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Le ministre, les femmes et les os

mardi 7 février 2006

Le ministre de la santé, Xavier Bertrand, est passé maître dans l’art de la politique spectacle.

Après avoir mis en place une des pires réformes administratives que la sécurité sociale ait connues, il se mêle de médecine.

Il a annoncé en effet dans l’hebdomadaire "Femme Actuelle" le remboursement de l’ostéodensitométrie, examen prescrit à tort et à travers pour détecter l’ostéoporose.

La Haute Autorité de Santé à fait le point sur cet examen, d’intérêt modeste, et dont le seul frein était jusqu’ici le non remboursement par la sécurité sociale.

Mais les marchands de médicaments anti-ostéoporose constituent des lobbies puissants, face à un marché potentiel qui se compte en milliard d’euros. Ils ont manifestement trouvé l’oreille du ministre.

Conjugué à la flambée de la prescription de ces médicaments, le remboursement de l’ostéodensitométrie et le dérapage probable de ses indications ne va pas contribuer à la santé des populations, mais va suffire à lui seul à annuler les économies obtenues par la moindre prescription de médicaments plus utiles, demandée par la SS aux médecins.

A quand Rika Zaraï ministre de la santé ?

Cela montre en tout cas l’estime dans laquelle le ministre tient la Haute Autorité de Santé.

: : Dr Dupagne

Messages

  • Amusant, de se baser sur une mise au point très controversée concernant la densitométrie, paru en... 1991. La caractéristique d’un argumentaire faible est en particulier de ne citer que les sources qui servent un parti pris.
    Reprenez votre copie, cher collègue, et agissez afin que le corps médical n’utilise pas cet examen à tort et a travers, ce sera plus utile. Calez vous sur les récentes recommandations AFSSAPS et faites nous un vrai argumentaire. Loin des théories du complot qui font florès.
    Dr B Sutter, Berck/Mer

    • Non, cher collègue, il n’y a aucune évaluation du risque fracturaire fiable.
      Depuis que l’OMS a, faute de "gold standard", retenu la DMO comme "marqueur" de l’ostéoporose, plus personne ne publie sur le risque réel. Probablement car les résultats montreraient une fois de plus que l’immense partie des femmes dites à risque par la mesure ne peuvent pas, en fait, être discriminées de celles qui ne risque rien.
      D’ailleurs, si on exprime les résultats des études d’intervention en nombre de personne à traiter pour éviter une fracture, c’est pas terrible comme résultat.
      Cordialement.
      Pierrick.

    • Bonjour,

      Cet examen est déjà prescrit à tort et à travers, je ne vois pas en quoi son remboursement va améliorer les choses.

      Je suis preneur de nouveautés sur les bienfaits de l’ostéodensitométrie.

    • Cher Confrère,

      faites vous encore doser le cholesterol de vos patients et leur prenez vous la tension artérielle ? Ce n’est probalement plus la peine car ces tests ne prédisent pas mieux le risque cardio-vasculaire que l’ostéodensitométrie le risque fracturaire... Alors restons sérieux.

      Cela dit je suis d’accord avec vous sur la fréquence des mauvaises indications de cet examen, sur la fréquence des interprétations fantaisistes, déroutantes pour le praticien et sur le lobbying de l’industrie pharmaceutique qui veut élargir les ventes de produits (efficaces quand bien indiqués) en poussant au remboursement de l’ostéodensitométrie.

    • 1. Faire le procès d’une exploration complémentaire en citant les indications inadéquates ou les interprétations erronées n’est pas opportun.

      2. les futures indications remboursables de l’examen tiendront compte des situations nombreuses où l’examen est utile (les recommandations de l’AFSSAPS sont claires à ce sujet). Ce qui évitera autant de perte pertes de chances pour les patient(e)s devant réellement bénéficier de mesures thérapeutiques utiles. Pour exemple, combien de corticothérapies au long cours échappent au dépistage et au traitement de l’ostéoporose !

      3. De nombreux travaux concernent l’évaluation du risque fracturaire et la modification de la définition opérationnelle de l’ostéoporose. Ceci en particulier sous l’égide de l’OMS. La complexité du problème et son importance en terme de santé publique expliquent sans doute le retard de la publication de ces recommandations OMS, que l’on attendait début 2006.

    • Pourquoi pas un accès restreint uniquement aux rhumatologues, aux spécialités où la prescription de corticoïdes au long cours est fréquente... (vous me direz que certains collègues les manient à tort et à travers...) C’est comme l’accès à l’IRM, au doppler artériel... etc... Vous faites une examen complémentaire, mais qu’en faites-vous après...

    • c’est ça ; tant qu’on y est on n’a qu’à réserver l’IRM du genou à la prescription des orthopédistes et chirurgiens. croit-on un médecin généraliste plus stupide qu’un (très) spécialiste pour ne pas savoir quand (ou non) prescrire un examen ?
      avec des arguments comme celui-là, les MG finiraient tous avec un CAP de secrétaire.

    • A lire sur le site de la Haute Autorité de Santé afin d’upgrader des points de vue frappés d’obsolescence : Ostéodensitométrie [absorptiométrie osseuse] sur 2 sites, par méthode biphotonique / Évaluation des actes professionnels
      Septembre 2006
      C’est une peu long mais utile pour se faire une idée plus précise et technique.

      Voir en ligne : Dossier d’évaluation HAS

    • Cette nouvelle mise au point décrit les rares indications de cet examen qui va, comme je le disais, être prescrit à tort et à travers.

      Dans un numéro récent d’Impact Médecin (publication financée quasiment exclusivement pas l’industrie pharmaceutique), un gynécologue décrivait les nouvelles indications de l’ostéodensitométrie en incluant "les femmes stressées".

    • Le Dr DUPAGNE a-t-il lu le texte auquel il fait allusion ou ne suit-il que ses "intuitions" ? A-t-il décidé tout seul qu’il ne fallait pas prendre en charge l’ostéoporose ? En informe-t-il ses clients ?

      Reprenons en effet les termes du document qu’il met en ligne : "le nombre de patients relevant des indications retenues pour une mesure de la DMO serait de l’ordre de 3,68 à 4,18 millions(fourchette maximaliste)" (page 13). Ceci en première année de mise à disposition de l’examen.

      Ces chiffres se passent de commentaires. S’il est évident (comme pour toutes les techniques diagnostiques médicales) que certaines indications sont mal posées, utiliser la densitométrie pour tous ceux qui sont susceptibles d’en tirer avantage est un challenge à relever.

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