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"La médecine a fait tellement de progrès que plus personne n’est en bonne santé !" *


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Médecine 2.0

Rédigé le 07/10/2007 Par Dominique Dupagne

La Médecine 2.0 traduit l’idée d’une évolution majeure de la relation entre le médecin, le malade et la maladie.

Comme ce nombre "2.0" le traduit en informatique, cette évolution est en
rupture avec les précédentes (1.1, 1.2... 1.9, 1.9.1 etc.). C’est donc une forme de révolution. Elle reprend le concept de "Web 2.0" dont elle utilise le principe et les outils.

Les points forts de cette révolution sont les suivants :

• Les patients créent de la connaissance

Les patients ont eu accès à une information médicale étendue grâce à Internet.

Mais après avoir absorbé cette information sans savoir trop quoi en faire, ils créent une nouvelle forme de connaissance de leur maladie, fondée sur leurs échanges d’expériences ou de théories, tout à fait passionnants à défaut d’être scientifiques. Le monde des blogs et surtout des forums fait naître une nouvelle matière médicale qui comble un énorme vide : celui créé par l’appropriation de la
maladie par le médecin.

• Les patients découvrent ou inventent de nouvelles maladies

La notion de maladie est née de l’observation par un même homme, le médecin, de malades présentant des symptômes proches faisant suspecter une origine commune. Cette période semble être révolue car le médecin n’est plus le passage obligé pour faire circuler l’information : internet et ses forums fournissent un nouvel outil de communication et d’archivage des observations naïves.

Les patients sont en train de créer sur internet de nouvelles maladies en comparant leurs symptômes. Le médecin n’est plus au coeur de cette
nouvelle nosologie (science qui étudie la classification des maladies).

• Le savoir des soignants s’étend lui aussi

Les soignants ne sont pas en reste qui ont accès à une masse d’information considérable en temps réel et et peuvent de plus communiquer avec des réseaux de confrères, également en temps réel.

A partir d’une connaissance générale de la médecine, le médecin de base peut accéder facilement à un immense savoir lui permettant de se rapprocher de celui de ses confrères spécialistes.

• La qualité et la disponibilité de l’information augmentent

La science médicale est déjà et sera de plus en plus rédigée par de nombreux contributeurs qui équilibrent leurs points de vue en se contrôlant mutuellement (exemple Wikipédia), et non par des experts plus ou moins liés à divers lobbies, notamment pharmaceutiques. Contrairement à ce que beaucoup croient, ce n’est pas un nivellement qualitatif ; c’est une progression vers la neutralité qui permet
d’exprimer dans le même document des points de vue différents, chacun étant sourcé et accessible (alors que la majorité de la littérature médicale actuelle est verrouillée par les éditeurs de revues scientifiques).

• La mesure de la qualité en médecine fera intervenir des critères inhabituels mais enfin pertinents

La mesure de la qualité (des soins, des soignants, des structures) ne fera plus intervenir exclusivement les éléments objectifs traditionnels (respect de procédures, taux d’infections, complications opératoires, formation du personnel, audits externes...), mais des éléments subjectifs bien plus efficaces comme le taux de familles de médecins soignées
dans une clinique, ou le jugement des confrères et des patients.
Quel est le meilleur critères pour définir la meilleure classe de 6ème dans un
collège ? Est-ce la qualification des enseignants ? Leur âge ? Leur notation
académique ? Le taux de passage en 5ème ?
Non : c’est celle où les enseignants mettent leurs enfants.

Quel est l’employé d’une entreprise le plus performant ? Est-ce celui que le patron juge le plus efficace ou celui que ses collègues (ou ses clients) jugent le plus utile à l’entreprise ?

L’appréciation de la qualité par les interactions entre les acteurs plus que par le contenu intrinsèque de leurs actions est un des fondements du mouvement 2.0. C’est une des raisons pour lesquelles je parle de plus en plus de Web Neuronal plutôt que de Web 2.0 : Ce mouvement de fond a été permis par une connexion permanente et multiple entre les individus, comme peuvent l’être les neurones de notre cerveau.

Ce qui définit le mieux socialement la Médecine 2.0 est à mon sens le concept de démocratie sanitaire porté par la loi Kouchner de 2002. Cette loi était d’une telle modernité qu’elle peine encore à être appliquée dans nombre de ses aspects.

Les hiérarchies s’estompent pour laisser place à l’émergence d’une
intelligence collective, qui va faire céder les barrières du savoir médical et protéger les patients et les médecins de la manipulation de l’information. Un patient mieux informé et qui participe à l’évolution de la médecine par ses apports, un médecin améliorant sa connaissance de la maladie en s’intéressant au point de vue du patient : l’alchimie qui permettra une véritable alliance thérapeutique est en place.

Voici une présentation plus détaillée de la Médecine 2.0 faite à l’EHESS en 2010

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Pour allez plus avant sur ce sujet, commencez par lire
Le Web 2.0 pour les 2.nuls puis Comment les
conflits d’intérêts ont tué la médecine 1.9

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