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Rapport confidentiel de l’IGAS sur l’accompagnement des patients et les programmes d’observance.

Le rapport secret remis au ministre en août 2007 n’était pas publié. On comprend pourquoi en le lisant

Première publication : mercredi 16 janvier 2008,
par Dominique Dupagne - Visites : 14071

Les inspecteurs de l’IGAS rappellent la mainmise de l’industrie pharmaceutique sur la formation des médecins et l’information du public. Pour eux, il ne doit y avoir aucun lien direct ou indirect entre les laboratoires pharmaceutiques et d’éventuels programmes d’accompagnement des patients destinés à faciliter leur observance (bonne prise des médicaments).

On a beaucoup parlé de ce rapport toujours non publié officiellement :

Rapport de l’IGAS sur les programmes d’observance et d’accompagnement des patients.

- Epharmaketing
- CISS
- La Revue Prescrire
- Le Formindep
- Silber’s Blog

L’accompagnement des patients est la brique ultime qui manque à l’industrie pharmaceutique pour contrôler le marché du médicament français

Les rapporteurs sont clairs (page 33 et 34) :

2.4.3 La place excessive de l’industrie pharmaceutique dans le système de santé

Ces tentatives réitérées d’accéder directement au public et au patient sont problématiques
quand on considère l’emprise de l’industrie pharmaceutique sur quasiment l’ensemble des
secteurs du système de santé. Cette emprise, en France comme dans d’autres pays paraît
d’autant plus excessive qu’elle n’est pas manifeste.
Les entreprises du médicament contribuent au financement de la recherche, notamment de la
recherche clinique. Cela est dans leur attribution légitime. Tout comme le sont le
développement, la production, la vente de nouveaux médicaments et l’information qu’elles
dispensent auprès des médecins qui les prescrivent ou des pharmaciens qui les distribuent et
les dispensent.

Mais leur champ d’intervention est beaucoup plus large. Il n’est pratiquement pas un secteur
où les entreprises pharmaceutiques ne jouent un rôle significatif, sinon déterminant :
- l’industrie pharmaceutique intervient également dans le financement d’associations de
malades, au point , parfois, de les créer de toutes pièces. Certaines associations soutenues
se voient positionnées comme interlocutrices privilégiées par les institutions
internationales, notamment par la Commission européenne ;
- les entreprises ne sont pas absentes de la formation initiale des médecins ;
- elles contribuent très largement au financement de leur formation continue ;
- elles s’immiscent dans celui de l’évaluation des pratiques professionnelles ;
- elles assurent majoritairement le financement de l’AFSSAPS ;
- elles assurent de façon sinon quasi-monopolistique du moins très excessive
l’information des professionnels de santé ;
- elles participent à l’information des patients, en étant parfois à l’origine de campagnes de
sensibilisation précoces au caractère parfois trompeur ;
- elles contribuent au financement de campagne d’éducation pour la santé ;
- elles participent, largement, à la définition de nouveaux périmètres de définition de
maladies, de critères permettant d’évaluer les thérapeutiques nouvelles ;
- elles interviennent pour abaisser les seuils de facteurs de risque ;
- contribuant ainsi, pour certains, à une « médicalisation » excessive de la société ;
- dans certains cas même, elles induisent la création de nouvelles pathologies. Au point que
ces interventions ont été à l’origine d’une expression nouvelle pour les caractériser aux
Etats-Unis : le façonnage de nouvelles maladies (disease mongering).

Il manque en effet à l’industrie pharmaceutique la possibilité d’inciter les patients à bien prendre les médicaments que les médecins formés par ses soins ont prescrits.

Les rapporteurs recommandent au contraire d’interdire à l’industrie de gérer directement ou indirectement cet accompagnement.

Un premier échec ne l’a pas rebutée et ses relais à l’assemblée travaillent en permanence à faire ressurgir ce projet.

Il est heureux à une époque de perte de repères éthiques en terme de transparence et de corruption qu’une institution comme l’IGAS serve de rempart ultime pour protéger les patients et les contribuables français.

Reste à comprendre pourquoi ce rapport n’a pas été publié et à savoir ce que la ministre compte en faire. Elle dispose d’un autre rapport récent de l’IGAS qui montre en détail comment l’information thérapeutique des médecins généralistes est sous la coupe de l’industrie pharmaceutique. Aucune mesure n’a été prise à la suite de ce constat alarmant.

Il appartient aux instances gouvernementales de créer une séparation claire entre une industrie dont le rôle est de produire et de vendre des médicaments d’une part, et les organes de formation et d’information des professionnels et des patients d’autre part. Une telle séparation ne coûte rien à mettre en oeuvre et serait porteuse d’économies considérables.

Combien de temps la France de la santé va-t-elle continuer à se comporter comme une république bananière ?

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P.S. Le 22/9/2010
Il aura finalement fallu trois ans, pour que les amis de l’industrie pharmaceutique lui livrent les patients : Education thérapeutique, c’est parti.

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