en vouloir à l'autre. De ne m'avoir pas assez écouté, de ne pas m'avoir crue, de m'avoir agressé, de ne pas avoir été là lorsque j'avais besoin de son aide, de ne pas avoir tenu parole, etc. Certains m'ont déjà dit qu'il vallait mieux oublier. Mais je ne veux, ni ne peux oublier. Car quand on oublie, ça demeure enfoui dans un coin de notre être et ça continue de faire du dommage parfois. Moi je veux me rapeller, mais ne plus en souffrir. Et je crois qu'en arrivant à nettoyer ces situations, en entamant une démarche de pardon, je pourrai me rapeller des situations, sans souffrance. Simplement savoir que ça été comme ça, ça a fait partie de mon histoire, mais aujourd'hui c'est autrement. Cette démarche me permet aussi d'assimiler ce qu'il y a eu de bon dans ces situations. Car malgré tout le drame, il y a que j'ai appris beaucoup. Ces événements de ma vie, ont contribués à faire ce que je suis aujourd'hui. Et je sais que non seulement ces événements ne m'ont pas détruite, même si je l'ai cru à une certaine époque, mais même, que je suis construite plus solide, plus forte qu'avant.
Bref, je fais le chemin qu'il faut pour que le passé n'ait plus prise sur mon présent, et dans mes relations actuelles. Je le fais à mon rythme et bien accompagnée (j'ai une psychothérapie et aussi un bon entourage). Je prends conscience de ma colère, de ma tristesse, et j'accepte que cela fasse partie du processus. Je me rend compte qu'en prenant conscience de tout cela, et en l'exprimant, je ressasse de moins en moins le passé. Et cela me donne tout le loisir de goûter la vie avec beaucoup plus de saveur, de plaisir et d'intensité qu'auparavant. Je découvre beaucoup de choses, sur moi, sur les autres, sur la vie, et j'en suis très heureuse.
Quelques autres suggestions, qui ont fonctionné aussi pour moi:
Lire des livres, des témoignages de personnes qui s'en sont sorties. Les lire et relire jusqu'à comprendre que c'est un cheminement qui est possible de faire. Vous remarquerez que ces démarches ne sont jamais simples, souvent ardues, et qu'elles prennent du temps à mettre en place. En résumé, c'est souvent long de faire un cheminement sur soi, cela demande beaucoup de courage, mais on a toutes les ressources à l'intérieur pour s'en sortir, tout le monde à cette possibilité. Il faut s'en donner les moyens.
Diminuer les contacts avec les personnes qui nous ralentissent dans notre cheminement. Je me suis rendue compte que le contact avec certaines personnes de ma famille, et autres, me boulversait à trop haute dose. Ils avaient pris l'habitude de déverser sur moi plusieurs de leurs affects négatifs, de leurs stress. Lorsque j'ai pris conscience à quel point cela m'affectait, j'ai diminué les contacts et tenu fermement mes frontières. Depuis, j'ai pu réaménager des espaces relationnels autres, avec ces gens, sans couper le contact, mais d'une manière que je me sente bien.
Augmenter les contacts avec les personnes qui nous font du bien. J'ai des amis très proches, avec lesquels je me sens bien. Des connaissances avec lesquelles j'aime discuter, ou pratiquer une activité. J'ai donc choisi de consacrer plus de temps aux gens qui croient en moi et en mes possibilités et avec lesquels je sens que ma présence leur fait aussi du bien. J'ai remarqué que j'ai beaucoup plus confiance en moi qu'auparavant, d'avoir fait ces choix.
Ceci dit, c'est long de mettre en place tout cela. Mais ça vaut la peine, car ensuite, on peut utiliser ces nouvelles capacités, tout au long de notre vie.
Bonne route,
Aloès
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