Bonjour Iom, et à tous ceux qui pensent au suicide,C'est terrible de souffrir au point de penser au suicide en permanence. J'ai connu ça chaque seconde qui est une blessure, meme respirer parait douloureux. Les larmes qui vous prennent devant les joies des autres car on ne vivra plus jamais ça, la nostalgie suffocante des moments ou on a été heureux, et toutes les choses de la vie quotidienne qu'on se force à faire et qu'on accomplit en "rampant".
La période ou je pensais au suicide je sortais d'un épisode de délire et d'hospitalisation, et je peux vous assurer que l'obsession suicidaire fait plus souffrir que le délire, moi j'aurais été prete à tout pour que ça passe, si on m'avait proposé d'être infirme au lieu d'avoir cette douleur, j'aurais accepté.
J'avais 25 ans, 10 années de souffrance psychologique allant crescendo jusqu'à la maladie psychiatrique, des études ratées,des échecs professionnels, du chomage, pas d'amis, et je me voyais comme j'étais, devenue une loque avec beaucoup moins de facultés que les autres.
Ca faisait 3 mois que je prennais des anti-depresseurs et je ne voyais pas de changement, les médecins me disaient d'attendre mais je n'en pouvais plus. J'avais déja pensé au suicide bien avant cette période, mais c'était ponctuel, rien à voir avec une obsession et douleur continuelle.
Alors on pense à la famille, on leur en parle comme pour les préparer, leur souffrance rajoutant une raison d'en finir. On se dit qu'on ne peut pas leur faire ça, et puis un jour on se décide, on ne dit rien aux proches, on prépare tout.
J'en étais là presque déja soulagée à la perspective de la fin proche, mais au dernier moment, quelque chose s'est passé en moi. Je me suis dit, bon tu veux mourrir, tres bien tu mourras mais pas tout de suite dans un an à la meme date, au moins comme ça tu mourras avec la sensation d'avoir été courageuse, d'avoir résisté au maximum et tu en seras fiere. Je me suis donné un an de sursi.
Je crois que cette décision a été la plus importante de ma vie. J'ai continué à souffrir, mais à chaque fois que je pensais au suicide, je me disais "ok, c'est pour telle date" et du coup je me suis mise à moins ressasser ces pensées. J'ai continué à faire quelques activités en me forçant, et comme mes pensées de suicide étaient moins envahissantes, j'ai pu rajouter des activités, et grace à ces moments ou j'étais en partie occupée, il m'arrivait parfois de ne plus penser au suicide pendant d'abord quelques minutes, puis ces minutes sont devenues des quarts d'heures, puis des heures.Dans ces heures sont apparus quelques instant de plaisir. Pourtant ma situation n'avait pas changé ! Mais être dans une situation qui parait insoluble, ça ne signifie pas forcément devoir penser au suicide, ou qu'on va continuer indéfiniment à penser à ça. Il y a des tas de gens qui sont dans des situations bien plus difficiles que celle que j'ai connu et pourtant ils font face sans penser au suicide.
Dans le meme temps je me suis mise à commencer à accepter ma situation, à m'habituer, et du coup la souffrance a diminué. Les petits moments de plaisir ont augmenté. Finalement ces moments provenaient de choses auxquelles je ne prétais pas attention avant d'avoir connu cet épisode. Prendre un café au bistrot, regarder une belle fleur...
Des toutes petites choses mais ça a été comme le début d'une renaissance (et pourtant j'avais encore des moments de désespoir ou je pensais à la date fatidique). Cela m'a aussi beaucoup aidé de me dire que je n'avais plus rien à perdre, puisque de toute façon j'étais en "sursui". J'ai pu faire des démarches pour améliorer ma vie (avec la conviction que ça n'allait rien changé) mais je n'avais plus peur de l'échec.
Finalement ces démarches m'ont permis de reprendre des études, sept mois après le début de mon "sursi", moi qui n'arrivait à rien faire de constructif depuis des années.
Les idées suicidaires ont pratiquement disparu en un an. Et arrivée à la date ou j'aurais du me suicider, je n'avais plus du tout cette intension !
Aujourd'hui 15 mois apres cette décision qui a changé ma vie, il m'arrive encore de penser au suicide, car je dois construire ma vie et avec mes difficultés psychiatriques le plus dur est devant moi, alors quand je suis très fatiguée, ou découragée...Mais ce ne sont que quelques mauvaises minutes par mois à passer !
Cette expérience avec le suicide m'a profondément changée en bien. Je suis plus forte, plus courageuse car je reviens de loin et que je sais que je suis capable de choses dont je m'imagine incapable, et j'en suis fière. Je profite plus des plaisirs de la vie et des instants de bonheur car je sais ce que c'est d'en être privé.Les petits tracas de la vie quotidienne n'ont plus de prise sur moi. Je relative mes problemes, et les reflexions désagréables de ceux qui ne comprennent pas mes problemes (comment pourraient-ils comprendre, il faut l'avoir vécu). J'accepte mes difficultés, et ma personnalité, je ne me compare plus aux autres.
La psychothérapie m'a aussi énormément aidé, car il est important de pouvoir parler de tout ça et d'avoir le soutien d'un thérapeute comprehensible.
Pour conclure, je vais faire un rappel du message que je souhaite faire passer à ceux qui pensent au suicide :
1) ce n'est pas parce que vous etes convaincu que la situation qui vous conduit au suicide ne peut changer, que vos idées suicidaires ne peuvent pas partir.
2) ce prossessus est lent, on ne se reveille pas un matin en se disant ça y est je n'y pense plus, mais c'est très progressif
3) si vous etes vraiment décidé à vous tuer, donnez-vous un an de sursi, vous etes assez courageux pour tenir encore un an, faite le par fierté. Et chaque fois que vous y penser dites-vous "ok dans un an", et profitez des instants de répis pour vous occuper, essayer de vous faire plaisir. Et puisque vous n'avez plus rien à perdre, n'hésitez pas à vous lancer des défis, à vous fixer des objectifs, si vous échouz quelle importance ?
4) regardez ce qui vous entoure comme si c'était la derniere fois, pretez attention au maximum aux belles choses de la vie
5) trouvez un bon professionnel de santé avec qui parler de tout ça, et faites-vous aider par des médicaments.
Je ne sais pas si mon message pourra aider certain, mais sachez que j'étais à deux doigts de me suicider (avec méthode sans échec) et que j'ai réussi à m'en sortir, alors ne croyez pas que ça n'arrive qu'aux autres !
maria