Bonjour à tous,"Pour un débat équilibré, il est nécessaire que chacun comprenne les problèmes des autres. Soyez compréhensif."
Oui, ça serait bien, mais je suis tentée de reprendre une phrase de Cilloux : "il faut être équipé"
Pour en revenir au débat de fond : c'est très complexe tout ça ! Et là je m'adresse à la communauté des gens "équipés" !
Dès qu'on "creuse" un peu les statistiques, dès qu'on dépasse les grosses masses de chiffres et qu'on discute avec les vrais gens, on se rend compte de l'ampleur des problèmes et de la diversité des situations.
En ce qui concerne les problèmes psychiques, la douleur est subjective. Par exemple, telle personne insomniaque vivra bien son insomnie et mettra a profit ses périodes d'éveil pour mener un tas d'activités utiles, telle autre se mettra au lit et se retournera douloureusement toute la nuit dans ses draps froissés, se lèvera fatiguée et finira par tomber en dépression.
De plus, de nombreuses personnes souffrant de problèmes psychiques ne consultent pas et ne sont pas traitées correctement : ce sont leurs problèmes qui les empêchent de consulter, soient qu'elles aient une carence narcissique tellement importante qu'elles ne peuvent prendre soin d'elles-mêmes, soit que leur phobie sociale les empêche de prendre contact avec le milieu soignant, soit qu'elles aient peur de la stigmatisation, du mépris et du rejet, qui sont une réalité même dans le milieu soignant (on en a un exemple flagrant dans cette discussion) soit que leur sentiment de persécution est tellement intense que les soignants se retrouvent pour eux dans la catégories des "persécuteurs", etc.
Pour toutes ces raisons, on aboutit à une situation apparemment paradoxale, où les soins sont en augmentation sans que les malades les plus graves soient mieux soignés, au contraire.
Les nouveaux médicaments du psychisme (antidépresseurs, anxiolytiques et neuroleptiques) ayant actuellement très peu d'effets secondaires désagréables, leur utilisation est banalisée par la partie de la population qui se soigne beaucoup et veille à ses "performances" et à sa forme, et qui consulte facilement le milieu soignant. (Idem pour l'utilisation du kiné d'ailleurs : certains vont se faire prescrire des séances très facilement, d'autres répugnent à ce genre de thérapeutique, sans que l'on puisse en déduire qui en a réellement besoin ou pas).
Pour les catégories de personnes qui ont été de tous temps les patients psychiatriques "ordinaires", l'accès aux soins est toujours aussi difficile que par le passé, rien n'a changé, la situation est même probablement pire en raison de la solitude croissante dans notre société. Pour ces personnes, c'est aux soignants d'aller vers eux, là où ils sont, que ce soit dans la rue, dans les prisons, ou terrés chez eux dans leur famille, ou isolés...
D'où la difficulté de tirer des conclusions sur le nombre de personnes qui utilisent des psychotropes et sur la nature de leurs problèmes. Cela demanderait une analyse très fine et très détaillée.
Cordialement,
Pandore
Non médecin, juste "patiente"