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Comprendre les conflits d’intérêts en 5 minutes
À propos des liens entre le laboratoire Roche et l’Institut National du Cancer
Première publication : lundi 21 octobre 2013,
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Octobre Rose est une importante opération de communication autour du cancer du sein et notamment de la mammographie de dépistage. Cette opération donne de la visibilité aux différentes parties ayant des intérêts dans ce domaine. L’analyse d’une étude médiatisée par Octobre Rose nous offre la possibilité de mieux comprendre quels sont les intérêts défendus.
Dans un communiqué du 08 octobre 2013, le laboratoire Pharmaceutique Roche annonce que l’étude EDIFICE menée par un comité scientifique indépendant a montré que « La controverse [sur l’intérêt des mammographies systématiques] a un impact modeste sur les intentions de dépistage des femmes ».
Quels sont les trois acteurs de ce communiqué ? Il s’agit du laboratoire Roche,
de l’étude EDIFICE, et de la controverse.
Le Laboratoire Roche commercialise des médicaments et des tests sanguins destinés au traitement, au diagnostic ou au suivi du cancer du sein. http://www.roche.fr/home/nos_medicaments/oncologie.html
EDIFICE (Etude sur le dépistage des cancers et ses facteurs de compliance) a pour objectif « d’agir pour favoriser le dépistage précoce des cancers et notamment ceux du sein, du colon et de la prostate. »
Une controverse est un débat scientifique qui bouscule les idées reçues et les données qui semblaient acquises ; elle peut induire des changements radicaux et utiles dans les pratiques et les prescriptions.
Lorsqu’une firme pharmaceutique s’intéresse à une controverse c’est généralement pour protéger ses intérêts. L’enjeu que Roche défend est la participation de 80% des femmes à une action de santé qui permettra de réaliser de nombreuses radiographies, échographies, dosages de marqueurs sanguins et d’examens de cytologie, puis de traiter de nombreuses femmes, par de la chirurgie, de la radiothérapie et de la chimiothérapie.
Ce communiqué de presse défend d’autres intérêts moins lisibles. Intéressons-nous aux membres de ce comité scientifique présenté comme indépendant. Il est composé de plusieurs médecins : « Pr Jean-Yves Blay, Dr Yvan Coscas, Pr Jean-François Morère, Pr Xavier Pivot, Pr François Eisinger, Dr Jérôme Viguier. »
Cherchons maintenant les liens d’intérêts de ces confrères qualifiés d’indépendants par le laboratoire Roche.
A minima, voici ce que nous trouvons :
Le Professeur Jean-Yves Blay est, d’après sa déclaration publique d’intérêt (DPI) de l’Institut National du Cancer (INCa), membre du conseil scientifique international de l’INCa. Il est par ailleurs consultant et investigateur principal pour divers laboratoires pharmaceutiques dont le laboratoire Roche, desquels il reçoit régulièrement des rémunérations personnelles.
Le Docteur Yvan Coscas est rémunéré par le laboratoire Roche pour l’étude EDIFICE depuis 2005. Il est membre du comité de l’étude CALISTA.
Le Professeur Jean-François Morère est leader d’opinion pour l’erlotinib, un médicament anticancéreux de Roche, médicament pour lequel Roche, d’après La Revue Prescrire, a pu compter sur les faveurs de l’EMEA (l’agence européenne du médicament). Il est également rémunéré par le laboratoire Roche pour sa participation à l’étude EDIFICE.
Le Professeur Xavier Pivot est, d’après sa DPI de l’INCA de 2011, président du groupe recherche clinique sein de l’INCa, consultant pour Roche, membre de comités de pilotage de médicaments Roche, investigateur principal de Roche pour des médicaments indiqués dans divers cancers notamment ceux du sein et du cancer colo-rectal. Roche a également pris en charge des frais de déplacements un congrès aux USA. Il est le coordonnateur de l’étude PHARE, promue par l’INCa, qui évalue l’un des traitements majeurs de Roche : le trastuzumab (Herceptin ®). Il est également rémunéré par le laboratoire Roche pour sa participation à l’étude EDIFICE.
Le Professeur François Eisinger, est d’après sa DPI de l’INCA de 2011, expert auprès de l’INCa, consultant rémunéré depuis 2003 par Roche pour une enquête sur le dépistage et pour la rédaction d’article depuis 2008, et effectue pour Roche des interventions dans différents congrès internationaux. Il est également rémunéré par le laboratoire Roche pour sa participation à l’étude EDIFICE.
Le Docteur Jérome Viguier, est d’après sa DPI, détaché à l’INCa depuis 2006. Il est depuis 2013, directeur adjoint au pôle santé publique et soins de l’INCa. Il est membre du conseil scientifique d’EDIFICE de Roche depuis 2007, pour lequel il s’est dessaisi de ses honoraires.
Les intérêts de Roche, de ces experts et de l’INCa sont donc étroitement intriqués, et le mot « indépendant » pour qualifier le comité scientifique de l’étude EDIFICE ne paraît pas adapté.
Le laboratoire Roche ne fait qu’atteindre ses objectifs, comme il l’écrit lui-même :
La Revue Prescrire du 01 novembre 2012 relate qu’une inspection de routine menée en 2012 pour le compte de l’Agence européenne du médicament (EMA) a révélé que la firme Roche n’avait pas analysé ni transmis aux agences du médicament plus de 80 000 cas suspectés d’effets indésirables, dont plus de 15 000 chez des patients décédés.
Le procès de l’affaire Médiator®, met en lumière le danger de la confusion des intérêts d’une firme pharmaceutique avec ceux d’une agence sanitaire. Aussi le comportement de l’INCa et de ces experts est-il particulièrement surprenant et inquiétant.
Philippe Nicot est médecin généraliste à Panazol, conventionné en secteur 1. Il a refusé le paiement à la performance (ROSP). Il a participé à la recommandation de la HAS « La participation au dépistage du cancer du sein des femmes de 50 à 74 ans en France. Février 2012. » Il participe à la controverse sur ce thème. Il est membre du conseil d’administration du Formindep. Son épouse est médecin conseil à l’ELSM 87.
Messages
21 octobre 2013, 09:00, par @pernelle44
Merci de votre participation a l’éclairage de nos lanternes ! Vraiment ! Parce que le bourrage de crâne de cette pink période est insupportable de contre-vérités, assénées par les institutions officielles, par des oncologues, des journalistes, des revues médicales, des asso de patientes, des labos qui bénéficient d’un tel mégaphone auprès du grand public que je désespère parfois d’entendre émerger des voix dissonantes. Le moutonnage panurgien est encouragé à un point qui fait froid dans le dos.
21 octobre 2013, 19:32, par Philippe Nicot
Le plaisir est pour moi ;-). Il est difficile de s’exprimer sur ce thème qui fait reculer beaucoup de monde. La charge symbolique et émotionnelle étant tellement importante. Ainsi ceux qui osent parler de données scientifiques qui relativisent ce dépistage sont assimilé par certains à des "fous" ou des "criminels". Un comble ! Le livre de Rachel Campergue a permis voici 2 ans d’aborder médiatiquement et plus franchement ce problème. Que-choisir a également l’année passée permis ce débat. Faut-il lutter contre de telles campagnes de de communication ? Bien à vous Philippe Nicot.
21 octobre 2013, 20:05, par @pernelle44
@Philippe Nicot
Lutter contre une campagne de prévention ? non. La prévention n’est pas synonyme de dépistage (même si la "Com" étatique à tendance à le faire oublier). C’est effectivement "No Mammo" de Rachel Campergue qui m’a decillé les synapses, et croyez-moi, en tant que patiente cancéreuse, dans la marmite onco depuis 12 ans, il fallait qu’il soit excellent ce bouquin pour que j’en arrive là. Martine Bronner, sur son blog, explique parfaitement toute la difficulté de cette démarche intellectuelle qui va à contre-courant, non seulement de la "pensée unique" que l’on essaie d’imposer, mais du réflexe pavlovien de survie que connait tout(e) habitant(e) de la p’tite planète bleue...
http://martinebronner.wordpress.com/2013/03/29/comment-jai-voulu-croire-au-depistage-du-cancer-du-sein/
22 octobre 2013, 09:30, par Philippe Nicot
@pernelle44
Précision : le dépistage n’est pas de la prévention. La prévention c’est éviter que les femmes ne deviennent des malades, alors que le dépistage les fait rentrer dans la maladie et parfois à tord, ce qui s’appelle le surdiagnostic. Je parle ici spécifiquement de la campagne de com du dépistage. Tous les messages sont centrés là dessus. J’ai eu la chance de rencontrer Martine Bronner ;-) !
21 octobre 2013, 09:27, par docteurdu16
Merci pour ce billet qui m’enlève les mots de mon clavier.
Juste une chose : il faut aller plus loin et parler des associations de patients qui collaborent à Octobre Rose et qui sont sponsorisés, notamment par Roche. Car big pharma finance en sous-main les associations pour qu’elles, et les patients qui la composent (ou, comme dans la maladie d’Alzheimer, les aidants), deviennent les visiteurs médicaux des firmes, visiteurs médicaux qu’il est difficile de contredire puisqu’ils ont la "légitimité" de la maladie et qu’ils se disent victimes du manque de considération des médecins (sauf ceux qu’ils mettent en avant parce qu’ils les écoutent, qu’ils prescrivent des produits hors AMM ou qu’ils proposent une médecine alternative non évaluée) et du manque de considération des autorités.
Les associations de patients se croient des personnes morales inattaquables en jouant la victimisation de leur statut et n’ont pas fait le chemin qui les mènerait à l’indépendance. Et je ne parle pas des frais de fonctionnement parfois exorbitants qui permettent de se rendre, entre autres, dans des congrès sponsorisés. Sans compter les agences de communication qui ont investi le web dit 2.0 qui est, malheureusement souvent, un des outils promotionnels du marketing mix.
Merci encore.
21 octobre 2013, 09:55, par @pernelle44
Je plussoie. Le ver est dans le fruit. Mais ce problème récurrent à des airs de quadrature du cercle insoluble. Dès qu’une asso de patients, dont les motivations sont souvent légitimes à la base, prend de l’importance, les frais de fonctionnement augmentent, la course aux pesetas avec, les sirènes des labos chantent, les autorités (en l’occurence ici l’INCa) se rapprochent (appuyer une Asso de patients peut AUSSI être une forme de corruption), l’espoir de devenir audible croît avec le melon des porte-parole. Vous rajoutez à la sauce les mondanités, l’amour des p’tits fours et des projecteurs, et le joli projet de départ se retrouve gangréné jusqu’à la moelle. Comment rester INDÉPENDANT dans ce bal de vautours ? Des suggestions ?
21 octobre 2013, 10:05, par Dominique Dupagne
Il n’y a qu’une seule solution : interdire le financement des associations de patients par les partenaires commerciaux ou liés à des intérêts commerciaux. Apporter un financement public à hauteur du nombre d’adhérents payants.
Le CISS qui reçoit une subvention conséquente devrait s’interdire tout partenariat et l’interdire à ses associations membres.
Avec le web, une association peut exister avec très très peu de moyens. Je l’ai expérimenté il y a 10 ans avec les médecins maîtres-toile (ancêtres des blogueurs).
Les médecins blogueurs et leurs amis réunis au sein du club http://www.clubdesmedecinsblogueurs.com/ ont une forte visibilité, une forte cohésion (avec des rencontres IRL) pour un budget de gestion ridicule.
21 octobre 2013, 11:21, par docteurdu16
Pourquoi un financement public ?
J’imagine l’association des utilisateurs de Mediator recevant de l’argent public puisque l’Agence (publique) ne trouvait rien à redire... Les fonds publics ne garantissent aucune indépendance.
J’ajoute à ce qu’a écrit Nicot : dans l’affaire Mediator, l’Agence était sous influence de big pharma et de l’Etat (les ministères impliqués) et de la Faculté de Médecine dont les membres éminents sont nommés par le Ministre...
Bonne journée.
21 octobre 2013, 13:47, par Bleu horizon
Pour ma part le CISS, ne devrait pas être financée par la Dgs et la cnamts car on ne peut pas savoir si c est l’état indirectement qui parle ( il peut avoir des conflits d intérêts avec l état )
21 octobre 2013, 19:40, par Philippe Nicot
Merci Jean Claude ! Oui tu as raison, mais cela aurait fait un article beaucoup plus long.
21 octobre 2013, 19:49, par @pernelle44
Oui. Bon. Partons de ce principe. Mais qui doit interdire ? L’État ? Celui-là même qui orchestre cette mascarade enrubannée ? Euhhh... Quand je parle de quadrature du cercle...
22 octobre 2013, 00:24, par CMT
Pourquoi un financement public ?
Parce que les associations sont un élément essentiel de la démocratie. Si l’Etat coupe les financements ne subsisteront que les associations ayant des financements du secteur privé. Ces financements ne devraient être acceptés par les associations que sous des conditions très restrictives de non ingérence des sociétés privées qui les accordent dans leur gestion. Car sinon, que se passe-t-il lorsqu’un gros groupe privé finance une association ? Il infléchit les objectifs de cette association pour son bénéfice propre tout en s’appropriant l’image et la légitimité de l’association réputée avoir une visée humanitaire ou caritative.
Les associations sont un élément de réduction des inégalités, elles permettent l’accès à la culture, au sport, aux biens matériels et à l’alimentation pour les plus pauvres, aux droits pour tous et l’Etat leur délègue beaucoup de ses tâches essentielles telles la protection de l’enfance (Sauvegarde de l’enfance), la rééducation et l’intégration des enfants handicapés (les CAMSP), l’aide aux plus démunis... Mais elles ont aussi un rôle de contrepouvoir et de veille démocratique.
On récence 1 300 000 associations en France avec 1 800 000 salariés et 16 millions de bénévoles qui y participent.
Il n’y a pas d’activité plus "rentable" en termes de bien être de la population que celle des associations dans leur ensemble et il ne faut pas qu’elles dépendent de la bonne volonté et de la charité d’organismes privés, qui sélectionneront alors celles qui leur sont utiles pour les utiliser à leur propre profit ou s’approprieront les activités pour les transformer en activités à but lucratif dont l’accès sera réserve à ceux qui auront les moyens de payer
Malheureusement les représentants de l’Etat ont décidé de se désengager des associations et les financements privés augmentent beaucoup plus vite que les financements publics http://sciencescitoyennes.org/tag/collectif-des-associations-citoyennes/ . Les représentants de l’Etat ne tiennent aucun compte de la richesse que les associations représentent pour la société. Alors même que l’Etat ne les finance que à hauteur de 8 milliards environ https://www.associatheque.fr/fr/guides/creer/etat_secteur_associatif.html c’est à dire moins que le crédit d’impôts de 13 milliards consenti récemment aux entreprises.
21 octobre 2013, 09:31, par Cossino
Belle démonstration
Merci pour cet éclairage
Des réactions du coté des décideurs , de la Ministre de la Santé qui prône la transparence et l’indépendance ?
Non bien sur .
J’oubliais que Mme la Ministre cautionne très largement le dépistage
21 octobre 2013, 09:32, par Pascal Charbonnel
Merci de ces précisions, peut être le formindep devrait mettre en ligne son analyse systématique des DPI. Cela ferait un outil de diffusion de l’information très pertinent.
Pour le reste, votre article nécessite bien plus de cinq minutes (mais les vaut bien)
21 octobre 2013, 19:47, par Philippe Nicot
C’est un long travail, que nous tentons de faire. Oui il faut plus de 5 minutes, je pense en partie parce que nous n’avons pas l’habitude de faire cet exercice de manière routinière. Je fais le voeux que cet apprentissage intègre la FMI et la FMC.
21 octobre 2013, 09:51, par Dominique Dupagne
A propos de l’étude CALISTA, ROCHE y est présenté comme "soutien institutionnel". Cette expression est de plus en plus courante pour qualifier le financement d’actions sanitaires ou de formations par des sociétés pharmaceutiques.
Mais depuis quand les laboratoires pharmaceutiques sont-ils des institutions ? Je lis cette définition et je ne trouve rien qui puisse concerner une société commerciale à but lucratif. Si les laboratoires veulent apporter un financement à des actions qui entre en congruence avec leurs objectifs, qu’ils le fassent sans faux-nez et dans la transparence.
21 octobre 2013, 10:56, par MimiRyudo
Ce communiqué nous dit donc que 80% des femmes ont oublié ou n’ont rien su de la controverse. Ils ont fait une étude pour ça ; pas pour prouver que la controverse est justifiée ou injustifiée, mais juste pour savoir si leur service marketing a fait du meilleur boulot que l’équipe d’en face.
En tout cas, belle démonstration !
J’adore cette phrase d’un des membres indépendants dans le communiqué que vous citez en tête d’article : "La communauté des oncologues était inquiète, mais il s’avère que la controverse n’a pas entamé la confiance des femmes dans le dépistage et c’est une bonne nouvelle ».
Si ça c’est pas de l’indépendance !
21 octobre 2013, 11:21
En dehors de cette polémique évidente, le problème du conflit d’intérêt me semble ici traité de manière trop superficielle.
Si je suis médecin, rémunéré par le patient, mon intérêt financier est que le patient revienne souvent et paye le plus possible. Comme c’est lui qui me rémunère, j’ai un conflit d’intérêt net : le pauvre est un problème.
Si je suis médecin rémunéré par la SS, mon conflit d’intérêt est avec elle : obtenir le maximum d’actes bien payés puis utiliser ses actes, peu importe leur intérêt médical, pour gagner ma vie en produisant des actes. Le secteur 2 a un peu plus de liberté : il partage les deux conflits d’intérêt.
Si je suis hospitalo-universitaire, je dois publier et pour publier je ne peux pas compter sur les sous du secteur public qui n’en a même pas pour payer ses aide soignantes. Alors je me fais payer par les producteurs de médicaments pour avoir des études sur lesquelles je peux construire ma renommée et obtenir un poste de PH en plus pour le neveu de ma belle-mère qui fera lui aussi un bon chercheur du secteur public.
En recherche fondamentale, est-ce mieux ? Non, désormais les fonds du CNRS, INSERM etc. sont liés à un partenariat public/privé.
Je pense pour ma part que le conflit d’intérêt est inhérent à toute relation interdépendante. Elle est outre passée par la conscience et la liberté de chacun des acteurs. Si mon médecin gagne sa vie correctement en faisant son métier sans avoir besoin de truander, seule une minorité truandera. Si un chercheur peu faire sa recherche avec des fonds suffisants sans avoir excessivement besoin des fonds privés, il fera une recherche peu dépendante.
L’indépendance, la vraie, n’existe pas : nous sommes tous interdépendants et c’est mal de vouloir faire croire autre chose.
21 octobre 2013, 11:59, par CMT
Pour répondre au commentaire précédent, celui d’anonyme anonyme, l’avantage des financements publics était, lorsqu’ils existaient, par exemple au niveau des associations, de ne s’accompagner d’aucune forme de pression pour obtenir un certain type de résultats. ces subventions n’étaient justifiées que par le fait que les objectifs prônés par une association dans ses statuts, étaient en accord avec l’intérêt général. Après quoi l’Etat s’effaçait et laissait faire l’association (ou l’institution) ce qui n’est pas le cas avec les sociétés privées qui cherchent en permanence à infléchir les actions des associations qu’elles contribuent à financer en leur propre faveur.
Sur le post
21 octobre 2013, 13:01
Sauf que :
1/ l’état n’a pas les moyens de payer toutes les recherches nécessaires. Qui va faire les choix ? Nos députés du indépendants qu’ils se sont votes la non obligation de publicité de leurs conflits d’intérêts, eux les serviteurs de la nation, tandis qu’ils obligent les médecins libéraux à le faire ?
2/ l’état n’est aucunement indépendant : il est dépendant de ses dirigeants, le problème est donc déplacé voire aggravé.
21 octobre 2013, 13:09, par Dominique Dupagne
Bonjour,
Je réponds au commentateur qui s’y est collé pour prétendre que les conflits d’intérêts sont partout et qu’il ne faut donc pas s’en offusquer.
Mauvaise réponse. Le but est d’avoir le moins de conflits d’intérêts possible, pas de partir du principe qu’on s’en fout. Certes, le paiement à l’acte introduit un conflit d’intérêt délétère. Le salariat aussi. Mais en quoi est-ce une excuse pour les autres, que l’on peut éviter.
Faire de la recherche avec l’industrie, pourquoi pas. Mais alors on se tait dans les médias.
21 octobre 2013, 14:11
Hum, non : je n’ai pas dit qu’il ne fallait pas s’en offusquer. Je dis que mis à part des cas extrêmes comme celui cité et d’autres aussi caricaturaux, la plupart des conflits d’intérêts sont résolus par la bonne fois et la bonne volonté des humains concernés. C’est lorsque ces humains perdent leur humanité, quand ils sont déshumanisés, irresponsables, que les problèmes réels se posent comme le montrent ces "machins".
Or, c’est exactement un "machin" qui est proposé pour remplacer celui-là : une déclaration publique des stylos et post-it donnés aux médecins (parfois à son insu car c’est la secrétaire qui l’aura récupéré) tandis que les prof de CHU continueront par le biais d’association à toucher des subsides pour payer le café et le week-end qui va avec en produisant une étude en coopération avec le privé.
Bref, l’indépendance n’existe pas et ce n’est pas un problème. Le problème c’est l’absence de vraie transparence sur les fonds publics ou de coopération public/privé et dans le cas des médecins liéraux, l’excès de fausse transparence.
21 octobre 2013, 23:50, par CMT
Il n’y a pas tant besoin de "recherches" et d’innovations à haute valeur technologique et financière ajoutée que de prévention. Tous les indicateurs sanitaires relevant de la prévention sont au rouge vif en France, tandis qu’on continue à investir dans des médicaments et procédures complexes et chers qui peuvent permettre au mieux de prolonger de quelques semaines la vie de cancéreux en phase terminale et à surprescrire des médicaments qui provoquent des dizaines de milliers de morts chaque année.
Beaucoup d’argent qui pourrait être bien mieux utilisé est gaspillé dans le curatif.
Ne serait-il pas plus intéressant de s’intéresser aux moyens d’éviter les cancers plutôt que de multiplier les traitements de ce type ?
Vous me parlez des REPRESENTANTS de l’Etat tels qu’ils sont corrompus par des lobbys défendant des intérêts particuliers et non du rôle de l’Etat en tant qu’entité arbitrant contre les intérêts particuliers et en faveur de l’intérêt général, ce qui est le rôle naturel de l’Etat dans une démocratie républicaine.
Plutôt que de constater et d’accepter la corruption comme un fatalité, ne vaudrait-il pas mieux la dénoncer ?
En France la notion d’intérêt général est mal définie mais il est reconnu que l’intérêt général est le fondement du droit public. Voici une définition de l’intérêt général :
" L’administration fiscale propose une définition restrictive et reconnaît comme ayant un caractère d’intérêt général les organismes remplissant cumulativement les conditions suivantes :
Mener des actions présentant au moins l’un des caractères visés visé aux articles 200 et 238 bis du Code général des impôts (sont mentionnées : les activités ayant un caractère philanthropique, éducatif, scientifique, social, humanitaire, sportif, familial, culturel ou concourant à la mise en œuvre du patrimoine artistique, à la défense de l’environnement naturel ou à la diffusion de la culture, de la langue et des connaissances scientifiques) ou au bénéfice d’organismes énumérés par ces articles
Être gérés de manière désintéressée
Exercer des activités non lucratives de manière prépondérante
Ne pas fonctionner au profit d’un cercle restreint de personnes"
C’est clairement incompatible avec l’exercice d’une activité à but lucratif et c’est pourquoi les multinationales n’ont pas leur place au sein d’associations censées défendre l’intérêt général.
21 octobre 2013, 12:00, par CMT
Merci à Philippe Nicot pour cet article et merci à DD pour offrir cet espace. Sans cette visibilité, qu’offrent aussi parfois des éditeurs et des journalistes, nous ne passerions tous, tous ceux qui expriment une vision critique scientifiquement étayée des orientations de santé publique officielles, que pour des marginaux, des originaux illuminés en butte au harcèlement des autorités et de nos confrères bien pensants qui font ce qu’on leur dit sans se poser de questions. C’est ce qu’exprime une consoeur sur le blog de Jean-Claude Grange http://www.blogger.com/comment.g?blogID=4313472142599177823&postID=7217047276201502015 qui dit ceci (commentaire 6) : » ça fait mal de douter , j’ai appris que parce que je tente de donner une information la plus objective possible à mes patientes sur le depistage que je ne ferai pas pour moi, pour les autres médecins je passe pour une "criminelle"
c’est aujourd hui que je l’ai appris , je suis triste ».
Je sens de la colère dans ce post de Philippe Nicot, une colère retenue qui est on ne peut plus justifiée.
A l’adresse des non médecins, il faut comprendre que le dépistage du cancer du sein fait partie de ces politiques de santé publique « mondialisées » c’est-à-dire prônées dans tous les pays riches et parfois aussi dans les pays pauvres (vaccinations), qui sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus massives, mais qui sont généralisées avec un niveau de preuves très faible, souvent, c’est-à-dire sans que l’on ait pris le temps de savoir quelles étaient les conditions locales qui allaient être déterminantes pour qu’elles soient utiles ou non à la population d’un pays donné.
Ces politiques sont donc généralisées en dépit de conditions locales très différentes, non pas parce que l’on démontré leur utilité pour une population, mais parce qu’il existe une pression très forte de différentes multinationales, notamment pharmaceutiques, sur les pouvoirs publics des différents pays, et que ces pression sont relayées, par le biais de multiples conflits d’intérêts, comme ceux décrits par Philippe Nicot, dans les organismes officiels qui définissent les politiques de santé publique de chaque pays.
Il faut aussi comprendre, qu’une fois que l’on a défini qu’une action de santé publique serait « systématique » parce que l’on a décidé, que, selon un raisonnement simpliste admis, d’ailleurs sans examen critique par un très grand nombre de médecins, plus on en fait mieux c’est, une fois qu’on a fait cela on a lancé une machinerie très lourde (et très coûteuse) qu’il sera très difficile d’arrêter, car elle continuera d’avancer de par sa propre inertie. Une machinerie dont l’objectif est PAR DEFINITION d’enrôler un maximum de patients pour atteindre des taux les plus élevés possibles de participation ce qui est son principal critère de succès.
Il est donc assez logique que l’argumentaire des campagnes engagées soit plutôt de type PUBLICITAIRE, et qu’il ne soit pas vraiment destiné à obtenir un CONSENTEMENT ECLAIRE de la part des patientes, ce qui impliquerait une information équilibrée sur les bénéfices et les risques de la démarche pour chaque patiente.
Il y a, en effet, de quoi être en colère, parce que la démarche est particulièrement perverse, en ce qu’elle utilise les peurs et les espoirs irrationnels des patientes pour les amener à prendre des décisions souvent contraires à leurs propres intérêts. Et Martine Bronner, qui est une patiente, explique bien cela sur son blog http://martinebronner.wordpress.com//?s=comment&search=Go .
21 octobre 2013, 19:58, par Philippe Nicot
Merci CMT ! Je ne suis pas en colère. J’éprouve plutôt de l’incompréhension. Avoir réalisé une étude à propos de quelques semeurs de controverses, montre que nous marchons sur la tête. D’abord parce que la controverse est un fait scientifique porté par des experts de tout premier plan, Gotzsche, Welsh, Autier, Junod, la Revue Prescrire... Mais aussi des femmes comme Rachel Campergue qui ont osé posé des questions qui dérangent. Vouloir clouer au silence ce débat est donc s’enfoncer dans une impasse scientifique et humaine. Vouloir concilier information loyale avec participation relève au mieux de la gageure. Faire taire la controverse, c’est comme casser le thermomètre... Philippe Nicot
21 octobre 2013, 12:01, par CMT
Un des inconvénients majeurs du dépistage est le risque de SURDIAGNOSTIC. Le Surdiagnsotic se définit comme la « Détection de « cancers » qui n’auraient jamais mis la vie de la personne en danger mais qui entraînent un traitement » (Bernard Junod, épidémiologiste http://www.formindep.org/IMG/pdf/depist_surdiag_junod.pdf ). Le surdiagnsotic est particulièrement fréquent dans le cas du cancer du sein parce que, d’une part, il ya des FAUX POSITIFS, même au niveau de l’étude anatomopathologique des tumeurs (examen direct de la tumeur après exérèse) d’après une expérience menée aux Etats Unis où l’on a confié des échnatillons de tumeurs à différents anatomopathologiste. Et que, d’autre part, lorsqu’on découvre une tumeur chez une patiente qui ne se plaint de rien, on est pour l’instant totalement incapable de prédire si elle sera d’évolution lente ou rapide. Elle a d’autant plus de chances de ne présenter aucun inconvénient durant la vie de la patiente, qu’elle est petite. Or, le dépistage systématique vise justement à découvrir des tumeurs les plus petites possibles. Cela peut aboutir à des taux de surdiagnostic très importants selon les conditions propres à chaque pays http://www.larecherche.fr/idees/grand-debat/depistage-entraine-surdiagnostic-diminuer-mortalite-01-06-2012-91046 . L’absence de baisse ou la faible diminution de la mortalité (par cancer du sein et globale) est un critère important de surdiagnostic surtout si on la compare à l’augmentation de la fréquence du cancer chez les femmes pendant la période de dépistage. La comparaison de ces deux critères montre que la France a des performances très mauvaise en la matière, comparativement aux moyens investis, comme le constatait Philippe Autier, chercheur au sein du Cetre International de Recherche sur le cancer (CIRC) dans un article paru en 2010 dans le BMJ comparant 30 pays européens http://www.bmj.com/highwire/filestream/338630/field_highwire_article_pdf/0/bmj.c3620.full.pdf cf tableau p 3. Une autre étude du même auteur datant de 2011, montrait qu’il n’y avait pas de différence dans la diminution de mortalité par cancer du sein, entre des pays considérés par paires ayant des conditions de départ proches, selon qu’ils pratiquaient le dépistage ou non. Ces pays avaient un accès semblable au traitement. D’où la conclusion que la diminution des taux de mortalité est dues avant tout aux progrès dans le traitement, et non à l’instauration du dépistage. Ce qui veut aussi dire que l’amélioration du traitement enlève tout intérêt au dépistage, et ne laisse donc que ses risques, notamment les risques de surdiagnostic.
L’incapacité des pouvoirs publics, des organismes et institutions officiels qui définissent les politiques de santé publique, et des médecins à distinguer ce qui relève d’intérêts privés et ce qui relève de l’intérêt des patientes et de l’intérêt général a donc des conséquences très lourdes en termes de santé publique et des conséquences tragiques pour les patients qui sont amenés à prendre de mauvaise décisions pour eux-mêmes. Des décisions sous influence et des décisions de plus en pus déterminées par une forme rampante et sournoise de coercition. Et les femmes de plus de 50 ans qui ne se sont pas rendues à la première « invitation au dépistage » savent la forme de harcèlement qu’elles on dû subir.
On sait que les Etats Unis font rarement les choses à moitié en ce qui concerne la santé publique. Ils sont donc allés très loin dans cette logique de mélange d’intérêts publics et privés, de peopilisation des campagnes pour le dépistage (the cure ) de confusion entre prévention et dépistage (le dépistage ne prévient pas le cancer du sein).
Le résultat est une augmentation inédite du taux des mastectomies. Et cet article cité par docteurdu16 d’une chercheuse américaine http://www.psychologytoday.com/blog/pink-ribbon-blues/201303/rights-or-rhetoric-breast-reconstruction-awareness nous explique que sur 300 000 femmes chez qui le dépistage découvre une tumeur, environ 42% (chiffres constatés entre 1998 et 2003) subiront une mastectomie uni ou bilatérale. Comme il y a 3 millions de « survivantes » au cancer du sein aux Etats Unis, cela fait plus de 1 million de femmes mutilées.
N’a-t-on pas le droit d’exiger qu’une telle hécatombe est justifiée par d’autres intérêts que ceux de General Electric (fabricant d’appareils de radiographie), d’Astra Zeneca ou de Roche ?
Si vous voulez tout comprendre sur la manière dont historiquement le dépistage systématique s’est imposé et est devenu une obligation où la science n’a plus grand-chose à faire, vous pouvez aussi lire le livre de Rahcel Campergue « no mammo », qui se lit comme un roman. Malheureusement son éditeur, Max Milo (qui était aussi le mien) a fait faillite. Mais on peut encore trouver des exemplaires sur Amazone http://www.amazon.fr/mammo-Enqu%C3%AAte-d%C3%A9pistage-cancer-sein/dp/2315002931 ou à la FNAC http://recherche.fnac.com/SearchResult/ResultList.aspx?SCat=2!1&Search=no+mammo+%3F+campergue+rachel&sft=1 .
21 octobre 2013, 12:02, par CMT
Suite CMT Un des inconvénients majeurs du dépistage est le risque de SURDIAGNOSTIC. Le Surdiagnsotic se définit comme la « Détection de « cancers » qui n’auraient jamais mis la vie de la personne en danger mais qui entraînent un traitement » (Bernard Junod, épidémiologiste http://www.formindep.org/IMG/pdf/depist_surdiag_junod.pdf ). Le surdiagnsotic est particulièrement fréquent dans le cas du cancer du sein parce que, d’une part, il ya des FAUX POSITIFS, même au niveau de l’étude anatomopathologique des tumeurs (examen direct de la tumeur après exérèse) d’après une expérience menée aux Etats Unis où l’on a confié des échnatillons de tumeurs à différents anatomopathologiste. Et que, d’autre part, lorsqu’on découvre une tumeur chez une patiente qui ne se plaint de rien, on est pour l’instant totalement incapable de prédire si elle sera d’évolution lente ou rapide. Elle a d’autant plus de chances de ne présenter aucun inconvénient durant la vie de la patiente, qu’elle est petite. Or, le dépistage systématique vise justement à découvrir des tumeurs les plus petites possibles. Cela peut aboutir à des taux de surdiagnostic très importants selon les conditions propres à chaque pays http://www.larecherche.fr/idees/grand-debat/depistage-entraine-surdiagnostic-diminuer-mortalite-01-06-2012-91046 . L’absence de baisse ou la faible diminution de la mortalité (par cancer du sein et globale) est un critère important de surdiagnostic surtout si on la compare à l’augmentation de la fréquence du cancer chez les femmes pendant la période de dépistage. La comparaison de ces deux critères montre que la France a des performances très mauvaise en la matière, comparativement aux moyens investis, comme le constatait Philippe Autier, chercheur au sein du Cetre International de Recherche sur le cancer (CIRC) dans un article paru en 2010 dans le BMJ comparant 30 pays européens http://www.bmj.com/highwire/filestream/338630/field_highwire_article_pdf/0/bmj.c3620.full.pdf cf tableau p 3. Une autre étude du même auteur datant de 2011, montrait qu’il n’y avait pas de différence dans la diminution de mortalité par cancer du sein, entre des pays considérés par paires ayant des conditions de départ proches, selon qu’ils pratiquaient le dépistage ou non. Ces pays avaient un accès semblable au traitement. D’où la conclusion que la diminution des taux de mortalité est dues avant tout aux progrès dans le traitement, et non à l’instauration du dépistage. Ce qui veut aussi dire que l’amélioration du traitement enlève tout intérêt au dépistage, et ne laisse donc que ses risques, notamment les risques de surdiagnostic.
21 octobre 2013, 15:08, par CMT
suite et lien pour la référence citée (article du BMJ comparant les pays avec et sans dépistage) http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3145837/
L’incapacité des pouvoirs publics, des organismes et institutions officiels qui définissent les politiques de santé publique, et des médecins à distinguer ce qui relève d’intérêts privés et ce qui relève de l’intérêt des patientes et de l’intérêt général a donc des conséquences très lourdes en termes de santé publique et des conséquences tragiques pour les patients qui sont amenés à prendre de mauvaise décisions pour eux-mêmes. Des décisions sous influence et des décisions de plus en pus déterminées par une forme rampante et sournoise de coercition. Et les femmes de plus de 50 ans qui ne se sont pas rendues à la première « invitation au dépistage » savent la forme de harcèlement qu’elles on dû subir.
On sait que les Etats Unis font rarement les choses à moitié en ce qui concerne la santé publique. Ils sont donc allés très loin dans cette logique de mélange d’intérêts publics et privés, de peopilisation des campagnes pour le dépistage (the cure ) de confusion entre prévention et dépistage (le dépistage ne prévient pas le cancer du sein).
Le résultat est une augmentation inédite du taux des mastectomies. Et cet article cité par docteurdu16 d’une chercheuse américaine http://www.psychologytoday.com/blog/pink-ribbon-blues/201303/rights-or-rhetoric-breast-reconstruction-awareness nous explique que sur 300 000 femmes chez qui le dépistage découvre une tumeur, environ 42% (chiffres constatés entre 1998 et 2003) subiront une mastectomie uni ou bilatérale. Comme il y a 3 millions de « survivantes » au cancer du sein aux Etats Unis, cela fait plus de 1 million de femmes mutilées.
N’a-t-on pas le droit d’exiger qu’une telle hécatombe est justifiée par d’autres intérêts que ceux de General Electric (fabricant d’appareils de radiographie), d’Astra Zeneca ou de Roche ?
Si vous voulez tout comprendre sur la manière dont historiquement le dépistage systématique s’est imposé et est devenu une obligation où la science n’a plus grand-chose à faire, vous pouvez aussi lire le livre de Rahcel Campergue « no mammo », qui se lit comme un roman. Malheureusement son éditeur, Max Milo (qui était aussi le mien) a fait faillite. Mais on peut encore trouver des exemplaires sur Amazone http://www.amazon.fr/mammo-Enqu%C3%AAte-d%C3%A9pistage-cancer-sein/dp/2315002931 ou à la FNAC http://recherche.fnac.com/SearchResult/ResultList.aspx?SCat=2!1&Search=no+mammo+%3F+campergue+rachel&sft=1 .
21 octobre 2013, 13:28, par martine bronner
merci à Philippe, certains aspects deviennent lumineux quand on parle d’argent.
Mais, honte à moi, quand je faisais partie d’une association de patientes, j’ai tenté moi aussi de trouver des sous car les copines râlaient quand on leur proposait de payer leur essence ou leur bus pour rencontrer les patientes !
De même que nous râlions aussi quand il fallait assister à moults réunions alors que nous étions déjà bien occupées avec les patientes....
Ce qui montre bien que les associations qui "touchent" sont aussi celles qui savent comment s’y prendre, qui connaissent le digicode des institutions et des labos et qui savent se rendre visibles.
Cela dit, je n’ai pas trouvé d’argent...et je crois que je l’aurais pris ou j’aurais peut-être tenté de convaincre le reste du CA de le prendre car comme certains médecins convaincus de prescrire sans être influencés, je n’aurais pas mesuré ce que cela veut dire réellement.
Cela dit, les militantes ou bénévoles d’association voient les labos comme ceux qui ont permis de trouver les potions magiques qui leur ont sauvé la vie, elles se perçoivent comme patientes et non pas comme clientes.
21 octobre 2013, 14:14
Et, quand même, oui : certains laboratoires ont fait et font certains produits qui sauvent la vie de certaines personnes. Et parfois (souvent ?), ces mêmes laboratoires font du prosélytisme pour vendre en masse leurs produits à des gens qui n’en ont pas besoin parce qu’ils veulent rentabiliser leur investissement.
On se réjouira de la première partie, on regrettera la 2e partie mais on n’oubliera pas aussi la première partie.
21 octobre 2013, 20:55, par Philippe Nicot
Martine, tu exposes parfaitement la situation difficile dans laquelle se trouve les patientes, et comment la présence des firmes auprès d’elles dans la maladie crée cette vision merveilleuse des firmes. Pour les patientes, la participation à une association étant l’une des meilleures manières d’être pro-active, le piège se referme dés que l’on pose la question du financement. Cela étant tu relates la possibilité qu’il y a de fonctionner sans financement.
C’est quelque chose que je faisais facilement lorsque j’étais étudiant : des projets parfois ambitieux et sans un sou. J’ai désappris cette débrouillardise au cours de mes premières années d’installations, car nous avions pris l’habitude de nous réunir avec la présence des labos. Habitude que j’ai fort heureusement arrêté assez tôt, mais pas nombre de mes collègues. Vivre sans eux, est pourtant si simple. A bientôt.
21 octobre 2013, 21:05, par Philippe Nicot
Encore heureux que certains médicaments soient utiles. Je suis médecin, normal, conventionné en secteur 1 ! Mais ce n’est pas le sujet. Le sujet c’est : est-ce qu’on a besoin du café jusqu’au potage du soir, du moment où l’on pénètre dans nos salles d’attentes, jusqu’au moment où l’on rédige nos ordonnances, de notre exercice normal de médecin jusqu’à nos escapades avec nos conjoints de la présence des firmes ? Pour moi c’est non !
A-t-on besoin, lorsqu’on est une institution financé à coups de centaines de millions d’euros, de quelques milliers d’euros pour faire une étude dont l’objet et de faire taire des questions scientifiques gênantes ?
C’est à nous de replacer les firmes dans leur vrais rôles, qui n’est pas le retour sur investissement. Bien à vous
21 octobre 2013, 15:00
Un joli lien sur l’exploitation d’octobr rose http://madame.lefigaro.fr/societe/octobre-rose-detournement-marketing-211013-605978
21 octobre 2013, 23:33, par PESTY, François
Bravo Philippe pour cet excellent article. Honte aux laboratoires Roche de mentir avec autant d’audace sur l’indépendance des experts. Faut-il encore préciser qu’en France l’AVASTIN®, bévacizumab, médicament vedette de Roche et anticancéreux le plus remboursé en France, conserve une indication dans le cancer du sein, malgré un service médical rendu (SMR) faible. Alors qu’aux Etats-Unis, l’agence américaine du médicament (FDA) lui a retiré l’autorisation de mise sur le marché dans cette indication, jugeant défavorable son rapport bénéfice / risque : http://www.fda.gov/newsevents/newsroom/pressannouncements/ucm280536.htm
22 octobre 2013, 08:25, par a annetin
Comment exercer une médecine raisonnable quand le fait de simplement raisonner est disqualifié par le public mais aussi par une certaine classe médicale de plus en plus rapide et de moins en moins disponible pour le patient ?
Prescrire explorer ,dépister collectivement mais aussi parler discuter avec UN patient apprendre à le connaitre pour moduler ,adapter la projection à l’être dans sa complexité sa "culture"
Comment ne pas nuire au patient à sa vie tout en acceptant les pressions des systèmes qui veulent que l’on explore que l’on traite à tout prix sans se donner le temps de réfléchir ?
Les cancers certes mais aussi au quotidien la vieillesse ..
comment évaluer une perte de chance à 90 ans ?
combien de personnes âgées avec des empilements de remèdes dont plus personne ne se demande si on ne pourrait pas en enlever ?
Les outils modernes non maitrisés nous emportent dans une perte de sens reléguant l’éthique et la philosophie du soin à une attitude ringarde anti progrès faisant passer le praticien pour un nul qui ne fait rien simplement parce qu’il pense qu’à un moment ne rien faire c’est soigner
On nous entraine dans le faire à tout prix ,remboursé ,et celui qui essaie de ne pas se faire emporter devient indigne d’exercer simplement parce qu’il pose la question de la qualité de la vie du patient
Une simple exploration se transforme en mois d’angoisse simplement parce qu’il faut empiler des examens à trois semaine de délai pour authentifier une image qui n’a plus rien à voir avec le motif initial de l’examen
La peur domine tout ,elle nous fait sur consommer :peur d’être malade ,peur de passer à côté du diagnostic
Elle n’en demeure pas moins le plus mauvais conseiller
Ne pas protéger le soin de l’exploitation de la peur et ne pas mettre les soignants à l’abri des modes et des lobbys c’est accepter un avenir irraisonné et un présent déraisonnable de la Médecine .
Merci de ces articles et de ces échanges qui nous obligent à entendre et voir
Lutter contre les scotomes et tenir compte du déni c’est déjà ça ...c’est déjà ça
Être conscient de ses propres conflits d’intérêts c’est simplement réfléchir à sa pratique
22 octobre 2013, 08:44, par dr coq
Octobre Rose, une de ces nombreuses nouvelles religions... un prix à payer ici et maintenant pour un hypothétique avenir radieux (je n’ai pas dit un avenir radiant !), une culpabilisation de ceux ou celles qui ne sont pas dans le mouv’, une église bâtie sur de la souffrance, regorgeant de martyres, une priorité sur la forme (le petit ruban rose) plutôt que sur le fond (et si Dieu n’existait pas ?), un message de base simple à s’emparer et à répéter sur les réseaux sociaux dans une posture missionnaire, une structure pensante pyramidale avec enrichissement de la tête et utilisation de la chair de base, des prêtres et des laïques, des quêtes et des prières, des grands messes... et surtout, un grand troupeau de fidèles acquis à la Cause... C’est dire si les philosophes des lumières ont du pain sur la planche...
16 novembre 2013, 08:43, par Pascal Bouhier
Merci à Philippe Nicot qui nous fait nous sentir moins seuls, merci aussi à la REVUE PRESCRIRE (avec laquelle je n’ai aucun conflit d’intérêt) qui tente depuis plus de 12 ans de nous mettre en garde contre les excès du dépistage du cancer du sein. L’indépendance se choisit, se construit en commençant tôt dans sa vie professionnelle et étudiante, après quelques années de mauvaises habitudes insouciantes, elle est balayée par le hameçonnage ou le cynisme. Ce n’est pas la moindre de mes missions que j’assume avec mes étudiants de 8ème et 9ème année.