Bonsoir,il me semble que s'il y a en effet beaucoup de "thérapies" différentes, il n'y a pas tant que ça de "psychothérapies"... il y a je crois un certain protocole quand même dans la psychothérapie, qui se résume à un déblocage des conflits psychiques par la prise de conscience et la mise en mots...
et dans ce sens strict, la psychothérapie apporte beaucoup mais ne "guérit" pas forcément, en particulier quand les symptômes semblent psychogènes et qu'on découvre, parfois dramatiquement tard, qu'ils ne l'étaient pas...
à cela se rajoute une profonde culpabilité de ne pas guérir "puisque c'est d'origine psychique", après avoir durablement et sérieusement essayé diverses thérapies avec divers thérapeutes, dont la classique psychothérapie avec un psychiatre (plusieurs en ce qui me concerne) - c'est que vraiment on y met de la mauvaise volonté alors ! on qu'on veut mettre le psy en échec, ou alors qu'on est très très tordu(e) du cerveau, ce qui rajoute de la peur à la culpabilité qui elle-même se rajoute à la souffrance physique, morale et sociale. Bingo pour le/la gagnant(e). Le grand Schlem. Pas de quoi faire une dépression secondaire, non...
Je suis en train de faire ma propre "anamnèse" médicale : A l'époque jeune maman, belle, sportive, intelligente, travaillant, ayant des amis, sortant, pratiquant du sport... mais anxieuse, notamment parce que seule, déjà profondément blessée en amour et par la vie... des examens médicaux de base parfaitement normaux, à part : un taux élevé de lymphocytes en l'absence de toute infection (pas la moindre carie), une hypotension permanente et rebelle aux hypertenseurs, une importante hypersomnie limite narcolepsie, des vertiges, une constipation chronique, des cystites à répétitions et des problèmes gynéco permanents.
Et bien tout ça ma bonne dame c'est de la dépression masquée, si si, il paraît que la dépression se masque, d'ailleurs le cancer se déguise en ongle incarné aussi. Vous aimez la vie, vous vous aimez vous-mêmes, vous aimez les gens, vous avez plein de projets, de désirs, d'initiatives, mais NON NON NON, on vous a dit que vous ETES dépressive, alors que vous n'avez JAMAIS pensé au suicide.
Chaque consultation mon généraliste me demandait : "pas d'idées noires ?" , "ben non pourquoi ?". Je suis sagement allée consulter le psy qu'il me recommandait, pleine d'espoir dans la guérison de mes symptômes. Et à force qu'on m'affirme mordicus que j'étais dépressive je le suis devenue, pour cadrer avec le diagnostic, c'est plus rassurant... 20 ans plus tard, les symptômes sont toujours là, diversifiés, amplifiés, chronicisés, malgré la psychothérapie que je continue en pointillé, le Prozac et le Lexomil.
Maintenant j'ai rajouté sans grand succès Diantalvic et myorelaxants (cause douleur diffuse et douleurs aiguës en plus de la fatigue chronique), mais je rigole toujours devant un bon comique - ah bah oui, ce doit être la composante maniaque de ma "dépression", et je pleure parfois de douleur ou de découragement, preuve éclatante que ma dépression est réelle.
Fibromyalgie. Cela c'est sûr. Auto diagnostiquée grâce au web alors que je voyais en moyenne 2 toubibs par mois qui n'ont rien vu (entre le psy, le généraliste, le gynéco, le gastro, sos médecins etc...), confirmée par la suite par tout le monde (donc + rhumato et + neuro, certifs médicaux à l'appui, on sait jamais des fois que j'inventerais).
Une SEP n'est pas à écarter. IRM prévue le 17 juin, demandée par mon ORL qui elle trouve que ma surdité de perception bilatérale avec otalgie, céphalées et vertiges n'est pas psychogène. Alors peut-être pas une SEP, mais peut-être. On n'a jamais eu la bonne idée de me faire faire une IRM auparavant. Donc on verra bien. Et s'il y a qq chose genre des plaques de démyélinisation, on ne m'enlèvera pas de l'esprit que ça fait déjà 20 ans qu'on aurait pu se douter de qq chose, au lieu de tout qualifier de psychogène.
Parce que mon généraliste, j'aurais aimé le voir moins souvent mais plus longtemps, et pas à la chaine. Et qu'il ait moins de projections personnelles sur mon cas, genre : c'est impossible de ne pas être dépressive avec la vie qu'elle a.
Une fois, j'en souris maintenant, j'étais très pâle car pas dans mon assiette, et j'ai voulu me mettre "des couleurs", j'ai forcé un peu sur le rose à joues car ma salle de bains était mal éclairée. Quand il m'a vue arriver j'ai lu dans son regard inquiet, dans sa distance inhabituelle : "ça y est, elle est folle" ...
Voilà, la suite au prochain numéro.
Il y a beaucoup de vrais malades qui souffrent d'incompréhension pendant des années, qu'on assomme de psychotropes, et pire que tout que les toubibs exaspérés remballent sans prendre le temps de les écouter, avant que l'on découvre, une fois les symptômes très avancés, qu'il y avait bien quelque chose. Ce ne sera peut-être pas mon cas, mais peut-être que si.
"Entre deux solutions, la meilleure c'est ... la troisième" dit un koan zen. Alors entre tout psychothérapie ou tout médicaments, il serait peut-être temps que les toubibs, enfin non, j'ai rien dit...
Merci en tous cas de la précision sur l'expression "comportement alimentaire" et pardon de m'être autant éloignée du sujet initial, mais personnellement ça m'a soulagée de vider un peu mon sac.