Forum Schizophrénie : "Le lien dénoué"

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OlivierB (0 messages) Envoyer message email à: OlivierB Envoyer message privé à: OlivierB Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
20-04-04, 12:24  (GMT)
"Le lien dénoué"
Bonjour,

c'était le troisième rendez-vous chez le psy du CMP en moins d'un mois. Pendant que mon fils s'entretient avec le docteur, je repasse dans ma tête les 5 dernières semaines. Une BDA presque à la date anniversaire de la précédente, la remise en route d'un traitement, la non-observation de ce traitement.

A la maison, la famille qui tangue, ma compagne qui craque, moi qui suis sur les rotules. On ne dort plus. Mon fils qui s'oppose à moi sans arrêt, ou moi qui s'oppose à lui, d'un seul coup je ne sais plus. Le traitement, le traitement, le traitement, ça devient une obsession. Prends-le pour éviter l'hospitalisation, je lui dis.
Au fond de moi, je sais bien que ce prétexte est un mensonge. Si je mets la pression sur le médoc, c'est pour conserver un semblant d'autorité sur ce garçon.

Je le sais, et pourtant je ne peux m'empêcher de le "harceler" avec ce foutu Risperdal qu'il s'ingénie à ne pas prendre. Le traitement devient un enjeu qui n'a plus rien à voir avec la maladie. En insistant pour qu'il le prenne, j'en fais le symbole de l'obéissance qui me serait dûe ("tu vis chez moi, tu te soignes") ; en le refusant, il en fait pour sa part un symbole de résistance à mon autorité.

Il est toujours avec le psy, et moi dans la salle d'attente.

Je repense aux messages que j'ai laissés sur ce forum. Des messages d'espoir, pleins d'espoir et de bons sentiments, quand j'avais l'impression de remporter de petites victoires dans la relation avec mon fils, dans la conservation d'une certaine cohésion familiale. Là, je me sens fatigué, je me mets à ruminer sur l'ingratitude, sur l'absence de sa mère, sur ma vie bouleversée.
Besoin de faire mon Caliméro. Je me mets, en pensée, à rejeter tout ça, envie de faire place à un peu d'égoïsme.
Envie de penser à autre chose, de faire autre chose...

Le psy me convie à les rejoindre. Donne son sentiment : son état ne nécessite pas d'hospitalisation (le gros de la crise délirante survenu début mars est passé). C'est marrant, je suis avec eux et pourtant un peu absent.
J'entends vaguement le psy dire qu'il n'a pas son dossier complet sous les yeux. Je me demande comment il fait pour suivre ses patients celui-là.
Mais je n'ai plus la force de m'en insurger. Je repars dans mes pensées qui n'ont qu'un objet : que va-t-on faire maintenant concrètement, on est tous au bout du rouleau, il ne veut pas d'accompagnement psy ni social...

Je suis tiré de mon dilemne quand le psy dit : "votre fils dit qu'il ne se sent pas bien à la maison, et que le problème n'est pas avec votre compagne, mais avec vous". Par l'intermédiaire du psy, mon fils se plaint que trouve que je le harcèle, avec le traitement, avec cette recherche d'emploi qui n'avance pas. Avec mes reproches de laisser du bordel derrière lui dans la maison, etc etc.
Drôle, ça rejoint ce que je me disais dans la salle d'attente...

Devant le psy et en 10 secondes, tout se joue : je m'entends dire à mon fils qu'il partira dès le lendemain matin à la campagne chez ses grands-parents pour se requinquer.
Ensuite, qu'il aille dans cette cité balnéaire de l'Atlantique où ces mêmes grands-parents disposent d'un petit appartement, où il pourra s'installer et chercher le travail de serveur qu'il ne parvient pas à trouver dans le Nord de la France où je réside.
Il s'y trouve actuellement.

Au risque de me tromper (mais n'est-ce pas un risque perpétuel quand on est parent, surtout quand on veut "bien faire" ?), j'ai pris LA décision que je me refusais à prendre jusque là : le lancer dans le grand bain. Pas sans aide vous l'avez compris : appartement de papi-mamie gratos dans une ville qu'il connaît parfaitement bien, mandats postaux du papa pour la subsistance mais ... 800 kilomètres entre nous.

La première conséquence, c'est le libre cours donné à son envie de m'envoyer ch..., (il ne s'en est pas privé depuis au téléphone) et la possibilité qui s'offre à lui de se soustraire à mon regard "pesant".
En profitera-t-il pour se lancer dans la vie, travailler s'il le peut ou au contraire pour vivre oisivement sans plus avoir de comptes à rendre, ou s'enfoncer dans la maladie ?

Dans l'immédiat, ça ne me paraît pas le plus important. Vivre sous mon toit n'était pas une garantie anti-rechute, ni l'assurance de l'acceptation des soins.
Arrivé au fond du sentiment d'impuissance, je crois avoir fait ce que je devais. Pour finir, je sais pourquoi je n'ai ressenti aucune culpabilité à lui demander de partir : c'est que je n'ai pas coupé le lien entre lui et moi.
Je pense n'avoir fait que le dénouer.

Je ne savais pas raconter cela en dix lignes. Je vous remercie d'avoir eu la patience de me lire jusqu'au bout.

Amitiés,
Olivier

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  Liste des réponses à ce message

  Sujet     Auteur     Posté le:     ID  
 RE: Le lien dénoué goliath2003 20-04-04 1
 RE: Le lien dénoué dom45700 20-04-04 2
 RE: Le lien dénoué maria 20-04-04 3
   RE: Le lien dénoué nora 20-04-04 6
       RE: Le lien dénoué dom45700 21-04-04 9
           RE: Le lien dénoué nora 21-04-04 11
               RE: Le lien dénoué dom45700 21-04-04 12
       RE: Le lien dénoué OlivierB 21-04-04 10
           RE: Le lien dénoué dom45700 21-04-04 13
           RE: Le lien dénoué MISTY 22-04-04 14
           RE: Le lien dénoué catoue 27-04-04 15
 Bonsoir Olivier B soleilnoir 20-04-04 5
 RE: Le lien dénoué horizon 20-04-04 7
 RE: Le lien dénoué charly 21-04-04 8

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Texte des réponses

goliath2003 (0 messages) Envoyer message email à: goliath2003 Envoyer message privé à: goliath2003 Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
20-04-04, 14:09  (GMT)
1. "RE: Le lien dénoué"
Bonjour
Vous savez quoi??? S'il y a une personne qui m'a super aidé et qui m'aide encore aujourd'hui quand je sens que les choses ne sont "dans le bon sens" c'est mon père, et votre attitude vis à vis de votre fils (enfin ce que vous en dites) est une sinécure à coté de mon père, jamais il n'a lacher "le morceau" c'était de la folie, parfois il me fallait un effort surhumain pour parler, il pouvait rester devant moi à me poser la même question jusq'au ce qu'un mot sorte de ma bouche, il me forçait à me lever, à m'habiller, a travailler, quand je ne pouvais rien faire, il m'emmenait au musée, il me faisait faire des menus travaux, porter du bois (hum pas trois tonne bien sur) faire un peu de jardinage, à cette époque je ne pouvais pas le supporter, mais lui tenait bon.. à l'hopital il venait me voir et faisait le clown pour que je rigole. Si je suis là ou je suis c'est grace à lui, qui a toujours refusé de me plaindre et de s'apputoyer sur moi, (ça a marché pour moi , même si je ne suis pas guéri, je suis mieux et j'ai un boulot ) ..
Bref tout ça pour dire que le boulot et long, mais moi je ne cesserai de remercier mon père (même si à l'époque c'était hardos), les psy voulaient que je ne vois plus mes parents , mais lui il a tenu quitte a "s'engueler avec eux " ... et puis aprés tout on s'en fiche de ce qu'ils disent, la médecine ne veux pas dire qu'on ne se trompe pas de temps en temps, j'ai eu la chance de tomber sur des médecins vraimant bien, mais la famille c'est sacré, alors mon père à agit par dessous et son "oeuvre" sa patience se voit aujourd'hui. Tanks Dady

tout ça pour vous dire qu'il ne faut pas deseperer bonne chance..
Gol_2004

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dom45700 (0 messages) Envoyer message email à: dom45700 Envoyer message privé à: dom45700 Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
20-04-04, 15:29  (GMT)
2. "RE: Le lien dénoué"
Bonjour Olivier,
et bien, nous sommes plusieurs à ce que je vois dans la même galère. la psy de ma fille n'a jamais abordé le sujet de l'éloignement entre elle et moi, peut être pas de structure vraiment adaptée, mais je sais que même si actuellement elle se rebiffe, elle a besoin de moi, depuis quelques jours je ne lui sers à rien du côté des médocs, il faut se faire une raison. moi aussi, j'ai regretté l'absence du papa, c'est un peu égoïste, mais ça soulage. hier j'avais une de mes soeur au tél, qui disait à son fils, on verra avec papa, quand il rentrera.. nous on ne peut pas dire ça, avec des enfants malades ou en pleine santé
de toutes façons, là vous faites un essai, qui n'est pas irréversible, et chaque enfant est différent et chaque parent aussi, on fait avec ce qu'on a et ce qu'on est. et il n 'est pas abandonné, et aussi, on ne leur fait pas toujours du bien sans en être conscient. il faut qu'ils fassent l'expérience afin d'en prendre ou subir les conséquences, on est passé par là aussi.
ça ressemble à une méthode couét (orto ??)
Je vous souhaite beaucoup de courage, et profitez vous aussi de ce moment de "repos".
Amicalement
dominique
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maria (260 messages) Envoyer message email à: maria Envoyer message privé à: maria Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
20-04-04, 16:33  (GMT)
3. "RE: Le lien dénoué"
Bonjour Olivier,

Je crois, qu'étant donné les relations que vous avez avec votre fils et l'épuisement que vous ressentez, vous avez pris une décision qui peut faire évoluer la situation positivement. Comment se passera le suivi psy de votre fils dans cette cité balnaire, en avez-vous discuté avec le psychiatre ?

Il y a quelque chose qui me choque dans votre message : vous parlez de "vivre oisivement" et du fait que votre fils n'arrive pas à trouver du travail (ce qui a l'air très important pour vous). Votre fils vient d'avoir une bouffée délirante et n'accepte pas le suivi psy, alors croyez-vous vraiment que la priorité soit de travailler pour lui ?
Biensur ça serait fantastique qu'il soit capable de travailler rapidement, mais ce n'est pas sur, il faut que vous arriviez à l'accepter.

Amicalement, maria

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nora (9 messages) Envoyer message email à: nora Envoyer message privé à: nora Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
20-04-04, 00:08  (GMT)
6. "RE: Le lien dénoué"
Bonjour Olivier,
Dans votre message on ressent bien votre épuisement et vous avez surement pris la bonne décision.
mais quand je vous lis, il me semble que ce qui pèse à votre fils ce n'est pas votre présence mais plutôt la pression que vous exercer sur lui en le poussant à réagir comme s'il n'était pas malade. J'ai eu comme l'impression que vous assimiliez son refus du traitement,et sa non recherche d'emploi comme de la mauvaise volonté alors qu'il s'agit d'une incapacité, que j'espère vraiment temporaire pour lui, du fait de la maladie.
Peut-être aimerait-il entendre que vous savez qu'il est malade, que son état de santé ne lui permet pas de travailler pour le moment et que tout cela n'a rien à voir avec de la paresse et que ce qui compte pour vous c'est qu'il se soigne pour se sentir mieux.
Je vous dis cela à travers mon vécu bien sur, mais cela a fonctionné pour mon fils. Sa confiance en nous a été totalement rétablie à partir du moment où nous avons réalisé qu'il était gravement malade et dans l'impossibilité de continuer ses études. Quand nous lui avons dit que nous avions compris cela il a été énormément soulagé et cela a fait disparaitre le sentiment de culpabilité qui se traduisait par de l'aggressivité verbale envers nous.
En tout cas j'espère que cet éloignement vous aidera à vous reposer et à supprimer cette tension entre vous.
Amicalement
nora
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dom45700 (0 messages) Envoyer message email à: dom45700 Envoyer message privé à: dom45700 Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
21-04-04, 15:44  (GMT)
9. "RE: Le lien dénoué"
Bonjour Nora, Bonjour Olivier,
J'ai relu les anciens messages de vous Olivier, nos chemins sont souvent identiques, vous savez Nora, 6 mois après le début de son traitement, ma fille allait bien, elle ne contestait pas sa maladie, j'intervenais sur ce forum sous dom46, mon âge à l'époque. A ce moment là Olivier était plein d'espoir aussi, car chacun allait dans le même sens, malade et parent... Vous avez "cette chance" qui je l'espère de tout coeur continuera avec le temps. Chacun est différent. Mais je crois comprendre que le fils d'Olivier est dans le même état d'esprit que ma fille en ce moment, donc quelque part, s'ils refusent le traitement, nient la maladie, après nous avoir épuisés, que nous reste t'il à part leur proposer de rentrer dans la vie active, pourquoi pas ? et qui nous dit que ça ne les fera pas avancer ? surtout que nous sommes toujours là, disponibles pour eux, en cas de besoin, même s'ils ne le savent pas.
Je suis à nouveau un peu parano, mais quand je vois ma grande, qui m'a toujours "un peu" manipulée, je m'interroge sur les comportements qu'elle a eu qui ont justifiés son hospitalisation. A t'elle tout dit au psy qui pensait au départ à la drogue, ou à une période de sevrage ? chez nous le diagnostique m'a été donné au bout d'une semaine, il est vrai qu'elle a les symptomes, jamais de crise mais des hallucinations auditives et visuelles, des sentiments de persécution dont elle me parlait. Mais en même temps à cette époque, elle voulait quitter son école.
Là, elle se plaint de mal de tête, je lui ai proposé d'appeler le médecin ou de prendre du paracétamol, je la laisse, pour que le chemin se fasse, tout en étant disponible en tant qu'adulte, et je reste sur mes gardes. On fait ce qu'on peut.
Bonne journée à tous.
dominique
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nora (9 messages) Envoyer message email à: nora Envoyer message privé à: nora Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
21-04-04, 16:21  (GMT)
11. "RE: Le lien dénoué"
bonjour Dominique,
Cette période de déni et ces difficultés et cet épuisement, ces sentiments contradictoires, je les ai connus moi-aussi, c'était au début de la maladie et cela a duré plus de deux ans. L'espoir est revenu progressivement avec le début des soins et la prise des médicaments et parce notre attitude vis à vis de lui à changé. Aujourd'hui cela fait pratiquement deux ans que mon fils est sous traitement et il n'est pas utopique d'avoir un espoir grandissant. les progrès sont lents mais ils sont là.
Je sais bien que chacun fait ce qu'il peut et que chaque cas est différent, mais je crois qu'en tant que parents nous devons accepter de nous remettre en question et cela ne veut pas dire que nous soyons de mauvais parents ou que nous aimions mal nos enfants, mais il faut parvenir à trouver cet équilibre dans la relation parents/enfants qui fait qu'ils se sentent à la fois écoutés, compris et libres en même temps de leur choix.
Je crois que ce travail ne peut pas se faire, si on a passé pas soi-même en tant que parent le cap de l'acceptation de la maladie. Cela aussi est long et difficile.
Je tiens à vous repréciser que je ne vous juge pas, que je compatis à votre douleur et que j'espère que les choses évolueront favorablement pour vous.
nora
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dom45700 (0 messages) Envoyer message email à: dom45700 Envoyer message privé à: dom45700 Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
21-04-04, 18:25  (GMT)
12. "RE: Le lien dénoué"
Bonjour Nora, Laurence, Olivier et tous,
ce matin ma fille a appelé sa psy..... pour lui dire qu'elle avait arrêté le traitement, après avoir raccrochée, elle est venue me dire qu'elle n'était pas contente, et qu'elle risquait de la revoir pour des choses plus graves, elle l'a rappelée pour lui demander quelle dose elle devait prendre, un pas en avant deux en arrière, ou deux en avant un en arrière.
des épisodes à répétitions, on a même fait du vélo ensemble cet après midi à sa proposition. pour le reste le temps fera les choses.
amicalement
dominique
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OlivierB (0 messages) Envoyer message email à: OlivierB Envoyer message privé à: OlivierB Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
21-04-04, 15:44  (GMT)
10. "RE: Le lien dénoué"
Bonjour à toutes et tous,

je comprends que vous avez lu "fainéantise" quand j'ai écrit "oisiveté". Je ne mettais pas pour ma part de jugement négatif derrière ce mot, qui désigne l'absence d'occupation, ce qui est bien le cas. Ce n'était certes pas une insulte ni à mon fils, ni aux malades qui souffrent déjà de cette forme d'ostracisme.

Bien sûr que je sais qu'il est malade, et que parmi les conséquences de cette maladie figure l'absence d'élan, d'initiative, et une grande fatigue quoique ça dépende des circonstances.

Moi je le sais, lui non.
Alors, si je le pousse à prendre un emploi, c'est parce que c'est lui qui en parle, et contre mon avis. Ce que moi je lui dis depuis des semaines, c'est qu'il doit se soigner et être accompagné, car effectivement je ne me fais aucune espèce d'illusion quant aux possibilités qui s'offrent un gamin qui manifestement n'a plus la force d'aller seulement au lycée.

Peut-être le sait-il au fond de lui, mais de son point de vue, je suis disqualifié pour dire cela.
Ce que je tentais de vous faire comprendre, c'est qu'il y a un moment, et c'est en CE moment, où un parent est inaudible. Je ne sais pas si vous avez vécu ça, moi c'est l'impression que j'ai.

Quant à la pression, si demander le soir s'il a fait effectivement dans la journée le peu auquel il s'était lui même engagé la veille consiste à mettre la pression, j'avoue ne plus comprendre la limite entre une stimulation qui m'apparaissait nécessaire, et le harcèlement.

Alors maintenant, au bord de la mer, que risque-t-il au fond ? De trouver un boulot et de tenir 2 jours ? De rechuter ? De continuer à vivre inoccupé, sans plaisir, ni désir, ni projet ? Rien que je ne puisse empêcher même s'il continuait à vivre sous mon toit, je le redis.
Voilà pourquoi je considère que mon rôle, à ce moment précis de mon histoire de père consiste à lâcher la bride. Après tout, derrière ce semblant de projet de trouver du travail, c'est bel et bien la question de son indépendance qu'il posait. Dont acte.

Quant à mes sentiments, c'est à dessein que je n'ai rien filtré ni de l'égoïsme, ni du ras-le-bol, et de l'envie de tout envoyer promener que j'ai ressenti.

Non, il n'y a pas que de la pondération, de l'espoir et de la confiance en l'avenir dans mon esprit.
Oui, le modèle qui fait rêver chaque parent ici de "l'enfant-psychotique-parvenant-tout-de-même-à-s'insérer-malgré-tout" me paraît infiniment éloigné de ce que je vois de mon fils.

Non, même dans la tête d'un parent qui aime profondément et sincèrement son enfant, il y a des sentiments ambigus, ambivalents même ; de la colère et de la compassion, de l'amour et de la haine, tout cela cohabite en un mélange aigre et acide.

C'est cette vérité, que je voulais dire, et que je redis au risque de vous paraître "paternellement incorrect".
Ne doutez pas cependant une seule seconde que je sois auprès de lui au moindre pépin.

A bientôt,
bien à vous
Olivier

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dom45700 (0 messages) Envoyer message email à: dom45700 Envoyer message privé à: dom45700 Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
21-04-04, 18:25  (GMT)
13. "RE: Le lien dénoué"
Bonjour Olivier,
si j'ai vécu ça, le parent inaudible, et le monde entier inaudible aussi. donc on ne vous fait aucun reproche, loin de là. vous avez fait votre chemin en grande partie , lui pas encore, je dirais même eux (le vôtre comme la mienne). mais j'espère que chaque épreuve donne de la force.
amicalement
dominique
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MISTY (3 messages) Envoyer message email à: MISTY Envoyer message privé à: MISTY Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
22-04-04, 14:30  (GMT)
14. "RE: Le lien dénoué"
Modifié le 22-04-04 à 21:29  (GMT)

Bonjour Olivier,
Je rejoins totalement vos sentiments… actuellement, nous craignons une rechute, on la sent venir, insidieuse mais si présente… et nous ne le laissons pas faire… j'ai attendu quelques jours avant de réagir… et nous avons pris la décision de réagir… parce qu'on ne peut pas le laisser s'enfoncer sans rien dire… moi je ne veux pas être caution dans cet abandon de vie… alors, nous aussi, nous sommes comme vous, nous tentons de le faire réagir, nous savons aussi que nous prenons un risque pour sa vie… mais d'un côté comme de l'autre, il y a un grand risque… alors… ce qui est rageant, c'est que ce travail là, devrait être pleinement assumer par la médecine, je parle des psy, mais chaque fois, et nous en sommes à la deuxième HDT, c'est toujours nous, les parents, qui agissons… et ce n'est pas normal… on nous dit qu'ils sont malades, et c'est à nous de nous transformer en médecins, mais nous n'avons pas les diplômes et le recul suffisant pour faire ce qu'il faudrait vraiment… on a juste tout notre amour pour eux… et c'est pas suffisant, alors quand on se prend en pleine figure leur agressivité, leur rejet, leur déni de tout ce que nous tentons de mettre en place pour eux, et dieu sait si nous en déplaçons des montagnes… il nous arrive de trébucher, de ne plus savoir quels sont nos sentiments, amour, haine, rejet, mais au moindre cri de douleur de leur part, on accourt…
Je comprends pleinement votre réaction, moi non plus je ne veux pas être "une infirmière", je suis sa mère… et je suis certaine que tant que l'on maintiendra notre place de parents… nous pourrons les faire évoluer… jusqu'à les guérir… avez-vous vu les informations ces derniers temps, j'ai l'impression que ça bouge un peu question recherches … des IRM qui pourraient localiser les problèmes dans le cerveau, responsables des psychoses, de la schizophrénie, des maladies mentales… de là, un espoir dans un proche avenir je l'espère, de pouvoir traiter de façon bien ciblée la région malade du cerveau… C'est un grand pas…
Nous avons aussi notre travail à faire dans ce sens… au sein des associations qui existent… nous devons faire entendre notre voix, afin qu'on donne aux chercheurs les moyens financiers suffisants pour guérir nos enfants…
Avant on mourrait de façon systématique du cancer… Dès qu'on entendait prononcer le mot cancer, on blêmissait, et on enterrait la personne avant qu'elle soit morte… Aujourd'hui, bon nombre de cancers s'opèrent et se soignent jusqu'à guérir totalement… et nous ne sommes plus paniqués en entendant ce mot… c'est juste un mot qui fait mal, qui inquiète mais qui n'est plus synonyme de "sans espoir…" on peut en guérir beaucoup aujourd'hui…
Vraiment j'y crois … Nos enfants ne sont pas des alliénés… 
l'espoir est permis… grâce à eux, (tous ceux qui se battent aujourd'hui contre leur maladie et qui la font reculer) grâce à nous et grâce à la science…
Bon courage Olivier…
Amitiés Misty

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catoue (0 messages) Envoyer message email à: catoue Envoyer message privé à: catoue Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
27-04-04, 07:14  (GMT)
15. "RE: Le lien dénoué"
Bonsoir Olivier,
Nous sommes certainement tous quelque part dans notre propre histoire désorientés perdus perplexes déroutés...une séparation m^me temporaire ne peut faire que du bien, en tout cas permettre de se reposer et de récupérer, de prendre du recul...de calmer cette relation fusionnelle et extremment angoissante pour votre vous et votre fils.
Votre fils est jeune, comme le mien, et il a besoin de faire son propre chemin à son rythme. Je crois que le plus dur en tant que parents est de leur accorder le temps dont ils ont besoin, le temps qu'il leur est nécessaire, le plus dur est de les accompagner avec juste ce qu'il faut de distance,en leur accordant notre confiance et en respectant leur choix m^me si nous ne les comprenons pas.
Mon fils non plus ne veut pas se soigner, a du mal à faire une démarche professionnelle réaliste et constante, ne tiens pas dans la durée et est souvent difficile à vivre à la maison.
Pour pouvoir l'accompagner sereinement, j'ai décidé de ne plus avoir peur pour lui, de ce qui pourrait lui arriver, de ne plus l'angoisser à lui parler de thérapie, médicaments, Alors j'essaie de lui donner du temps, de lui proposer des formations courtes de préférence, tout en sachant que rien n'est jamais gagné d'avance et que nous devons avancer pas à pas doucement ....ce qui ne m'empêche pas de le responsabiliser le plus possible.
Chacun de nous fait ce qu'il peut et s'adapte au mieux des évements de sa propre progression. Le fait d'analyser ce qui se passe comme vous le faites , de vous interroger ou de vous révolter permet d'évoluer, de se remettre en question et de l'aider au mieux.
Courage et patience
amicalement
catoue
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soleilnoir (43 messages) Envoyer message email à: soleilnoir Envoyer message privé à: soleilnoir Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
20-04-04, 00:08  (GMT)
5. "Bonsoir Olivier B"
J'ai lu votre message.
Ce ne sera pas une dissertation atteignant la perfection. ( C'est très dur! )
Lorsque l'on est malade: il faut prendre son traitement. Personnellement je le prends parce que dans mes souvenirs je sais que mon cerveau s'est mis à mal fonctionner. Et puis il y a un soulagement provoqué par les neuroleptiques. C'est pas qu'on se pose moins de questions mais je le remarque de suite après la digestion.
Et puis il faut beaucoup de temps pour faire le point...
Si on parle d'indépendance: moi je suis pour. Je m'explique. Vivre séparé de son enfant est le cheminement normal de toute relation Parent-Fils. Je parle de quitter le toit familial.
Mais sera-t-il capable de ne pas tomber dans les dangers de la vie?
Je vous écrirez demain matin.
Apparemment votre fils est dans une situation difficile à gerer. En 2004 sans neuroleptiques point de salut.
Je crois que quitter le toit familial est bien mais pas pour l'instant. Il faut qu'il prenne conscience de sa "dépendance" aux neuroleptiques.
Votre fils veut etre serveur? Ca me parait assez impossible. C'est-à-dire que l'effort d'attention est important. Impossible pour le moment.
Amicalement. David
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horizon (0 messages) Envoyer message email à: horizon Envoyer message privé à: horizon Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
20-04-04, 00:08  (GMT)
7. "RE: Le lien dénoué"
bonsoir Olivier, vous avez l'air très fatigué mais c'est super ce que vous faites pour votre fils. Bien sur le traitement est indispensable mais peut-être qu'il a envie d'une autre relation avec vous et cet éloignement vous fera surement du bien à tous les deux même si votre inquiétude persistera, ce qui est normal. Ce que j'ai pu remarquer c'est que toutes les fois où mon mari malade a dû se débrouiller en mon absence il s'en est finalement très bien sorti alors que le reste du temps c'est l'inverse. Peut-être qu'en voulant vous prouver qu'il est capable de se débrouiller il décidera de lui même de suivre son traitement, il ira donc mieux et tout s'arrangera. Pour ce qui est du travail, il ne faut pas précipiter les choses à mon avis, laissez lui le temps de se stabiliser, de s'organiser. Essayez de lui faire confiance, un changement de ville a transformé mon mari après une rechute et ce sera peut-être le cas pour votre fils aussi. Bon courage
Horizon
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charly (186 messages) Envoyer message email à: charly Envoyer message privé à: charly Voir profil de ce membre Voir addresse IP de cet auteur
21-04-04, 15:44  (GMT)
8. "RE: Le lien dénoué"
bonjour olivier,
moi je pense qu'il est bon pour votre fils de s'éloigner un peu de votre autorité pour devenir autonome, j'ai ressenti beaucoup d'attente de votre part que votre fils ne peut pas réalisé pour le moment, et cela à l'air de vous rendre mécontent. je sais qu'on ne peux être dans nos têtes mais essayé de le comprendre, serait un pas vers lui, au lieu de lui imposé, car en lui imposant, ça ne donnera que l'effet inverse de ce que vous escompté, tandis qu'en étant proche de lui, vous pourrez le persuadé de se faire soigner. quand une méthode n'est pas bonne, pourquoi persister, essayez d'écouter votre fils, il a beaucoups à vous apprendre de lui et de sa maladie, et ainsi vous saurez comment l'aidez. car l'autorité ne sert qu'à vous éloigner de lui davantage, et épuisant pour vous comme pour lui. tandis qu'en étant proche vous saurez tout les moindres problèmes et pourrez l'aidez même à 250 kmet il vous écoutera plutôt qu'à braver votre autorité. on est pas mineur éternellement, pensez y, vous n'aurez après plus la possiblité d'avoir une quelconque autorité sur lui car majeur.

amicalement, charly!

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