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Les USA rejettent définitivement le dépistage du cancer de la prostate par dosage des PSA

Après 6 mois de débats, l’autorité de validation des actions de médecine préventive (USPSTF) vient de rendre son avis définitif

Première publication : mardi 22 mai 2012,
par Dominique Dupagne - Visites : 30831

Le dépistage du cancer de la prostate est un sujet très polémique. Il est fortement encouragé par les urologues et les radiothérapeutes, mais pas par les autres sociétés savantes ni les autorités sanitaires officielles françaises et internationales. L’US Preventive Service Task Force (USPSTF), équivalent de notre Haute Autorité de Santé pour les stratégies de médecine préventive, vient de rendre un avis définitif et négatif à son sujet, après 6 mois de débats contradictoires.

Comment un dépistage de cancer peut-il être délétère ? Cette question vient immédiatement à l’esprit de ceux qui prennent connaissance de la non-recommandation du dépistage du cancer de la prostate par dosage sanguin des PSA.

Pourtant, personne ne s’étonne de l’absence de dépistage systématique du cancer du poumon, du pancréas, du rein, de la thyroïde, du testicule, des os, des ovaires...

La raison de ce paradoxe apparent est simple : Un dépistage peut faire plus de mal que de bien, notamment si :
- La maladie est incurable (le dépistage a alors comme seul effet d’apprendre plus tôt au malade qu’il va mourir. C’est le cas du cancer du pancréas.).
- La maladie se soigne aussi bien quand elle finit par donner des symptômes et un diagnostic très précoce a peu d’intérêt (cancer du testicule).
- Aucun test simple ne permet d’identifier correctement le cancer avant qu’il ne devienne incurable (cancer des os).
- Et enfin, la cause la plus fréquente : le dépistage aboutit à considérer à tort des lésions non évolutives ou bénignes comme de dangereux cancers, et à opérer ou irradier des gens qui n’auraient jamais été malades. Quand les vies brisées ou perdues par un dépistage intempestif l’emportent sur celles qui sont sauvées par le dépistage, ce dernier est considéré comme nuisible et n’est pas recommandé. C’est le cas pour le cancer du poumon, des ovaires, de la thyroïde, du rein et de la prostate.

Vous n’avez jamais entendu parler de polémique autour du dépistage du cancer du poumon ou du rein, cancers pourtant très fréquents ? C’est pour la simple raison que personne de sérieux ne recommande ces dépistages. Votre médecin ne vous en parle pas et vous n’en parlez pas à votre médecin.

En matière de cancer de la prostate, tout est parti de campagnes de communication grand-public organisées par l’Association Française d’Urologie (AFU), campagnes parfois tapageuses, et souvent relayées par les médias. Ces campagnes ont marqué les esprits des médecins et de leurs patients (elles étaient faites pour cela).

Alors que la Haute Autorité de Santé française confirmait régulièrement depuis 1998 que ce dépistage n’était pas utile, le message des urologues, beaucoup mieux "marketé", a fini par s’imposer. Les patients ont réclamé des PSA à leur médecin ou sont allés voir directement les urologues. Les médecins généralistes ont suivi le mouvement par peur de se faire reprocher de n’avoir pas prescrit ce dosage.

Dans beaucoup de pays riches (mais pas tous) ce dépistage par dosage sanguin des PSA, associé ou non à un toucher rectal est devenu un routine fondée sur la peur et non sur la science.

Bien sûr, des études scientifiques, portant sur des centaines de centaines de milliers d’hommes on été lancées dès les années 90. Mais après 10 à 20 ans de suivi, la synthèse des données montre que ce dépistage :
- N’augmente pas l’espérance de vie.
- Ne diminue probablement pas le risque de mourir d’un cancer de la prostate, et si cette diminution existe, elle est très faible.
- Génère de façon certaine un risque d’incontinence, d’impuissance et de complications plus rares mais plus graves.

Cette synthèse est accessible (en anglais) dans les annexes de la décision de l’USPSTF

Le résumé mis en exergue et signé par le vice-président de l’institution américaine est limpide :

"Le cancer de la prostate est un problème de santé publique important qui affecte des milliers d’hommes et leurs familles. Cependant, avant de pratiquer un test par dosage des PSA, tous les hommes méritent de connaître les données scientifiques concernant ce dépistage : le bénéfice potentiel est très limité et les inconvénients potentiels sont importants. Nous encourageons les médecins à prendre en compte cette réalité et à ne pas pratiquer ce dépistage par PSA tant que leur patient n’aura pas assimilé les connaissances disponibles pour prendre personnellement sa décision. Il devra être informé du fait que les risques établis de ce dépistage l’emportent sur la faible probabilité de bénéfice [1].

Un élément très important qui figure dans cette recommandation américaine est l’attitude à adopter vis-à-vis d’un homme de la cinquantaine qui présentent des troubles urinaires. L’USPSTF rappelle que ces troubles sont fréquents dans cette tranche d’âge, qu’ils ne sont pas évocateurs d’un cancer de la prostate et que l’intérêt diagnostic des PSA est encore plus faible chez ces hommes symptomatiques. [2].

La page de l’USPSTF contient, en anglais malheureusement, tous les éléments permettant à chacun d’accéder aux informations détaillés qui ont fondé cette décision identique à celle émise par la Haute Autorité de Santé française en avril 2012.

J’avais enregistré, il y a quelques années, une vidéo pour expliquer un peu plus en détail ce paradoxe d’un dépistage délétère. Elle peut être utile, comme cette émission de radio, pour ceux qui préfèrent des explications orales.

Ces deux recommandations suggèrent aux médecins d’apporter des explications détaillées aux hommes qui s’interrogent sur ce dépistage. Je vais préparer rapidement un document écrit que mes confrères pourront remettre à leurs patients dans cet objectif. Je sais que la HAS et l’INCa travaillent de leur côté sur un tel document, mais il m’a été impossible de connaître la composition du groupe de travail affecté à cette mission, ce que je trouve inquiétant. Le mieux, pour nous, praticiens de terrain, est d’élaborer nous-mêmes ce document sur un mode collaboratif.


[1“Prostate cancer is a serious health problem that affects thousands of men and their families. But before getting a PSA test, all men deserve to know what the science tells us about PSA screening : there is a very small potential benefit and significant potential harms. We encourage clinicians to consider this evidence and not screen their patients with a PSA test unless the individual being screened understands what is known about PSA screening and makes the personal decision that even a small possibility of benefit outweighs the known risk of harms.”

[2"The USPSTF did not evaluate the use of the PSA test as part of a diagnostic strategy in men with symptoms potentially suggestive of prostate cancer. However, the presence of urinary symptoms was not an inclusion or exclusion criterion in screening or treatment trials, and approximately one quarter of men in screening trials had bothersome lower urinary tract symptoms (nocturia, urgency, frequency, and poor stream). The presence of benign prostatic hyperplasia is not an established risk factor for prostate cancer, and the risk for prostate cancer among men with elevated PSA levels is lower in men with urinary symptoms than in men without symptoms(référence)"

Il y a 44 messages sur ce forum.

Messages

  • Bonjour,

    On vous sait farouche opposant au dépistage du cancer de la prostate. Avec des méthodes parfois à la limite du diffamatoire, en particulier lorsque vous accusez les urologues de préconiser le dépistage du cancer de la prostate dans le but de faire bouillir leur marmite.

    Vous employez dans votre titre d’article l’expression "Les USA rejettent définitivement".

    Vous semblez oublier qu’en médecine, il n’y a de définitif que la mort du patient (ou celle du médecin) et qu’en matière de dépistage ou de traitements, une donnée médicale n’est définitive que jusqu’à l’étude scientifique qui vient parfois contredire la précédente...Or vous savez sûrement que les études récentes sont contradictoires et que certaines d’entre elles confirment le bénéfice du dépistage.

    Vous évoquez d’autres sociétés savantes que celles des urologues et des radiothérapeutes et qui seraient opposées au dépistage du cancer de la prostate. De quelle(s) sociétés(s) savantes s’agit-il ? Avez-vous des références ?

    Pour être vraiment complet, vous pourriez peut-être indiquer les positions récentes, d’une part de l’Association Française d’Urologie en réaction à la position récente de la HAS et d’autre part celle de l’AUA (American Urological Association) en réaction à la position récente de l’USPST que vous rapportez dans votre article.

    Mais vous avez à de nombreuses reprises accusé ces sociétés savantes de ne défendre que leurs intérêts corporatistes et de mépriser le devenir des patients. Je vous rappelle que ce sont les urologues qui, dans la majorités des cas, diagnostiquent et soignent les patients atteints de cancer de la prostate. Combien de cancers de la prostate avez-vous soigné au cours de l’année écoulée ?

    • Bonjour et merci de débattre de ce sujet difficile.

      Pendant longtemps, j’ai communiqué sans élever le ton, comme ici http://www.mmt-fr.org/article108.html - sans grand succès. Pendant ce temps, les urologues employaient une agence de communication professionnelles, jouaient sur l’angoisse des épouses, et consacraient des sommes considérables à la promotion du dépistage.

      Je me suis adapté en 2008 avec le slogan "Touche pas à ma prostate" qui a enfin fait mouche. Pourtant, depuis 1998, la HAS répétait inlassablement que l’intérêt du dépistage n’était pas établi. J’ai en effet détourné une affiche de l’AFU, mais bon, l’humour est l’arme des pauvres. Cymès m’a bien traité au Grand Journal "d’Ayatollah de la santé publique".

      Vous avez raison de dire que rien n’est jamais définitif en matière de science, mais dans le cas précis, c’est pourtant le cas. Les urologues ayant généralisé le dépistage avant son évaluation, il sera désormais impossible de lancer de nouvelles études. Le dépistage par PSA est définitivement enterré. Je souhaite comme vous que l’on trouve un jour un test efficace pour dépister les cancers agressifs, c’est sur ce point que le débat n’est pas définitif.

      La réflexion de l’USPSTF, d’un haut niveau scientifique, tient compte des toutes dernières études. Comme la HAS et l’USPSTF, je ne partage pas votre point de vue à leur sujet. Elles ne peuvent emporter la conviction.
      J’aimerais comprendre un jour pourquoi la France s’est révélée incapable de fournir des données utilisables dans le cadre de l’étude européenne ERSPC qui est pourtant régulièrement brandie par les urologues français. Si vous avez la réponse, ça m’intéresse. J’attends aussi avec impatience les données de qualité de vie de cette étude qui tardent à être publiées.

      Pour ce qui est des sociétés savantes qui ne recommandent pas ce dépistage :
      - American Cancer Society
      - Collège de Médecine Générale Français
      - Collaboration Cochrane
      - Royal College of Australian Practitioners
      La liste n’est pas exhaustive.

      Vous soulevez le fait qu’il n’y a guère que les associations d’urologues qui défendent ce dépistage. Certains de mes confrères y voient une attitude mercantile liée au fait que ce dépistage et la chirurgie qui lui fait suite correspondent à une part significative du chiffre d’affaire des urologues. Je m’inscris en faux contre cette vision réductrice et anticonfraternelle de la polémique. Pour avoir débattu avec mes correspondants urologues, je sais qu’ils sont sincères et que leur seule préoccupation est la santé de leurs patients.

      En fait, vous donnez l’explication par votre question finale : combien vois-je de cancers de la prostate dans une année ? la réponse est peu, j’en vois très peu. J’en vois peu car ce cancer est tout de même rare, et que l’âge du décès, 80 ans en moyenne, rend ce dernier le plus souvent moins dramatique que des cancers du poumon ou les tumeurs cérébrales du jeune retraité.

      Au contraire, les urologues voient et soignent de nombreux cancers de la prostate, ce qui biaise leur vision de la maladie. Ils sont confrontés au drame des hommes de 60, voire 50 ans, dont la maladie est révélée par des métastases. Là où un généraliste ne sera confronté qu’à un ou deux diagnostic de ce type dans sa carrière, un urologue en voit plusieurs tous les ans.

      Au travers de son activité, l’urologue se persuade que le cancer de la prostate est un problème d’une grande fréquence, et comme c’est un chirurgien, il rêve de pouvoir l’extirper précocement pour éviter le drame des métastases. Il veut tellement bien faire, qu’il en oublie d’évaluer son activité. Il peut même rester aveugle devant l’évidence : son activité de dépistage est globalement néfaste pour ses patients.

      Si j’étais urologue, je serais peut-être victime du même biais cognitif. Je ne veux pas faire le procès des urologues, mais j’aimerais qu’ils arrêtent de mutiler mes patients. Car si vous soignez plus de cancers de la prostate que moi, c’est moi qui suit les victimes de la chirurgie qui ne vont plus vous voir. Leur vie est brisée par l’impuissance ou surtout par l’incontinence, et les suicides de sont pas rares.

      Quelle que soit la sincérité de votre motivation, il faut que vous preniez acte de la réalité scientifique et que vous mettiez fin à ce "désastre de santé publique", comme le qualifie le découvreur des PSA Richard Ablin.

    • Dépistage du cancer de la prostate, un autre scandale sanitaire ?
      est la meilleure réponse que l’on puisse faire à votre demande.
      Jouer sur l’émotionnel ne peut se faire que si la science donne des bases sérieuses à une position comme la votre.
      Aujourd’hui l’état actuel de la science rend coupable un médecin qui ferait opérer un de ses patients sur le résultat du dosage de PSA et celui d’une biopsie prostatique positive.
      Aller lire l’article de la "meilleure épidémiologiste de France" travaillant à l’IGR centre de référence nationale de cancérologie, j’ai nommée Catherine HILL. Elle publie l’article dans Médecine revue indépendante, http://www.jle.com/fr/revues/medecine/med/e-docs/00/04/75/29/article.phtml en compagnie de Gérard DUBOIS et de Alain Braillon.

    • Bonjour, que pensez-vous de PCA3 développer par Diagnocure

      Le test PCA3 - Sommaire

      « Le cas des hommes ayant un PSA sérique élevé et un résultat négatif de biopsie de la prostate constitue une problématique sérieuse compte tenu de l’absence d’un test diagnostique précis, » a déclaré le Dr Leonard S. Marks, professeur clinique agrégé d’urologie à l’université UCLA et directeur médical de la Fondation de recherche sur les sciences urologiques, qui est à la tête de l’étude publiée dans la revue scientifique UROLOGY® (69 : 532-535, 2007). « Les résultats de cette étude démontrent que le test PCA3 pourrait devenir un nouvel outil pour aider les médecins à traiter le « dilemme PSA » de certains patients. »

      En 2000, reconnaissant l’existence de besoins non satisfaits dans la gestion du cancer de la prostate, DiagnoCure a fait l’acquisition auprès de l’Université de Nijmegen (Pays-Bas) d’une licence mondiale exclusive sur toutes les applications diagnostiques et thérapeutiques du PCA3, marqueur génique hautement spécifique au cancer de la prostate. DiagnoCure a par la suite développé une première application diagnostique appelée uPM3MC, laquelle permettait la détection de l’expression de l’ARN du PCA3 dans les cellules prostatiques cancéreuses présentes dans l’urine.

      En 2003, la société a signé une entente de licence et de collaboration avec Gen-Probe Incorporated (NASDAQ : GPRO) pour le développement et la commercialisation d’une deuxième génération du test PCA3 sur la plateforme exclusive de Gen-Probe. Depuis 2005, les performances du test de recherche PCA3 de Gen-Probe ont été confirmées par des institutions de renommée internationale et présentées lors de nombreux congrès scientifiques américains et européens. Le test, développé dans une version quantitative, a obtenu une sensibilité analytique supérieure à la forme qualitative originale de uPM3MC.

      À ce jour, plus de 50 publications évaluées par les pairs soutiennent la valeur clinique du PCA3. Dans un article publié dans le British Journal of Urology International (2009 ; 103:441‐445), lequel présentait les résultats de plusieurs études sur le PCA3, les auteurs ont suggéré que le PCA3 pouvait être utilisé pour déterminer avec plus de fiabilité si une première biopsie ou une biopsie subséquente est nécessaire et, lorsque la biopsie est positive, pour évaluer la gravité du cancer afin de bien peser les risques et les avantages d’une prostatectomie radicale par rapport à un suivi régulier.

      En particulier, deux études récentes ont confirmé la valeur Clinique du PCA3, qui prend de plus en plus une position d’avant-plan pour la gestion du cancer de la prostate.

      •Au début de mars 2010, la valeur clinique du PCA3 a été confirmée dans deux études mondiales réalisées sur un sous-groupe de patients de l’étude REDUCE de GlaxoSmithKline sur son médicament dutastéride. Les études ont été présentées lors du Symposium sur les cancers génito-urinaires de l’American Society of Clinical Oncology (« ASCO GU ») tenu à San Francisco. Les résultats ont démontré que le test PCA3 peut aider à déterminer si les hommes chez qui on suspecte un cancer de la prostate devraient subir une nouvelle biopsie, de même qu’à prédire le risque de souffrir d’un cancer malin.

      •En avril 2010, lors du congrès 2010 de l’Association européenne d’urologie (EAU), Pr Alexandre de la Taille du service d’urologie de l’Hôpital Henri Mondor, Creteil, France, a présenté les résultats d’une nouvelle étude européenne de 516 hommes. Les résultats de cette étude suggèrent que le test PCA3 pourrait être utile pour prédire le résultat d’une première biopsie de la prostate, réduisant ainsi de 40% les biopsies de prostate tout en n’échappant que 5% des cancers de haut grade lors du diagnostic initial. Cette étude représente un progrès important pour le PCA3 qui jusqu’à maintenant était considéré et évaluée pour les hommes devant subir une biopsie de reprise.

      Le test PCA3 est maintenant disponible auprès de plusieurs laboratoires américains et canadiens qui utilisent les réactifs du PCA3 (Analyte Specific Reagents) de Gen-Probe ainsi qu’en Europe sous l’appellation PROGENSA®PCA3, un test in vitro avec marquage CE. De plus, sa commercialisation au Japon et en Australie a été amorcée par l’entremise de distributeurs.

      En avril 2010, Gen-Probe a complété une étude clinique de 500 patients sur son test PROGENSA® PCA3 visant
      Francisco. Les résultats ont démontré que le test PCA3 peut aider à déterminer si les hommes chez qui on suspecte un cancer de la prostate devraient subir une nouvelle biopsie, de même qu’à prédire le risque de souffrir d’un cancer malin.

      •En avril 2010, lors du congrès 2010 de l’Association européenne d’urologie (EAU), Pr Alexandre de la Taille du service d’urologie de l’Hôpital Henri Mondor, Creteil, France, a présenté les résultats d’une nouvelle étude européenne de 516 hommes. Les résultats de cette étude suggèrent que le test PCA3 pourrait être utile pour prédire le résultat d’une première biopsie de la prostate, réduisant ainsi de 40% les biopsies de prostate tout en n’échappant que 5% des cancers de haut grade lors du diagnostic initial. Cette étude représente un progrès important pour le PCA3 qui jusqu’à maintenant était considéré et évaluée pour les hommes devant subir une biopsie de reprise.

      Le test PCA3 est maintenant disponible auprès de plusieurs laboratoires américains et canadiens qui utilisent les réactifs du PCA3 (Analyte Specific Reagents) de Gen-Probe ainsi qu’en Europe sous l’appellation PROGENSA®PCA3, un test in vitro avec marquage CE. De plus, sa commercialisation au Japon et en Australie a été amorcée par l’entremise de distributeurs.

      En avril 2010, Gen-Probe a complété une étude clinique de 500 patients sur son test PROGENSA® PCA3 visant l’approbation de la FDA, et a déposé une demande d’autorisation de précommercialisation (PMA) en septembre 2010.

    • Bonjour,

      Je pense que, comme les PSA, ce test devrait être évalué en terme de rapport bénéfice/risque avant d’être utilisé. Ne renouvelons pas l’erreur des PSA.

  • Que penser de cette présentation du dépistage au patient ?

    • C’est plus ou moins la présentation que recommandent actuellement l’AFU et l’AUA (citées avec leurs références dans mon premier message).

  • Désolé, mais vous n’avez pas le droit d’écrire que le cancer de la prostate est rare ! C’est le premier cancer chez l’homme (71500 nouveaux cas en 2010 en France) et la troisième cause de mortalité par cancer après le poumon et le côlon/rectum, avec 8790 décès en 2010 (source Institut National du Cancer). Je conseille aux patients et aux médecins qui vous lisent et suivent vos recommandations de ne pas croire aveuglement ce que vous écrivez. Vous manquez manifestement d’informations sur le sujet du cancer de la prostate !

    Par ailleurs, vous avez, je trouve, une vision très curieuse et surtout réductrice du rôle des urologues en matière de cancer de la prostate.
    En effet, dans la très grande majorité des cas, en France, les urologues suivent les patients qu’ils opèrent de prostatectomie radicale pendant 5 voire 10 ans, au rythme d’une à deux fois par an. Contrairement à ce que vous affirmez, les urologues savent donc très précisément quel est le devenir fonctionnel de ces patients. C’est aussi le plus souvent aux urologues que ces patients s’adressent lorsqu’il faut prendre en charge d’éventuelles séquelles (injections intra-caverneuses, pose de bandelettes pour l’incontinence). Nous ne faisons donc pas que les opérer sans nous soucier du reste.

    D’autre part, la plupart des études récentes (<= 10 ans) sur les résultats des traitements radicaux du cancer de la prostate (prostatectomie radicale, radiothérapie) prennent en compte la qualité de vie des patients et en particulier la continence urinaire et la puissance sexuelle. Vous stigmatisez ces éventuelles séquelles en les qualifiant de "mutilations" ce qui tend à faire croire qu’elles sont systématiques et incurables, ce qui est totalement faux. Il existe en effet des traitements très efficaces tant pour l’incontinence urinaire que pour la dysfonction érectile. Et pour replacer ces conséquences dans leur contexte réel, je vous rappelle que les études récentes révèlent qu’à 12 mois de l’intervention, 78 à 97% des patients opérés sont totalement continents (l’Institut National du Cancer indique que moins de 3% des patients gardent une incontinence définitive) et que 54 à 75% d’entre eux ont des rapports sexuels sans traitement lorsque les nerfs érecteurs ont été préservés lors de l’intervention. Or ceci n’est possible que si la maladie a été détectée à un stade précoce.

    Cet échange confirme ce que je pense : vous ne connaissez pas le cancer de la prostate et n’avez que très peu d’expérience de cette maladie. Malgré cela, vous écrivez des articles très orientés et vous vous octroyez le droit de mener une campagne anti-dépistage, sans aucune forme de nuance, ni de prudence. En tant que médecin, cette démarche me choque de la part d’un confrère. Je ne pense pas que mes arguments vous feront changer d’avis. Je souhaite simplement qu’ils feront réfléchir vos lecteurs.

    • **54 à 75% d’entre eux ont des rapports sexuels sans traitement lorsque les nerfs érecteurs ont été préservés lors de l’intervention. Or ceci n’est possible que si la maladie a été détectée à un stade précoce.
      **
      mais mon dieu !! ceci signifie donc - Cher Anonyme - que 25 à 50% de ces patients opérés pour 0% d’augmentation de leur durée de vie vont donc avoir des problèmes sexuels ???

    • Bonsoir,

      Tout est dans la façon de présenter les chiffres. Le nombre de cancers de la prostate ne veut pas dire grand chose : du fait d’un important surdiagnostic, beaucoup de ces cancers n’en sont pas vraiment. Depuis la généralisation des PSA en France, le nombre de cancers diagnostiqués a quadruplé.

      En terme de mortalité, le cancer de la prostate représente 3% des causes de décès chez l’homme. C’est peu, et surtout cela touche essentiellement des hommes très âgés, souvent en fin de vie. Le cancer ne fait que hâter un décès qui était souvent proche. Donc, je maintiens que le cancer de la prostate n’est pas un problème de santé publique majeur, et je le constate dans ma clientèle comme la majorité de mes confrères généralistes.

      Lorsque le diagnostic est fait à partir de métastases osseuses, vous savez comme moi qu’un traitement médical simple et bien supporté permet de contrôler parfaitement la maladie pendant de longues années.

      Vous affirmez que les patients continuent à vous consulter après le traitement et que vous avez une vision précise de leur devenir. Ce n’est pas ce que je constate dans ma pratique, où les patients les plus touchés par les séquelles de la chirurgie finissent pas rejeter les urologues et se débrouillent avec leur généraliste. Mais bon, ce sont des ressentis subjectifs.

      Pour ce qui est des séquelles, je suis désolé si j’ai pu laisser penser qu’elles étaient systématiques. Ce n’est bien sûr pas le cas. Vous donnez un chiffre de 3 à 22% pour les troubles de la continence résiduels. La fourchette est large et la réalité se situe sans doute au milieu. Ce n’est pas rien.

      Il semble y avoir un malentendu sur cet article : si j’ai mené par le passé des campagnes critiquant ce dépistage, je parle ici d’une décision de l’organisme américain d’évaluation des politiques de prévention sanitaire. Je n’ai pas modifié ni interprété cette recommandation qui confirme, il est vrai, les informations que j’apporte sur internet depuis 10 ans. Il ne s’agit pas d’un billet d’opinion, mais du résumé de ce qui est désormais un consensus international. Je sais qu’il vous déplaît, ainsi qu’à la majorité des urologues (pas tous), mais ce n’est plus moi qui en suis l’auteur.

      En matière de nuances et de prudence, je serai toujours mieux pourvu que l’AFU et de ses campagnes pour la "Journée de la prostate" qui ont atteint des sommets en matière de désinformation et de vulgarité.

      Les urologues sont bien sûr les mieux placés pour parler du cancer de la prostate, de ses différentes formes et de ses traitements. En revanche, l’expérience m’a montré que leurs connaissances en santé publique et en évaluation des dépistages souffrent de lacunes importantes. Je me sens sur ce point précis tout aussi compétent que la majorité d’entre eux.

    • Désolé par l’"anonyme" que je ne suis pas (Dr J. Bron). J’ai simplement oublié de renseigner à nouveau le champ "nom" dans ma précédente réponse.

      Votre analyse est totalement fausse. Relisez les conclusions de l’étude européenne ERSPC (162 000 patients, dans 8 pays) qui a confirmé la réduction de mortalité de 21% en cas de dépistage systématique du cancer de la prostate par le PSA par rapport l’absence de dépistage, chez des hommes européens âgés de 55 à 69 ans, suivis pendant au moins 11 années. Cette baisse de mortalité atteint 29% pour les hommes ayant effectivement réalisé le dépistage. Cette analyse, après 2 années de suivi supplémentaires, confirme que le dépistage par PSA diminue de façon importante la mortalité par cancer de la prostate.
      Certes il y a aussi l’étude américaine PLCO, publiée à peu près en même temps que la précédente (2009) et qui n’a pas montré de différence significative. Mais cela ne vous permet pas d’affirmer que le traitement d’un cancer de prostate à un stade précoce entraîne 0% d’augmentation de la durée de vie. Cette affirmation est simplement fausse.

    • Le dépistage n’a permis de mettre en évidence dans aucune étude un quelconque allongement de la durée de vie. Ce qu’à montré une étude, celle que vous citez, et à l’inverse des autres, c’est une moindre mortalité spécifique par cancer de la prostate. Cette confusion entre l’espérance de vie et la non-mortalité spécifique est fréquente chez les urologues et malheureusement souvent reprise par la presse. Voir http://www.atoute.org/n/article117.html

      Je ne veux pas relancer ici le débat scientifique sur la valeur respective des différentes études. Les spécialistes (de l’évaluation et non de l’urologie) qui se dont penchés sur le dossier en France et aux USA ont parfaitement argumenté leur décision. Le but de ce billet est de porter à la connaissance du public français les conclusions de cette évaluation, alors que des voix urologiques continuent à promouvoir ce dépistage dans la presse grand-public http://www.atoute.org/n/forum/showthread.php?t=150802

      Il est urgent que les patients reçoivent une information objective sur l’évaluation de ce dépistage par des autorités incontestables. C’est le but de ce billet et de la note destinée aux patients que je vais rédiger.

  • Le sujet PSA est difficile et fallait il passer sous silence l’avis de l’US Preventive Service Task ?
    As t on le droit quand on est Médecin de poser et de se poser des questions ou faut il se taire devant tout expert sans jamais mettre en doute ses dires ?
    As t on le droit d’avoir des doutes et de chercher à les dissiper en dénonçant le lobbying d’une médiatisation médicale active ?
    As t on le droit d’oublier qu’un Médecin qui avait démontré qu’il valait mieux se laver les mains avant de pratiquer la chirurgie a été trainé dans la boue par la bonne société médicale viennoise ?
    As ton le droit de suivre le principe qui dit "primum non nocere" et de se demander si le dépistage par le PSA n’a pas des effets délétères ?
    Merci à Dominique DUPAGNE de nous permettre cette expression car sans la confrontation des idées pas de progrès possible !

    • Bonjour.

      Je penses le dosage de PSA n’a que peu de significations dans le diagnostic et le depistage je dirai même negligeables,un taux eleve ne signe pas necessairement un cancer comme un taux bas du PSA.meme un taux bas n’exclue pas une tumeur.
      Même dans la surveillance de l’evolution,il contribu peu.

      Dans le but d’agir pour l’intérêt de leur malade les urologues pechent dans leur mission parcequ’ils savent bien leur dosage ne sert a grand chose..

  • En tant que patient, et vous allez dire si je me trompe, mais il me semble que ce n’est pas le dépistage qui pose problème, mais plutôt ce qu’on fait après avoir analysé les résultats.

    Personnellement, le PSA, une prise de sang, c’est pas ça qui va réduire ma mortalité... Par contre, l’abruti qui lit le dosage et qui me dit qu’on va enlever quoi que ce soit préventivement alors que ça sert à rien ou pas à grand chose et que les risques sont plus importants que le bénéfice, là on a un problème.

    N’y a-t-il pas de cas dans lesquels le dosage PSA est irréfutablement utile pour détecter des cancers "rares" ou dangereux ? Si il varie trop sur une certaine période par exemple ?

    A mon avis, le combat ne devrait pas se faire contre le dépistage, surtout s’il est inoffensif, mais contre ce qui vient après. Battez vous pour rééduquer les médecins face à l’analyse du taux de PSA et le toucher rectal.

    • Bonjour,
      Non, au contraire, il faut réfléchir "AVANT" le dosage des PSA. Une fois qu’il sait qu’il a des PSA à 10, un homme n’est plus le même, il est inquiet, stressé. Par ailleurs, dans le cadre du dépistage, le seul intérêt des PSA et de poser l’indication de biopsies. Elles seules permettent de se faire une idée de la présence et de l’agressivité du cancer éventuel.

      De la même façon, réfléchir après la biopsie est difficile... Si le diagnostic de cancer localisé est porté, il est difficile à oublier.

      Le dépistage est vraiment, si vous me pardonnez la comparaison, un doigt dans un engrenage qui ne le lâchera plus.

      La "surveillance active" est une vaste plaisanterie qui transforme des hommes en malades et des prostates en gruyère pour un bénéfice qui reste à prouver.

      En résumé : non, il n’est pas possible de se faire doser les PSA et de réfléchir après.

    • Bonjour,

      “En résumé : non, il n’est pas possible de se faire doser les PSA et de réfléchir après.”

      M. Dupagne, la plupart du temps, on ne se « fait » pas doser les PSA, on vous les teste lors d’un check-up, d’un bilan, ... Idem pour le TR.
      Et c’est après que suivent les conseils pressants de tous (médecins, proches, ...)
      Les seules personnes à convaincre de l’inutilité du test sont donc les médecins, généralistes ou spécialistes, et non les patients.
      Quant à l’inquiétude et au stress généré par l’annonce d’un cancer (ce qui va faire 4 ans pour moi, sans aucun traitement "malgré" un cT2b de GL7 et bien que je sois un "jeune" malade de 64 ans), s’ils sont réels et quotidiens, je ne suis pas certain qu’ils me gênent davantage que la perception d’une relative proximité de la mort, à partir de la soixantaine, quand les effets de l’âge se ressentent vraiment.
      Par contre le cancer change le rapport au temps et vous aide (paradoxe !) à hiérarchiser vos priorités et à profiter au mieux de la vie.
      En conclusion,
      - pour les médecins : « Primum non nocere »
      - pour les patients (testés, "biopsés", cancéreux, ou pas) : « Carpe diem »

  • Intéressant point de vue d’un cancérologue américain, spécialisé dans le traitement du cancer de la prostate : http://bit.ly/Jsn5lg

    • la traduction de l’article complet de scientific american se trouve dans la revue "pour la science " de juin 2012. elle est disponible aussi sur le site de la revue.

  • Cher Docteur DUPAGNE,

    Je viens vous apporter mon vécu. Je suis rentré dans cet engrenage (de ma propre initiative, abusivement orienté par les campagnes médiatiques), il y a maintenant quelques années, et ai fait ce dépistage par le dosage des PSA, j’avais alors 48 ans. Il s’est avéré que mon taux de PSA était supérieur à 7 et s’est élevé jusqu’à 12. J’ai alors “subi” 6 séries de biopsies de la prostate (une par an), toutes négative, avec à chaque fois, une moyenne de 12 prélèvements jusqu’à ce que je déclare une prostatite aiguë, 2 jours après le dernier prélèvement. Bilan 4 jours d’hospitalisation avec tremblements, fièvre et antibiotiques pour juguler cette infection. J’ai alors considéré que cela suffisait et que je ne pouvais plus davantage subir ce genre de torture, surtout après avoir visité votre site et lu le livre du Docteur WELCH « qui ma ouvert les yeux ». J’ai décidé de tout arrêter.
    Il est tout à fait exact de dire que, lorsque vous commencez ce genre de dépistage, c’est un réel engrenage, en effet, d’abord vous vivez mal ce genre d’examen qui est douloureux puis, vous vivez dans l’angoisse du résultat puis de la future biopsie...
    Le rapport de l’urologue, qui m’a fait passer les différentes biopsies, allait dans le sens d’une prostatite chronique mais il m’a, malgré tout, fait subir ces 6 biopsies...
    Aujourd’hui, et tant qu’il n’y aura pas plus de certitudes quant au dépistage de la prostate, je préfère tourner la page à tous ces dépistages qui font plus souffrir qu’ils n’apportent de certitudes réelles.
    Cordialement

  • Cher dominique,
    Je vous suis, et bon nombre de nos confrères et de nos patients, redevable d’un immense remerciement. Vous avez su trouver les clés pour que cette affaire de santé publique soit débattue publiquement. L’affaire est grave et je comprends que nos confrères urologues puissent en être chamboulés, car cela remet en question ce qu’ils pensaient acquis, renforcé probablement par leur impression de praticien, en témoigne les réponses de J Bron. Médecin généraliste de base, il m’a été jusque-là très difficile d’expliquer cette controverse, tant mes patients étaient saturés d’informations « pro-dépistage », totalement décalées des publications scientifiques, renforcés par les messages de mes confrères urologues. Je me rappelle de la période de fin 1998, où après l’étude HERS, j’avais compris que les THS n’étaient plus des traitements magiques pour nos patientes ménopausées. Je me rappelle des conflits qu’il m’a fallu alors accepter. Vous nous en avez d’ailleurs apporté la démonstration sur atoute.
    Nous praticiens, exerçons un métier difficile car nous devons nous astreindre à un questionnement permanent, alors que nos patients attendent de nous des réponses. Nos doutes se transforment souvent en conflits intérieurs, ce cheminement indispensable vers un changement de croyance, puis en conflits extériorisés avec ceux qui pensent différemment. Ces conflits sont indispensables pour que la vérité éclate et soit acceptée. Je remercie donc le Dr J Bron d’ accepter d’en débattre ici. Plus que le dépistage du cancer de la prostate, c’est le sophisme « tout cancer dépisté tôt sera guéri » qui est mis à mal. Celui-ci ne doit plus être le fondement scientifique de bons nombres de nos actes médicaux ! Par contre il est très ancré dans une croyance populaire. Dominique, votre action bien visible médiatiquement est donc la seule voie vers une pensée critique, la seule utile à la défense de notre santé.
    Je me permets de conseiller ici la lecture des remarquables articles de Luc Perino publiés en 2010 dans la revue médecine.
    Le 1er article : ici
    Le 2ème article : ici
    Et cette lettre d’un membre de l’INCA qui souhaite garder l’anonymat et qui mérite toute notre attention !
    De tout cœur avec vous.
    Dr Philippe Nicot, généraliste, sans lien d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique.

  • Bonjour,
    Vous aviez donné la référence d’un article qui n’indique pas précisément que le dépistage et la chirurgie ne présentent pas de bénéfice (pas pour les patients de moins de 65 ans).
    Il y a d’autre part la question de l’information destinée à une décision individuelle. La page de l’USPSTF est intéressante, mais pas forcément satisfaisante sur le plan personnel. Le besoin d’une analyse plus fine est ressenti.
    J’ai donc rédigé une fiche en exploitant les données qui m’étaient immédiatement disponibles afin d’esquisser un premier jet qui puisse servir de guide pour structurer les éléments clés d’un raisonnement en incertitude, ou bien servir de guide pour la recherche de statistiques plus fines. Cette fiche a vocation à être complétée, en intégrant les résultats d’études que vous pourrez signaler.

    • La question du dépistage du cancer de la prostate est actuellement indécidable. Les directives globales sont peu convaincantes sur le plan individuel. Il est donc primordial que le médecin remplisse sont devoir d’informer, et cela au moyen d’une information précise et complète, en explicitant les incertitudes, et en permettant une décision individuelle. Cette fiche utilise des données immédiatement disponibles, mais qui peuvent être corrigées, complétées, ou nuancées. Elle peut soit servir de guide pour structurer les éléments clés d’un raisonnement en incertitude, soit servir de guide pour la recherche de statistiques plus fines. J’indique par "***" les statistiques qui seraient utiles, elles existent peut-être quelque part.

      Les choix individuels portent sur :
      I. le dépistage ;
      II. le traitement chirurgical.
      Il en résulte
      III. les stratégies ;
      qu’il convient d’envisager selon ses critères personnels.

      I. Le dépistage

      1) Les facteurs de risque
      Il y a l’environnement et la génétique, mais surtout l’âge.
      (*** statistiques à rechercher : facteurs de risques)

      - Nombre de nouveaux cas pour 100 personnes-années par tranche d’âge en 2011 :
      source :
      http://lesdonnees.e-cancer.fr/les-fiches-de-synthese/1-types-cancer/10-cancer-prostate/17-epidemiologie-du-cancer-de-la-prostate-en-france-metropolitaine-analyse-par-classe-dage.html

      0-14  : 0.00005%
      15-49  : 0.00282
      50-64  : 0.35863
      65-74  : 1.09312
      75-84  : 1.10620
      85 et +  : 0.84757

      2) Les symptômes
      La maladie est souvent et longtemps asymptômatique. D’autre part, les symptômes sont communs à plusieurs pathologies. Les symptômes mictionnels traduisent déjà une phase avancée de la maladie. Les symptômes les plus sérieux sont des douleurs osseuses, mais si elles révèlent des métastases osseuses, alors le cancer en est à un stade incurable, et les douleurs peuvent être intenses.
      (*** statistiques à rechercher : corrélation entre grade de la maladie et symptômes)

      3) Les examens

      - Le toucher rectal :
      source : http://www.phac-aspc.gc.ca/publicat/clinic-clinique/pdf/s10c67f.pdf
      Seules les parties postérieure et latérales de la prostate sont accessibles à la palpation ; par conséquent, entre 40 et 50 % des cancers échappent à la détection

      - Le dosage du PSA :
      source : http://www.urologieversailles.org/cancer-prostate.html
      Quand le taux sérique du PSA. est supérieur à 10 ng/ml avec un toucher rectal anormal, la valeur prédictive positive pour le cancer prostatique approche 80 % tandis qu’elle est de 50 % quand le taux de PSA. est supérieur à 4 ng/ml. Chez les patients ayant un toucher rectal négatif, malgré un taux de PSA. supérieur à 10, la valeur prédictive positive est seulement de 31 %.
      (*** statistiques à affiner : valeurs prédictives du PSA, dosage, évolution, rapidité de l’évolution)

      - L’échographie transrectale :
      source : http://www.urologieversailles.org/cancer-prostate.html
      La valeur prédictive positive globale de l’échographie seule est de 22 % mais augmente à 32 % en cas d’élévation du PSA, et diminue à 7 % avec un PSA normal.
      La valeur prédictive positive de l’échographie transrectale seule passe de 41 % à 71 % quand le toucher rectal et le PSA sont tous les deux anormaux, et diminue à 5 % quand le toucher et le PSA. sont tous deux normaux.
      (*** statistiques à affiner : valeurs prédictives de l’échographie)

      - La biopsie prostatique :
      source : http://www.urologieversailles.org/cancer-prostate.html
      Quand le PSA est entre 3 et 7 ng/ml, le taux de positivité des biopsies est de 30 % et le taux de guérison est de 80 %, quand le PSA est entre 7 et 30 ng/ml, le taux de positivité des biopsies est de 65 %, mais le taux de guérison est de 50 %. En cas de suspicion de cancer, la biopsie permet de repérer la présence de cellules cancéreuses. Cependant, la biopsie n’est pas certaine à 100% : risque de faux négatif. De plus, elle risque de provoquer une dissémination des cellules cancéreuses.

      - Le bilan d’extension :
      Scanner, IRM et scintigraphie osseuse peuvent montrer une extension de la maladie métastasée.

      II. Le traitement chirurgical

      L’intervention chirurgicale principalement considérée est la prostatectomie radicale, dans le cas où la tumeur est encore localisée et où l’on peut espèrer une éradication totale de la tumeur. Une mesure de l’éfficacité serait donc l’absence de métastatases ultérieures.

      1) Morbidité

      - Morbidité de la prostatectomie radicale :
      source : http://www.stacommunications.com/journals/leclinicien/2007/2-Fevrier%202007/071-Le%20cancer%20de%20la%20prostate.pdf
      (*** statistiques à affiner)

      décès  : 0.7%
      incontinence  : 8%
      dysfonction érectile  : 70%
      sténose urétrale  : 10%

      2) Efficacité

      - Probabilité cumulative de métastases sans prostatectomie pour des patients de plus de 65 ans :
      source : http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1011967#t=article

      à 3 ans : 5%
      à 6 ans : 10%
      à 9 ans : 15%
      à 12 ans : 20%
      à 15 ans : 30%

      - Probabilité cumulative de métastases après prostatectomie pour des patients de plus de 65 ans :
      source : http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1011967#t=article

      à 3 ans : 5%
      à 6 ans : 10%
      à 9 ans : 15%
      à 12 ans : 20%
      à 15 ans : 25%

      - Probabilité cumulative de métastases sans prostatectomie pour des patients de moins de 65 ans :
      source : http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1011967#t=article

      à 3 ans : 5%
      à 6 ans : 15%
      à 9 ans : 25%
      à 12 ans : 30%
      à 15 ans : 40%

      - Probabilité cumulative de métastases après prostatectomie pour des patients de moins de 65 ans :
      source : http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1011967#t=article

      à 3 ans : 5%
      à 6 ans : 5%
      à 9 ans : 10%
      à 12 ans : 20%
      à 15 ans : 20%

      - Conclusion :
      L’évolution de la maladie est relativement lente et contenue localement ; et la prostatectomie semble être sans grand effet significatif sur l’évolution des cancers qui métastaseront. Par contre, lorsque la maladie survient à un âge plus précoce, elle est plus agressive (cancers métastasés plus nombreux). Dans ce cas, la prostatectomie présente alors un bénéfice puisqu’elle réduit le nombre de cancers qui métastaseront.

      III. Les stratégies

      111) En cas de tumeur agressive : dépistage et prostatectomie.
      112) En cas de tumeur agressive : dépistage et traitement non-chirurgical.
      121) En cas de tumeur agressive : non-dépistage et prostatectomie.
      122) En cas de tumeur agressive : non-dépistage et traitement non-chirurgical.

      En cas de tumeur agressive, la stratégie 111 est à considérer si on pense qu’un âge précoce de diagnostic (moins de 65 ans) est un indice de tumeur agressive.
      (*** statistiques à affiner : probabilité cumulative de métastases en fonction de l’âge)
      Par ailleurs, le non-dépistage fera perdre du temps.
      (*** statistiques à rechercher : grade de la maladie dépistée, et diagnostiquée hors dépistage)
      L’inconvénient de cette stratégie est qu’elle étend la morbidité de la prostatectomie à l’ensemble des patients, alors qu’elle ne présente un bénéfice réel que pour une relativement faible proportion.

      211) En cas de tumeur non-agressive : dépistage et prostatectomie.
      212) En cas de tumeur non-agressive : dépistage et traitement non-chirurgical.
      221) En cas de tumeur non-agressive : non-dépistage et prostatectomie.
      222) En cas de tumeur non-agressive : non-dépistage et traitement non-chirurgical.

      En cas de tumeur non-agressive, la stratégie 212 est à considérer puisqu’elle exclut la morbidité de la prostatectomie. Sur le seul plan de la probabilité cumulative de métastases, les stratégies 212 et 211 sont par définition équivalentes sous la condition d’avoir une mesure parfaite de l’agressivité de la tumeur. Par ailleurs, le non-dépistage fera perdre du temps dans le traitement, même s’il est non-chirurgical.
      (*** statistiques à rechercher : survie en cas de traitements non-chirurgicaux en fonction du grade de la tumeur)

      Les recherches semblent viser une meilleure évaluation des tumeurs agressives. C’est sans doute le point clé pour pouvoir conseiller le dépistage tout en discriminant les cas qui justifient une morbidité élevée par un bénéfice significatif.
      (*** statistiques à affiner : mesures prédictives de l’agressivité, pourcentages de tumeurs agressives en fonction de l’âge)

    • Pour ma part diagnostiqué avec un cancer de gleason 6 , je refuse la prostatectomie doutant de sa pertinence, malgré l’insistance presque menaçante de deux urologues. Il est clair que si on me proposait des traitements moins invasifs, peut-être que je les accepterais

    • Bonjour,
      je ne veux pas jouer au médecin que je ne suis pas. Si je m’en tiens à ce que je sais sur le sujet, je poserais les questions suivantes :
      - y a-t-il un moyen d’avoir une idée de l’agressivité de la tumeur ? âge, évolutivité, ...
      - quelles sont les chances pour que la tumeur soit opérable ? je suppose que l’avis est positif si on vous propose l’opération.
      - il y a de toutes façons les traitements qu’on propose quand la tumeur a dépassé le stade opérable et qu’on espère une évolution (très) lente, que vous pouvez préférer si les indices peuvent laisser penser que ce sera le cas.

    • Vous pouvez aussi vous renseigner sur la technique d’ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU). Elle est moins invasive et la morbidité est moindre.

    • Il est clair que faute de résultat prouvé pour les techniques agressives (chirurgie, rayons) un traitement moins traumatique comme le HIFU est une option a étudier avec intérêt pour les patients n’ayant pas réussi à échapper au dépistage.

      Il s’agit d’une sorte de four à micro-ondes local qui "cuit" la zone prostatique malade.

    • Je nuance : faute de résultats prouvés pour les techniques agressives (chirurgie) en moyenne, sur l’ensemble de la population.
      Pour les patients jeunes, c’est un peu moins vrai, cf l’étude que vous donniez en référence.

      Par contre, il est certain que le résultat positif du dépistage est tout aussi traumatique.

      Le HIFU détruit les cellules tumorales par la chaleur, de façon localisée.
      L’efficacité semble comparable (à condition d’avoir bien évalué la tumeur) et la morbidité est moindre mais pas négligeable pour autant.

      Mais, il devrait aussi y avoir les traitements qui sont de toutes façons proposés lorsque la tumeur n’est plus opérable.

      A ce sujet, a-t-on des études mesurant l’efficacité de ces traitements par rapport à l’absence totale de traitements (puisque ce cancer est normalement à évolution lente) ?

    • Bonjour
      Pour les patients jeunes (moins de 55 ans), l’effet est délétère prouvé. Pour la tranche 55 - 69 il y a un doute sur un effet positif minime.

      L’efficacité anticancer des techniques non invasives ou microinvasives n’a jamais été prouvé.

    • Dans l’article en référence
      http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1011967#t=article
      on note un bénéfice non négligeable pour les moins de 65 ans :

      - Probabilité cumulative de métastases sans prostatectomie pour des patients de moins de 65 ans :
      à 3 ans : 5%
      à 6 ans : 15%
      à 9 ans : 25%
      à 12 ans : 30%
      à 15 ans : 40%
      - Probabilité cumulative de métastases après prostatectomie pour des patients de moins de 65 ans :
      à 3 ans : 5%
      à 6 ans : 5%
      à 9 ans : 10%
      à 12 ans : 20%
      à 15 ans : 20%

      Avez-vous la référence de statistiques plus précises (moins de 55, 55 à 69) ?

      Quand vous dites que l’efficacité des techniques non invasives n’a pas été prouvée, faut-il entendre que les traitements proposés pour retarder l’évolution des tumeurs non opérables (hormonothérapie, chimiothérapie) sont a priori inutiles ?

    • Ce bénéfice est celui de l’opération et non du dépistage. C’est différent. Les "témoins" ont subi des biopsies, ce qui n’est pas le cas des non dépistés et peut affecter le cours de la maladie.

      Pour moi, efficacité = éviter le décès par cancer de la prostate.

      Car dans vos chiffres, il faudrait le pourcentage avec et sans incontinence. Il vaut parfois mieux des métastases indolores et bien contrôlées par le traitement qu’une incontinence urinaire.

    • Bien sûr, il vaut mieux. Cependant, il me semble qu’il faut discerner l’information pure des décisions individuelles.

      En ce qui concerne cette information, il serait intéressant de disposer des statistiques que vous évoquez concernant l’étude des classes d’âge <55, et 55-69.

      Il est par ailleurs évident que les opérés ont subi des biopsies qui ont pu influencer la maladie, comme l’opération elle-même peut contribuer à sa propagation. Existe-t-il une étude sur l’acte de bopsie seul ?

      Enfin, même quelqu’un qui ne pourrait ou ne voudrait se faire opérer peut avoir à faire des choix concernant une hormonothérapie ou une chimiothérapie dont la morbidité n’est pas nulle non plus. Avons-nous des stastistiques là-dessus ?

    • Pour les classes d’âge http://www.atoute.org/n/article117.html

      Pas d’études sur l’impact des biopsies.

    • Je vous rappelle juste que la médiane de survie sous hormonothérapie pour métastase viscerale ou osseuse est de 18 mois, que les effets secondaires de l’hormonothérapie sont souvent très éprouvants , et il faut vraiment ne rien y connaître, n’en avoir jamais vu, pour parler de métastases indolores pour un cancer à fort tropisme osseux

    • Bonjour
      Diable, on est passé de 32 à 18 mois (source) ! Je ne trouve pas que les effets secondaires de l’hormonothérapie soient plus éprouvants qu’une incontinence clouant le patient à son domicile. En tout cas, cela n’a pas empêché Mitterrand de présider la France. Alors qu’un président incontinent...

      Sous traitement hormonal, la régression souvent massive des métastases prostatiques permet souvent leur parfaite indolence pendant de nombreuses années. J’ai peur que votre exercice en soins palliatifs ait faussé votre jugement. Vous recevez les patients qui vont mal et qui décompensent.

    • Une incontinence clouant au domicile... Misère, vous êtes vraiment cloué ! Il arrive malheureusement un stade ou il semble difficile de dialoguer, devant tant d’inepties...

  • moi j’avais les psa qui augmentaient environ jusqu’a 6-7, j’avais du mal à uriner, de temps en temps du sang et on m’a trouvé 4 calculs dans la vessie et je commencais vraiment à souffrir tous les 5 minutes, j’ai été opéré il y a 3 ans, on m’a réduit la prostate, je suis tomé sur un chirurgien super et depuis je vais très bien sans sequelles terribles, de toute facon quand on ne peut plus uriner il n’y a pas le choix, ça faisait 4 ans que je prenais des médicaments pour éviter l’opération mais tout
    doucement on mavait prévenu que je serai forcé d’y aller et plus j’attendrai plus je prenai de risque, donc mes psa sont actuellement à 1 depuis 3 ans, vais uriner normalement, me leve même pas la nuit alors qu’avant ça à commencé à 3 fois et finir tous les 5 minutes avec beaucoup de mal, pour moi j’ai tombé sur un bon généraliste, je faisais des radios tous les ans et voila j’ai 66ans, j’en avais 63 à l’épôque, donc ceux qui ont ce probleme à partir de 60 ans faut mieux se faire suivre, à partir de 75 ans il parait que l’on ne s’en occupe plus car ça évolue très lentement. Alors je pense que tout ce qu’on lit au dessus je suis septique, en plus je ne prend plus aucun médicament qu’avant j’en prenais 3 par jour ça prolonge mais c’est tout il arrive un moment ou il faut aller à l’opération, c’est pas la peine d’attendre que les reins soient touchés ou autre chose.

  • Un tel acharnement à vouloir empêcher les hommes du libre choix, savoir ou ne pas savoir s’ils ont un cancer de prostate, puis liberté de choisir ou non de s’en faire traiter...voilà qui passionnerait un analyste ! Les ayatollahs de l’anti dépistage seraient vraiment prêts à trouver n’importe quel argument, mais finalement , laissez nous faire ce que nous souhaitons faire !
    Pour ma part, cancer de prostate familial, deux décès par carence de dépistage, j’ai commencé à doser mon PSA à 45 ans et je le ferai tous les ans

    • Bonjour
      Qu’est-ce qui vous fait penser que l’on veut vous empêcher de vous dépister ? C’est votre choix. Bien sûr, vous pouvez aussi faire un scanner cérébral, pulmonaire, rénal et pancréatique tous les ans. Tant que ce n’est pas interdit, c’est autorisé. C’est juste dangereux et inutile.

  • Bonjour, cet article me fait d’autant réagir que mon grand-père est allé se faire opérer d’une hernie à l’aine et qu’à l’hôpital ils se sont permis de lui faire un prélèvement prostatique alors qu’il ne présente aucun problème urinaire ! Je trouve que parfois il y a vraiment des abus sur la prévention et que l’on se permet beaucoup trop sur les personnes âgées. Qu’en pensez vous ?

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