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Non, les médecins ne vont pas remplacer les curés
Première publication : jeudi 12 mai 2011,
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Tout le monde le sait, tout le monde le voit, les médecins libéraux sont en train de disparaître, et surtout les généralistes.
Déserts médicaux ou non, une chose est certaine : les jeunes médecins ne s’installent plus et les effectifs diminuent inexorablement.
On a beaucoup parlé des causes de ce désastre, mais je voudrais dans ce billet stigmatiser des responsables qui m’irritent particulièrement : ceux que l’on appelle les sacerdotaux.
Il s’agit de médecins qui considèrent qu’ils doivent s’offrir corps et âme à leur métier sans rien demander en retour. Ils sont entrés en médecine comme on entre en religion. Leur métier est le sens de leur vie et passe avant leur famille.
Et pourtant, mon père est médecin, mon grand-père et mon arrière-grand-père l’étaient aussi. Mon fils le sera comme moi. La vocation est donc très présente dans ma famille.
Mon grand-père Eugène était un chirurgien belge dévoué corps et âme à ses patients. Il travaillait jour et nuit.
Il est mort à 30 ans d’une septicémie, après s’être coupé avec son bistouri pendant une opération, affaibli par une vie professionnelle harassante. On a écrit un livre sur lui et sa vie donnée à ses patients. Son épouse, ma grand-mère s’est retrouvée seule à 25 ans avec deux enfants en bas âge.
J’ai bien sûr le plus profond respect pour cet aïeul que je n’ai donc jamais connu. Mais nous sommes alors en 1930. Le climat social était différent.
Les médecins sacerdotaux vivent dans la nostalgie de cette époque. Pourquoi pas. Chacun est libre de vivre comme il le souhaite, pourvu que ses convictions n’impactent pas la vie des autres.
Mais certains médecins sacerdotaux sont de vrais militants qui prétendent imposer leur mode de vie à leurs confrères.
Voici ce qu’écrivait récemment le Secrétaire Général du Conseil de l’Ordre des Médecins de l’Eure dans son bulletin paroissial départemental :
Mais qui a dit qu’il fallait que nous recevions quelque chose en récompense ? N’est ce pas en vérité la cause de notre déception. Nous pensons recevoir alors qu’il s’agit de donner. Le médecin est un serviteur. Au service de l’homme, par l’homme, pour l’homme. Le médecin doit servir l’homme avec Amour, voilà l’Idéal Médical. Il se situe dans une logique purement altruiste et n’attend pas de récompense. C’est justement ce qui en fait un idéal, une aspiration car il sort du rendu pour un donné et donc du politiquement correct sociétal actuel. Texte complet.
Ce texte peut paraître noble et admirable en première lecture, mais il est absolument dramatique. C’est un repoussoir pour les jeunes générations.
Que les retraités lisent ce type de prose avec nostalgie, pourquoi pas. Mais nous n’avons pas à aimer nos patients d’Amour. Nous sommes là pour les aider, pour les écouter, pour les protéger, pour les soulager dans le respect de leur personne et la compassion pour leur souffrance. Nous sommes des professionnels qualifiés qui exerçons un métier pour lequel nous attendons en retour des conditions de vie décentes. Nous ne sommes pas des curés, même si nous avons parfois l’impression de les remplacer. Nous avons un conjoint et souvent des enfants. La majorité des médecins formés actuellement sont des femmes.
Pire, ces mêmes médecins prosélytes du don de soi font partie des chambres disciplinaires ordinales qui imposent leur morale au mépris des lois républicaines, par le blâme ou l’interdiction d’exercer. Ils confondent la déontologie et le sacerdoce, ils affaiblissent finalement leur profession au prétexte de la défendre.
Ce sont eux finalement les principaux acteurs de la désertification médicale.
Retraités ou proche de la retraite, ils se fichent des retombées de leurs actes, ce sont les autres qui en paieront les conséquences tandis qu’ils s’émerveilleront de l’élévation de leur âme en radotant sur "les médecins d’avant" avec ceux de leur famille qui les supportent encore.
C’est à cause d’eux que l’exercice libéral n’a pas pu être modernisé. C’est encore à cause d’eux que la permanence des soins fondée sur le volontariat, prévue par la loi, n’a pu s’installer correctement dans les départements où ils sévissent.
Les médecins sacerdotaux sont le cancer qui a tué la médecine libérale. J’emploie le mot cancer car c’est bien de l’intérieur que le mal est venu.
Messages
16 septembre 2012, 13:04, par Doc Ralbol
Oui, mais...
Que nous le voulions on non, nous collaborons.
Par notre silence consentant, notre obéissance servile, notre peur de la fessée (par "papa" l’Ordre des médecins) et notre allégeance à cet état de l’inconscien(ce) collecti(ve).
Ne serait-ce qu’en "acceptant" ce système où "tous" nos "honoraires" (en vérité, plutôt des "déshonoraires"...) "doivent" être remboursés !
À l’exception du petit euro que l’on jette en obole dans le panier de la quête comme à la messe...
... ou au clodo sous le porche à la sortie de la messe.
Nous sommes les seuls (dits) "libéraux" à répondre de l’obligation - d’Etat - de faire calquer nos honoraires avec une grille de barème de remboursement d’un organisme d’Assurance - privé !
Combien de fois n’ai-je par ailleurs entendu, de la bouche de "patients", cette débilité :
"Mais, pour vous, c’est pas pareil, docteur, votre métier, c’est une vocation, un Sacerdoce"
À quoi je m’empressiais d’ailleurs de répondre :
"Ah oui ? "Sacerdoce" pour qui ? Pour l’Industrie "Pharmaceu-fric" ?"
Ita missa est...
Ou alea jacta est.
16 septembre 2012, 20:08, par Doc Ralbol
Le fait que le médecin ait aujourd’hui pris la place du curé a quand même des fondements.
Ceux-ci reposent sur les mêmes influences cachées des croyances.
Nul doute que le médecin aujourd’hui a pris la place jadis tenue par le curé.
La recherche de la santé remplace la quête de salut de jadis.
L’espoir de l’immortalité du corps (par clonages, etc.) l’emporte sur l’attente de la Vie Éternelle.
Pasteur a détrôné le Bon Berger, et la vaccination joue le même rôle initiatique que le baptême. Demain, un mythique vaccin Universel sauvera l’Humanité de toutes ses maladies, comme jadis le Sauveur de tous les péchés du monde ... (Excepté, hélas, de la c... humaine : voyez H1N1...)
Le pouvoir médical s’est aujourd’hui allié (aliéné ?) à l’État, comme jadis celui de l’Église.
Les "charlatans" sont à présent poursuivis comme les "hérétiques" de jadis.
Le dogmatisme (allopathique) prévaut désormais sur toute ouverture possible envers d’autres paradigmes jugés "peu catholiques" ou "peu orthodoxes", selon.
Etc.
L’Homme s’est aujourd’hui aliéné à son corps, comme jadis à la quête alléguée de son âme.
Après avoir déserté les églises, les foules ignorantes se sont tournées vers les médecins dont elles remplissent pour le moment encore les salles d’attente. Mais plus pour très longtemps.
D’ailleurs, des médecins, dame, il y en a presque plus, tout comme il reste encore moins de curés.
Tout fout’l’camp :-)
Quid de demain ?
Voici joint un texte qui en dit long sur les rapports - étroits ’ entre Médecine et Religion (pj)
Salamalec.
16 septembre 2012, 20:25, par Doc Ralbol
PS je crois que ce gentil script a mangé la piece jointe ;)
Je retente à tout hasard...
(Pj Médecine & Religion)
16 septembre 2012, 20:28, par Doc Ralbol
Re- PS.
Ben non.
Y veut pas.
Ben tant pis.
12 mai 2013, 15:24
Bonjour, j’ai lu vos commentaires, pourriez vous me donner les références du texte dont vous parlez ? J’aimerais bien le lire :)