Bonsoir,J'ai beau y réfléchir, je persiste et signe.
Vous dites que c'est le médecin qui est formé, que c'est lui qui sait quel examen est pertinent ou pas.
Oui, bien sûr, dans la majorité des cas. Mais pas dans tous. Je crois par exemple certain(e)s lecteur(trice)s du forum plus informé(e)s que certains médecins sur l'inutilité du dépistage du CMV chez la femme enceinte, ou du dosage du cholestérol à 85 ans.
Mais peu importe, le fond du débat n'est pas là, et ce ne sont que des exemples très ponctuels.
Je n'ai pas la naïveté de croire que ce bilan annuel va permettre à tout un chacun de décider de lui même quels examens il doit passer, et ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.
Je n'ai pas voulu dire non plus que la responsabilité est au patient, que c'est à lui qu'incombe le devoir de refuser un examen inutile, ce serait aberrant.
Il ne s'agit pas de culpabiliser, ni de renoncer à la solidarité, il s'agit d'informer.
Je ne veux pas voir mes patients comme de pauvres choses que je dois préserver de la vérité.
Il y a un âge où on apprend que le père Noël n'existe pas, il y a un âge où on apprend qu'un scanner coûte cher, c'est sans doute douloureux pour beaucoup, mais on s'y fait, et on reconstruit sa vision des choses différemment avec cette nouvelle grille de lecture.
Il n'y a aucune raison de culpabiliser parce qu'on a eu besoins de soins, quel que soit leur prix.
Je persiste à croire que l'Information, en tant que telle, en tant que concept-même, en tant que morceau de réalité, est potentiellement bénéfique.
Je ne vois pas pourquoi on la cacherait à certains.
Les gens, le plus souvent, s'indignent (et à juste titre) parce que le médecin n'a rien expliqué, parce qu'ils n'ont pas été informés correctement de ce qui leur arrivait, parce qu'ils n'ont pas reçu les informations nécessaires pour comprendre la stratégie du médecin.
Et bien le coût d'un examen ou d'un traitement fait partie de la stratégie du médecin.
Pour arrêter de hurler au scandale parce qu'on a attendu 48h d'hospitalisation pour avoir un scanner "qui aurait pu poser le diagnostic tout de suite", il faut connaître le prix du scanner.
Pour arrêter d'épuiser son médecin en réclamant un examen inutile mais "qui me rassurerait tellement, docteur", il faut aussi connaître le prix de l'examen.
Et on peut aussi, si on ne fait pas partie des deux extrêmes "consommateur abusif" et "culpabilisateur-né", trouver simplement l'information intéressante, et l'accueillir en se disant que oh, tiens, ça alors, j'aurais pas dit.
Mais bien sûr, le chiffre en lui même ne peut constituer une information pertinente que si l'on connaît les autres aspects du problème.
Un examen à 10 000 francs, c'est très cher s'il est inutile, c'est très peu s'il sauve une vie.
Je suis d'accord pour dire que cette pierre d'information n'a pas de sens si elle reste isolée, si elle ne s'intègre pas dans un système où d'autres informations circulent déjà.
Je suis d'accord pour dire qu'elle peut être culpabilisante si on n'a pas en contre-partie les informations médicales qui la justifient.
Bref, si on n'a pas un médecin qui parle et qui explique.
Je crois que le fond du problème, en définitive, ce n'est pas l'information du coût, c'est le défaut d'information de tout le reste...
 |
Cordialement, Hélène, étudiante en médecine |