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Note2be : le tsunami 2.0 chez Mémé
Peut-on empêcher la marée de monter ?
Première publication : mercredi 13 février 2008,
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Le site Note2be déclenche les foudres des enseignants, ou en tous cas de certains enseignants qui ont déjà créé un site d’opposition.
Ce phénomène est des plus intéressants.
D’un côté nous avons le mouvement 2.0, que je préfère appeler Web Neuronal, qui relie les humains entre eux pour créer une nouvelle forme de connaissance.
De l’autre, une administration française qui n’a quasiment pas évoluée depuis un siècle, dont les procédures d’évaluation individuelles sont réduites à peu de chose et où la promotion est fondée principalement sur l’ancienneté.
Le choc est frontal. Toute puissante, l’éducation nationale s’appuie sur ses habitudes qu’elle perpétue en vivant dans la peur du changement. Les enseignants passionnés et motivés sont les premiers à se plaindre d’un climat détestable fait pour que rien ne bouge. Ce climat tue les initiatives et décourage les meilleurs. Pire, quand un enseignant titulaire est d’une médiocrité affligeante ou a un comportement pathologique, on le mute et il reprend immédiatement ailleurs son oeuvre de destruction des enfants qui lui sont confiés.
En face, le XXIème siècle a soif de changement, de mise à plat des hiérarchies non justifiées, de mise à mal des circuits parallèles et des passe-droits. L’autorité en tant que telle n’est plus respectée, il faut avoir en plus la qualité qui la justifie. Un enfant ou un parent ne respecte plus un prof parce qu’il est prof, mais parce qu’il est respectable. Et le public est avide d’évaluateur de qualité. C’est bien pour cela d’ailleurs que l’on a créé des notes à l’école : pour identifier les meilleurs éléments et apprécier le travail des autres afin de les guider dans leur progression.
Mais trop souvent, l’autorité (indispensable dans une classe, j’ai été enseignant [1] ) n’est obtenue qu’au prix de menaces ou de punitions, car les enfants ne trouvent pas leur professeur respectable. D’ailleurs, il existe un point de non-retour : après quelques années de non-respect des enfants, ceux-ci développent à l’adolescence une attitude infantile et oppositionnelle très difficile à inverser.
J’enseigne maintenant en 3ème cycle à l’université. Tous nos cours sont évalués par les étudiants et c’est passionnant. Une fois le premier choc passé, c’est le principal moteur d’amélioration de la qualité. Comment peut-on encore s’en priver ?
Alors bien sûr, quand on a un siècle de retard, les doléances accumulées peuvent faire penser à un lynchage. Pourtant, quel merveilleux outil que celui de la notation des enseignants par les enseignés !
C’est le meilleur système pour valoriser les professeurs qui s’investissent à fond dans leur mission, qui trouvent des approches pour intéresser les enfants, qui font de l’école le lieu du plaisir de découvrir et non celui de la souffrance de l’ennui.
Nier aux élèves la capacité d’identifier les bons enseignants, c’est montrer le peu de respect que l’on a pour eux. Or comment aider un enfant à s’épanouir si on ne le respecte pas ?
La notation des profs par les élèves se fera, car on ne peut empêcher la marée de monter. Elle se fera sans doute dans la douleur, faute d’avoir été organisée par les enseignants eux-mêmes. Si ce n’est pas Note2be (ce qui est probable car leur site est fragile sur le plan juridique) ce sera un autre.
Ne pas prévoir, c’est déjà gémir
Léonard de Vinci
[1] Pendant trois ans, j’ai donné des cours de chimie et de mathématiques dans une école préparant au CAP de coiffure