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Sophia : les mauvais calculs de la CNAMTS

Première publication : jeudi 7 mars 2013,
par Dominique Dupagne - Visites : 30855

La Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAMTS) s’est lancée en 2009 dans le "disease management". Elle a commencé par le diabète en mettant en place le programme d’accompagnement Sophia. Malheureusement, les résultats de ce programme ne sont à la mesure ni des enjeux ce cette maladie, ni des budgets engagés.

"Je ne crois qu’aux statistiques
que j’ai falsifiées moi-même"

Winston Churchill

La Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAMTS) s’est lancée en 2009 dans le "disease management". Elle a commencé avec le diabète en mettant en place le programme d’accompagnement Sophia. Malheureusement, les résultats de Sophia ne sont pas à la mesure des enjeux de cette maladie malgré les importants moyens engagés. Pour dissimuler cette réalité, la CNAMTS a refusé de rendre public le rapport d’évaluation réalisé par une société extérieure. Elle a également modifié, tronqué et falsifié les seules données portées à la connaissance du public et des professionnels de santé.

Le programme Sophia est décrit sur le site dédié de la CNAMTS. Sophia propose aux diabétiques un accompagnement pédagogique dans le but de les aider à mieux gérer leur maladie. L’objectif secondaire est de diminuer les coûts de cette maladie très répandue, ou au moins d’autofinancer le service. Les moyens mis en oeuvre sont représentés par une plate-forme téléphonique, des brochures informatives et un site internet dédié à la maladie. Les infirmier(e)s qui animent la plate-forme téléphonique sont formées pour répondre aux questions générales sur le diabète (mais pas pour donner des avis personnalisés sur l’intérêt des traitements ou leurs inconvénients). Il s’agit bien d’accompagnement du patient et non de télémédecine.

Le coût annuel du programme Sophia était de 396 € par an et par diabétique adhérent lors de sa première année (2009). Il a baissé à 116 € en 2011 du fait de l’amortissement des coûts initiaux. Ce montant équivaut à 5 consultations de généraliste, à 4 consultations de diabétologue ou à 14 visites d’une infirmière à domicile pour contrôle de la glycémie et injection d’insuline.

Une évaluation biaisée d’emblée

Le programme Sophia a été évalué par une société extérieure (CEMKA EVAL) sous contrat avec la CNAMTS.

Les seuls compte-rendus de cette évaluation rendus publics par la CNAMTS figurent dans deux dossiers de presse publiés en 2011 et 2013. Le premier dossier de presse reprend les conclusions du rapport CEMKA EVAL, finalisé en 2010. Il concerne l’année 2009 du programme. À la lecture du dossier de presse de 2011, je m’étais ému des faiblesses de cette évaluation dans un billet très critique. J’y demandais la publication du rapport d’évaluation complet.

Ce rapport d’évaluation de 2010 n’est toujours pas public en 2013

En 2012, le syndicat FMF, nouveau partenaire conventionnel, a été invité à désigner un représentant au conseil scientifique du programme Sophia. J’ai accepté leur proposition d’entrisme et j’ai donc pu assister à une réunion. J’ai également pu obtenir copie de ce rapport confidentiel.

J’y ai découvert que le protocole d’évaluation mis en place avait été biaisé d’emblée : plutôt que de créer deux groupes tirés au sort (randomisés) et donc comparables [1], le choix a été fait de comparer le groupe auquel Sophia a été proposé dans les départements pilotes (Groupe "éligible" appelé Sophia ITT), à un groupe témoin (Témoins 2) provenant d’autres départements et censé être représentatif des diabétiques français. Certes, le risque de biais n’est pas énorme, mais il existe. On le constate par exemple dans le tableau récapitulatif des dépenses de ville ci-dessous qui montre une structure de dépenses non comparable malgré des effectifs très importants [2]. Toute l’évaluation reposera donc sur des comparaisons entre des groupes non strictement équivalents, et les ajustements ne pourront pas apporter une sécurité suffisante pour donner du crédit à cette évaluation. C’est d’autant plus gênant que les différences observées entre les deux groupes en fin d’intervention seront très faibles.

Des résultats insignifiants

L’étude des résultats bruts explique peut-être pourquoi ce rapport n’est pas public : l’impact positif de Sophia sur des indicateurs simples comme les dosages sanguins de suivi ou le recours conseillé à des consultations spécialisées est insignifiant. L’incitation à réaliser ces dosages ou à consulter régulièrement un ophtalmologiste ou un cardiologue représentait pourtant l’essentiel de la mission des téléconseillers Sophia.

Cette situation était fâcheuse pour la CNAMTS qui a de grandes ambitions pour son projet de disease management à la française. Malgré les efforts de CEMKA EVAL pour mettre en valeur son commanditaire grâce à des comparaisons multivariées [3], les chiffres sont cruels et montrent que Sophia ne sert pas à grand-chose. Un simple coup d’oeil sur les graphiques ci-dessous montre que la différence de progression entre le groupe Sophia ITT en bleu et le groupe Témoins en vert est peu probante, même si elle est parfois statistiquement significative. Notez au passage que le groupe des Adhérents Sophia (en rouge) est très différent des autres avant le début du programme.

Une présentation malhonnête des résultats

Chacun peut penser ce qu’il veut de ces chiffres, mais l’élément le plus dérangeant à mes yeux est que la CNAMTS a toujours présenté des synthèseses tronquées et parfois falsifiées de cette évaluation, notamment dans ses dossiers de presse de 2011 et 2013, sans jamais publier le rapport lui-même.

En effet, l’évaluateur CEMKA EVAL avait logiquement travaillé en intention de traiter. Cela signifie que les évaluateurs ont comparé le groupe auquel le programme a été proposé (que les diabétiques aient accepté ou non) dit Sophia ITT, au groupe Témoin issu d’autres départements, et n’ayant pas eu accès au programme. C’est la règle en matière d’évaluation pour ne pas introduire de biais liés à la personnalité des diabétiques, dont le profil est différent selon qu’ils acceptent ou non de participer au programme [4].

Fonder l’évaluation de Sophia sur la comparaison d’autres groupes que le groupe Sophia ITT et le groupe Témoins n’aurait donc aucun sens. D’ailleurs, les graphiques montrent que le groupe des patients ayant adhéré à Sophia et le groupe de ceux ayant refusé le programme ne sont initialement ni comparables entre eux, ni comparable à Sophia ITT, ni comparables au groupe témoin. Sans surprise, les adhérents volontaires pour Sophia (rouge) sont plus vigilants sur leur santé et ont un meilleur score de départ pour leur suivi que les non-adhérents (violet). Ces différences initiales se retrouvent intialement sur de nombreux critères importants comme l’âge, le poids ou le nombre de recours à des médecins spécialistes.

En pratique, les seules comparaisons à peu près valides sont donc celles qui concernent le groupe Sophia ITT et le groupe Témoin 2. Les autres comparaisons introduisent des biais majeurs qu’aucun ajustement a posteriori ne peut prétendre corriger totalement. Je dis "à peu près valides" car nous avons vu que le groupe Sophia ITT et le groupe Témoin ne sont pas exactement comparables au départ.

Mais venons-en à la manipulation opérée par la CNAMTS dans son dossier de presse de 2011.

Dans son dossier de presse de 2011, la CNAMTS a fait supprimer le groupe Sophia ITT du graphique et compare à plusieurs reprises le groupe Sophia Adhérents au groupe Témoins, introduisant des biais majeurs : la courbe bleue a disparu. La CNAMTS a modifié le graphique issu du rapport et tronqué l’expression des résultats dans le tableau qui lui est attaché [5].

La CNAMTS a donc fait disparaître le seul groupe valide pour l’évaluation de son programme. Ce comportement, associé à la non diffusion du rapport complet, est à l’évidence malhonnête.

L’évaluation financière est "ajustée"

L’autre objectif de cette évaluation était de montrer que le programme Sophia permettait une économie dans la prise en charge du diabète. Cet objectif était difficile à atteindre puisque le programme consistait justement à inciter les diabétiques à consulter plus souvent leur ophtalmologiste et à réaliser plus régulièrement des analyses de contrôle du diabète. Les coûts de médecine de ville ont donc logiquement augmenté dans le groupe Sophia [6].

À défaut d’économies en ville, les évaluateurs se sont alors intéressés aux coûts hospitaliers. En voici les données brutes :

Comme vous pouvez le constater, rien d’intéressant ne sort de cette comparaison. D’ailleurs, les "meilleurs élèves" sont les non-adhérents au programme, ce qui n’est pas vraiment en faveur d’une économie liée à Sophia.

Voyons comment la CNAMTS va présenter cette réalité qui la dérange dans son communiqué de presse de 2011 :

Ce tour de passe-passe est apparemment permis par des "ajustements" [7] entre le groupe Sophia ITT et le groupe Témoin 2 pour tenter de trouver une économie qui n’existe pas, tout en cachant l’information fondamentale qui est que la croissance la plus faible des coûts hospitaliers est observée dans le groupe non-adhérent.

Dossier de Presse Sophia 2013

Enfin, pour ce qui est de la "réévaluation médico-économique dans la durée", la CNAMTS a trouvé la meilleure solution : s’évaluer elle-même. C’est donc sans l’aide ni la caution d’un organisme extérieur que la CNAMTS a publié de nouveaux chiffres dans un dossier de presse en 2013, toujours sans permettre l’accès aux données source.

En voici un extrait :

Vous comprenez sans doute comme moi que les adhérents Sophia réalisent 30% d’électrocardiogrammes en plus que dans la population témoin et sont 45% plus nombreux à consulter un l’ophtalmologiste ?

Il n’en est rien. La CNAMTS s’est un peu emmêlée les statistiques. Il faut comprendre que c’est l’augmentation de ces pratiques qui a elle-même augmenté d’un facteur 1,30. Par exemple, le nombre de patients réalisant un ECG est passé de 41,1% à 48,7% (+7,6%) dans le groupe Sophia et de 34,5 à 40,2% dans le groupe témoin (+5,7%) [8].

L’augmentation relative de l’augmentation absolue est bien de 1,30 (soit 7,6/5,7), mais cela ne correspond pas, comme l’écrit la CNAMTS, à la différence de probabilité de réaliser un ECG entre ces deux groupes.

Donc, non seulement la CNAMTS n’a pas été capable de mettre en place un protocole d’évaluation correct, mais elle dissimule les données brutes et falsifie les données rapportées dans ses dossiers de presse et qui sont les seules disponibles.

Les Shadoks me font rire à la télévision, mais pas dans la vraie vie. Comme le recommande l’IGAS dans son rapport critique, ces budgets seraient mieux employés dans les mains des acteurs locaux du soins.

Je suggère que les pouvoirs publics exigent de la CNAMTS la publication du rapport complet CEMKA EVAL, ainsi que les dossiers préparatoires de cette évaluation. Chacun pourra se faire une idée précise de Sophia. De plus, il serait sain que la prochaine évaluation soit commanditée et pilotée par l’IGAS et non par la CNAMTS pour éviter de nouvelles manipulations.

Liens d’intérêts : je n’ai pas de liens d’intérêts avec les industriels du diabète ni avec les programmes d’accompagnement des patients. Je vais demander mon retrait du comité scientifique de Sophia en même temps que la publication de cet article. Je suis adhérent aux syndicats FMF et SMG.


[1Lorsque les effectifs comparés se comptent en centaines de milliers d’individus, comme c’est le cas ici, la probabilité pour qu’il persiste des différences importantes entre des groupes obtenus par tirage au sort est proche de zéro.

[2Les disparités significatives entre ces groupes en terme de postes de dépenses de santé peuvent peut-être s’expliquer par une offre de soins différente dans les départements d’où proviennent les populations étudiées.

La création d’un groupe d’intervention et d’un groupe témoin par tirage au sort global aurait permis de s’affranchir du biais géographique. La société CEMKA EVAL ne justifie pas clairement la raison pour laquelle cette randomisation n’a pas été effectuée, la présentant comme "impossible techniquement".

[3Comparaisons effectuées sans doute à la demande la CNAMTS, et qui lui donnent lui-même le vertige. La conclusion prudente de CEMKA est reprise dans un rapport de l’IGAS. Je cite l’IGAS : "Le moins que l’on puisse en conclure, c’est que l’on ne peut pas conclure...aux effets positifs médico-économiques d’un programme, mis en place une année auparavant et qui montre seulement une amélioration des indicateurs de suivi sur un segment des assurés diabétiques, déjà mieux soignés que les autres. C’est d’ailleurs ce que souligne le rapport : « En l’absence d’effets sur les indicateurs cliniques, il est prématuré de se poser la question de l’efficience économique du programme...La décision d’extension du programme à l’ensemble du territoire français et à d’autres pathologies a été prise récemment. Cette décision se justifie au moins sur le plan de la recherche d’économies d’échelle...Cette démarche devrait être accompagnée d’un suivi évaluatif. »”.

[4La puissance du test en pâtit mais cette faiblesse peut être compensée par des effectifs importants, comme c’est le cas dans cette évaluation.

[5Dans le dossier de presse 2011, l’existence de 4 groupes est bien mentionnée page 10 mais le groupe Sophia ITT retiré du graphique est appelé "groupe éligible". Il est question d’un 5e groupe témoin (ENTRED) dont je ne parle pas volontairement pour ne pas alourdir l’analyse, bien qu’il y ait beaucoup à dire à ce sujet.

[6Comme c’est systématiquement et logiquement le cas dans ce type de programme, ainsi que le rappelle le rapport de l’IGAS dans cet extrait.

[7Un ajustement est une correction des chiffres bruts pour tenter de limiter l’influence d’un biais statistique. Ces ajustements auraient été inutiles si les échantillons avaient été randomisés au départ. Ces corrections ouvrent la porte à toutes les manipulations et nuisent beaucoup à la crédibilité des résultats.

[8En fait, un tableau récapitulatif des odd-ratios des améliorations relatives entre les groupes est présent dans le dossier de presse 2013 page 7, avec les chiffres ajustés qui ont permis d’obtenir 1,45 et 1,30.

Il y a 40 messages sur ce forum.

Messages

  • Bravo Dominique,

    Ta démonstration est très convaincante (et pas du tout celle de l’assurance maladie, qui veut nous « vendre » Sophia, probablement comme tu le suggère pour garder une clientèle à l’écart de potentiels concurrents, un peu, mais c’est un autre sujet, comme le dossier pharmaceutique avec les pharmaciens).

    Deux remarques :

    1. Il serait probablement pertinent dès à présent de remettre en perspective l’évaluation de l’impact de Sophia sur la fréquence des mesures d’HbA1C en stratifiant sur les populations aux 3 seuils définis par les nouvelles recommandations HAS janvier 2013. sauf erreur :

    - Diabète de type 2 - Cas général : HbA1C ≤ 7%
    - Diabète de type 2 nouvellement diagnostiqué sans ATCD CV : HbA1C ≤ 6,5%
    - Diabète de type 2 + comorbidité grave avérée : HbA1C ≤ 8%
    - Diabète de type 2 + âge > 75 ans : HbA1C ≤ 8%

    L’AM dispose des outils statistiques pour stratifier les populations à partir des données SNIIRAM + PMSI… Elle pourrait donc très bien affiner et prioriser les actions selon les catégories de patients…

    3. L’assurance maladie ne publie aucune évaluation sérieuse des services qu’elles proposent :

    - Quid de l’évaluation de la visite des DAM sur le médicament ?
    (toutes les mesures réalisées à l’échelle macroscopique de la métropole, démontrent l’absence d’impact des visites telles qu’elles sont pratiquées avec l’approche de la Cnamts sur l’évolution de la prescription qui reste influencée exclusivement par la promotion des firmes à contre courant de l’effet attendu des ces actions : Antibiotiques : http://www.puppem.com/Pages/Actualites.aspx#25 ; Hypolipémiants dont les statines : http://www.puppem.com/Pages/Actualites.aspx#26 ; Antihypertenseurs dont IEC et sartans, mais aussi inhibiteurs calciques, bêté-bloquants et diurétiques thiazidiques et apparentés (dans les tuyaux)

    - Quid de l’efficacité des CAPI ? (également appréhendée globalement avec l’impact des visites de DAM et des échanges confraternelles, des campagnes auprès des usagers et des professionnels, mailings, télé, radio, par le suivi de l’évolution des prescriptions)

    - Quid de l’efficacité des téléservices (HdR, …) ?

    - Quid de la promotion de leur usage par les CIS (Conseillers Informatique et Services) ?

    On n’en connait même pas l’usage qu’en font les utilisateurs ?

    A-t-on seulement connaissance d’une évaluation sérieuse d’un seul service de l’AM ?

    Bien amicalement

    FP

    • Le seul programme évalué sérieusement, même partiellement, fut l’option référent, qui montra sur le seul poste médicament une économie annuelle par médecin pour la CNAM de 20.000 euros. Et je ne parle pas des autres postes. C’est évidemment ce programme facultatif et correctement rémunéré que Frédéric Van Roekeghem, dans sa double casquette d’évaluateur suprême et de fossoyeur, a supprimé avec la complicité des syndicats médicaux les plus réactionnaires

    • Bonjour François,

      Je suis surpris que tu n’aies pas relevé un fait troublant.

      Dans les graphiques comparant les 4 groupes, on ne peut être que frappé par le parallélisme absolu entre les trois groupes Sophia : Adhérents, ITT et non-adhérents, ce qui n’est pas le cas pour le groupe Témoins2.

      Le point commun entre ces 3 groupes Sophia est d’appartenir aux mêmes départements, mais surtout d’être soignés par les mêmes médecins. Il existe donc un biais par sensibilisation des médecins au suivi du diabète par l’intermédiaire du programme, qui permet notamment au groupe Sophia non-adhérent de montrer une dynamique positive qui se démarque du groupe Témoins2, même si les niveaux de départ sont très différents.

      Celci alimente l’hypothèse que l’effet de Sophia sur les patients est nul, et que c’est le médecin qui joue le rôle principal dans le modeste effet constaté sur les dosages biologiques et les consultations spécialisées.

    • Je voudrais aussi préciser à ce sujet que "l’effet médecin" a été anticipé par CEMKA EVAL et justifie pour eux le choix d’une cohorte témoin hors départements pilotes. Ce n’est pas mon point de vue, mais il est défendable. Ce qui est moins défendable, c’est qu’ils expliquent que de toute façon, la forte motivation des équipes CNAM dans les départements pilotes rendait difficile la randomisation...

      La lecture du rapport m’a aussi convaincu de la compétence de CEMKA EVAL en matière d’évaluation. En revanche, on sent dans les phrases employées l’empathie pour le commanditaire et son besoin de montrer des résultats positifs.

      Il apparaît clairement que l’objectif de la CNAM n’a jamais été d’obtenir la réponse à la question de l’utilité de son programme, mais de chercher ou de fabriquer tout argument en justifiant la poursuite et l’extension.

      Je ne comprends par qu’on laisse un organisme piloter l’évaluation de sa propre activité. Autant demander à un étudiant passant un examen de choisir et de rémunérer lui-même son correcteur

  • Bonjour,

    Le dernier point d’information de la CNAMTS sur Sophia (http://www.ameli.fr/fileadmin/user_upload/documents/21022013_Sophia.pdf)
    m’a également fait réagir.

    La CNAMTS prend exemple sur un programme de Medicare en citant une référence scientifique. Je vous laisse comparer la lecture de la CNAMTS avec le résumé de la parution scientifique en VO.

    Version de la CNAMTS :
    « De nombreuses évaluations de ces expériences ont été publiées et montrent de manière assez convergente une amélioration du respect des recommandations en matière de suivi du diabète, cette amélioration pouvant être d’une ampleur variable. Sur une des dernières grandes études publiées, concernant la population spécifique de Medicare, ces améliorations sont significatives sur une partie des indicateurs observées (le plus fréquent étant le suivi de l’HbA1C). »

    Version originale de l’article cité par la CNAMTS :
    RESULTATS DE
    MCCALL, N. , CROMWELL, J. RESULTS OF THE MEDICARE HEALTH SUPPORT DISEASE-MANAGEMENT PILOT PROGRAM, NEW ENGLAND JOURNAL OF MEDICINE, 2011
    « The study included 242,417 patients (163,107 in the intervention group and 79,310 in the control group). The eight commercial disease-management programs did not reduce hospital admissions or emergency room visits, as compared with usual care. We observed only 14 significant improvements in process-of-care measures out of 40 comparisons. These modest improvements came at substantial cost to the Medicare program in fees paid to the disease-management companies ($400 million), with no demonstrable savings in Medicare expenditures  ».

    Par ailleurs, dans d’autres références anglo saxonnes, des résultats sont nettement plus favorables lorsque le suivi est délégué à des libéraux, par exemple des pharmaciens au Canada : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23324512).

    Avec les données brutes non ajustées, le résultat de Sophia est présenté comme significatif pour 7 indicateurs sur 9 (annexe 2, voir les deux * sur 9 lignes). Le meme tableau n’est pas fourni avec les données ajustées qui sont les plus intéressantes. L’importance de cet ajustement est pourtant rappelé page 6 : « Toute évaluation scientifiquement se doit (…) ».

    Enfin, le cout de Sophia est considéré comme nul dans leur tableau page 8, ce qui permet de faire apparaître une fausse économie de 226 euros par patient.

    Cordialement,
    Bertran CARLIER
    Ex étudiant en économie de la santé
    Conseiller Technique à l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO)

  • Bravo pour cette analyse , à transmettre à la cour des comptes !

  • Quant on espérait un apres mediator, on ne pensait pas à la sécu. Servier aurait il été engagé comme consultant en communication ?

  • Salut Dominique.

    L’évaluation pose un autre problème : il n’est pas démontré que tous les objectifs retenus soient pertinents. Par exemple, les dosages d’HbA1c ont un intérêt uniquement s’ils sont potentiellement à l’origine de modifications qui pourraient changer l’avenir des patients... ce n’est certes pas toujours le cas.

    Un malade qui est très bien équilibré pourrait n’en faire que 3 par an, et les HbA1c ne sont pas nécessairement indispensables non plus aux malades très déséquilibrés chez qui rien ne changera. Vouloir que tout le monde ait autant de dosages d’HbA1c, c’est de la médecine "administrative", inefficace et ridicule. Enseigner cette médecine aux patients, en remettant en cause, par là même, leur confiance en leur médecin traitant est grave.

    Sophia présente un autre défaut : elle détourne des ressources en personnel médical qui manquent à la population. En effet, elle occupe plusieurs centaines d’infirmières (chiffre à retrouver) qui manquent cruellement dans les hôpitaux et en libéral.

    Dernier point éventuel : et si Sophia n’avait aucunement pour but d’améliorer la santé des assurés sociaux ? En effet, si tel est son but, Sophia ne fonctionne pas. Par contre, si Sophia était un programme de fidélisation de clientèle, dans l’éventualité d’une ouverture du marché de l’assurance maladie, alors... ce serait peut-être un très bon programme (du point de vue de l’Assurance maladie, s’entend).

    Bref, je déteste Sophia au moins autant que toi !

    Amicalement - Jean Doubovetzky

    • Jean,
      Tu as raison d’insister sur ce point de l’évaluation qui porte seulement sur des critères de jugements tout à fait accessoires.
      Une étude de cohorte canadienne publiée en 2007 aurait dû depuis longtemps faire réfléchir.
      MacAlister et coll avaient comparés la qualité des soins fournis par des endocrinologues à celles des généralistes. Si les patients suivis par un endocrinologue étaient pris en charge plus intensivement, et donc plus conformément aux recommandations, la mortalité fut augmentée de 16% après ajustement aux comorbidités. Il ne s’agit que d’une étude de cohorte, mais 24 000 patients, suivi pendant 5 ans tout de même. Les patients qui prenaient le plus d’ hypoglycémiants, de statines et d’antiagrégants et d’IEC, mourraient plus. La société d’une manière générale est frileuse a accepter les données contrariantes, et ce qui plus embêtant encore, à accepter d’en débattre. Dominique, merci encore pour ce gros papier très courageux, qui déclenchera enfin ce débat scientifique et de société. Quels justes soins ? Pour l’intérêt de qui, des patients, des docteurs, des institutions, des firmes ?...
      Dr Philippe Nicot

  • Dépêche APM du lancement de Sophia en 2008

    La CNAMTS lance "Sophia", un dispositif expérimental
    d’accompagnement des patients diabétiques

    PARIS, 22 janvier 2008 (APM) - La Caisse nationale d’assurance maladie des
    travailleurs salarié (CNAMTS) lancera à partir de mars "Sophia", un
    dispositif d’accompagnement des patients diabétiques, a annoncé mardi son
    directeur général, Frédéric van Roekeghem, lors d’une conférence de presse.

    Ce dispositif sera déployé dans dix départements pilotes (Alpes-Maritimes,
    Ariège, Haute-Garonne, Gers, Loiret, Puy-de-Dôme, Hautes-Pyrénées, Sarthe,
    Seine-Saint-Denis et Tarn) et sera ouvert aux 136.000 patients diabétiques
    pris en charge à 100% au titre d’une affection de longue durée (ALD)
    résidant dans ces départements, ainsi qu’à leurs 6.000 médecins traitants.

    Ce nouveau service, qui vise à améliorer la qualité de vie des patients
    souffrant d’un diabète de type 1 ou 2 et mieux prévenir les complications de
    cette maladie chronique, doit être expérimenté et évalué jusqu’en juin 2010.

    Le but est également d’inciter les patients à devenir "acteurs de leur
    santé" grâce à des outils spécifiques (accompagnement téléphonique assuré
    par des infirmières spécialisées, services internet et magazine trimestriel
    spécialisé), en coordination avec le médecin traitant.

    "Sophia" est destiné aux patients diabétiques de plus de 18 ans, en ALD, sur
    le principe du volontariat. Des documents d’information sur le service et
    des bulletins d’adhésion seront envoyés à la population cible par les
    caisses primaires, qui procèderont à deux vagues de relance.

    Une fois inscrits, les patients bénéficient des différents outils mis en
    place par la CNAMTS, comme le magazine trimestriel "Sophia et vous",
    organisé autour des thèmes nutrition, santé, activités et loisirs et de
    témoignages.

    L’accompagnement téléphonique personnalisé sera opérationnel en septembre.
    Il s’appuiera sur "quelques dizaines" d’infirmières salariées par la CNAMTS
    regroupées au sein d’une plate-forme technique mise en place avec le
    concours de Accenture et de Health dialogue.

    10 MILLIONS D’EUROS PAR AN

    Le coût du dispositif sera d’environ 10 millions d’euros par an, a précisé
    Frédéric van Roekeghem, et représente environ 10 euros par patient et par
    mois.

    Le choix du diabète pour ce programme d’accompagnement s’explique par la
    prévalence de l’affection, qui est la deuxième ALD en France en prévalence
    (2,5 millions de diabétique), avec un taux de croissance de 5,7% par an, a
    expliqué le médecin conseil national, le Pr Hubert Allemand.

    "Il va falloir réussir l’alliance entre le soin et la prévention. Il faut
    pour cela que le patient ait un repère, qu’il soit assisté de manière
    continue et suivie par un médecin traitant", a-t-il expliqué, appelant à
    "rendre la personne compétente pour, tant qu’elle le peut, prendre son
    destin en main", en s’assurant de la coordination entre le médecin et les
    autres professionnels concernés.

    Hubert Allemand a souligné que ce programme avait été élaboré en partenariat
    avec les associations de patients, les représentants des professionnels de
    santé, des Ordres, de la Haute autorité de santé (HAS) et du Fonds national
    de prévention, d’éducation et d’information sanitaires (FNPEIS) et le
    ministère de la santé.

    L’Association française des diabétiques (AFD) soutient le projet, a expliqué
    son président, Gérard Raymond, car il répond aux trois conditions posées par
    l’association : ne pas se calquer sur "du coaching téléphonique à
    l’anglo-saxonne", se fonder sur une coordination de l’offre de soins de
    proximité existante et distinguer l’information faite aux diabétiques de
    type 2 et de type 1, lesquels requièrent une "véritable éducation
    thérapeutique" auprès d’une équipe spécialisée en diabétologie.

    L’AFD souhaitait par ailleurs que le projet permette de "modifier le
    comportement d’une population diabétique extrêmement passive face à sa
    maladie" et d’améliorer les pratiques médicales.

    Pour le Dr Michel Combier, président de l’Union nationale des omnipraticiens
    français (Unof), qui soutient également le dispositif au nom des syndicats
    signataires de la convention, le programme concerne plutôt les diabétiques
    de type 2, et constitue un "atout supplémentaire" pour les patients.

    "Le médecin traitant va trouver toute sa place dans le dispositif car il va
    pouvoir s’investir un peu plus dans la continuité quotidienne de la prise en
    charge, en-dehors des soins les plus lourds, et apporter une vision globale
    de la maladie en ne mettant à l’écart aucun professionnel (...), en
    facilitant une orientation personnalisée du patient vers des recours que ce
    dernier ne connaît pas", a-t-il expliqué.

    ENJEU MEDICO-ECONOMIQUE IMPORTANT

    Dominique de Penanster, sous-directrice à la Direction générale de la santé
    (DGS) chargée de la promotion de la santé et de la prévention des maladies
    chroniques, a souligné combien cette action s’inscrivait dans les objectifs
    de la loi relative à la santé publique d’août 2004, notamment le plan
    "qualité de vie des malades chroniques".

    "Pour la première fois, l’assurance maladie concrétise sa stratégie
    d’évoluer d’une entreprise de production, de remboursement de feuilles de
    soins, vers une entreprise de services en santé, de manière à mieux
    accompagner les assurés pour les aider à gérer au quotidien leur santé", a
    observé Frédéric van Roekeghem.

    "Il y a un enjeu de santé publique majeur à pouvoir prévenir les
    complications du diabète qui se déploie de façon croissante. Il y a aussi un
    enjeu médico-économique pour l’assurance maladie, puisqu’en 1994 le diabète
    représentait 3,7 milliards d’euros, près de 11 milliards en 2006" et
    pourrait atteindre 20 milliards de dépenses à horizon 2015, a expliqué le
    directeur général de la CNAMTS.

    L’évaluation de l’expérimentation, qui sera confiée à un cabinet
    indépendant, reposera sur différents thèmes : la faisabilité du dispositif
    (satisfaction des patients et des professionnels), ses résultats sanitaires
    (respect des recommandations, rythme des consultations, baisse des
    hospitalisations, indicateurs intermédiaires comme l’hémoglobine glyquée) et
    cliniques (diminution des infarctus, de la cécité, des amputations, des
    atteintes rénales...), ainsi que sur l’équilibre économique.

    Si le dispositif donne satisfaction, la CNAMTS envisage de l’étendre à
    d’autres pathologies chroniques, a observé Frédéric van Roekeghem.

  • Bonjour,
    J’étais un peu surprise de voir le passage d’une infirmière au même tarif qu’une consultation, donc je rectifie : 2 AMI (D+insu) + IFD = 8,80 € à chaque passage à domicile, à quoi se rajoutent éventuellement 4 AMI/semaine (12,60 €) au titre de la surveillance et de l’éducation. Ce sont des soins relativement bien cotés car revalorisés spécifiquement il y a quelques années, mais bien loin de 116 € pour cinq passages !
    Une de mes collègues et amie a travaillé pour Sophia, et a eu l’impression de perdre son temps du point de vue de l’efficacité..

  • Bravo à DDD pour ce scoop pertinent et courageux :

    La CNAMTS coupable de manipulations de résultats scientifiques !...
    Ceci semble démontré.
    Voila un constat affligeant !...
    Les auteurs de tels délits pour ce qui est de la communauté scientifique internationale sont régulés et réprimés, comment faire pour que la CNAMTS soit elle-même régulée par la loi ?!...
    Pas si simple, ce n’est pas qu’une note de la Cour des Comptes qui peut y parvenir...

    DDD souhaite une prévention par l’intervention de l’IGAS :

    « ...De plus, il serait sain que la prochaine évaluation soit commanditée et pilotée par l’IGAS et non par la CNAMTS pour éviter de nouvelles manipulations.... »
    Mais l’IGAS n’est que la tutelle de la CNAMTS, bien des hauts technocrates de la CNAMTS , lorsqu’ils ont plus ou moins méritants, se retrouvent poursuivre leur carrière comme hauts cadres de l’IGAS.
    La CNAMTS est un établissement public national à caractère administratif jouissant d’une personnalité juridique et d’une autonomie financière. Elle agit sous la double tutelle du ministère s’occupant de la Sécurité Sociale et du Ministère de l’économie et des finances.
    Les missions de la CNAMTS sont encadrées par une convention d’objectifs et de gestion (COG) conclue avec l’État pour une durée de quatre ans.
    Comment mettre les dirigeants et haut fonctionnaires responsables de la CNAMTS devant leur responsabilités ?

    Les conséquences et dommages de l’évaluation manipulée du dispositif SOPHIA sont difficiles à chiffrer.

    Les conséquences et dommages des autres dispositifs de régulation imposés aux assurés et professionnels de santé par la CNAMTS également :

    Qui se rappelle des RMO et leurs résultats ?
    Le Carnet de Santé ?
    Qui peut prouver que le dispositif bizone est pertinent et efficient ?
    Qui pourrait démontrer qu’arrêter le dispositif de déclaration et contrôle des ALD par la CNAMTS et remplacé par un contrat de confiance où c’est le médecin traitant qui attribuerait l’ALD ne serait pas plus efficient et surtout bien moins coûteux, ce qui occupe le temps d’environ 2000 médecins conseils dont c’est la principale la tâche ?...

    DDD a raison de critiquer aussi les modalités opaques des décisions des programmes du disease managment à la Française et de leur financement que s’est auto investie la CNAMTS...

    Les citoyens, les associations et syndicats de patients et professionnels de la santé sont impliqués, un collectif puissant pourrait faire intervenir les instances de la justice afin de tenter de réguler ces dysfonctionnements, voilà une piste de réforme de la gouvernance et de la transparence de la CNAMTS, plus que nécessaire !...

  • Quelle sont les conséquences du fait qu’à chaque fois qu’une institution évalue son travail elle cherche à masquer ses carences ?
    OK c’est humain et elle veut le bien de l’humanité...
    Et les soignants ne seraient ils pas humains ?
    Si justement ils sont faillibles et le système vient pallier à leurs carences
    Oui mais si le système se trompe par la façon qu’il a d’imaginer l’humain...
    Le système ne peut pas se tromper il est fait pour aider les gens et tu as vu combien cela coûte ...

    A propos de diabète :Oedipe connaissait son destin cela ne l’a pas empêché de finir aveugle

  • Un petit mot complémentaire sur un aspect que je n’ai pas abordé dans le billet. L’évaluation s’est aussi intéressée à des indicateurs cliniques comme l’évolution du poids ou paracliniques (HbA1c). Malheureusement, ces données ne sont disponibles que pour 15% du groupe adhérent, et 0% du groupe Témoin ou du groupe Non Adhérent.

    Un autre groupe, provenant d’une autre étude (ENTRED) a donc servi de comparateur.

    Comparer les résultats de 15% des effectifs d’un sous-groupe lui-même biaisé (les adhérents) à un groupe provenant d’une autre étude plus ancienne est une idée tellement ridicule que les évaluateurs ne s’y sont pas attardés et que je n’ai pas développé cet aspect. Cette notion "d’amélioration clinique" est pourtant reprise dans les communiqués de presse.

  • Merci à toi de cette explication détaillée
    Je sentais, mais confusément, qu’il y avait pour le moins un souci

    Peut-on en conclure que l’assureur est à sa place quand il s’occupe d’assurer ?
    Et que lorsqu’il veut jouer un autre rôle, cela marche tellement mal qu’il doit manipuler les données ?

    L’autre problème en perspective, c’est la multiplicité des tentatives à venir
    PRADO et compagnie...

    Si ton article pouvait contribuer à les stopper dans l’œuf, ce serait une action de salubrité publique

  • « En 2012, le syndicat FMF, nouveau partenaire conventionnel, a été invité à désigner un représentant au conseil scientifique du programme Sofia . J’ai accepté leur proposition d’entrisme et j’ai donc pu assister à une réunion. J’ai également pu obtenir copie de ce rapport confidentiel. »

    Y a que DD qui a mis le doigt dans le pot de caca ?
    Y font quoi nos autres représentants au conseil scientifique du programme Sophia ?

    RD médecin libéral

    • Pour des raisons de confidentialité et par correction, je ne rapporterai pas ce que jai entendu pendant la réunion à laquelle j’ai participé. Mais j’ai été effaré par ce que j’ai entendu ou par certains silences. Il s’agit typiquement d’un conseil scientifique "potiche" que l’on informe partiellement, à retardement, dans le seul but de cautionner ce qui a déjà été décidé. Par exemple, le conseil n’a reçu le dossier de presse de la dernière conférence de presse qu’une semaine après sa tenue. Nous soumettre ce communiqué au préalable aurait évité à la CNAM d’écrire l’ânerie que je rapporte à la fin de mon article.

      Je ne serais pas surpris que d’autres membres démissionnent pour éviter de continuer à cautionner cette mascarade.

  • Je me marre...

    Il y a quelques semaines, la dame de la sécu a essayé de m’imposer un rendez-vous, parce que le programme Sophia, compte tenu de ses excellents résultats dans les départements pilotes, allait être étendu aux autres départements :

    "Comme vos patients vont être contactés directement, il vaudrait mieux que vous soyez au courant des innovations..."

    Cela fait bien longtemps que je ne reçois plus les VM, mais j’ai le souvenir de quelques "phrases-clés" qui déclenchent l’alerte...

     :) :)

    Merci Dominique

  • Bravo Dominique, votre démonstration est très convaincante , probablement comme tu le suggère pour garder une clientèle à l’écart de potentiels concurrents, un peu, mais c’est un autre sujet, comme le dossier pharmaceutique avec les pharmaciens).
    Docteur Mezhoud

  • Le « management disease » (système d’origine américaine dont se serait inspirée notre bonne vieille assurance maladie pour créer Sophia) serait parfaitement intégré dans un système de programmes qualité de « world class »

    Pour exemple comme système world class, le cas de Jönköping County Council et de l’hôpital Ryhov en Suède.

    Région de 330’000 habitants, 3 hôpitaux et 34 centres de santé qui travaillent en synergie.

    Localement les professionnels (hospitaliers et libéraux) ont défini ensemble une stratégie pour les patients, par pathologies, ils ont défini les domaines d’interventions de chacun (hôpital, médecins libéraux et paramédicaux), les objectifs. Ils ont créé un comité de pilotage (qui est institué pour la gestion des problèmes logistiques, financiers, etc.), ainsi qu’une véritable direction médicale. Enfin dans ce système où les effecteurs sont les décideurs, une remonté des données pour prendre si besoin des mesures corrections et d’améliorations.

    Dans un tel système, l’éducation thérapeutique et le « management disease » (par exemple par l’ide d’un centre de santé) s’intègreraient parfaitement (connaissance du patient de son environnement, médecin traitant rapidement disponible, etc.) dans l’environnement du patient avec probablement des résultats significatifs.

    Il est évident que le système à la française de la sécurité sociale dénommé « Sophia » est plus à portée cosmétique ou médiatique.

  • Bonsoir
    Merci encore pour toutes ces démonstrations .et si le but de la CPAM etait de nous faire disparaitre ,nous médecins generalistes et de constitutuer des superfichiers sur les gens qui serviraient le jour où la secu deviendra assurance privée ?Je refuse de remplir le questionnaire médical pour toutes ses raisons en plus du secret professionnel.
    NC

  • La CNAMTS s’est finalement décidée à publier les rapports d’évaluation, dont le sien http://www.ameli.fr/fileadmin/user_upload/documents/Evaluation_sophia_2008-2011.pdf

    Dans cette bouillie souvent incompréhensible, on cherchera en vain la consommation brute de soins hospitaliers, sur laquelle s’appuie pourtant la CNAMTS pour prétendre que son programme est auto-financé.

    Je trouve ahurissant que la CNAMTS soit autorisée à s’auto-évaluer. Pourquoi se priver d’un auditeur extérieur ? Surtout alors que le programme est en voie de généralisation.

    Le premier rapport CEMKA-EVAL est enfin publié, ici http://www.ameli.fr/fileadmin/user_upload/documents/Evaluation_sophia_a_1_an.pdf

  • Bonjour,

    dialogue 2009 entre le CMC = conseiller-et-médecin-conseil (dis-je poliment) et moi-même

    CMC
    - Voulez-vous entrer dans le programme Sophia ? suivi des diabétiques etc..?un suivi des patients afin de faire de la prévention par la suite car le diabète risque de devenir une des trois premières causes de mortalité en France ?

    bibi
    - Pourquoi ne vous (vous = la CPAM dans son ensemble ), donc, pourquoi ne vous intéressez-vous pas (redis-je) plutôt , à la première cause de décès en France chez les moins de 25 ans qu’est le suicide ? au lieu de faire des stats coûteuses chez les adultes diabétiques ?

    re bibi
    - parce que s’ils se suicident jeunes les futurs diabétiques et comme le suicide va croissant comme il l’apparaît , nous aurons forcement moins de diabétiques plus tard donc pas la peine de dépenser actuellement autant sous pour le diabète chez l’adulte

    car ça c’est de la prévention primaire et secondaire (pour le futur de notre société) que de s’occuper de l’état mental de nos jeunes en France

    CMC
    - euh....euh....

    bibi (après plein de blabla sur la dépression et la psychose que je rencontre de plus en plus souvent ....)

    - bon , passons, mais cela m’étonnerait que vous me proposiez un programme vraiment intéressant pour les malades, car ,depuis 10 ans tout ce que vous me "suggérez de faire" va à l’encontre de la santé des patients

    je vais donc me coller dans la peau d’un toubib vierge de tout à priori et je vous écoute

    CMC
    - et blabla et blabla et blabla

    bibi
    - pas inintéressant du tout ! c’est bien la première fois que je ne vous interromps pas

    CMC
    - bon je vous présente votre clientèle de diabétiques :
    et il me sort un listing

    bibi
    - c’est incomplet il en manque une vingtaine

    CMC
    - c’est parce qu’ils ne vous ont pas désignés comme médecin traitant !!

    bibi (bibi est fufute en plus précis-je en toute modestie)

    - voici 18 personnes qui ont signé le choix de médecin traitant (je sors illico le listing améli) et qui ne sont pas mentionnées dans votre listing des diabétiques, or ils le sont depuis longtemps ,

    - vous trafiquez les chiffres comme d’hab...

    CMC
    - euh.....euh.....

    bibi
    - bon passons, donnez moi donc le formulaire des critères que je dois suivre chez le diabétique
    et que je dois signer si j’adhère à Sophia

    CMC (un peu fier)
    - le voici !

    bibi
    - arghhhh désolée je n’adhère pas à vos stats à la noix car vous n’incluez pas une case qui m’apparaît essentielle et qui devrait s’intituler "pathologies associées" et qui peut fausser l’équilibre du diabète selon les traitements reçus pour ces pathologies associées

    - donc vos futures statistiques à partir de Sophia pour faire ultérieurement de la prévention primaire des complications du diabète vont être totalement erronées
    vous dépensez de l’argent pour rien , vos critères ne sont pas scientifiques

    re bibi
    - reprenons "mon listing" des diabétiques :
    vous en comptez 62 et leurs noms sont cités
    1,3,4,5,6,8,12 ;20 etc ....or :
    - j’ai environ un cinquième en chimio (ils vont bien merci) qui reçoivent de la cortisone donc l’équilibre du diabète est impossible et il le diabète est secondaire par rapport à leur pathologie actuelle
    - j’ai environ un neuvième qui présente une pathologie auto-immune associée et qui reçoit aussi de la cortisone quand ces personnes sont en poussée
    etc etc etc

    - et vous mettez l’HBA1C comme critère de suivi et d’équilibre sans tenir compte des pathologies associées au diabète ?
    sans exclure les diabétiques qui reçoivent par ailleurs des traitements hyperglycémiants ?

    - vous dépensez une fortune avec vos dépliants polychromes sur papier glacé adressés aux médecins et aux patients diabétiques , avec des infirmières au téléphone, avec une rémunération pour le médecin, pour un suivi du diabétique qui va donner des statistiques totalement erronées ?

    désolée je ne puis adhérer à cette falsification

    si vous voulez faire des économies de santé ? des études statistiques par rapport à telle ou telle pathologie ? concertez-nous les généralistes, envoyez-nous des formulaires noirs et blanc sur papier brouillon et vous verrez comme ce que nous allons vous suggérer est plein de bon sens

    vous vous fichez des diabétiques , ce programme Sophia est une carte de visite et un faire-valoir, pour faire croire aux gens que la sécu s’occupe très bien d’eux

    c’est honteux

    au revoir Monsieur

  • Nouvelle publication évaluant l’équivalent du programme Sophia : augmentation des coûts de 150 € http://www.ticsante.com/print_story.php?story=1562

    Un détail : il s’agit d’une évaluation externe, et non d’une autoévaluation comme l’a pratiquée la CNAMTS. Evidemment, c’est moins sûr.

  • Le rapport d’évaluation 2009-2011 est sur le site de la CNAM.
    Il n’est curieusement pas signé CEMKA, mais CNAM.
    http://www.ameli.fr/l-assurance-maladie/statistiques-et-publications/evaluation-de-sophia.php

  • très bon article.....très fouillé....

    Je travaille moi même en CPAM....l’assemblée générale de la Caisse a eu lieu la semaine dernière.
    Nos fiers agents de direction ont mis en avant entre autres ce programme SOPHIA et se félicite de ce "suivi" efficace.....

    Je suis tombé par hasard sur le rapport de l’iGAS et votre article

    Moralité : nos agents de direction nous font croire n’importe quoi et voudraient qu’on fédère à leur cause.... je vous assure on va vers du grand n’importe quoi.....

    • Nous manquons de témoignages internes (même si j’ai eu la "chance" de participer à un réunion du comité scientifique de Sophia). N’hésitez pas, je garantis votre anonymat (j’efface vos données de connexion).

  • Bonjour,

    Je suis médecin conseil au sein de l’Assurance maladie et je ne partage pas du tout votre dénigrement type "Sophia bashing" pour une action au service des assurés, visant simplement à accompagner les patients et les professionnels de santé pour une pathologie grave, fréquente (5 % de la population) en accroissement de près de 5 % par an, dont il est prouvé que la prévention des complications (parfois dramatiques telles la cécité et l’insuffisance rénale terminale) peut être efficace avec un meilleur suivi et une meilleure prise en charge.

    Si la situation était satisfaisante en France actuellement, pourquoi nous retrouvons nous en aussi mauvaise position par rapport aux autres pays de l’OCDE pour le dépistage de la rétinopathie diabétique et le suivi de l’hémoglobine glyquée ?

    L’accompagnement téléphonique à distance des assurés par des infirmières spécialisées et/ou via internet est une aide gratuite mise à disposition des diabétiques par l’Assurance maladie, complémentaire de toutes les actions mises en place par les associations, les réseaux et les professionnels de santé libéraux et hospitaliers.

    Faisons en profiter le maximum de patients, d’autant que près de 90 % de ceux qui y adhèrent sont prêts à le recommander !

    Cordialement

    Jacques Albizzati

    • Cher confrère,
      Votre commentaire me fait irrésistiblement penser à une célèbre devise Shadok "Mieux vaut pomper, même s’il ne se passe rien, plutôt que de risquer qu’il arrive quelque chose de pire en ne pompant pas".

      Je n’ai pas dit que la situation était satisfaisante, mais que la solution Sophia était inadaptée, coûteuse, et que son évaluation était falsifiée.

    • Je suis choqué de lire le mot "gratuit" dans vos propos , non ce n’est pas gratuit puisque ce sont tous les cotisants qui payent pour ce programme , donc les travailleurs salariés de France ! De plus c’est un programme discutable au regard de la source qui l’a inspiré car il ne tient aucunement compte de la différence de prise en charge des soins entre la France et les pays anglo saxons, il n’existe pas une sécurité sociale prenant en charge l’ensemble des soins dans ces pays là, il ne tient pas compte de la réalité de la taille du territoire et de l’offre de soins réelle sur celui-ci.
      Quant aux adhérents , la démarche d’obtention de ces adhésions est plus que douteuse autant que les méthodes d’évaluation mise en place par la CNAMTS.
      Plutôt que de participer réellement aux remboursements de soins des patients , à augmenter la qualité de ces soins par les acteurs médicaux , vous rationnalisez des méthodes de soin comme si chaque patient n’était qu’un numéro sans tenir compte des réalités Sociaux économiques de terrain. Alors non votre programme n’est pas gratuit mais couteux et au regard de l’évaluation peu flatteuse qui a suffit à déterminer une expansion sur le territoire français , j’espère que votre prime vous aidera à dormir sur vos deux oreilles.

  • Et pendant que Sophia consomme des dizaines de millions d’euros, un jeune diabétique meurt faute de prise en charge http://pourmathiasunecarteetaitvitale.com/2014/06/02/en-france-une-administration-vitale/

  • La Sécurité sociale et les mutuelles veulent nous faire vivre théoriquement vers les 100 ans, avec
    SOPHIA etc...c’est le plan A , mais il y a un plan B qui se prépare, sournoisement c’est l’euthanasie déguisée avec le soit disant droit de choisir sa fin de vie , et où l ’on ne décidera rien, mais ce sont les équipes médicales qui prendront les décisions. Méfions nous d’un retour de l’ époque "Josef Mengelé" et du reste , méfions nous des Anges de la mort , et gardons notre droit librement de mourir de vieillesse et d’épuisement.

  • SECURITE SOCIALE
    et le double langage !
    d’un coté elle nous a obliger à déclarer un médecin traitant unique pour faire des économies sur les prescription et donc faire des économies,
    et de l’autre coté avec SOPHIA par exemple par ces infirmières au téléphone elle nous pousse à demander des examens à notre médecin, genre mesure de l ’urine sur 24 heures !
    Des questions, se pose
    1) la sécurité sociale prend nos médecins pour des incompétents sur le DIABETE .
    2) ça fait double emploi Sophia et mon médecin , lequel DES DEUX CONSEILLERS dois je supprimer !! la question apporte une réponse évidente car tout à un coût. surtout pour le petit contribuable au final !
    3)si la Sécurité Sociale pousse Sophia avec ses infirmières à des ordonnances supplémentaires et de cette sorte, c’est en quelque sorte mon médecin qui voit son nombre de prescription augmenter et qui se fait taper sur les doigts ensuite !
    Nos Médecin serait incompétents sur le DIABETE, qu’en pense le Conseil de l ’Ordre des Médecins et leurs syndicats !
    Ce que je sais c’est que personnellement mon médecin m ’est fort utile et me rend des grands services !
    Quand je n’arrive plus à dormir , est ce l’infirmière de SOPHIA qui me dépanne ! Non c’est "Mon docteur" oui ! avec une prescription utile et efficace sous 24 heures.

  • La réalité c’est que ce programme n’a pas été réalisé pour le bien-être des assurés sociaux, mais pour la notoriété du commanditaire et de toutes les abeilles qui gravitent autour et prennent au passage une jolie prime sur le gâteau de "l’atteinte des objectifs".
    Mais les médecins sont autant responsable de ce mensonge que les hauts fonctionnaires de la CNAMTS car ils sont devenus eux même des "médecins administratifs" il est trop facile de dénoncer ce système de Médecine économique au détriment des patients tout en étant soi même un acteur de ce système.
    Car les médecins ne crachent pas sur le gateau offert de la CNAMTS lorsque celle ci leur octroi des "Primes" sur les Objectifs de santé publique et qui finalement n’est jamais sanctionné en cas de non atteinte comme l’a d’ailleurs souligné la "Cour des comptes" où lorsque celle ci prend en charge une partie de leur cotisations. Les vrais victimes de ce système sont les cotisants d’un système de soin qui dérembourse à tout va et réalise des dépenses honteuses sur des programmes illusoires couteux et sans impact réel sur la prise en charge du patient.
    Mais ces programmes couteux ont un réel impact sur nos porte-monnaies, et bien entendu ce joli petit monde politico médical se garde bien de mentionner ces réalités à nos citoyens.
    Il y aurait tellement de choses à dire sur la CNAMTS et la politique de santé française.....
    Finalement au delà de ce programme Sophia c’est tout le système de santé de la France qu’il faudrait remettre en cause et personne ne le fera puisque chaque acteur du système en tire une contrepartie.

  • Pour ceux intéressés par ce sujet, une nouvelle évaluation du programme SOPHIA est désormais disponible ici : http://www.ameli.fr/fileadmin/user_upload/documents/Rapport_d_evaluation_sophia_2010-2013.pdf
    L’annexe II est une revue critique des deux évaluations précédentes.

  • Bonjour,

    Mauvais calcul .... qui sait ... en tous cas, si vous voulez mourir plus rapidement, suivez à la lettre les conseils de Sophia ... une honte ...

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