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"La médecine a fait tellement de progrès que plus personne n’est en bonne santé !" *


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Je ne suis pas un médecin de proximité

Première publication : mardi 16 novembre 2010,
par Dominique Dupagne - Visites : 6109

À peine revenu aux affaires sociales, Xavier Bertrand nous ressert la médecine de proximité. Rappelons que la médecine de proximité, telle qu’elle a été définie par Nicolas Sarkozy, est un concept nouveau et une mission confiée à Elisabeth Hubert par le Président de la République.

Certes, dans le texte de cette lettre de mission, la médecine de proximité concerne tous les médecins libéraux, voire les salariés en centres de santé. Mais en pratique, c’est bien des médecins généralistes dont il est et sera question.

Je trouve ce terme méprisant. Il occulte la fonction fondamentale du médecin généraliste qui n’est pas d’être proche géographiquement, mais d’être proche humainement.

Lorsque je venais de m’installer et que je ne croulais pas sous les patients, une femme que je suivais depuis un an m’a dit en fin de consultation :

"Docteur, qu’est-ce que je suis contente de vous avoir trouvé"

Et alors que je me rengorgeais (heureusement dans mon for intérieur)

"Vous êtes tellement près de chez moi..."

J’ai rarement vécu une telle humiliation.

Je ne suis pas un médecin "de quartier".

Comme mes confrères généralistes, je revendique autre chose. Je me considère comme un médecin de famille, à la rigueur comme un médecin de premier recours, terme que je trouve trop technique.

Je connais mon patient souvent depuis longtemps. Ses symptômes nouveaux s’intègrent dans une connaissance globale que j’ai de sa personne, de sa famille, des ses soucis, de son caractère, de ses maladies, des médicaments qu’il prend ou qu’il a pris par le passé.

Mon patient me connait, il est en confiance avec moi et sait qu’en cas de problème, je vais le guider au milieu du jeu de piste de la médecine spécialisée.

Je connais aussi la famille de mon patient, ses riches interactions, sa dynamique spécifique.

Je connais le domicile de mon patient. C’est étonnant que ce que l’on peut apprendre des gens en allant chez eux.

Je tutoie certains patients, non par familiarité, mais parce que je les ai connus en culottes courtes ou en couettes.

Bref, je vomis cette "médecine de proximité" qui sous-entend que la seule chose importante est d’avoir un médecin en face de chez soi, quel qu’il soit. Mon métier, un des plus beaux du monde, mérite plus de considération. Je ne veux pas finir comme ces employés de Pôle Emploi détruits par la non prise en compte de la dimension humaine de leur métier.

PS : En tant que professionnel libéral, j’ai aussi Frédéric Lefebvre comme secrétaire d’Etat de tutelle, c’est vous dire si je suis de bonne humeur ce matin.

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