Modifié le 04-11-04 à 14:19 (GMT)>Quand à s'investir affectivement avec des patients, je crois que c'est
>la pire des choses à faire.
>On peut se remettre d'avoir fait une erreur avec un patient,
>avec un ami c'est plus difficile.
Arfff ! J'ai MA réponse !!
Bonjour
Excuse moi de squatter ton post, n'étant pas une professionnelle de la santé, hein, Cilloux, mais je ne peux pas m'empêcher d'écrire ce message suite à celui de Letotor, tellement je viens enfin d'avoir une réponse à une souffrance qui me taraude depuis que je consulte des professionnels de la santé, c'est à dire depuis trés longtemps (J'ai 48 ans).
En fait, en tant qu'être humain, lorsque je consulte, que je confie quelque chose de trés intime de ma personne comme ma bouche chez mon(a) dentiste, mon sexe chez mon (a)gynécologue, mon coeur chez un psy, j'ai la sensation de tendre un pont entre le professionnel et moi, et me suis toujours mise dans l'attente, inconsciemment, que de son côté, il (elle) fasse un bout de chemin sur ce pont comme je l'ai fait en venant le consulter.
Et je me sens toujours seule, TRES SEULE. Parce que jamais je ne sens le professionnel faire ce chemin sur le pont.
Si; Une seule fois j'ai senti un gastro-entérologue faire ce chemin :
J'étais allée consulter cet homme pour un problème que j'avais avec l'alcool; Avant de commencer à parler de mon problème, ce médecin chef de son service (pour dire qu'il avait du travail et des responsabilités), s'est mis à me parler de lui en me racontant qu'il revenait de la foire de Séville passer quelques jours de vacances; Il m'a raconté combien il avait eu chaud là bas etc...
Je n'en revenais pas ! : Pour la première fois de ma vie et pour mon plus grand Bien, un médecin me parlait à MOI en tant que personne et non comme un cas de plus à soigner.
Cet homme avait osé faire un bout de chemin sur le pont et s'avancer vers moi en me parlant DE LUI ! En me confiant un bout de SON intimité.
Avec les autres praticiens, je me suis toujours sentie désespérément seule.
Encore l'autre jour, je pleurais dans ma voiture, au sortir de chez ma dentiste que je vois depuis plus de 3 ans d'affilée, parce que j'avais eu, une fois de plus, la sensation de ne pas exister pour elle.
Parfois j'aimerais lui envoyer ma seule bouche et moi rester chez moi, tellement je me sens mal d'aller consulter cette personne trop polie, effroyablement technique, froide et superficielle dans ses relations humaines, comme peuvent l'être ses roulettes en métal.
J'ai envie que les praticiens me considèrent comme leur Amie, lorsque je vais leur confier mon intimité !!!
Quelque chose en moi s'étiole chaque fois un peu plus, lorsque je me confie entre les mains de gens qui ne me voient que comme un numéro !
Je le sens bien sans que ce soit dit qu'ils "peuvent se remettre de faire une erreur avec moi et pas avec leur ami" !!
C'est ça que je sens depuis des années et des années et qui me rend malade lorsque je consulte : Je me sens mise au même rang qu'une voiture dans un garage, JE n'existe pas pour eux !
J'ai enfin compris grâce à vous Letotor, ce qui me rendait tellement triste depuis si longtemps.
Merci, même si d'avoir appris ça ne me réjoui qu'à moitié, parce que je ne sais pas si je pourrai trouver un jour des professionnels de la santé qui me consièrent comme leur Amie, fussè-je l'Amie d'un quart d'heure :
Celui passé à recevoir une part de mon intimité.
Je me dis qu'heureusement, j'ai rencontré au moins une de ces précieuses personnes chez ce gastro-entérologue; Grâce à lui, j'ai pu avoir envie de traverser complètement le pont qui menait de mon terrain alcoolique à mon terrain sain.
C'est quand même drôlement important...
Il suffit d'un seul pour que les autres ne comptent plus, finalement...
Bien à vous
Poulou