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"La médecine a fait tellement de progrès que plus personne n’est en bonne santé !" *


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Médecins : pourquoi cette grève idiote ?

Les vraies raisons de la colère

Première publication : lundi 29 décembre 2014,
par Dominique Dupagne - Visites : 31302

Une grève de médecins libéraux c’est idiot. Les seuls acteurs à ne pas être lésés sont l’Assurance-maladie et le Ministère de la santé ! Et pourtant, les médecins adhèrent massivement à cette grève. Quand toute une profession fait quelque chose d’idiot, qui en plus lui coûte de l’argent, c’est que le malaise est vraiment profond. Je vais tenter de vous faire comprendre pourquoi.

Expliquer les raisons qui poussent les médecins généralistes libéraux vers une grève massive n’est pas simple. En fait, si, c’est facile à expliquer. En revanche, c’est très dur faire comprendre ! Je vais quand même tenter ma chance, bien que je sois personnellement peu à plaindre et non gréviste.

Les médecins généralistes gagnent bien leur vie. Leur revenu mensuel est de 6000 euros nets. C’est énorme par rapport au salaire moyen des français (1780€). Pour beaucoup de gens, le débat s’arrête là. Une profession qui gagne autant n’a pas le droit de se plaindre, c’est une "grève de riches". D’ailleurs, tout le monde a ses problèmes, souvent plus graves : "Chacun sa merde" pensez vous. Lisez quand même la suite.

Cette situation si bien payée ne doit pas être si confortable, puisque l’activité libérale n’attire quasiment plus les jeunes diplômés. Ils préfèrent un travail salarié payé 3500€ par mois plutôt que ces 6000€ promis par l’exercice libéral et le paiement à l’acte. En fait, cette moyenne cache de fortes disparités : la médecine libérale payée à l’acte présente une caractéristique paradoxale : plus le médecin travaille vite et mal, plus il gagne d’argent. Parmi les très gros chiffes d’affaire qui tirent la moyenne des revenus vers le haut, il y a ceux qui n’ont plus de vie de famille et finissent à 22h tous les jours, et ceux qui expédient leurs patients en dix minutes. Un médecin qui prend son temps pour écouter ses patients, qui explique ses prescriptions, qui répond au téléphone, qui fait des visites à domicile, et qui voit grandir ses enfants, dépasse rarement une moyenne de 20 patients par jour.

Vingt consultations par jour à 23€, 20 jours par mois, génère revenu brut de 9200€, soit environ 4500€ mensuels avant impôts si l’on enlève les charges et le financement des 5 semaines de vacances qui ne sont pas rémunérées. La rémunération du médecin en fin de carrière n’augmente pas, bien au contraire. Bref, le médecin consciencieux gagne correctement sa vie, mais sans plus par rapport à sa catégorie socio-professionnelle, et là n’est pas l’essentiel du problème.

Le médecin libéral pratique un métier difficile : il est incité à travailler vite pour gagner sa vie et faire face à une demande croissante (faute de relève), et il tient la vie des gens entre ses mains : l’erreur peut être dramatique, détruire la vie de ses patients et briser la sienne.

Pourtant, le médecin libéral pourrait continuer à supporter ces contraintes qui font la noblesse de son métier, si certains ne passaient pas leur temps à l’empêcher de travailler correctement :

C’est finalement cela qui, à mon avis, explique le mieux le mouvement de révolte actuel des médecins libéraux. Les lois et décrets s’enchaînent, sans jamais répondre à leurs besoins ni générer d’économies, mais en leur mettant de plus en plus de bâtons dans les roues. L’engluement administratif et procédural qui a déjà paralysé l’hôpital public contamine progressivement la médecine libérale. Marisol Touraine a réussi a trouver LA pierre d’achoppement quasi parfaite, celle qui est capable de mobiliser contre elle toute une profession et quasiment tous les syndicats : le tiers-payant généralisé (TPG). Pour répondre à un besoin réel, mais marginal, cette mesure transforme les médecins en comptables qui devront batailler avec une myriade d’organismes pour tenter de récupérer les honoraires que les patients ne leur paieront plus directement, y compris les plus aisés d’entre-eux.

Il n’était pas facile d’inventer une mesure aussi complexe à mettre en oeuvre, aussi peu efficace, aussi démagogique, et aussi agressive pour la médecine libérale. Les raisons de la colère sont bien expliquées ici et . J’ai tenté une parabole pédagogique ici.

En fait, les vrais motifs cette grève sont bien résumés par cette courte vidéo :

Les médecins libéraux "en ont gros". Gros d’être maltraités en permanence par des énarques qui ne connaissent rien à leur métier. Gros d’être accusés de dilapider l’argent public, alors que les soins de ville qui participent à l’excellence de la médecine française coûtent en moyenne 30% de moins que dans les autres pays de l’OCDE.

Les médecins libéraux en ont gros, alors ils gueulent, dans le désordre, sans véritable cohérence, essentiellement parce qu’ils en ont marre qu’on les prenne pour des cons !


Il y a 77 messages sur ce forum.

Messages

  • Le pire dans cette histoire est l’aspect financier. D’habitude, les gens râlent contre les compressions budgétaires. Dans le cas du TPG, la mesure va augmenter les dépenses de santé, en permettant aux médecins de facturer des actes qu’ils auraient réalisés gratuitement auparavant. Il est plus facile de demander un règlement anonyme à des assureurs qu’un chèque de 23 euros pour une consultation qui a duré 3 minutes.

    C’est toute l’absurdité de cette situation, car au final, le TPG augmentera les revenus des médecins. La grève n’est donc pas une simple revendication de revenus, mais bien un ras-le-bol contre une ministre qui a réussi a être la plus détestée par la profession de ces 30 dernières années, et il y avait pourtant de la compétition.

    • Merci mesdames et messieurs les médecins libéraux....

      Je me présente hier, au service radiologique d’une clinique privée, proche de mon domicile pour y passer des examens suite à une chute sur le sacrum . On me donne un rv mais on me signale une grève administrative : pas de prise en charge de carte vitale. Une feuille de soins c’est probablement au moins un mois ou deux pour percevoir le remboursement. Je renonce donc à faire les examens. Grève idiote ! Quand on s’engage dans un mouvement de grève, il faut avoir les épaules solides, un grève c’est l’arrêt de son activité avec les conséquences financières qui en découlent. Ca côute très cher. Tous les salariés qui font grève le savent. En ce qui vous concerne, pas de problème : vous reprenez votre activité professionnelle, pour percevoir vos revenus et transférez votre bras de fer avec le ministère de la santé sur les patients. Belle philosophie ! Je soutenais entièrement votre mouvement de grève. Vous faites fausse route en vous mettant à dos vos patients ... Les difficultés économiques de vos patients vous indiffèrent, leur santé également... c’est grave !

    • si vos médecins se fichaient de votre santé, ils ne vous auraient pas pris en charge hier et auraient ete en grève et vous auriez ete encore plus mecontente !!!!
      OUVREZ LES YEUX ET LES OREILLES !

    • lamentable, vous repondez à coté de la question, et avec quel mépris !

    • Je comprends le point de vue d’Annabelle. Cette grève de la télétransmission est assez lâche.

    • pourquoi lâche ? simplement un rappel aux assurés.

      Le médecin fait un diagnostic voire deux ou plus parfois . Il demande des honoraires.

      L’assuré paye des cotisations sociales à un organisme qui s’est engagé à lui rembourser une partie de ses frais médicaux (sur un prix de consultation limitée, avec création de franchises, etc...) . C’est un organisme payeur 1, obligatoire.

      Pour que la partie non prise en charge ne lui coute rien , l’assuré mutualise en prenant une assurance complémentaire . La mutuelle est un organisme payeur 2 , optionnel. Je note que moins l OP1 prend en charge , + l’OP2 ...majore ses cotisations . A noter que l’ensemble des OP2 font 7 M de bénéfices chaque annnée et que l’accès à leurs comptes sont quasi impossibles.

      Donc les honoraires rémunèrent un médecin pour ses actes, et les organismes payeurs remboursent ces honoraires. Point.

      L’assuré a oublié tout çà . Il a oublié le sens des choses . Faire des feuilles papier va l’obliger à réfléchir sur ce qu’est la protection qu’il paye et qui doit lui rembourser ses frais . La vitesse de remboursement dépend des OP, pas du médecin .

      Quand, dans ce beau pays , chaque assuré apprendra comment fonctionne le système et son coût....tout ira mieux.

      ps : ca n’empêche pas de passer des CV pour les gens dans le besoin , bien entendu.

    • Madame.
      Les médecins continuent à vous soigner, mais utilisent un moyen légal pour le remboursement qui s’appelle Feuille de Soins Papier.
      Si votre caisse de sécurité sociale a fait le choix de ne pas vous rembourser dans les délais légaux ( maximum 8 jours) c’est contre elle que vous devez vous retourner et uniquement contre elle.
      Le médecin, lui, il vous a délivré cette feuille de soins le jour même de l’acte médical réalisé ; il a rempli ses obligations.
      Ce qui est grave, c’est de ne pas avoir compris que les caisses et la ministre se moquent complètement des problèmes économiques de certains patients, en ordonnant aux employés de la sécurité sociale de mettre de coté les feuilles de soins papier pour retarder les remboursements. Ces employés là, ont eux aussi un médecin traitant et certains ont bien expliqué à leur médecin qu’ils ont eu ordre de ne pas traiter dans l’immédiat les feuilles de soins papier.
      Les médecins, Madame, ceux qui vous soignent tous les jours, eux, font leur travail et délivrent immédiatement le jour de la consultation, un moyen légal de preuve pour le remboursement.
      Ne vous en prenez pas à eux, ne vous en prenez pas à ceux qui font les choses correctement.

  • Même si certains éléments ne se discutent pas, d’autres necessitent à mon avis des ajustements. La consultation de 10’ existe et pas que chez les médecins qui travaillent vite et mal, mais également chez ceux qui font leur travail correctement. Nous ne décidons pas des motifs de consultation de nos patients, et parfois, honnêtement, c’est vraiment rapide d’être efficace. Et ce sans nécessiter tout le décorum de la globalisation de la prise en charge de nos patients que l’on brandit systematiquement...
    L’autre point qui m’agace est cette notion du treizième mois. Les syndicats ont eu la malheureuse idée de signer une convention basée sur la "qualité" de nos soins grâce aux indicateurs de santé. Cette mauvaise façon de faire de la santé nous permet sans effort de gagner un bon treizième mois. Ceci sans parler des 5€ Annuel par patient juste parceque le contrat est signé ( je n’évoque pas les 40€ Par ALD, explicable par la paperasse. )... Que nos même patients ignorent complètement.
    Voila deux points à mettre en avant et à ne pas oublier à mon avis.
    Confraternellement.

    • Bonjour
      La consultation de 10’ existe, mais aussi celle de 40’. Je parlais d’une moyenne. Pour la rémunération forfaitaire annuelle (ROSP), elle peut certes correspondre à un 13e mois, mais à condition de l’avoir acceptée, c’est à dire d’accepter de recevoir une prime proportionnelle aux bons points de l’assureur santé, ce qui est inacceptable pour certains (dont moi) http://www.les-medecins-qui-refusent-la-prime-secu.org/

      De toute façon, ce que je tente d’expliquer dans ce bref billet, c’est que le problème n’est que marginalement financier. C’est la somme d’emmerdements stupides accumulés qui fait exploser les libéraux.

    • Si ceux qui nous appellent à faire grêve n’avaient pas signé pour l’usine à gaz du ROSP, on n’en serait pas là. Tout ce bordel était à l’époque bien prévisible. Et il faudrait en plus faire la grêve de la TLT parce que ça ne suffit pas ? et monter à Paris ? Qui a signé le ROSP pour être payé à 65 % de TLT ? et qui vient couiner maintenant ? Je suis pas à Megève, et je fais ma comptabilité parce que mon AGA la demande pour le 15 janvier. Et je viens de me mensualiser pour ma retraite obligatoire de médecin libéral appelée à baisser parce qu’il n’y a plus assez de généraliste, et parce que l’état dématérialise à tout va car il a tout les droits, lui. Surtout celui de changer la donne sans cesse en cours d’activité. Un libéral MG, il s’en fait rajouter une couche tous les ans entre tout. Pourquoi ne proposes tu pas enfin le salariat à ceux de tes MG qui en veulent M(S)T ??

    • et pourquoi 16€10 au lieu de 16€ et pourquoi 6€90 au lieu de 7€ depuis la création d’un monde ? Rien que cette remarque, ça résume parfaitement la notion ""libérale"" actuelle du MG. Acceptée jusque là par tous.

    • Parce que à ce jour on continu à rester sous le régime du "FRANC " qui est encore présent sur nos calculatrices et tous ces centimes sont les séquelles de la conversion du FRANC en EUROS ... et ce doit être tellement difficile à mettre en place ... vu le niveau de réflexion des décideurs !

    • Quil arrete leur greve bande de charlot c surtout
      Leurs pouvoir d achat de 23 a 25 euros pour 10 mn
      De consultation faut arreter c connerie et ils ont la
      Conssiance prof. C leur porte feuille quil voient et pas autre
      Choses c un honte je leurs mettrai la visite a 15 eur il faut ouvrir
      Les yeux a un moment .on a perdu 1eur et on va en perdre 2 se sont
      Des salots moi hasmatique jai faillit crever il a fallut que je me debroille
      A une clinique privee pour une ventoline .sos medecin est a 90
      Eur la visite et il dise se preocuper de la santee des francais .bande de cala
      Lars c leurs chalets a la montagne plutot quil les preocupe a
      Bon entendeur.

    • combien payes tu. chez le. magnétiseur,ostéopathe et autre charlatan ?
      combien payes tu. chez. le. plombier, le. coiffeur,le. garagiste ?
      quand les médecins seront salariés,la médecine sea gratuite, mais. ils. feront. 35 heures
      avec. des. RTTet. des. arrêts. de. travail payes

    • Je connais qq confrères comme vous, satisfait de leur situation , sans doute une philosophie d evie : contente-toi de bonheurs simples et savoure les bons moments. Le bonheur est intérieur et l’argent n’y contribue qu’en partie.
      Le problème c’est que les jeunes qui analysent très bien les choses avec leur cortex plus puissant savent que nous gagnons moins à l’heure, moins dans une carrière et moins à la retraite pour une temps de travail plus long et plus de précarité en cas de pb de santé, juridique ou familial et cela sans secrétariat pour la plupart voire sans femme de ménage : je n’ai jamais vu un PH nettoyer les gouttes d’urines d’un de ses patients par terre ou dans les WC....De mon point de vue nous sommes largement sous payés, il faut se le dire définitivement et faire son auto-critique !!

    • Et pourquoi l’IK à 0,61 précis !! ??

    • nous sommes passés à l’euro le 1er janvier 2002, soit > 13 ans ( quand même)
      il est temps de dépoussiérer tout ça

    • Moi je suis médecin et je suis consciencieux dans mon travail.
      Critiquer tous les médecins de la sorte c’est comme dire que tous les corses sont des terroristes,...un peu facile.
      Avec 6000 euros par moi, aller vous payez un chalet et après on verra.
      C’est avec des réactions comme les vôtres que notre métier devient encore plus ingrats. Vous ne méritez pas notre aide. En espérant que votre prochaine crise soit horrible et que personne ne soit là pour vous, vous verrez alors notre inutilité.
      P.S : en parlant de salaire allez voir ce qu’il ce fait dans les reste des pays développé de l’Europe, je suis sûr que ça ne changera pas votre idée puisque vous me paraissait être le genre de personne à ne comparer que ce qui vous intéresse.
      Bonne crise et en espérant ne jamais avoir à vous soigner.

  • Une des solutions serait en effet de renoncer au paiement à l’acte. Projet autrement ambitieux.

  • Bonsoir,

    Je crois que tu as mis le point sur une donnée fondamentale, l’emballement mimétique des médecins qui se comparent, les uns aux plombiers, les autres aux diplômés des études de commerce, et qui, bien qu’ils exercent un métier diablement plus intéressant (et plus divers) que celui de pondre un plan mix marketing pour vendre un produit sucré et salé à l’international ou de vidanger des toilettes bouchées, se focalisent sur des revenus qui, sur l’échelle de Richter de la satisfaction, sont valorisés sur un axe compris entre moins l’infini et zéro, alors que la satisfaction d’exercer un métier valorisant se mesure entre zéro et plus l’infini.

    Tu as également pointé le tiers payant généralisé comme le moyen infaillible de faire l’unanimité contre lui. Mais je propose une autre explication que la tienne : le TPG est magique parce qu’il représente la quintessence de la dégradation sociale pour le médecin, sauveur de l’univers : les soins gratuits pour tout le monde comme dans les dispensaires pour nécessiteux des siècles anciens, le coupent de la notabilité de la place du village où trônaient le notaire, l’apothicaire et le banquier, et le renvoient symboliquement à celui d’officier de santé qui, tel le mari d’Emma Bovary, finira dans l’opprobre et le déshonneur.

    Que le médecin généraliste comprenne, au lieu de faire une TELLE grève, que son rôle est fondamental pour ce qu’il ne fait pas et non pour ce qu’il fait. C’est lui qui contient les dépenses de santé dans la double acception du verbe : il les contient (au sens d’englober) car il génère des soins qui ont une valeur et il contient (au sens qu’elle fait barrage) les dépenses en ne prescrivant pas, en n’adressant pas, c’est à dire en gérant l’incertitude, en acceptant que les symptômes ne soient pas des maladies, en n’ignorant pas que les examens complémentaires créent souvent des faits incidents et erronés au lieu d’éclairer.

    Comme tu le soulignes cette grève fait perdre de l’argent aux médecins mais entraîne des dépenses inconsidérées, l’accès aux urgences provoquant une avalanche d’examens complémentaires, dépenses qui ne seront jamais comptabilisées.

    La grève du zèle eût été plus perverse. Mais ce sera sans doute pour une autre fois

    Merci pour ce billet.

  • Merci pour cet éclairage, il résume parfaitement mon malaise et pourquoi je ne fait pas grève...

  • Je veux juste préciser pourquoi je ne fais pas grève. Je suis bien sûr solidaire du ras-le-bol de mes confrères, même si je sais que quoi qu’il arrive, je ne ferai jamais de tiers payant pour tous, quitte à me déconventionner.

    Je trouve que la grève est un mode de revendication désuet, qui en plus dans le cas des médecins n’a aucun sens puisque les seuls à en pâtir sont les patients et les médecins eux-mêmes. J’aurais souhaité des modes d’action plus modernes, plus intelligents. Comme par exemple un déconventionnement de 48h avec des honoraires libres pour tous. Nous aurions pu par exemple facturer un consultation pour angine au prix (pour la collectivité) de son traitement aux urgences de l’hôpital : 200€... Cela permettrait aux citoyens de se rendre compte du risque à laisser leurs élus détruire le système conventionnel.

    Mais si cette grève aboutit au renoncement de la Ministre à son stupide TPG, je reconnaîtrai volontiers m’être trompé. La grève resterait alors le seul moyen de revendication efficace en France.

    • OK. Mais vous oubliez un détail. Facturer une consultation à 200 euros ne pénalise que les patients et peut vous conduire à des sanctions disciplinaires (absence de tact et de mesure) alors que la grève est un moyen de contestation reconnu par la loi et, me semble-t-il par la Constitution.
      Mon point de vue est un peu celui de Churchill sur la démocratie : la grève est le plus mauvais moyen de contestation, à l’exception de tous les autres.

    • Le but est de créer un choc psychologique : "voici ce que coûte une consultation urgente ailleurs". C’est plus valorisant que de faire grève et s’exposer à des critiques acerbes sur nos revenus et la date choisie. On verra bien l’impact final.

    • La date est certes mal choisie mais le mode d’action que vous préconisez, aussi.
      Ce n’est pas en facturant 200 euros une consultation de médecine générale que l’on obtiendra le retrait d’une loi.

    • J’avais donc raison. La grève n’a servi à rien, le TPG vient d’être voté.

  • Pour paraphraser Nougaro le boxeur : "DD c’est un grand et dieu sait que je l’aime".

    Mais ...quelle autre action , Dominique pour se faire entendre ( à défaut de se faire écouter) ?

    Réclamer 200 € pour une angine ?
    On n’exerce pas dans le meme coin...

    • Je n’ai pas dit que les gens allaient payer ! Cela revient au même qu’une grève, mais ça une valeur pédagogique et ça évite de faire comme les cheminots.

    • Donc le plan c’est de dire "bon , 23€ svp ,mais aux urgences ce serait 200" ?
      Ecoute, je doute fort de l’efficacité du truc.....
      J’attends toujours une idée (c’est quoi la "grève du zèle" ? par exemple) efficace et ne prenant pas "les patients en otage" .
      Je n’en ai pas non plus, note bien....

    • Il ne s’agit pas de faire payer 200€, mais de laisser entendre qu’on pourrait le faire. C’est pour le choc psychologique. Et pour éviter ça

  • Bonjour,
    Outre le fait que tes calculs sont faux (je les ai refait vite fait et il y a 52 semaines dans une année et 4,3 semaines par mois) il n’est pas nécessaire de spéculer de la sorte sur ce que pourraient gagner les médecins si… puisque nous avons des informations asses précises sur le sujet http://www.data.drees.sante.gouv.fr/ReportFolders/reportFolders.aspx . Un confrère plus honnête que la moyenne, rappelait, dans les commentaires ci-dessus qu’il y a d’autres rétributions qui viennent s’ajouter au C de base, sans compter que le C de base est majoré quand il s’agit de nourrissons ou d’enfants. Et la seule prime du ROSP représente un treizième mois pour les MG, 5800 euros en 2013 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/04/11/20002-20140411ARTFIG00252-les-medecins-generalistes-vont-toucher-une-prime-de-5800-euros.php .

    Si on suit ton raisonnement, au vu des chiffres de la DREES dont le lien est ci-dessus (cf comptes de la santé>puis, revenus des professionnels de santé libéraux pour accéder au tableau excel correspondant)>G1 pour voir les revenus par secteur d’activité et par décile) il en ressort que, comme 30% des MG et 20% des M spé secteur 1 et 2 ont un revenu net avant impôts inférieur ou égal à 4500 euros, si on suit ton raisonnement les 70 à 80% restants ne seraient pas consciencieux .

    Encore une fois, (j’avais déjà mis des commentaires chez docteurdu16), les 1% des salariés du privé les mieux rémunérés gagnent 100 000 euros nets soit 8200 euros par mois. Parmi les fonctionnaires 1 pour 2000 atteignent ou dépassent ce seuil. Et parmi les non salaires, à l’exclusion des agriculteurs 8% le dépassent dont 27% sont des médecins et ceux-ci représentent 43000 personnes, soit le tiers des 130 000 médecins libéraux http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1288.

    Il faut aussi arrêter de fantasmer sur le treizième mois parce qu’il n’y a pas de treizième mois, en tous cas dans ma fonction publique (territoriale). Et je ne touche pas de primes mais des tickets restos . Nous avons, en revanche, une indemnité fixe, négociée par les syndicats, de 500 euros environ, qui nous permet d’atteindre environ 3000 euros nets pour un temps plein en milieu de carrière, c’est-à-dire vers 45 à 50 ans, en ayant démarré autour de 1500 euros. Et je sais que, concernant les primes, en est de même pour le privé puisque les primes de fin d’année sont conditionnées à la santé des entreprises et celles-ci sont réduites par les temps qui courent voire purement et simplement annulées.

    Un rapport de Brigitte Dormont comparait les revenus des cadres supérieurs du secteur privé à ceux des médecins généralistes. Il concluait que les écarts n’ont cessé de se creuser en faveur des médecins au cours du temps. Un cadre sup n’est certes pas un libéral mais il a des contraintes telles que des déplacements fréquents et doit souvent travailler le week-end à la maison, c’est monnaie courante. Malgré les études plus longues des médecins (de 5 ans de plus) le rattrapage de la différence de revenu cumulé s’est fait de plus en plus tôt au cours du temps en raison de la progression plus rapide de la rémunération des médecins. Le rattrapage de la différence due au retard dans l’entrée dans la vie professionnelle, qui se faisait à 43 ans pour la cohorte de 1984, se faisait en moyenne à 39 ans pour la cohorte des médecins s’installant en 1986, puis à 37 pour ceux de 1988. Au-delà les revenus cumulés des MG étaient bien supérieurs à ceux des cadres sup. Et la différence est, bien sûr, bien plus importante pour les spés https://www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/13416/1/serieetud105.pdf .

    Je crois que les médecins libéraux, du moins ceux qui font grève, ont un problème identitaire. Ils se représentent eux-mêmes comme des « libéraux » et défendent des idées néolibérales tout en voulant jouir de toutes les libertés qu’ils supposent attachées à ce statut mais, pourtant, sans être des fonctionnaires (je ne tiendrai pas ce genre de propos vexatoires) ils sont tout de même rémunérés grâce à ce que toute leur idéologie réfute, à savoir la solidarité et la redistribution par l’Etat, qui joue bien, dans ce cas, son rôle de régulateur et contribue à niveler les inégalités d’accès aux soins.

    Le mouvement actuel est parti des cliniques privées. Les médecins des cliniques privées ont peur car, d’une part, les cliniques privées françaises sont en train de se faire phagocyter par des groupes étrangers et des banques, et, d’autre part, leur chiffre d’affaire stagne, en raison de la crise, probablement, et parce que de moins en moins de monde peut supporter financièrement les dépassements d’honoraires demandés par le privé. Alors ils tentent de compenser ce manque à gagner en obtenant des financements supplémentaires de l’Etat. De plus, l’instauration du TPG rendrait particulièrement visibles les dépassements d’honoraires et cela gène beaucoup tous les médecins secteur 2, particulièrement en clinique privée.

    Finalement, tu ne cites que des personnes qui ne font pas grève et tu ne fais toi-même pas grève.
    Il y a pourtant bien une raison de se rebiffer, que tu cites, et que tous les médecins qui ne font pas de l’idéologie populiste à la petite semaine citent également : le recouvrement de la part mutuelle du C. C’est une chose qui aurait pu se négocier de manière posée si cela n’avait pas été noyé dans tout un tas de déclamations aussi incohérentes que démagogiques. Il serait en effet logique (faisable, ça , je ne sais pas) que ce soit la sécurité sociale qui se charge de ce recouvrement pour éviter des abus de la part des mutuelles. La sécurité sociale a autrement plus de poids pour imposer un paiement en temps et heure aux mutuelles que des médecins isolés.

    • Bonjour CMT

      Tous ce que tu dis est vrai. Reste qu’il n’y a quasiment plus de médecins généralistes qui s’installent, et que les candidatures affluent pour le moindre poste dans la fonction publique.
      Il existe donc un vrai problème, et comme je le dis dans mon billet, l’argent n’est pas le noeud du problème, en tout cas pas pour tous les médecins.

    • Je ne sais pas où vont les médecins libéraux, mais, en tous cas, pas dans la fonction publique. Notre hiérarchie nous dit que nos salaires ne sont pas suffisamment attractifs. En tous les cas, dans les fonctions publiques où j’ai travaillé il y a eu une réduction drastique du nombre de médecins. La LOLF a fait son oeuvre et quand les gouvernements successifs disent qu’ils travaillent à la réduction des dépenses publiques ce n’est pas juste histoire de parler.

      Il y a des variations dans les taux d’une année sur l’autre, mais ce document IRDES http://www.irdes.fr/EspaceEnseignement/ChiffresGraphiques/Cadrage/DemographieProfSante/DemoProfSante.htm, montre que dans les années relativement récentes (jusqu’à 2010) les variations en pourcentage du nombre des médecins étaient faibles mais plutôt en faveur du libéral.

      L’inflation administrative et informatique a quelque chose à voir avec l’ évolution de notre société vers une forme de totalitarisme.

      Mais il y existe aussi une inadéquation entre les attentes des jeunes médecins, spécialsites en particulier, qui s’installent volontiers dans des secteurs urbains surdotés et, de préférence, en secteur 2, et les besoins de la population.
      La question est : est-ce que la société doit s’adapter aux attentes des médecins ou est-ce que il faut adapter la sélection, la formation et le recrutement des médecins aux besoins de la société ? Et celle-ci est une question fondamentale indépendante du sujet précédent.

    • Ta dernière question est très pertinente. Mais dans la mesure où le numerus clausus excessif des années 90 a rendu les médecins trop rares, il est difficile pour la société de faire pression sur eux. La solution serait bien sûr de fonctionnariser les médecins, comme les enseignants. Mais la note serait salée : fini les 60 heures hebdo, les interruptions de travail pour maladie ou grossesse non rémunérées, les formations le WE ou en soirée.

      Actuellement, le gouvernement rêve de conjuguer les contraintes liées à la fonction publique et le rapport productivité/coût des libéraux. C’est très difficile. Il faudrait pour cela que les médecins soient nombreux et en compétition, comme les pharmaciens. Et encore ! Les petites pharmacies ne vont pas bien financièrement. Toujours la difficulté d’avoir le beurre, l’argent du beurre et la crémière libérale !

    • Je te réponds que tu as une approche un peu simpliste des problématiques du système de santé et que tu es en train, non d’essayer de comprendre, mais de démontrer une théorie d’un point de vue corporatiste, celui de la médecine libérale.

      La santé n’est pas un bien de consommation courante et le problème ne peut pas être réduit à la notion de « productivité ». Pour un bien de consommation courante le succès d’un produit peut se ramener à des notions uniquement quantitatives totalement résumées dans la comptabilité d’une société : ce qui mesure la viabilité économique d’un produit c’est son succès commercial c’est-à-dire arriver à vendre le plus d’unités possible le plus cher possible par rapport au coût de production pour dégager la plus grande marge possible. L’enjeu c’est donc de stimuler et de rencontrer les désirs du consommateur car le produit sera valorisé à hauteur de sa demande et de sa satisfaction.

      Aucune de ces notions n’est pertinente dans la relation de soins qui ne peut pas se réduire à la « productivité » du médecin, ni à la satisfaction du patient. La santé est un droit, elle fait partie des droits de l’homme et elle peut faire l’objet de mesures objectives qui ne correspondent pas forcément, pas souvent, au degré de satisfaction du consommateur.

      « Soigner » un patient nécessite toute la complexité d’une relation subjective établie sur des bases saines et toute la rigueur de l’EBM.

      En France, le secteur libéral a d’abord été conçu pour démocratiser l’accès aux soins parce qu’on a envisagé les soins comme un équivalent de richesse financière à redistribuer.
      Le problème c’est que la flèche a depuis longtemps dépassé la cible et qu’elle a abouti a une surconsommation de soins, la France se plaçant en deuxième position après les Etats Unis en 2013 pour le rapport dépenses de santé /PIB (17,7 et 11,9). Le problème c’est qu’il y a un tiers des actes qui sont considérés comme inutiles (même si il faudrait définir exactement ce qu’inutile veut dire) et que les français consultent plus que les pays voisins, que les consultations se terminent plus souvent par des prescriptions que dans ces pays et qu’elles comportent aussi plus de lignes et des médicaments plus chers. Et qui dit prescription inutiles dit aussi iatrogénie évitable et inutile.

      On peut penser que c’est dû, en partie au moins, à la double casquette du médecin libéral : à la fois commerçant cherchant à optimiser ses revenus par son activité et soignant. Cela favorise le clientélisme et je crois que personne ne peut le nier. Donc les critères quantitatifs de productivité ne sont pas suffisants pour évaluer l’activité de soins et l’amélioration de la santé qu’elle procure à une population. Si on y regarde de plus près on se rendra compte que l’introduction d’un facteur marchand, dans les échanges, est toujours inflationniste.
      En France, près de 90% de l’activité des cliniques privées est financée par la sécurité sociale et environ les 2/3 (13,7 /20,5 Mds) des honoraires des médecins libéraux dont 2,7 mds correspondent à des dépassements d’honoraires.

      Pour être juste et réaliste il faut aussi tenir compte de l’ambivalence, très grande, de l’Etat, qui n’arrive pas à décider, sous la pression de divers lobbies, si la santé est un droit à préserver ou si le système de santé doit d’abord servir à booster l’économie et rétribuer certains acteurs, assurances et industriels, du secteur. L’Etat joue le premier rôle dans l’évolution du système de santé.

      Du côté de l’exercice de la médecine tandis que la médecine libérale peut inciter à voir le patient comme un filon à exploiter plutôt que comme une personne à soigner, le salariat n’est pas parfait, parce que il peut y avoir un défaut d’incitation. Dans les deux cas les choses se décident dans l’intimité de la subjectivité du médecin et de son état d’esprit général. Mais le mode de rémunération est un facteur qui peut faire basculer les choses dans un sens ou dans l’autre. Le salarié, en tous cas, n’est pas placé d’emblée dans une situation d’ambivalence. Et s’il est bien formé et qu’il a choisi ce métier par intérêt pour son travail et esprit de service le salariat lui donne le loisir de ne se préoccuper que du patient. Je renvoie vers mes classiques : the cost conundrum http://www.newyorker.com/magazine/2009/06/01/the-cost-conundrum l’enquête d’un médecin américain qui cherche à comprendre l’explosion des coûts de la santé aux Etats Unis. Il y explique à quel point l’obsession des gains peut être un facteur d’explosion des coûts avec des effets délétères de iatrogénie et de soins inappropriés pour le patient. En revanche, à la Mayo Clinic à Rochester, considérée comme l’une des meilleures cliniques des Etats Unis, les médecins sont salariés, les coûts sont contrôlés, la iatrogénie est minimisée.
      Je termine sur la citation de cet article qui explique bien ce qu’il veut dire même si c’est un cas particulier, : « I talked to Denis Cortese, the C.E.O. of the Mayo Clinic, which is among the highest-quality, lowest-cost health-care systems in the country. A couple of years ago, I spent several days there as a visiting surgeon. Among the things that stand out from that visit was how much time the doctors spent with patients. There was no churn—no shuttling patients in and out of rooms while the doctor bounces from one to the other. I accompanied a colleague while he saw patients. Most of the patients, like those in my clinic, required about twenty minutes. But one patient had colon cancer and a number of other complex issues, including heart disease. The physician spent an hour with her, sorting things out. He phoned a cardiologist with a question.
      “I’ll be there,” the cardiologist said.
      Fifteen minutes later, he was. They mulled over everything together. The cardiologist adjusted a medication, and said that no further testing was needed. He cleared the patient for surgery, and the operating room gave her a slot the next day.
      The whole interaction was astonishing to me. Just having the cardiologist pop down to see the patient with the surgeon would be unimaginable at my hospital. The time required wouldn’t pay. The time required just to organize the system wouldn’t pay.
      The core tenet of the Mayo Clinic is “The needs of the patient come first”—not the convenience of the doctors, not their revenues. The doctors and nurses, and even the janitors, sat in meetings almost weekly, working on ideas to make the service and the care better, not to get more money out of patients. I asked Cortese how the Mayo Clinic made this possible.
      “It’s not easy,” he said. But decades ago Mayo recognized that the first thing it needed to do was eliminate the financial barriers. It pooled all the money the doctors and the hospital system received and began paying everyone a salary, so that the doctors’ goal in patient care couldn’t be increasing their income. Mayo promoted leaders who focussed first on what was best for patients, and then on how to make this financially possible.
      No one there actually intends to do fewer expensive scans and procedures than is done elsewhere in the country. The aim is to raise quality and to help doctors and other staff members work as a team. But, almost by happenstance, the result has been lower costs.
      “When doctors put their heads together in a room, when they share expertise, you get more thinking and less testing,” Cortese told me.”

    • Pour répondre à un autre fantasme, c’est un détail mais j’y tiens, oui les médecins de la fonction publique font des formations. Et aussi les week-ends. Les formations en interne sur le temps de travail sont souvent intéressantes et sur des sujets qui peuvent tout à fait être intégrés dans la pratique de la médecine générale, même si la plupart des médecins généralistes libéraux n’y verraient aucun intérêt, car ils ont une formation essenteillement technique et organiciste, autant que biaisée par Big Pharma. Ce peut être le soutien à la parentalité, ou la compréhension de l’influence de la culture sur les comportements vis à vis de la santé. Mais cela peut être aussi : le traumatistme crânien infligé, comment le suspecter devant un TC du nourrisson.
      Mais les budgets de formation sont réduits, comme le reste, et lorsqu’une formation se fait en externe et nécessite un financement au delà de quelques dizaines d’euros elle est souvent refusée.

      C’est pourquoi, moi comme mes collègues, nous avons souvent (cela dépend des administrations) à financer nos formations extérieures comme les DU. Et ce sont des formations qui ont souvent lieu le week-end, comme tu le sais. Dans ce cas nous n’avons ni le financement, ni la prise en considération du temps de travail.

    • Bonjour CMT
      Je suis d’accord pour dire que les médecins salariés de la Mayo Clinic constituent l’idéal en matière de qualité des soins (et sans doute de coût global) et d’offre de soins. J’ai pas mal étudié son fonctionnement. En fait, c’est un hôpital magnétique, sans doute le plus emblématique. J’en reparle dans mon prochain livre.

      Malheureusement, il y a un problème : cet hôpital ne peut travailler qu’avec des employés triés sur le volet. Le processus de recrutement peut prendre un an ! Du fait de son attractivité, ce groupe hospitalier d’élite peut se permettre de choisir soigneusement des individus coopératifs, sans instinct dominant ni prédateur. Il y a donc une sorte de biais de recrutement du personnel. Par ailleurs, certains ont tenté de créer des hôpitaux magnétiques de novo, mais sans succès

      Le problème majeur, quel que soit le système, c’est d’arriver à évaluer la qualité du travail fourni. Si on y parvient, il suffit de valoriser (pas obligatoirement financièrement) ceux qui travaillent bien pour tendre vers un système vertueux. Actuellement, nous en sommes très loin. Pour les libéraux, le ROSP est grotesque, et le mauvais travail libéral est mieux valorisé au moins financièrement que le bon, ce qui signe en effet l’inefficience structurelle de la médecine libérale, malgré sa forte productivité : une grande partie de ce qui est produit ne sert à rien, voire est délétère.

      Chez les salariés, faute également d’une évaluation correcte, on en est réduit à compter sur la conscience professionnelle les médecins (qui est loin d’être négligeable). Mais le fonctionnariat comporte ses propres nuisances, notamment en terme de productivité. Ceux qui ont l’expérience des GP anglais peuvent en témoigner.

      Je persiste à penser que le noeud du problème est l’évaluation, en médecine comme dans d’autres services. Tant que l’on ne saura pas identifier de façon fiable les gens qui travaillent bien, il n’y a pas de qualité possible ;

    • Si tu me sors les médecins de la fonction publique qui font des DU à leurs frais le WE, je vais te sortir l’élite de la médecine libérale qui fait de même et suit des formations du même type que celles que tu cites. N’opposons pas ces deux médecines, cela n’a pas d’intérêt. Si un outil d’évaluation correct existait, le problème public/libéral ne se poserait pas. J’ai d’ailleurs pris soin de ne pas être manichéen dans mon article sur la crémière libérale.

    • Je ne pense pas être une exception par le fait de faire des DU. Mes collègues autour de moi en ont toutes fait, sur différentes sujets en rapport avec notre travail (obésité, périnatalité, santé publique and so on). Ma différence, peut-être, c’est que j’en ai fait plusieurs. Aussi bien j’ai beaucoup de collègues qui consultent leurs mails pro pendant les vacances et qui travaillent sur des sujets qui les intéressent (cela peut être l’organisation d’actions de prévention collective ou la lecture de revues médicales) pendant leur temps libre à domicile.
      Nous sommes condamnés, en quelque sorte, à trouver notre source de motivation dans le travail lui-même, parce que nous n’avons aucune chance de la trouver dans la rémunération ou dans la reconnaissance des pouvoirs publics.

    • Je ne m’étends pas sur le sujet parce que j’espère avoir l’occasion d’en reparler mais il y a des retombées vertueuses de la coexistence d’un secteur public et privé et du financement du privé par la redistribution c à d en l’occurrence par la sécurité sociale. Le financement public ouvre l’accès du privé à une frange plus large de la population et contient l’inflation des coûts (pour le patient et l’assureur) qui est le propre du secteur marchand. La concurrence du privé est un facteur stimulant pour le public.
      D’autre part, le financement par les assurances privées est à la fois fortement inflationniste sur les coûts de la santé et très contraignant pour le financé. Les Pays Bas ont vu la part du PIB consacrée à la santé augmenter de 3 poins depuis l’ouverture aux assurances privées.Tout le monde est d’accord, de Patrick Errard le président du LEEM, à la FHP et aux plus extrémistes des UFML pour revendiquer un financement public.
      La question de la qualité est un des noeuds du problème mais il y a, très visiblement, un contexte politico économique qui influence fortement l’efficience d’un système de santé.

    • la principale raison est que nous voyons cela comme un faux nez de l’etat pour aboutir a une privatisation de l’assurance maladie dans la droite ligne du protocole de Doha (OMC dont Pascal Lamy, membre du P.S. et ami de Hollande etait le directeur)

      mouvement 1 limitation des complements d’honoraires
      mouvement 2 obligation universelle d’avoir une assurance complementaire
      mouvement 3 modification progressive du ratio securité sociale/complémentaire et majoration progressive du cout de la complémentaire

      au final en quelques années un systeme a l’américaine

    • pour ce qui est des revenus des médecins ils sont chaque année sur le site de la carmf à qui nous envoyons chaque année la photocopie de notre avis d’imposition. c’est le seul chiffrage valable.

    • Comme vous le voyez le corps médical n’est pas homogène . La très très grande majorité des médecins qui sont en colère ne réclament pas d’augmentation de leurs revenus....vous aurez de la difficulté à l’admettre mais c’est la vérité . Vous trouvez qu’ils sont bien payés , malgrès le fait que ce soit parmi les plus faibles d’Europe , c’est votre droit. Le débat n’est vraiment pas là.

      La disparition du paiement à l’acte , et la mise sous tutelle de tous ces horribles médecins ( néolibéraux ,comme vous dites), va conduire tous les patients dans un système de santé qu’ils sont loin d’imaginer. ce système qui commence à être mis en place existe deja dans de nombreux pays, le premier perdant dans ce cas c’est le patient . cf système Canadien qui semble être l’idéal pour nos têtes ministérielles.

  • Merci pour cette explication d’un grève désordonnée, difficilement compréhensible pour nos patients.

  • En tant que médecin généraliste... je me dis vivement la fin de la sécu ! Moins de paprasserie, plus de convention et donc liberté des tarifs, fin du flicage. On pourra enfin bien faire notre travail... faites comme 5% des médecins, sortez de la sécu. Les rats quittent le navire. Vous serez mieux remboursé et vous rendrez service au pays.

    • Bonjour,
      Je suis sortis de la secu.
      Je suis meme sortis du pays, puisque c’est a 10 000 km de la France que j’ecris ce commentaire.
      Je suis mieux considere et respecte. Et accessoirement mieux paye.
      Mais je ne suis pas sur d’avoir rendu service a mon village. La bas, c’est un peu la debandade...

    • grève désordonnée = pas besoin de se dire en plus que de réchauffer la marmite, ça empêche les gelures.

      CG : beaucoup en rêvent toutes classes confondues (mais le voeux réalisé, c’est la nuit en phase paradoxale ou onirique)... ce soir on est combatif dès les infos (avec du Ruby Rhod en boucle) et tout ira bien dans trois ans et dans 3 ans, et dans 3 ans,.. et dans 3 ans (et le père de son père, et le père de son père.. qu’est-ce qu’on peut vivre en transluminal -le tunnel au sentier lumineux il existe depuis 1976 avec RB- ; j’ai toujours benoîtement cru qu’une crise s’était passager, par définition puisk’c1criz-, et depuis le temps, le tunnel avec la petite lampe il a franchi l’orbite lunaire).

      La fête au village, rassure toi, on l’a aussi qq fois sur 3x3mètres (avec MP symbolique sur le bras, les filles z’aiment pas à prévoir ce rôle). J’espère que tu es heureux CG car seuls les chats ont 7 vies, si ta destinée est comme P-É V ou JB, c’est bon pour le moral du matin.

    • et une petite dernière pour la route, après je m’en vais
      221214
      "Nous avons le plaisir de vous informer qu’à partir du 01 01 2015 le tiers payant pour l’ensemble de nos adhérent sera géré par l’opérateur ... (0 8...) ... en cas d’éventuelles difficultés avec ... vous pourrez contacter à la mutuelle ... au 08 (# bien sur, et musique -classique mais un peu forte- #) "nos collaborateurs chargés du contrôle des prestations et des relations avec cet opérateur" - daté du 22 12 2014 = merci merci beaucoup pour l’année 2015 et les suivantes à l’avenue Duquesne = MG seul en cabinet, qui n’a rien demandé à personne il y a 25 ans (34 avec les études). Tout a été très bien planifié comme sur du papier musique, bien à l’avance.

  • A la lecture de vos diverses interventions il semble que le projet du gouvernement ne répondra pas aux difficultés ressenties par une part notable du corps professionnel comme aux besoins de maîtrise des dépenses de santé. Bien qu’il soit difficile de comprendre que le
    tpg soit plus difficilement applicable pour les medecins que pour mes autres professions de santé libérales qui le pratiquent sans problème .???
    Alors pourquoi ne pas "sauter le pas" et vraiment satisfaire d’un côté celles et ceux qui souhaitent exercer une médecine de ville avec des conditions de travail correctes et pouvant laisser du temps a la prévention , l’éducation therapeutique ...en créant un service public de medecine de ville ( ce qui permettrait de réduire la question de l’installation) et par ailleurs pour ceux qui le souhaitent un exercice réellement liberal sans conventionnement suivant les principes de 1927 .gerant ainsi leurs cabinets comme le font les autres professions libérales : notaires, avocats, architectes...

    car au final le problème provient de la contradiction : libéralisme de l’exercice professionnel ( privatisation des gains) avec une socialisation des dépenses . Toute dépense publique doit être contrôlable . Enfin la grève de la carte vitale pénalisera les patients ...est ce une bonne idée ? Bonne année

    • Bonsoir
      Le problème, c’est que ce service public de médecine de ville doublerait le coût de la médecine de ville, au moins dans un premier temps, car il est illégal de faire subir à des salariés ce que l’on impose aux médecins libéraux.
      Et il faut du temps (des années) pour une rééquilibration avec moins d’actes inutiles et moins de mercantilisme lié au paiement à l’acte.

      C’est le système anglais. Si vous connaissez un britannique, demandez-lui ce qu’il pense de son GP.

    • Les petits vieux = fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_esp%C3%A9rance_de_vie
      * Suisse :
      82.8 ans au global :
      "Généralement, les horaires d’ouverture des médecins sont :
      Du lundi au vendredi, de 8h à 12h et de 14h à 18h
      Le jeudi et samedi : ouverture seulement le matin.
      Quels sont les tarifs pratiqués ?
      Consultation de médecin généraliste : environ 110 Francs suisse, soit environ 74 €
      La consultation possède un tarif de base. Elle et est ensuite facturée par tranches de 5 minutes" (j’invente rien, internet l’a écrit en copier-coller ; dans la vie faut S’organiser au coucou).
      * ...et en GB (on vit quand même bien vieux pour un tel pays !!!!!, châpeau le CSC !!!!!) :
      81ans, comme en Belgique à 24.5 euros la consultation.

      Les chiffres c’est le crack des politiques.

      personne ne vous écoute... mais tout le monde vous lit, avec ou sans précommande.

  • Réponse à l’interview de Christian Saout dans le Nouvel Obs
    http://tempsreel.nouvelobs.com/social/20141230.OBS9029/greve-des-medecins-un-fosse-se-creuse-avec-les-patients.html

    Quand il existe tant d’obstacles financiers à l’accès aux soins, le tiers payant généralisé est une très bonne idée", estime Christian Saout, secrétaire général délégué du Ciss.

    Les obstacles financiers à l’accès aux soins qui sont documentés par des études concernent l’optique et les prothèses dentaires, pas l’accès aux consultations des généralistes.

    Le tiers payant évite en effet aux malades les plus modestes d’avoir à avancer le prix de la consultation.

    Non, les malades les plus modestes sont déjà bénéficiaires de la CMU-C et donc tu tiers payant complet. Cela représente 5 millions de personnes. Et pour les patients aux revenus modestes qui ne bénéficient pas de la CMU, l’immense majorité des médecins acceptent de différer l’encaissement d’un chèque. Il reste donc comme patients en difficulté ceux qui ne bénéficient pas de la CMU ni d’un chéquier. Une solution spécifique pour cette population aurait largement suffi.

    Dans 25 pays d’Europe, le patient ne paie déjà plus le généraliste.

    Christian Saout oublie de préciser que cette gratuité ne concerne généralement que de la médecine publique. En effet, dans de nombreux pays, il existe une médecine publique gratuite, utilisée par les patients aux revenus modestes, et une médecine privée, chère, destinée aux autres patients. Nous avons évité en France pour l’instant cette médecine à deux vitesses, car il existe une offre de qualité en secteur 1 à côté de la médecine en secteur 2 aux honoraires plus élevés. L’imposition autoritaire d’un tiers payant généralisé en France pourrait conduire à une explosion de la convention et à une médecine d’État gratuite pour les pauvres coexistant avec une médecine très chère et hors convention pour les riches, comme c’est le cas en Angleterre par exemple.

    "Et on ne paie plus dans les 23.000 pharmacies de France, on ne paie plus dans de nombreux laboratoires d’analyses ainsi que dans de nombreux centres de radiologie", insiste Christian Saout.

    Première affirmation exacte, mais qui omet de préciser qu’il s’agit là d’entreprises gérant du personnel et souvent du secrétariat, dont le chiffre d’affaire n’a rien à voir avec celui d’un généraliste. Ces structures peuvent absorber la charge de travail et le coût administratif de la relance des organismes mauvais payeurs. D’ailleurs, les petites pharmacies avec un titulaire et deux employés ont de gros problèmes de trésorerie à cause du tiers payant et beaucoup n’y survivront pas.

    Selon lui, le blocage des médecins à ce sujet est "purement idéologique", relevant plus du symbole que d’une réelle difficulté. Il rappelle qu’à l’époque du médecin référent (avant la mise en place du médecin traitant), les patients ne payaient pas et qu’au moins 11.000 généralistes l’avaient accepté.

    Si le blocage est en effet idéologique pour certains médecins viscéralement attachés au paiement à l’acte et par le patient, c’est l’élément pratique qui a provoqué la levée de bouclier généralisée. Si l’Assurance maladie s’était proposée comme guichet unique pour les tiers payant, la mesure serait passée sans problème car a terme, elle augmentera le chiffre d’affaire des médecins. Et justement, c’était le cas pour le médecin référent. Christian Saout fait semblant de ne pas comprendre cette réalité car il est trop fin connaisseur du sujet pour ignorer cette réalité.

    Chez nos voisins, une meilleure rémunération a accompagné une réorganisation de la médecine de ville, donc de nouvelles contraintes que les médecins français refusent comme l’évaluation et, surtout, l’obligation d’installation pour lutter contre les déserts médicaux. De gauche comme de droite, les gouvernements en ont assez d’ajouter deux euros sans obtenir de changement."

    En effet, dans de nombreux pays d’Europe, la rémunération des médecins est très supérieure à celle des médecins français. Cette rémunération importante qui permet de salarier du personnel a permis une meilleure adaptation aux besoins de la population. Mais les contraintes imposées aux médecins dans ces pays se sont accompagnées du respect des règles élémentaires du droit du travail : durée hebdomadaire du travail limitée et indemnisation en cas de maladie ou de maternité. Quant à l’évaluation, elle a déjà été mise en oeuvre, mais évaluer le travail dans le domaine des services est très complexe. Christian Saout est magistrat et il sait que l’évaluation de sa profession est embryonnaire car difficile.

    On l’aura compris, à l’inverse des syndicats de médecins, le Ciss voit des "mesures très positives" dans le projet de loi santé porté par Marisol Touraine. Le collectif y voit un début de réponse à ses attentes d’une approche globale "centrée sur les patients et pas sur l’organisation ou les métiers. Nous défendons l’idée que c’est le patient qui prime."

    Celui qui prime est celui qui paye. Dans le système actuel, le médecin fait beaucoup pour satisfaire son patient, et parfois trop, d’où les dérapages du paiement à l’acte. Avec le tiers payant généralisé, c’est le payeur qui prime, à savoir l’Assurance maladie. Quand je vais dans une administration, j’ai rarement l’impression d’être "celui qui prime".

    Les associations de patients pointent certaines contradictions dans le discours des médecins, notamment au sujet des vaccins : les généralistes refusent que les infirmières ou les pharmaciens puissent pratiquer cet acte, comme le prévoit le projet de loi. Christian Saout s’étonne : "Les médecins ne veulent pas partager les tâches alors qu’ils se disent débordés !"

    Les médecins ne demandent qu’à pouvoir employer des paramédicaux pour réaliser des actes simples. Ils ont besoin des actes courts (et donc rentables) pour pouvoir consacrer du temps aux actes longs. Une visite de contrôle avec une vaccination qui dure 5 mn permet de compenser le manque à gagner de l’entretien avec un patient dépressif ou en détresse sociale qui prend 40 minutes. Les médecins seraient tout-à-fait d’accord pour déléguer les actes simples et brefs aux paramédicaux, si la consultation médicale passait de 23 à 40€ (tarif moyen en Europe)

    Avec l’allongement de la durée de la vie et le développement des maladies chroniques, de nombreux pays ont réorganisé l’offre de soins en centrant la prise en charge sur la médecine de ville.

    C’est fait en Espagne, en France toujours pas", pointe le Ciss, "mais il faut des financements pour ça. Maintenant, il faudrait le faire à un moment où il n’y a plus un sou en caisse. Comment apporter à la ville sans clochardiser l’hôpital ?"

    La France est un des pays où la médecine de ville assure le plus de soins pour une part des dépenses de santé parmi les plus basses. L’hôpital, qui a "bénéficié" des réorganisations aussi "visionnaires" que celles du TPG, a vu ses coût s’envoler pour une qualité des soins qui stagne et parfois se dégrade. La question est donc de savoir s’il faut contaminer la totalité du système avec des réformes stupides. Einstein conseillait de ne pas confier la résolution des problèmes à ceux qui les avaient créés.

    La crispation des syndicats contre le projet de loi relève aussi de la démonstration de force alors que les élections professionnelles doivent avoir lieu en 2015, au moment au Marisol Touraine devra défendre sa réforme. Alors chacun tente de crier le plus fort pour dénoncer un texte qui, selon eux, renforce la mainmise de l’Etat sur la santé.

    Enfin quelque chose de totalement exact ;-) !
    Si ce n’est que le SMG, syndicat médical de gauche (mais non représentatif chez les libéraux), n’appelle pas à la grève et soutient le TPG.

    • Les difficultés d’accès aux soins ne concernent pas que l’optique et les soins dentaires. Ils sont variables selon les patientèles, bien sur. Dans ma pratique, ils concernent des patients retriatés, au dessus des seuils d’attribution CMU et CMU-C.

      Il n’ y a pas en Europe une majorité de pays avec une médecine publique et une médecine privée pour les plus riches. Cette situation est certes celles du Royaume Uni, mais pas celle de l’Allemagne, du Danemark, ou des Pays Bas. Le paiement de l’acte y est assuré par les organismes ( équivalent Sécurité Sociale et/ou mutuelles) ://www.eurocompar.eu/sante.5.datas.htm

      Les réels problèmes des petites officines ne sont pas uniquement liés aux pertes en rapport avec les impayés, ils sont surtout liés aux coûts de revente des pharmacies. Dans mon secteur il y a 4 pharmacies, avec il y a 10 ans 4 pharmaciens. Aujourd’hui il y a toujours 4 Pharmacies mais 8 pharmaciens, un jeune pharmacien seul ne pouvant s’endetter dans le rachat d’une pharmacie.

      Il n’ y a aucune évaluation sérieuse des médecins en exercice, et ce n’est pas le DPC massacré par une gestion calamiteuse et un manque dramatique de prévision qui arrange la situation. Ce point est d’ailleurs un vrai problème à mettre en avant dans un mouvement de protestation.
      Le payeur prime, en effet, mais le payeur de la part AMO est la collectivité

    • Remarque sur "l’engorgement par les FSP" : trois fois par mois j’apporte le gros paquet d’AME à la caisse (chez moi les CMU c’est presque "as been", faut être "up to date" les gars !) qui l’a toujours avalé sans aucun coup férir (ils ont des lecteurs optiques capables de lire toute les version 3110 de a à j, et pas des vieilles filles avec des grosses lunettes, faut se mettre un peu au courant). Une petite FSP de par ci , et une autre petite FSP de par là ? C’est quoi ces propositions de pacotille ? ...vous croyez que si vous commandez des kilos de CERFA à la caisse ils vont s’empresser de vous les livrer en quelques jours ? vous voulez essayer de garder du sucre comme pendant la guerre ? Vraie candeur ?.. et vous allez vous faire vous même en attendant vos propres photocopie de cerfa (couleur ou N&B ?) de fds, dans une folle attente fiévreuse du coli postal préidentifié qui n’arrive pas si vous n’avez pas déjà quelques provisions ? (ruez-vous sur leur entrepot le plus proche, et demandez les yeux dans les yeux des fds non pré-identifiées au préposé car vous en manquez :-))). Aux caisses ils attendent que çà, car le coup "d’admettre un engorgement" c’est de l’intox ; ils ont du rigoler en pondant ce pseudo aveux.

    • Pour les causes du renoncement, une étude fiable ici http://www.irdes.fr/EspaceRecherche/DocumentsDeTravail/DT47EtudeImpactRenoncementFinancierSoinsEtatSante.pdf

      Malheureusement, le renoncement aux consultations chez le généraliste sont couplées avec celles chez le spécialiste. Il me semble que c’est surtout chez le spécialiste que l’argument financier est bloquant.

      Pour le public/privé en Europe, je vais creuser.

    • Un bon résumé qui montre que le tiers-payant en Europe présente un profil très variable (après tout, on a aussi le tiers-payant à l’hôpital et pour la CMU) et n’est pas si généralisé que cela http://fr.myeurop.info/2015/01/06/tiers-payant-pour-les-medecins-idee-venue-d%27Europe-14281

      ou encore le rapport de l’IGAS page 20 et suivantes http://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/RM2013-143P_Tiers_payant_DEF.pdf

      Et il existe un service public et un privé dans de nombreux pays.

      Merci à Jean-Philippe mon sourceur.

  • Finalement, n’est-il pas difficile de parler d’un sujet uniquement en tournant autour ?
    Notre système ne fonctionne plus correctement. Il doit changer en profondeur. Tout le monde le sait et personne ne le dit. Peut-être la dynamique du changement est-elle trop difficile à vivre ?
    Et puis, qui parmi la profession aurait réellement envie de tout changer ? Prendre le risque de perdre une situation relativement confortable bien que très variable pour l’inconnu ?

    Les médecins ne sont-ils pas tombés de leur pied d’estale la première fois qu’ils sont descendus dans la rue pour demander des sous ? C’était il y a bien longtemps déjà. Ne sont-ils pas devenus ce jour là des citoyens normaux, aux yeux de la population et surtout des tutelles ?

    Pourquoi cette incapacité à imaginer un système sans paiement à l’acte ? Mais, l’ensemble des subtilités actuelles des tarifs praticables ne ressemble-t-il pas à s’y méprendre aux différents systèmes de primes agricoles qui permettent aux agriculteurs de survivre ? Initialement le C avait un sens. Aujourd’hui qui pourrait l’expliquer ? Ce système n’est-il pas archaïque ?

    Pourquoi toujours associer médiocrité et système à l’anglaise ? Est-ce si évident ? Par ailleurs, ce système est démocratique dans la mesure où le choix de mettre peu de moyens financiers est décidé par les députés, représentants du peuple. C’est un choix national. Avec ses atouts et ses défauts. Notre système est-il davantage démocratique ? ou tout simplement démocratique ?

    Il peut sembler évident pour le ministère qu’un système de type vraiment libéral (tye USA) permettrait de régler définitivement le déficit chronique. L’assurance privée pour tout le monde sauf la partie des indigents qui bénéficirait d’une CMU plafonnée (donc prévisible budgétairement) avec des soins dans des dispensaires ou des hôpitaux. Et vogue la galère. Plusieurs mérites à cela. Tout d’abord, être en harmonie avec la doxa libérale européenne. Ensuite, en finir un bonne fois avec les l’hydre de la sécu. Enfin, renvoyer les médecins à leurs responsabilités. Et là, pas certain qu’ils soient gagnants. Car le système vraiment libéral est avant tout économique. Tout dépend des priorités des financeurs privés. Et la mauvaise qualité se paie cash.

    Alors, l’aube de la nouvelle année n’est-elle pas propice aux voeux ? Pourquoi ne pas entamer une vraie réflexion sur l’évolution nécessaire de notre système ? Avec tous les acteurs, sans exception. Sans tabous ni dogmes. L’Etat uniquement en tant que modérateur de la réflexion. De vraies questions : qui veut quoi ? Quels moyens est-on disposé à mettre ? Quel type de système : libéral - mais vraiment libéral , solidaire - mais vraiement solidaire ? Du temps pour la réflexion. Avec un moratoire le permettant. Un maximum de rencontres et de débats éclairés à tous les niveaux (et pas seulement au niveau syndical ou ordinal, qui n’est ni représentatif, ni démocratique)... Bref ! l’idéal quoi ?
    Et pourquoi pas en réaffirmant un principe pour les médecins : revenir aux fondamentaux. Le rôle du médecin n’est-il pas le diagnostic médical ? Un temps intellectuel majeur qui demande des compétences à mettre à jour en permanence. Tout le reste peut être délégué, encadré, supervisé, partagé. Et en particulier, tout ce qui relève du fonctionnement et de la logistique. Mais le temps médecin est irremplaçable.

    Notre culture du conflit et de l’affrontement ne risque-t-elle pas à nouveau de briser dans l’oeuf cette possibilité de responsabilité et de démocratie ?

    • Bonjour,

      Vous affirmez en préambule "Notre système ne fonctionne plus correctement. Il doit changer en profondeur. "

      Pouvez-vous étayer cette affirmation, qui précède généralement la destruction/désorganisation de systèmes parfaitement fonctionnels ?

      Sur le graphique joint, vous pourrez constater que la coût de la santé par habitant (en équivalents dollars), est moyen en France, et inférieur à celui de pays nordiques présentés comme des modèles de gestion.

      Par ailleurs, nous avons un système de santé parmi les meilleurs et les plus accessibles, et une espérance de vie parmi les plus élevées.

      Si nous ne vivions pas une crise économique majeure qui prive l’Assurance maladie de recettes, il n’y aurait pas de déficit de l’assurance-maladie.

      Je ne dis pas que tout est parfait, ni même qu’il faut préserver le paiement à l’acte. Simplement, je constate que les réformes successives de gauche comme de droite, altèrent la qualité des soins, désespèrent les soignants et provoquent une inflation des coûts qu’elles prétendent diminuer.

      En médecine, nous apprenons que face à toute situation, l’option consistant à ne rien faire doit toujours être envisagée.

      Et si on veut réformer le financement, que l’on commence par ne pas empiler les mesures antinomiques :
      - Ticket modérateur pour modérer la consommation de soins
      - Mutuelle pour tous les salariés pour faciliter la consommation de soins.
      - Franchises pour limiter la consommation de soins
      - Tiers payant pour faciliter la consommation de soins.

      Quelle va être la prochaine étape ? Un limitateur automatique pour priver de tiers payant ceux qui consomment trop ?

      N’est-il pas temps de mettre à plat cette usine à gaz très spécifique du génie admiistratif français ?

    • Enfin une remarque judicieuse , le système de Santé Français marche t il mal ?

      la mortalité évitable par le système de soins
      I) sans les cardiopathies ischémiques (Chiffre taux de mortalité standardisés)
      classement 1) Suède 50,6, 2) Norvège 56,9 3) France 62,7
      Pour info avant dernier Royaume-Uni avec 91,1

      la mortalité évitable par le système de soins
      II )avec 50% des cardiopathies ischémiques, (Chiffre taux de mortalité standardisés)
      classement 1) France 75,1 2) Suède 79,6 3) Espagne 84,1 4)Norvège 87,5

      L’interprétation des indicateurs de mortalité "évitable" doit rester prudente et tenir compte d’un certain nombre de limitations.

      Le fait de souligner que per capital la france n’est pas un des pays plus dépensier, le % du Pib est le reflet partiel de cette dépense car certes, il y a des différences dans les salaires , mais le coût d’un IRM ou de traitement innovant sont peu impacté par le PIB ( un IRM coûte presque aussi cher pour la suisse que pour le cap vert)

      notons également que le déficit prévisionnel de la SECU 11,7 Md€ celui de la branche maladie atteint 7,3 milliards en 2014 Mais que le budget fonctionnement des ARS en 2011 s’élève à 1,1 Md€ en 2011, plus de 10% du déficit de l’assurance maladie...
      Dépense de gestion de l’assurance maladie 4,1 Md€ , dépense de gestion des mutuelles 3,5 Md€

      En cumulé, nous sommes au delà du déficit de l’assurance maladie . Par contre aucune étude n’a démontré que les réformes structurelles ont fait des économies , obligation de preuve n’est valable que pour la médecine pas pour sa gestion ...

      Dans notre pays il y a beaucoup de démagogie

    • Pourquoi , je suis contre le TPG ou la Capitation dans notre pays

      Je suis légaliste, je pense comme Montesqieux toute personne détentrice d’un pouvoir à une tendance en abuser . N’en doutez pas , ce sont les Etats qui ont plus abusé et qui ont commis les plus grand Crime.

      On ne pas faire confiance à l’ Etat Français , et en l’espèce , à l’Assurance maladie , les ARS ou les mutuelles. Il faut des garanties fortes , des contre-pouvoirs a priori puissant ( la saisine des tribunaux de l’ordre administratif a posteriori est à mon sens non suffisante).

      Ces instances ont un fort , même un très fort déficit de démocratie . Le citoyen , nos représentants locaux départemental ou régional n’ont pas de poids sur les décisions. Ce des super-structures pyramidales qui ne rendent des comptes que à des instances non-élues
      Les pseudo-representations internes ne sont là que pour faire croire à un semblant de démocratie

      C’est la dernière condition pour que je commence à discuter avec l’Etat c’est mettre en place une vrai démocratie sanitaire !
      en l’espèce mettre en place le TPG ou la Capitation ( sans garantie forte afin d’éviter les abus ou l’action lobby dont les intérêts ne sont pas l’intérêt général) c’est abdiquer son indépendance et sa liberté

    • Nous sommes bien d’accord et les éléments que vous fournissez vont dans le sens de mon préambule. Vous dites même : "N’est-il pas temps de mettre à plat cette usine à gaz très spécifique du génie administratif français ?
      Notre système est bien une usine à gaz qui ne satisfait plus grand monde. Les médecins les premiers, et pas seulement.
      Même si les chiffres que vous donnez sont bons en matière de santé publique, le taux de décès par suicide chez les jeunes, la mortalité prématurée évitable des hommes, l’espérance de vie qui augmente certes mais pas celle "en bonne santé"ou encore le déficit cumulé de l’assurance maladie ne plaident pas non plus pour un système idyllique.
      Quant aux données de l’OMS sur le système français N°1 vous savez très bien, en ayant parcouru le rapport de référence, qu’elles sont très discutables sur le plan purement médical.
      Par ailleurs, est-il éthique de demander aux générations futures de financier notre déficit chronique , (CADES) en attendant une bien improbable reprise économique qui ne viendra jamais ?
      Dire que le système ne fonctionne pas bien ne signifie pas que les médecins ne travaillent pas bien ou ne sont pas bons. Leur qualité est reconnue et non discutée, de même que leur dévouement. Mais pourquoi cette propension que nous avons à prendre toute critique comme une attaque personnelle (de la profession) ?
      Le système doit évoluer tout simplement parce qu’il a été conçu à une autre époque. Personne ne remet en cause l’évolution numérique ou de très nombreux progrès en général. Alors, pourquoi refuser l’évolution du système de santé ?
      Nous aurions certainement tous à y gagner.

    • Tous ? J’en doute. Les MG, les IDE ....J’en doute. Les dernières décisions unilatérales du pouvoir en place, donc non négociées, vont continuer, selon moi, à enfoncer les soignants de premiers recours.
      t lambert

    • Je suis désolé, mais je répète que le déficit de l’assurance maladie est un problème de recettes et non de dépenses. Et malgré votre analyse segmentaire de la santé des français, nous nous portons plutôt bien.

      En pratique, l’usine à gaz ne doit pas être complexifiée par un TPG, mais démontée à la source, d’où l’irritation des médecins. Que les assureurs santé fusionnent et suppriment les postes devenus inutiles, qu’ils créent au maximum une douzaine de guichets de paiement du tiers payant, et on pourra reprendre la discussion sur le TPG. En attendant, notre colère vient de cette façon insupportable qu’a l’administration de la santé de vouloir faire supporter aux libéraux les conséquence de ses propres errances.

    • Il faut reconnaitre qu’il y a une partie des dépenses qui est responsable de ce déficit . L’ODCE précisait en 2010 que la France avait des dépenses administratives de la santé Largement supérieure à la moyenne de l’OCDE...

      En outre , il faut reconnaitre que la consommation médicamenteuse avec les psychotropes ou les antibiotiques est trop élevé dans notre pays

      Par contre , je vous rejoins, il y a trop assureurs , trop administratifs, pas assez de démocratie dans la gouvernance de la santé

      Par ailleurs , il ne faut pas écouter ou discuter avec les Gens du CISS , une association d’association de patient (non rattaché à une pathologie donnée), payée à 72% par la DGS, (cela ressemble bien a un conflit d’intérêt) et 7% par la CNAMTS (80% de fond public), ils reçoivent un peu d’argent de Malakoff-Médéric et ils n’ont pas de mandat électifs. sont-ils légitime ? Peut on être sur qu’ils parlent dans l’interets des "usagers" ou dans l’intérêts de la CNAMTS ou de la DGS. J’ai un doute sur leur motivation première.

      Sur les déclarations de Christian SAOUT précisons qu’il à dit « Le médecin traitant ne sert à rien, c’est un péage ! » (C dans l’air, l’émission d’Yves Calvi du 06/11/2013), ancien président du CISS cela me laisse dubitatif !

    • euh,

      nos dépenses sont plus élevées que d’autres qui ont le même niveau de santé (nos joyeux nordiques) ou qui sont sur le point de nous rattraper (les allemands)

      aligner nos dépenses sur leur résultat :
      - amènerait un léger bénéfice à la place du déficit
      - permettrait de réduire le reste à charge des patients

      une baisse du chômage augmenterait certes un peu les cotisations, mais il ne faut pas oublier que :
      - le chômage touche essentiellement des niveaux de salaire très largement exonérés
      - les cotisation sociales ne couvrent que 55 % du budget

      on peut aussi rappeler que la fraude aux cotisations des entreprises (toutes branches sécu) est de 15 à 20 milliards par an (rapport Cour des Comptes)

  • Je suggère à toutes et tous pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait de lire la lettre (ci-jointe) du syndicat des médecins libéraux (SML) adressé à la profession et que je trouve pour ma part scandaleuse.

    Pour faire bref, le discours du SML

    1. / le tiers payant généralisé va engorger les cabinets (on sait le nombre de patients qui ne se soignent pas du fait de l’avance à réaliser aux praticiens)
    2. / les médecins n’ont pas les moyens de s’organiser (cabinet comptable ou secrétariat) pour pointer les remboursements au regard des déclarations de soin. (de qui se moque t’on)
    3. / les mutuelles sont une aberration.... (Elles ont le tort de rembourser comme une assurance une partie des dépenses occasionnées par les soins de santé....)
    4. /Obliger les sociétés à souscrire pour leur salariés une mutuelle (a minima) est honteux (et n’est pas considéré comme une avancée pour le bien-être de tous)

    Je propose de refuser de payer un praticien qui refusera la carte vitale

  • DEMAGOGIE me semble le maître mot pour qualifier ce TPG OBLIGATOIRE.

    Nous médecins généralistes avons toujours eu la bonne volonté d’utiliser le tiers payant pour la part assurance maladie obligatoire, en cas de difficultés financières des patients non CMU.
    Y compris à l’époque où la sécu y était réticente.
    Il suffirait donc simplement de perfectionner le procédé, en incluant la part assurance complémentaire, pour améliorer l’accès aux soins de ce nombre modéré de patients.

    J’ajoute qu’avec le TPG-O, l’occasion serait bonne de stigmatiser une fois de plus tous les médecins du secteur 2 dont je fais partie (précédemment publiquement dépeints comme des escrocs par Mme Touraine), puisqu’il faudrait encore sortir le chéquier pour régler le dépassement.

    Escrocs d’ailleurs déjà tenus d’appliquer le strict tarif conventionnel pour les CMU mais aussi les honoraires de garde, sans bénéficier, pour ces actes, des avantages inhérents au secteur 1.

    Philippe

  • bonsoir,
    médecin généraliste à Saint-Etienne, je te remercie d’avoir publié cet article sur la grève actuelle des médecins.
    Je constate depuis 5ans des départs en retraite en masse de mes confrères dont les cabinets ne sont pas repris par les jeunes diplômés, qui préfèrent être salariés avec tous les avantages de cet exercice plutôt que d’assurer toutes les contraintes d’un cabinet libéral.
    La pénurie de Médecins Généralistes que nous avons pu constater en milieu rural il y a 10 ans s’installe maintenant en ville. Je continue à accepter de nouveaux patients seulement parce que mes confrères les refusent !!!
    Le Médecin Généraliste reste le pilier central du système de soin dans notre pays.
    Nous avons fait ce choix, pour ma part je soigne gracieusement, déjà et depuis de nombreuses années certains de mes patients qui sont en difficulté, mais je ne veux pas devenir un salarié de la Sécurité Sociale et des Mutuelles.
    Je veux rester libre de faire ou non régler mes honoraires : le serment d’Hippocrate n’est PAS un serment d’hypocrite, du moins pour certains.

    Cette grève et cette loi sont en effet inutiles , nous pratiquons déjà largement le tiers payant et même les actes gratuits.

  • Médecin généraliste libéral, secteur 1, installé depuis 24 ans, en solo, sans secrétariat

    comme D. Dupagne, je trouve ce mouvement idiot, je n’ai pas fait grève et ne fais pas grève de la carte vitale
    parce que je suis pour un paiement au forfait très largement majoritaire, pour le tiers-payant sur la part à l’acte (mais pas avec les modalités à la Shadok prévues)
    parce que les revendications de nos syndicats sont comme d’habitude dogmato-passéistes, basées sur des principes de 1895 (USMF/Mutualité) revisités en 1927 : l’environnement économique et sociétal n’a évidemment pas changé depuis, d’après eux ....
    parce qu’il n’y en a pas un pour poser sur la table les vrais questions : comment se fait-il que d’autres systèmes de santé notamment européens ont le même niveau de santé en dépensant moins et en rémunérant mieux leurs médecins libéraux ?

    j’ai pu lire dans les commentaires un certain nombre d’affirmations qui sont pour le moins sujettes à caution

    1°/ le rapport de B. Dormont est assez typique de la propagande (je ne vois pas comment appeler ça autrement) anti-libérale, ce pour deux raisons fondamentales
    A- comparer des bac + 5 à des bac + 10 sans ajustement ne lui pose aucun problème
    je veux donc savoir si beaucoup de cadres bac + 5 s’étonnent de gagner 3 fois plus qu’un smicard du niveau bac
    B- comparer des salaires nets avec des revenus libéraux nets est intellectuellement malhonnête : la couverture sociale (et son coût) n’est absolument pas la même (ainsi en cas d’arrêt maladie la carence n’est pas de 3 jours mais de 90 jours ...)

    la seule comparaison possible se fait sur le super-brut (salaire ou revenu + charges sociales dans leur totalité) rapporté au nombre d’heures de travail sur l’année

    ainsi le MG libéral moyen secteur 1, 75 000 euros, total de 92 000 annuel avec les charges (personnelles + participation sécu, et là déjà on peut se poser la question de sa réalité financière, la caisse PAM étant équilibrée sans la sécu, qui reprend donc de la main G ce qu’elle a soi-disant versé de la main D ...), pour 55h x 48 semaines (rapport Irdes 2009), est à 92 000/2 640 = 35 euros toutes cotisations comprises par heure
    son confrère salarié, 75 000 euros nets par an, total de 146 000 euros en super-brut, 48h x 47 semaines est à 146 000/2 256 = 65 euros toutes cotisations comprises par heure

    autrement dit, pour le même montant net perçu par le médecin, le cotisant/contribuable paye l’heure de travail d’un médecin 35 euros s’il est libéral, 65 euros si le médecin est salarié

    une petite règle de 3 nous permet de dire que le 35 euros de l’heure TCC du MG libéral moyen correspond de fait sur cette même base de 48h par semaine et 47 semaines par an à un salaire net de 3 375 euros

    les comparaisons toutes conditions égales par ailleurs, c’est mieux pour le raisonnement scientifique -)

    2°/ les données ci-dessus, même si elles ne sont que grossièrement connues de nos jeunes consoeurs et confrères, ne sont sans doute pas étrangères au fait que dans les 5 dernières années, si 55 % des médecins partant en retraite étaient libéraux, seuls 35 % des arrivants l’ont fait en libéral (rapport sur la démographie de l’ordre des médecins)

    3°/ contrairement à ce que j’ai lu, il n’y a pas vraiment de sur-consommation médicale libérale en France, comme le prouve les données de l’OCDE (http://www.oecd.org/fr/els/systemes-sante/Panorama-de-la-sante-2013.pdf, p 84 et 85) avec un 6,9 de moyenne (MG + autres spécialités) là où l’Allemagne est à 9
    à noter d’ailleurs une très nette diminution entre 2000 et 2011, de 8,1 à 6,9 (- 1,2) soit - 15 %

    4°/ les comparaisons avec notamment les autres pays européens (merci les données d’Eurostat notamment) mettent en évidence des réalités intéressantes :
    - le médecin libéral français moyen a des revenus de pays d’Europe de l’est : ses confrères allemands ou anglais gagnent 150 à 160 000 euros par an pour les MG, contre 75 000 pour le français, les spécialistes entre 180 et 200 000 euros contre un 115 000 (en S1) à 130 000 (en S2)
    les radiologues et biologistes sont à peu près les seuls à être au niveau européen de l’ouest

    et cerise sur le gâteau, nos confrères étrangers n’ont en quasi totalité aucun dépassement d’honoraire !
    d’un côté le patient français paye des dépassements en plus, a un reste à charge final plus élevé, de l’autre au total le médecin gagne moins : cherchez l’erreur .....

    - le médecin libéral français gagne moins en travaillant plus : pour le MG français c’est 55h contre une moyenne de 40h pour son confrère allemand

    in fine le MG allemand gagne 2,75 fois plus de l’heure que le français

    - le médecin libéral français a des conditions de travail archaïques : 0,5 employé temps plein pour le MG, contre 2,5 pour les allemands ou anglais (secrétariat, poste infirmier, ...)

    en regard, il ressort de ces mêmes données que :
    - nous avons 2 fois plus d’hôpitaux que les allemands, 2 fois plus de lits hospitaliers, mais plus de 3 fois moins de lits de dépendances (handicapés, personnes âgées, ...), chaque député ou sénateur-maire ayant voulu son hôpital
    nos moyens hospitaliers, qui sont dans la moyenne haute, humains comme techniques, sont ainsi saupoudrés avec de multiples déperditions qui expliquent le ras le bol des soignants hospitaliers
    - nous avons des frais de gestion très élevés (cf le récent rapport de l’Igas, tant au niveau sécu que complémentaires) : 2 à 4 milliards d’économies potentielles
    - nos dépenses médicamenteuses sont de 15 milliards supérieures aux plus performants
    par exemple, le même cp de générique coûte 2 fois plus cher en France qu’en Allemagne ...
    qui donne les AMM, qui fixe les prix ?
    - 18 millions de passages au urgences hospitalières, pour un coût moyen supérieur à 200 euros par passage, médicalement totalement injustifiés pour les deux tiers : 2,5 milliards

    en conclusion :

    - la santé c’est 240 milliards par an, c’est le 1° budget de la nation
    ça mériterait autre chose qu’une succession de ministres à temps partiel (ils ont tous eu d’autres secteurs en charge), second couteau de la politique (jamais eu un 1° plan au poste : pas fous, ils prennent intérieur, éducation, économie ....)

    - il faudrait arrêter de toujours vouloir ré-inventer l’eau tiède
    les exemples étrangers nous démontrent ce qui marche le mieux en rapport qualité/prix, c’est sécu + financement par l’impôt + filière de soins
    ce qui suppose de revoir totalement la stratégie et l’organisation, plutôt que de s’entêter dans un schéma qui échoue depuis 40 ans (de déficit)
    on peut garder le même niveau de santé en dépensant 15 à 20 milliards de moins par an

    - évidemment cela supposerait que les louravis gabegiques hospitalo-centrés gagnent en lucidité, que les libéraux dogmato-passéistes gagnent en intelligence
    par exemple pour le libéral en comprenant qu’on ne peut avoir le beurre, l’argent du beurre et avoir mangé le gâteau
    qu’avoir moyens et revenus au niveau des allemands ou anglais induit en regard des obligations (formation, prescriptions, installation notamment)
    par exemple pour le ministère en comprenant que le médecin libéral ne peut être présent à Trifouilly-les-oies que 48h par semaine, sur des plages précises et définies et non en 24/24, qu’elle (60 % des promos actuelles ... le temps du médecin homme dont la femme faisait la secrétaire est révolu, il serait temps de le comprendre ....) va habiter à 40 ou 50 km de là dans la grande ville, parce que son conjoint ne trouvera pas de travail à Trifouilly, les enfants ont besoin d’une école, et toute la famille de qq commerces

    que personne ne panique -)
    il est douteux que nos louravis gabegiques comme nos dogmato-passéistes soient capables de se remettre en cause et de regarder ce qui fonctionne ailleurs, vu que cela fait au bas mot 40 ans qu’ils campent sur leurs positions délétères pour notre système

    mais il est tout aussi douteux que l’on puisse assurer la pérennité de notre système de santé en continuant à accumuler les déficits
    et l’on sait d’avance que ce sont les plus fragiles qui paieront la note finale

    Dr Xavier TARPIN
    médecin généraliste secteur 1
    par ailleurs citoyen, assuré social, cotisant, contribuable

    • Sur le fond tout est dit Par X TARPIN
      Ceux qui affirment qu’il y a encore trop de médecins et qu’ils sont mal répartis ne voient que les conséquences d’une politique qu’ils soutiennent depuis 40 ans sans entendre ce que les généralistes disent calmement depuis 25 ans ...comme leurs confrères hospitaliers qui montrent comment l’hôpital dérive ...
      La cerise sur le gâteau étant le fameux DPC censé améliorer la qualité des soins qui ne peut fonctionner qu’avec les associations locales mais qui permet à des nébuleuses à grand renfort de publicité de précipiter la formation continue dans le doute ..."obligatoire qu’ils disaient"...
      Si en plus il nous faut endosser la responsabilité de ces politiques la coupe est plein et même idiote cette grève signe un malaise profond du système
      Voir les experts du système jouer sur la division des soignants , la stigmatisation du libéral en le traitant de rentier de la sécurité sociale c’est nier toutes les heures de travail de ces professions n’en déplaise à TERRA NOVA

  • En fait ca fait un peu comme la politique du chiffre dans la police de par la loi a sarkozy qui poussait a du n importe quoi,pourquoi notre société privilegie la quantité a la qualité,est ce la concurence competitive de la mondialisation ?

  • Je suis clairement de droite, et clairement contre cette grève ridicule. A croire que l’éducation pourtant importante de ces personnes les empêche de penser rationnement à une solution.
    A 2000 euros par mois, il m’est arrivé de ne pas aller chez le médecin par manque de moyens pour avancer l’argent. Je n’ose donc penser aux smicards, non bénéficiaires du tiers payant.

    Désolé cher médecin, mais vous avez vu juste : vous n’avez convaincu personne.

  • en faite j’ ai pas compris

  • Je n’ai même pas lu ce blog, juste envie de crier ma révolte...
    Je ne suis pas un assisté, je suis aussi en profession libérale, avec des grosses difficultés économiques. Une profession qui m’a demandée bien plus que 8 ans d’études... Et je connais plein de personnes qui ont trimés bien plus longtemps sur les bancs universitaires et qui ne gagneront jamais ces revenus inadmissibles pour des médicaux qui ne sont que des fonctionnaires de la sécu.
    dernièrement je suis allé chez un ophtalmo pour une consultation de routine, déjà difficile à obtenir. Moins de 10 mn de consultation = 55€ de prestation... Un bon technicien ferait la même chose. Ce médecin ayant adhéré au serment d’Hippocrate MDR ! consultation datant du 23/03/15, à ce jour 12/05/15 je ne suis toujours pas remboursé par la RAM...
    Ce médecin humaniste, n’est pas joignable cette semaine, il est en vacances, MDR ! Ils ne se foutent pas de notre gueule ???
    Je consulte régulièrement un gastro enthérologue, tout autant spécialisé voire bien plus, les consultations durent 20 mn en moyenne et ne me coute que 29€... cherchez l’erreur...
    Et vous voudriez que l’on soit solidaires de ces bourgeois gâtés, avec une clientèle captive... Je fais un métier qui demande bien plus de connaissances, et ma prestation est de 200€ par jour sans compter les heures, alors les soucis de ces voleurs ne me font aucun effets, et j’espère qu’ils seront un jour bien concurrencés par des médecins étrangers.
    Sans parler de leurs complices pharmaciens et opticiens qui eux aussi s’en foutent plein les fouilles. Alors cela suffit, en temps de crise ayez au moins la décence de mener profil bas. On ne vous ratera pas à la première occasion, et ne comptez pas sur une qqconque solidarité, de quoi d’ailleurs ? De vos vacances aux caraïbes....

    • Bonjour
      Dommage que vous réagissiez à un billet que vous n’avez pas lu. Mais je doute qu’il change votre point de vue.

      Juste une chose : vous râlez contre un délai de remboursement de deux mois. Justement, c’est ça qui ne plaît pas aux médecins : subir ce délai à votre place, alors qu’ils ne sont pas plus responsables que vous de cette incurie des CPAM. Ne vous trompez pas d’ennemi.

      Et le mot "voleur" est exagéré, car rien ne vous empêche de consulter quelqu’un d’autre.

  • ce n’est pas une idée, une pensée, ou quelque chose d’autre, mais j’en suis certain "ça existe", j’ai observer durant des années, pas a pas, petit a petit le fonctionnement de ce monde, et je trouve dommage qu’un nouveaux type d’a......... soit apparut, et par le biais de quelque paroles, passe passe, personne ne veuille prendre en charge la responsabilité.
    ce n’est pas l’argent qui me fera basculer, j’ai peur de dieux, pourtant beaucoup ont basculée et c’est dommage, voila la fin du bonheur

    "entrer dans un hôpital, ou une urgence et vous pourrez interpreter"

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