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J’arrête le HONcode (1)
Première publication : mercredi 9 juin 2010,
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Atoute supprime le sceau HONcode de ses pages. La certification fondée sur des principes déontologiques a trouvé ses limites et trop de sites médiocres affichent le label attribué conjointement par la fondation suisse et la Haute Autorité de Santé française.
Pendant plusieurs années, Atoute, comme de nombreux autres sites médicaux, a affiché le logo du HONcode
Ce logo émane de la fondation suisse Health On the Net (HON), pionnière de l’internet de santé, avec laquelle je me suis toujours senti en phase. Sa mise en avant exprimait l’adhésion du site à des principes déontologiques fondamentaux :
1. Autorité
Indiquer la qualification des rédacteurs
2. Complémentarité
Complémenter et non remplacer la relation patient-médecin
3. Confidentialité
Préserver la confidentialité des informations personnelles soumises par les visiteurs du site
4. Attribution
Citer la/les source(s) des informations publiées et dater les pages de santé
5. Justification
Justifier toute affirmation sur les bienfaits ou les inconvénients de produits ou traitements
6. Professionnalisme
Rendre l’information la plus accessible possible, identifier le webmestre, et fournir une adresse de contact
7. Transparence du financement
Présenter les sources de financements
8. Honnêteté dans la publicité et la politique éditoriale
Séparer la politique publicitaire de la politique éditoriale
Ces principes déontologiques étaient en accord avec les miens, et malgré ma réticence vis-à-vis des labels de tous poils, j’avais décidé de jouer le jeu.
Dans un deuxième temps, la Haute Autorité de Santé française (HAS) a décidé d’utiliser le HONcode pour certifier les sites santé. Cette délicate mission lui avait été confiée par le législateur en 2004, qui faisait déjà preuve d’une connaissance modeste des réalités d’internet. Heureusement, après quelques errements initiaux menaçant la toile médicale d’une certification ISO, le bon sens a repris le dessus. La HAS, montrant une clairvoyance inhabituelle pour une administration, a réalisé l’absurdité de la tâche, renoncé à réinventer la roue, et s’est alliée avec la fondation HON. Le sceau HONcode, attribué après audit est arboré sur le site certifié, gage d’une qualité présumée.
Qualité présumée car le HONcode, comme vous pouvez le constater, ne dit pas un mot de la qualité intrinsèque des informations présentées sur le site certifié. Cette qualité est censée découler des principes généraux et déontologiques exprimés en huit points. C’était un pari audacieux. Pari à mon sens perdu. Le seul crédit (significatif) à apporter à la certification HONcode est d’avoir poussé de nombreux sites à aller vers plus de transparence.
Les 4 premiers points étaient assez faciles à gérer pour tous les sites. Je ne m’y attarderai pas.
Le point 5 n’est pas évident : justifier les bienfaits des produits présentés. Le terme est vague, n’importe quelle enquête ou étude scientifique bidon peut être présentée comme une justification. Le sceau HONcode pourrait laisser penser à un lecteur naïf que tout ce qu’il va lire est validé. Or mieux vaut une information publicitaire que le lecteur sait décoder, qu’une information fausse labellisée à tort comme exacte.
Le point 6 est démodé et ambigu. Le professionnalisme veut-il dire que seuls les médecins peuvent écrire sur la santé ? Qu’un blogueur n’a pas le droit d’être anonyme ? Les blogueurs anonymes et/ou non professionnels sont parmis les meilleurs auteurs médicaux.
Les points 7 et 8 constituent le nerf de la guerre et ce sont eux qui posent le plus de problèmes. Les sites tenus par des gourous ou des illuminés ne constituent pas le principal danger sur la toile médicale. Ceux qui posent problème sont les sites commerciaux déguisés.
Quand vous voyez une star vanter un produit cosmétique dans une revue, vous savez à quoi vous en tenir. Quand vous lisez un médecin qui recommande un médicament, vous ne décodez pas forcément le lien d’intérêt potentiel qui le lie au laboratoire, et qui est souvent le même que celui de l’actrice qui "le vaut bien". Une grande partie des associations et sociétés savantes médicales sont majoritairement financées par l’industrie pharmaceutique, dans le cadre de véritables partenariats industriels. Les principes déontologiques se sont dissous dans le financement pharmaceutique. Ce sont ces associations "faux-nez" qui constituent le plus grand danger de désinformation sur le web santé.
Or en 2010, il faut se rendre à l’évidence, la majorité des sites financés par l’industrie pharmaceutique arborent fièrement le HONcode. Pire, cette dépendance financière est le plus souvent masquée. En effet, la formule retenue est désormais "Le site machin est entièrement financé par l’association truc". Le lecteur ne saura pas que l’association truc est elle-même financée à 80% par l’industrie pharmaceutique. Le HONcode ne permet plus de savoir qui paye l’information délivrée. J’ai signalé quelques sites de ce type à la fondation HON, le plus souvent avec succès, mais la déferlante du web sponsorisé est devenue incontrôlable.
Pire, des sites de qualité se voient contester leur HONcode sans raison valable, alors qu’ils sont critiques vis-à-vis d’une certaine pensée unique médicale ou de certains médicaments.
Enfin, il est question dans les médias que Doctissimo obtienne le HONcode, ce qui serait le pompon. Malgré tout le respect que j’ai pour la réussite financière de ce site, la publicité est tellement bien intégrée au contenu qu’elle en devient parfois indiscernable.
Cette dérive était prévisible : face à des intérêts commerciaux majeurs, le HONcode était trop "naïf" et son contournement était inévitable. Le petit apport en terme de transparence est annulé par un crédit injustifié accordé à des sites ou associations qui dissimulent leurs financements.
A titre personnel, je ne veux plus cautionner ce qui est devenu une tromperie sur la marchandise. J’afficherai donc désormais un refus du HONcode.
Heureusement, les études disponibles concordent pour constater l’absence d’intérêt du public pour la certification HAS/HONcode. Les internautes ne croient plus depuis longtemps qu’à un seul certificateur : Google. Aussi paradoxal que cela puisse paraître à certains, tant mieux. L’algorithme de Google n’est que l’agrégation des certifications (liens) de milliers de webmasters santé, et plus on est nombreux, plus on est difficile à manipuler. Les sites litigieux dont je parlais précédemment ne sortent que rarement dans les premiers résultats du moteur de recherche. Quant à Doctissimo, s’il est si bien placé dans les moteurs de recherche, c’est aussi parce qu’il répond aux questions que se posent les internautes.
Il semble que la fondation HON s’intéresse à des outils collaboratifs. Nous verrons bien de quoi sera fait l’avenir. En attendant, je retire le logo HONcode de mes pages et suggère aux sites santé de qualité de faire de même pour éviter de cautionner indirectement des sites sans intérêt.
Si vous souhaitez débattre de ce problème de certification, vous pouvez participer à cette discussion du forum.
J’ai écrit le 10 juin un deuxième article pour donner des exemples précis sur les reproches que je fais au HONcode.
Si vous souhaitez vous associer à ce refus, vous pouvez coller ce code en lieu et place de celui du HONcode
<a href="http://www.atoute.org/n/article152.html" target = "_blank" > <img src="http://www.atoute.org/images/2010/Hon-code2-100.jpg" title="Ce site refuse de cautionner le label HONcode" alt="Ce site refuse de cautionner le label HONcode" /></a> </ br> |
Messages
30 août 2018, 11:12
L’algorithme de Google est surtout régie par l’argent. Il est de loin l’ennemi des voix sans moyens financiers.
Si un lobby pharmaceutique paye le moteur de recherche Google pour mettre un article en haut des résultat, il y sera, quelle que soit sa popularité.