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Google Health est mort, vive Google Health !

Première publication : vendredi 1er juillet 2011,
par Dominique Dupagne - Visites : 9583

Coup de tonnerre le 24 juin 2011 : Google annonce l’arrêt de son service de dossier médical en ligne Google Health.

Coup de tonnerre notamment pour moi, qui déclarait depuis 3 ans à qui voulait l’entendre que le Dossier Médical Partagé français n’avait aucune chance de succès face au géant californien.

Cet abandon m’a paru difficilement compréhensible. Je me suis perdu en conjectures avec mes compères 2.0 sur le forum en tentant de trouver une logique à la stratégie de Google. La réponse la plus fréquente était celle mise en avant par Google lui-même : "pas assez de gens intéressés". Et peut être aussi, subodorions-nous, trop de problèmes liés à la grande sensibilité de ces données.

Mon confrère Jean-Jacques Fraslin publiait dès le surlendemain un excellent billet intitulé Google Health est mort, vive le DMP ?. La France est en effet un des derniers pays à croire au dossier médical universel et centralisé, accessible via des procédures de connexion sophistiquées. Ces procédures de sécurité sont à la mesure de la sensibilité des données nominatives de santé mais constituent un écueil important pour l’usabilité du service.

Rayon de soleil, ou nuage dans le ciel du DMP ?

Une question revenait sans cesse dans les forums spécialisés : la fermeture de Google Health libérait-elle le champ des initiatives publiques comme le DMP ? Ou signait-elle au contraire la mort du concept de dossier médical en ligne ?

Je penchais vers la deuxième option quand Google a apporté lui même la réponse.

Le 29 juin, Google annonce la sortie de sa "surcouche sociale" Google+. Il s’agit d’un ensemble de fonctions qui s’associent aux services Google existants et qui permettent de partager ses informations avec des groupes (cercles de relations). Chaque utilisateur peut ainsi décider qui peut voir quelles photos, quels documents, quelles vidéos. Le dialogue a plusieurs devient enfantin.


Moins inquiétant que Facebook l’acnéique, plus riche que Twitter le famélique, moins élitiste que Linkedin le mercatique, Google+ se veut unificateur : il relie des services déjà utilisés en créant une "surcouche" sociale. Il veut être la substance blanche du réseau de services Google.

C’est alors que j’ai compris, aidé par le forum, la vraie raison de la suppression de services comme Google-Health, qui s’inscrit dans un remodelage profond de l’offre de services du géant de la recherche : la santé n’a pas de raison d’être hébergée dans un service spécifique.

Nous sommes tous différents, nos besoins sont différents. Nous avons des préoccupations très variées sur la confidentialité de nos informations
- Tel jeune séropositif souhaitera un secret total sur son statut et effacera toute trace de cette information partout où il le pourra. Pour autant, il mettra sur facebook ses goûts musicaux, voire des photos plutôt intimes.
- Tel retraité souhaitera que ses soucis de santé soient facilement accessibles à tout soignant afin qu’il soit bien prise en charge en cas d’accident. En revanche, il veillera à ce que ses opinions politiques ne transpirent pas au delà d’un cercle d’amis restreint.
- Telle jeune maman ne verra aucun inconvénient à libérer l’information sur le statut vaccinal de ses enfants, mais pas l’adresse postale du foyer. Elle traquera et fera effacer toute photographie de ses enfants accessible en ligne.

Ces quelques exemples pour montrer que la santé n’est pas obligatoirement et structurellement une information confidentielle. Certains malades chroniques préfèreront que cette information soit facilement accessible. D’autres types d’informations peuvent être aussi, voire plus sensibles que nos informations de santé.

Nous avons l’habitude, héritée de l’ère 1.0, de classer les choses par catégories, par tiroir, par étagère, et nous reproduisons cette habitude sur le web.
Cette rupture de continuité dans nos outils et rangements n’a plus vraiment d’objet. Ce qui est important, c’est de pouvoir définir facilement et précisément qui peut accéder à quel type d’information, et où elle est accessible.

Il nous revient de choisir si nous mettons dans la partie la plus confidentielle de nos armoires virtuelles, notre santé, notre orientation sexuelle, nos idées politiques, ou nos vices...

Google+ apporte apparemment une solution relativement universelle à ce problème avec ses cercles qui nous permettent de délimiter simplement les droits d’accès à nos informations sortantes. La confidentialité passe à deux dimensions : Quoi, et pour Qui ?

Il faudrait d’ailleurs une réflexivité : pour éviter d’être noyés par l’information, nous souhaiterons rapidement disposer des cercles pour l’information entrante :

Ce matin, j’ai peu de temps, je veux juste lire les informations qui concernent ma famille et mes amis proches.

Pendant ma consultation, je ne veux lire que les messages et informations qui concernent mes patients et mon activité de médecin.

Reste le problème, le gros problème : quelle que soit la pertinence des outils proposés par Google, est-ce vraiment à une société de droit privé étatsunienne que nous voulons confier toutes ces données ? Est-il acceptable que le gouvernement américain puisse accéder à notre intimité par une simple réquisition plus ou moins fondée ?

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