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Benfluo Rex, ATTAQUE !

Le réveil de l’Empire

Première publication : mercredi 16 mars 2011,
par Dominique Dupagne - Visites : 8221

J’ai déjà eu l’occasion de rappeler que l’affaire du Médiator (benfluorex) offrait des parallélismes avec la célèbre saga StarWars.

Avec l’intervention du Pr Jean Acar, ex-pape de la cardiologie française, sorti de sa retraite pour voler au secours de Servier, nous assistons au remake de L’Empire contre-attaque. L’irruption des tontons flingueurs Even et Debré face aux chiens de Dark Vador apporte un souffle épique à cette tragédie.

Les médecins savent que l’annonce d’une maladie grave à un patient est suivie de cinq phases assez stéréotypées :
- Le déni : "C’est pas vrai, c’est pas possible, vous vous trompez"
- La colère "Pourquoi ? Pourquoi moi !"
- Le marchandage : "Je veux bien me soigner, mais je ne veux pas de traitement trop fort"
- La dépression : "Je suis foutu, pourquoi me battre."
- L’acceptation et la maturation : "OK docteur, on commence par quoi ?"

Dans l’affaire du Médiator, la victime, si j’ose dire, est l’Empire du Dr Servier ainsi que ses partenaires de toujours : les experts nourris au biberon des firmes et la presse professionnelle tabloïd qui se souvient avec nostalgie de la grande époque.

Le déni

Le déni a duré 20 ans. Pendant 20 ans, l’Empire et ses sbires ont tout fait pour dissimuler ou ne pas voir la vérité sur les dangers du benfluorex.

Puis la princesse Leia et Obi Wan Kenobi ont enfoncé les dernières défenses impériales et envoyé une torpille au coeur de l’Etoile Noire.

Sidéré pendant quelques mois, blessé à coeur, l’Empire a pansé ses plaies en ruminant sa colère. Rappelons que face aux rebelles et à leur bric-à-brac, l’Empire dispose de moyens humains et financiers considérables.

La colère

Le premier à sortir du bois a été Dark Vador. Interrogé perfidement par Yoda, il a déclaré au Sénat ne pas avoir parlé du livre d’Irène Frachon car il ne disposait pas d’une rubrique "chiens écrasés" au Quotidien du Médecin.

Vous comprenez mieux désormais le titre de ce billet...

Le marchandage

Le deuxième acteur qui vole au secours de l’Empereur est un vieux monsieur, ancienne gloire de la cardiologie, qui n’a eu qu’un tort, mais quel tort : Présider le Groupe de Travail "valvulopathies" pour la Société Française de Cardiologie depuis 1977, et être totalement passé à côté des risques valvulaires de l’Isoméride, puis du Mediator. Le tout bien sûr, pendant que sa maison-mère était largement financée par l’Empire.

Avouez qu’il faut ensuite un certain aplomb pour venir maintenant ergoter sur les calculs épidémiologiques des spécialistes. Il commet d’ailleurs dans ses critiques quelques erreurs triviales, comme le montre Agnès Fournier dans sa contre-argumentation.

Mais surtout, il y a quelque chose de pathétique à aller pinailler sur ces chiffres, alors que l’on se fiche totalement de savoir s’il y a eu 200 ou 2000 morts. Même 100 morts ce serait déjà trop.

Ce qui est grave, c’est le mensonge et la dissimulation qui ont entouré cette affaire, mensonge et dissimulation que l’IGAS a sévèrement stigmatisés.

Ce qui est grave, c’est que ces morts sont mis en balance avec un intérêt NUL, que le benfluorex TRIPLE le risque de valvulopathie. D’ailleurs, Jean Acar que je ne crois pas malhonnête en convient. Mais pourquoi éprouve-t-il le besoin d’aller éplucher les cas un par un ? Est-ce l’idée d’avoir été si longtemps abusé, aveugle, voire complice, qui lui est tellement insupportable et qui le pousse à marchander misérablement le nombre des victimes, pendant que les sbires de l’Empire lui tiennent le bras et le micro ?

La dépression

La dépression est la prochaine étape. Elle touche déjà l’AFSSAPS qui court en tous sens comme un poulet décapité.

L’Empire, et ses troupes, convaincus de forfaiture, vont vivre de très mauvais moments. Le brûlot rédigé par les Pr Even et Debré, malheureusement approximatif et autocentré, relègue mes articles au rang de conte pour enfant. La violence de leurs propos justifie tout autant le titre de ce billet que la phrase de Dark Vador. Je ne sais pas encore quelle place je vais leur attribuer dans la distribution du film...

Xavier Bertrand, pour éviter les retombées "mediatoractives", devra frapper fort et trancher profondément. Mais la dépression ne sera pas longue.

L’acceptation et la maturation

La dépression ne durera pas car les fondamentaux ne seront pas touchés. C’est au sommet de la pyramide, au plus près de son sommet, que les influences sont les plus fortes. Nous l’avons vu récemment avec des ministres qui ne parviennent pas à comprendre ce qu’est un conflit d’intérêt.

Le LEEM a déjà fait une croix sur le groupe Servier. Les amis de l’Empereur le lâchent l’un après l’autre. La justice finira de liquider financièrement l’Empire. Et un autre Empire renaîtra, différent, et tout sera à recommencer.

Le précédent des hormones de la ménopause

Si vous pensez que ma comparaison avec l’annonce d’un diagnostic grave est abusive, rappelez-vous les étapes de l’affaire des hormones de la ménopause :

- Déni : "les hormones ne sont pas cancérigènes et sont bonnes pour le coeur", martelé par les notables de la ménopause pendant 20 ans.

- Colère : "les cancers et les infarctus ont été constatés chez des américaines qui sont des grosses vaches et que l’on ne peut pas comparer aux françaises."

- Marchandage : "L’étude MISSION montre que le nuage cancéreux ne passe pas la frontière".

- Dépression : "Prenez des hormones de soja, c’est tout ce que je peux vous proposer".

- Acceptation et maturation : "Adieu les hormones, bonjour l’ostéodensitométrie systématique et les biphosphonates".

à suivre...

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