J'ai 27 ans et j'aime un garçon qui depuis des mois pour ne pas dire des années affirme qu'il m'aime,
c'est mon premier amour et je suis son premier amour réel après un
premier amour non partagé ni concrétisé à 18 ans. Il est récemment
sorti d'une période noire de chômage et de dépression grâce au
soutien de sa famille chez qui il est parti vivre et au mien ;
pendant les 3 ans de son état, j'étais présente, malgré de longues
périodes de mutismes et de rejets, mais à chaque fois que nous
restaurions le dialogue, il disait m'aimer et il semblait mieux
pendant quelques temps... A cette époque (2000- Juillet 2003) il
pensait d'ailleurs être "malade" dans certaines périodes de réflexion
sur son état quand nous en discutions et il se voyait parfois comme
un nul, "une personne honteuse", un "boulet" (classique chez les
dépressifs) ou pire comme "un monstre", "un immonde salaud", "une
personne qui avait même peur d'être ce qu'elle voyait en elle et qui
avait peur d'être dangereuse". Depuis un mois qu'il a trouvé cet emploi et est revenu dans la
vie bien réelle et active qu'il n'avait pas connue depuis des années,
il a décidé de ne plus me donner de nouvelles (3ème phase de
mutisme), alors qu'une semaine avant, il me parlait de projet de vie
commune à terme, de rencontres enfin possibles à nouveau si ses peurs
ne le bloquaient pas.
Voilà un peu l'évolution de la relation :
En 2000 quand nous nous sommes connus, il venait de tomber au chômage. Il est tombé assez vite amoureux de moi (2 mois après notre rencontre réelle) et me l'a avoué ce qu'il considère comme son plus grand exploit personnel. Il a mis 6 mois à paniquer avant de me demander si on pouvait se rencontrer puisqu'on s'est connu par le net.
Quelques symptômes que j'ai observés chez mon "petit ami" essentiellement irréel à cause de toutes les raisons suivantes au cours des 2 ans et demi passés près de chez moi (moins dans la période de 8 mois où il a vécu chez ses parents) : beaucoup de points se rejoignent évidemment mais je pense bon de les séparer car ils sont aussi une forme de graduation des manifestations.
- Anticipation anxieuse ou souffrance dans la (les) situations(s) redoutée(s) ou de performance
- Situations de rencontre personnelle ou de performance évitées ou vécues avec une anxiété et une détresse intenses
- Peur de l'échec simultanée avec des attitudes d'intertie, de latence, d'abandon physique et moral (en périodes basses)
- Sentiment intérieur d'être différent, "fou" avec quelques sensations d'être "un salaud", 'un nul", "une personne qui se faisait peur" ou un "monstre"
- Sentiment d'être condamné à vivre et mourir seul ; sentiment concomittent de ne pas pouvoir aimer, d'être incapable de recevoir de l'amour
- Refus prolongé de répondre au téléphone à qui que ce soit (en particulier à moi dans les phases difficiles)
- Coupure brusque, sans la moindre explication et sans forcément de raison dans la relation
- Repli très prononcé sur soi avec certaines formes autistiques pour les personnes dont il était censé être le plus proche
- Difficulté à assumer la solitude malgré son caractère solitaire
- Difficulté à se gérer sans encadrement familial
- Consommation (abusive ? selon un copain) à une période d'alcool dur
- Limitation très forte des contacts très personnels ou trop proches : pas d'amis, pas de confidences sur sa vie, sur ses sentiments, son ressenti général.
- Bon contact social mais tendance à ne pas s'impliquer du tout et
rester très extérieur aux échanges ; en même temps, il a tendance à très bien "passer" en groupe et il semble moins timide et coincé du fait de son ouverture et sa curiosité intellectuelle (je pense) !
- Mutismes prolongés (6 mois la première année entrecoupés de deux communications téléphoniques, puis 9 mois sans aucun lien) e,vers moi (j'étais pourtant la personne qu'il aimait même si je pense qu'il doutait de tout à ce moment) et tendance à de longs silences avec sa famille quand il est seul
- Anxiété, panique chroniques
- Colères fortes (dont je n'ai pas été le témoin mais qui m'ont été
rapportées par sa mère)
- Troubles physiques en cas d'anxiété (boule à l'estomac très
bloquante, insomnies, sensation prolongée de fatigue)
- Refus d'affronter certaines situations jusqu'à ce qu'il soit poussé
par ses parents (il a repoussé le permis qui le paniquait jusqu'à
maintenant car il était terrifié à l'idée de mourir)
- Oublis, difficultés de concentration sur des petites choses (appels, rappels) et difficulté à tenir des promesses : il ne m'a pas souhaité mon anniversaire alors que depuis un mois il disait à sa mère qu'il devait le marquer vraiment, il n'a jamais pu m'envoyer un cadeau car il n'a pas trouvé d'idées ce qui irritait sa mère....
- Peur du passage à la réalité dans les relations personnelles proches : à chaque fois que j'ai "crisé" en demandant un engagement plus réel sans pour autant douter de son amour, il y avait un sentiment de gêne, de fuite
- Tendance à perdre ses contacts et à ne jamais les recontacter (la plupart vont dans ce sens, je crois que tu es bien le seul qui ait eu de ses nouvelles depuis le lycée et encore je suppose que c'est un hasard)
- Manque de considération, d'attention aux autres dont il est
partiellement conscient (mais seulement dans les périodes de stabilité)
- A de nombreuses périodes, troubles du sommeil avec des
endormissements de plus de 48h sans qu'il s'en rende compte avec
alternance d'insomnies et de plusieurs nuits difficiles.
- Terrible peur de l'abandon et peur simultanée d'être seul et/ou d'être avec quelqu'un ; peur du quotidien et des habitudes
- Sabordage plus ou moins conscient des situations réelles
impliquantes (notamment la nôtre) ... : retards de 4 h, plantages de rendez-vous, retards de 2 h au moins pour cause de réveil à l'heure du rendez-vous
- Invention de relations amoureuses pour rassurer sa famille ; mensonges peu importants pour excuser ses manquements
- Détachement important des choses, des gens surtout quand il s'agit du domaine privé.
- Extrême timidité blocante pour envisager une relation plus tactile ou intime
- Crises de panique :
Depuis toujours, il a été sujet à des crises de panique selon plusieurs témoins, amis ou famille. Il a récemment passé son permis qui était une angoisse depuis près de 16 ans. Il a eu un apprentissage extrêmement pénible où il était pris de crises de panique, avant, pendant. Il l'a cependant obtenu car l'obtention de son boulot a précipité le passage du permis sans lui laisser le temps de réfléchir!
Il cache très bien son état et sa personnalité à sa famille (mis à part ses paniques), notamment sa mère qui reconnaît avoir retrouvé un homme qu'elle ne connaît pas malgré 8 mois de vie commune ces derniers temps.
La liste n'est pas complète.
Je ne vais pas jouer les psys mais j'ai pensé qu'en posant les troubles que j'ai constatés ou vécus à son contact (les contacts concrets directs étant rares pour toutes ces raison), je pourrais mieux solliciter vos réactions sans pour autant avoir droit aux jugements partiels sur mes sentiments ou autre.
Personnellement, j'ai vécu cela avec lui alors qu'il était dans une phase d'ambivalence (autonomie apparente dans un appart depuis 10 ans, spirale d'échecs scolaire avant de trouver sa voie et repli intime avec une absence de vie personnelle hors de quelques copains anecdotiques).
Les personnes qui l'ont connu avant (au lycée, pendant la phase universitaire puis en école d'infographie) me parlent toutes d'une personne difficile à vivre, incapable de s'engager, paniquée à l'idée d'être abandonnée et se projetant constamment dans le futur avec une angoisse blocante l'empêchant d'agir (témoignage de son meilleur ami de lycée, de ses copains de l'époque, de son meilleur ami de l'école où il a étudié son métier)... Son état est marqué par des phases : repli total / période de sérénité et de grande confiance apparente dans le cadre de notre relation. C'est un cérébral qui passe tout son temps à penser et également à rêver sa vie...
Je n'aime pas l'autodiagnostic et je ne me permettrais pas de diagnostiquer pour lui même si je pense que ma connaissance de cette personne me permet de m'interroger légitimement, contrairement à ce que pensent certains sur d'autres forums.
Je dirais déjà que M. a pris conscience depuis longtemps qu'il était "différent", mais il n'a exprimé ses angoisses que par l'écriture. Hélas, depuis des années, depuis quasiment son échec amoureux, il n'écrit plus ce qu'il est et ce qu'il ressent. Ses écrits sont marqués par une profonde solitude, un sentiment d'enfermement, il n'y a toujours qu'un seul héros dans lequel il dit bien s'imaginer et ce héros parfois a le sentiment d'être en proie à une folie et souffrance intérieure extrêmes. Ce n'est que les pistes qu'il m'a données puisque je n'ai pas eu accès directement aux nouvelles et qu'il a toujours prétexter ne pas m'écrire car il n'en était plus capable (c'est l'explication au fait aussi qu'il ne m'ait jamais envoyé le cadeau de Noël qu'il m'avait fabriqué et qu'il voulait accompagner d'une lettre).
En Juillet 2003, il était au plus bas. Depuis 8 mois, je restais présente à ma manière, par des lettres, quelques appels pour lui rappeler que quoiqu'il ressente comme désamour pour lui, je l'aimais pour ce qu'il était. Ses parents sont rentrés et l'ont récupéré pour l'amener chez eux. Je l'ai revu après 8 mois de mutisme en allant chez lui : il a répondu et on a discuté un moment. De là il m'a dit que désormais, il me répondrait et qu'il avait compris qu'il pouvait s'en sortir. Ont suivi 15h non stop au téléphone où il a réussi à accoucher de tous les blocages qu'il croyait importants pour lui, mais je me demande (et son repli actuel me fait douter) si c'était l'origine du problème, car dans le fond, l'invention des relations amoureuses et de l'expérience sexuelle ne m'importait pas et il le savait! Il disait vouloir "enfin montrer qui il était vraiment, sortir de ce long mensonge à tous ses proches, être lui-même" car il avait l'impression "de jouer tout le temps" et d'"avoir de multiples visages qui lui faisaient parfois peur". A ce moment là, il a pris conscience qu'il avait besoin d'aide, mais ça n'a duré que quelques temps et comme une série de problèmes familiaux sont survenus avec le déménagement, il s'est replacé au second plan au point d'oublier les décisions qu'il avait prises d'être suivi malgré une forte réticence. Il se sentait "malade". Parallèlement, il désirait enfin que notre amour débute sur des bases saines puisqu'il allait tout faire pour s'en sortir, trouver un travail ce qui a pris quelques mois. Par la suite, le sentiment d'utilité que lui ont conférés les problèmes ci-dessus lui ont permis de reprendre le dessus surtout qu'il était encadré et que ses parents, poussés par la culpabilité de n'avoir rien vu avant, l'ont motivé à chercher du travail.
A la base :
Il dit m'aimer et me considère comme la femme de sa vie depuis qu'il est vraiment bien dans sa tête, je l'aime, mais il veut que notre situation soit stabilisée, il veut être indépendant financièrement et trouver un boulot pour vraiment s'engager. J'accepte en estimant que ce sera une base plus saine pour nous surtout qu'il semble mieux, plus communiquant depuis qu'il est encadré par sa famille.
Principaux problèmes malgré une phase positive de plusieurs mois :
- Détachement face à des marques de considération élémentaires
- Difficulté à prendre des décisions, faire des choix, s'engager
- Conviction qu'il m'aime, que je suis la femme avec qui il veut vivre, mais aucune démarche pour passer à une relation plus réelle malgré mes demandes
- Fuite de la réalité et repli avec prise de distance, plus de réponse ou de moins en moins par téléphone.
Malgré tout, j'établis de très bons rapports avec sa mère avec qui nous finissons même par partager nos inquiètudes communes à son sujet.
SITUATION ACTUELLE :
Il y a 5 semaines : il ne m'a pas informée de ses succès (travail, permis) ce qui m'avait beaucoup véxée mais que j'avais accepté puisque sa mère m'avait informée. Il avait pris de la distance depuis qu'il avait oublié de me souhaiter mon anniversaire 3 semaines auparavant et qu'il s'en était un peu voulu car il s'était rendu compte qu'il n'aurait pas oublié si j'étais bien "réelle". Nous discutons 3h, je lui fais part du fait que je souffre de ce manque de considération, que je me demande comment il m'aime, cela le touche surtout que 15 jours avant, je lui avais dit que j'en avais marre de me sentir si "fuie", "irréelle". De longs silences de réflexion de sa part aboutissent à la conviction qu'il m'aime et à la décision de vivre ensemble à terme sur sa demande depuis qu'il pense être sorti du trou Il propose de se voir, de venir même à moi (enfin) d'ici deux mois pour pouvoir lui laisser le temps de s'adapter à sa nouvelle vie.
Il y a 4 semaines : j'ai parlé à son répondeur car je n'avais plus de nouvelles, je me sentais exclue et je le lui ai dit de manière très forte car j'étais à bout.
Depuis : début de son travail 2 jours après cet appel.
Aucune réaction de sa part par quelque moyen que de ce soit.
Il y a 3 semaines : j'appelle pour m'excuser d'avoir pu le blesser et je lui explique que je souhaite en fait que notre histoire soit enfin plus réelle qu'irréelle. Quelques minutes après, je reçois de son portable l'appel de deux mecs que je n'identifie pas qui me balancent des obscènités dans la nuit. Appel dégoûtant et propositions choquantes surtout que ça ne correspondrait jamais à ses procédés ni même à ses connaissances a priori.
Plus rien.
Je contacte 3 jours après sa mère pour vérifier qu'on lui aurait peut-être volé son portable. Elle m'assure que non, mais m'explique qu'il l'a oublié chez des amis de son frère et de la soeur de sa belle-soeur. J'évoque à demi mot un appel dérangeant en disant que j'ai été choquée et qu'on m'a conseillé de porter plainte. La mère est mal à l'aise, elle cherche à me prouver que son fils me respecte trop pour faire ça ou le laisser faire en sa présence. Elle continue après mes commentaires, mais en pensant que ce sont les autres "gens" présents qui ne me connaissent pas, que Manu ne connait pas non plus d'ailleurs, qui ont pu vouloir s'amuser après avoir trop bu alors qu'elle les avais présenté avant de connaître le problème comme des "gens très bien et sérieux"... Je lui assure que je ne porterais pas plainte évidemment, mais que je suis très triste et dans la plus complète incompréhension. Elle m'assure comprendre ma colère et mener l'enquête. Elle dit qu'elle le fera dès le lendemain et qu'elle lui demandera d'appeler illico pour s'expliquer.
Plus rien ni de la part de sa mère ni de la sienne.
Il y a 4 jours : j'appelle pour prendre des nouvelles comme d'habitude. Je demande à parler à sa mère. Son père me dit qu'il me la passe et soudain, il s'interroge en me disant qu'elle n'est pas là. Est-ce vrai ? Pas grave. Il me demande assez violemment "si je vais continuer à appeler longtemps comme ça" ? Je ne comprends pas la remarque. J'appelle environ tous les 12 jours pour m'enquérir de la famille vu que depuis des mois, je suis considérée comme la petite-amie de leur fils. J'étais très appréciée, je parlais avec sa mère qui d'un naturel bavard me confiait beaucoup de choses.
Le père me demande si "M ne m'a pas dit" ? Je lui demande ce qu'il est censé m'avoir dit même si je peux l'imaginer ("il ne vous aime pas, il ne veut plus de vous") et à ce moment là, il semble interrompu alors qu'il allait commencer à me le dire. Il me dit que je n'ai qu'à voir avec lui puisqu'il est adulte, sachant que M ne répond à rien et ne dit donc rien, je n'apprends rien ni même le fait qu'il a sûrement décidé de me bazarder depuis qu'il a trouvé cet emploi. On m'explique qu'il travaille jour et nuit, qu'il n'a pas le temps pour des broutilles comme notre relation. Je le ressens ainsi, surtout que le ton est froid et catégorique. Il me raccroche presque au nez prétextant qu'il doit sortir et que maintenant il n'a plus rien à dire. Pour ses parents, je semblerais presque l'élément perturbateur qui empêcherait leur fils de réussir dans son travail si nous vivions notre relation.
Verdict : évidemment, il faudrait laisser tomber et conclure que c'est un mec lâche et lamentable qui ne veut plus de moi et m'a jetée sans respect pour me le signifier. Ce n'est pourtant pas une attitude "normée" à mon sens et je me demande si on pourrait procéder ainsi après avoir autant partagé de choses que personne d'autre ne connaît, avoir aussi beaucoup respecté et vraiment aimé la personne que l'on humilie d'une certaine manière par ce message obscène et le silence absolu ensuite.
Le problème ? Tous les symptômes de longue date, récurrents par phase que j'ai cités et qui sont confirmés par ses amis depuis plus de 10 ans pourraient correspondre à une dépression (dysthymique?) ou à un syndrome borderline.
Aujourd'hui, il semble improbable qu'il songe à consulter, ne serait-ce que pour vérifier qu'il va bien. Pourtant, sa mère s'inquiètait avant que les tensions surviennent de manière inexplicable entre nous ; son meilleur ami du lycée n'est pas étonné et pense qu'il replonge et qu'il va avoir du mal à assumer à l'épreuve (il travaille depuis moins d'un mois et commence déjà à travailler jour et nuit...).
La question n'est pas de savoir s'il est normal que je continue à l'aimer malgré ses comportements car mes sentiments ne concernent que moi. Sur d'autres forums, je me suis heurtée à des jugements personnels violents dont je n'ai pas vraiment besoin en plein dans cette situation. Ce n'est pas non plus de savoir si j'ai un problème ce que je ne crois (j'ai un médecin à qui m'adresser si je me pose la question), mais c'est de savoir plutôt si vous trouvez ces troubles douteux, inquiétants, s'ils vous sont familiers, s'ils peuvent être le signe d'une pathologie? Que vous inspirent-t-ils?