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Retrait de Diane 35, comment en est-on arrivé là ?
Quand la presse déraille...
Première publication : vendredi 1er février 2013,
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L’annonce du retrait à court terme du médicament Diane 35 en France paraît absurde. Cette décision isolée en Europe n’est pas fondée scientifiquement, où alors il faudrait retirer du marché le quart des médicaments. Elle pourrait ridiculiser la France quand l’Europe, dans quelques mois, lui donnera tort et contraindra les autorités sanitaires françaises à revenir sur leur décision.
Mais comment en est-on arrivé là ?
Tout d’abord, il y a le spectre du Mediator qui plane au dessus des experts sanitaires. Après s’être fourvoyée, une agence gouvernementale réagit habituellement par excès, en sens inverse. C’est humain, nous fonctionnons tous comme cela. Si je passe à côté d’un cancer du poumon, je risque de prescrire massivement des radiographies inutiles à mes patients, au risque de compromettre leur santé en les irradiant ou les inquiétant inutilement.
Ensuite il y a l’émotion : les victimes des accidents thrombo-emboliques sont jeunes, jolies, et très en colère. Je les comprends. Mais face à la douleur et à l’émotion, la science doit être à la fois compatissante, empathique et rationnelle.
Mais il existe un troisième acteur : la presse. Il est de bon ton de montrer du doigt le web collaboratif, source de toutes les désinformations sanitaires. Or, dans cette affaire, la presse traditionnelle a soufflé sur les braises de l’inquiétude, titré sur des chiffres affolants, et écrit beaucoup de bêtises.
Il ne s’agit pas de reprocher à la presse de faire son travail d’information, mais de regretter qu’elle participe à la désinformation.
Un article publié dans le Monde [1]du 31 janvier est particulièrement démonstratif :
Ce papier s’intéresse donc à la méfiance à l’égard du médicament. Sujet d’actualité.
Dans une question, le journaliste écrit :
Or, il commet une erreur d’un facteur 100 : le chiffre de 4 décès pour 10000 femmes sous pilule de 3ème génération est faux, il confond avec les phlébites et les embolies non mortelles.
Le taux de décès imputable aux contraceptifs est de l’ordre de 1 utilisatrice sur 1 million chaque année. Heureusement qu’il est aussi faible, car sinon, les décès sous pilule se compteraient en centaines tous les ans et ce taux serait inacceptable. Il est possible, mais non certain, que ce risque de décès double avec Diane 35.
Je ne sais pas quelle a été la diffusion de cet article, mais mettre dans la tête des lecteurs et lectrices que les pilules tuent 2 à 4 femmes sur 10000 tous les ans est profondément destabilisant pour des millions de femmes. Les conséquences d’une telle fausse information ne doivent pas être sous-estimées.
Il s’agit du Monde et non de Closer ou de l’Impatient.
Je pense sincèrement que la presse possède une responsabilité dans cette affaire, même si je ne sous-estime pas celle des médecins qui ont prescrit trop facilement Diane 35 pour quelques boutons anodins.
[1] L’erreur a été corrigée après la publication de ce billet, voir les commentaires ci-dessous.
Messages
1er février 2013, 08:27, par Dominique Dupagne
Je précise que l’expert interrogé n’y est probablement pour rien. La question a pu être formulée différemment oralement. En tout cas, c’est pour éviter ce genre de mésaventure que je demande toujours à relire mes citations avant publication quand je suis interviewé.
Je note aussi que l’article du Monde est publié depuis plus de 24 heures.
1er février 2013, 08:53, par Bleu horizon
Le maître mot de toute cette affaire est la plainte au pénal et la peur des politiques. Il y a probablement une tempête à la DGS et l ANSM. Regardez bien, lors de chaque affaire de santé publique, il n’y que le ministre de la santé qui s exprime, pas les autres membres du gouvernement , ni le premier ministre encore moins la présidence. Et encore , en l espèce on laisse se dépêtrer le directeur de l’ANSM.
Il faut être factuel dans ce genre de dossier, dans sa communication aussi . Lister les bénéfices , les risques et expliquer la décision.
Malheureusement , cette affaire n’est qu’un symptôme de la gouvernance sanitaire et des difficultés des agences.
1er février 2013, 10:22, par Jd .Flaysakier
Comme tu as raison ! En écoutant il y a peu une emission sur France-Culture j’ai entendu la journaliste du Monde expliquer qu’elle incarnait les victimes. On ne fait plus de l’information mais du journalisme compassionnel.
De la meme façon que dans les procès certains chroniqueurs donnent l’impression d’être partie civile.
1er février 2013, 12:19, par Dominique Dupagne
Cela dit, le Monde a publié un dossier remarquable sur les contradictions des leaders d’opinion en matière de contraception. C’est juste cet article qui m’a irrité, et le titre de l’article du Figaro sur les mortes de Diane 35.
1er février 2013, 13:06, par F.B.
Bonjour,
Je suis l’auteur de l’entretien sur LeMonde.fr.
Suite à votre remarque, nous venons de corriger la question.
Cordialement,
François Béguin
Journaliste Société / LeMonde.fr
1er février 2013, 13:57, par Dominique Dupagne
C’est une bonne chose et c’est noté. Ce que je trouve étonnant, c’est que personne n’ait signalé cette erreur en relecture ni dans les 24 heures de publication initiale. Je l’ai découverte ce matin.
2 février 2013, 10:31, par Frédéric Urbain
Personnellement, je suis ravi de voir qu’il y a des journalistes qui consultent des sources d’information fiables ;-)
1er février 2013, 13:47, par doc.plancher
Moi qui ne suis qu’un pauvre généraliste de base dans mes montagnes, je ne pense pas avoir prescrit diane 35 plus de 5 fois en 10 ans , et encore c’était un renouvellement d’ordonnance de spécialiste.Car le problème est bien là, ce sont les spé dermato et gynéco qui sortent l’un comme l’autre de leur domaine de compétence en prescrivant ce bidule , l’un pensant prescrire une contraception-hors AMM- et l’autre un traitement contre l’acné , à la balance bénéfice/risque franchement pas bon par rapport à d’autre traitement.
1er février 2013, 14:08, par Dominique Dupagne
Je reproduis ci-dessous le commentaire d’un spécialiste du sujet qui souhaite garder l’anonymat. Je garantis sa compétence
1er février 2013, 14:13, par christian lehmann
C’est marrant, j’allais faire la même chose. Tu as demandé à Mr X ? ;-))
1er février 2013, 14:39, par hugo
Je tique sur cette phrase "Parce que règlementairement, un laboratoire est "responsable" des prescriptions hors AMM".
Qui oserait affirmer qu’un constructeur automobile est responsable en cas d’usage d’un de ses véhicules hors code de la route ? A ma connaissance le code de la route sanctionne les usagers et non les fabricants. Ces derniers ne sont responsables qu’en cas de vice caché.
1er février 2013, 15:05, par Dominique Dupagne
Il est responsable des prescriptions hors AMM "si on peut prouver qu’il les a encouragées".
1er février 2013, 15:10, par Dominique Dupagne
Tu allais faire quoi ?
2 février 2013, 10:40, par bleu horizon
Re bonjour,
Pour rappel l’article R5121-47 précise que « Le directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé peut, par décision motivée indiquant les voies et les délais de recours, modifier d’office, suspendre, pour une période ne pouvant excéder un an, ou retirer une autorisation de mise sur le marché pour les motifs mentionnés à l’article L. 5121-9. Toutefois, lorsque l’autorisation est suspendue, soit à titre conservatoire dans l’attente de l’issue d’une procédure d’arbitrage de l’Union européenne, soit conformément à une décision de la Commission européenne prise à l’issue de cette procédure, la suspension demeure en vigueur jusqu’à ce que la Commission européenne ordonne qu’il y soit mis fin (…) Sauf en cas d’urgence, la modification d’office, la suspension ou le retrait ne peut intervenir qu’après communication des griefs au titulaire de l’autorisation de mise sur le marché (…)
Sur le pioglitazone, je ne partage pas l’avis de votre expert. En effet, l’agence européenne du médicament n’a pas suivi l’Afssaps. Mais à ce jour, l’Allemagne a suivi la France. Il est à noter que le pioglitazone n’est plus disponible en France.
Pour le Ketum , l’histoire est un peu différente, le retrait d’une AMM se fait dans le cadre d’une procédure stricte devant respecter le contradictoire sauf dans une situation d’urgence. En l’espèce, l’agence a utilisé la procédure d’urgence et de signalement européen.
Pourquoi l’annulation de la décision du retrait Ketum en référé ?
La procédure d’urgence était inadaptée puisque les effets secondaires étaient connus depuis 1993 dans l’AMM, ces effets sont rares et d’une gravité toute relative liée a un non-respect des précautions d’emploi.
Pour le juge des référés, la procédure d’urgence ne s’imposait pas.
En outre, il n y avait aucun élément nouveau par rapport à l’AMM, le rapport bénéfice/risque est inchangé.
En droit, vous ne pouvez pas donner une autorisation administrative puis retirer cette autorisation sans que des éléments nouveaux (en fait ou en droit) viennent étayer la décision, sinon c’est la porte ouverte à l’absolutisme. Il semblerait que pour le Ketum, c’était le cas. On peut critiquer l’utilité du Ketum mais bon la décision du juge administratif n’est pas critiquable.
Je ne partage donc pas votre analyse sur l’incapacité juridique de l’ANSM à retirer un traitement, on peut discuter de son incompétence technique dans certaines situations (communication, et juridique) oui, mais pas de son impuissance.
Par contre, je vous rejoins pour diane, peut on suspendre diane suite a un mésusage (mésusage dans l’AMM en France) ? je pense que non. Par contre , l’ agence pourrait forcer les labos à changer la présentation de diane et préciser sa notice d’utilisation. À ce jour, au vu des informations dont je dispose, je pense que cela va faire Flop. Par contre pour les pilules de 3ème génération, il existe un sur-risque qui était « méconnu », en Droit c’est un élément nouveau qui peut changer l’appréciation de la balance bénéfice-risque. Ce point de détail n’en est pas un.
1er février 2013, 14:18, par Philippe G.
Merci M. Dupagne pour cet article.
Il est tout de même malheureux qu’il faille continuellement, pour les uns lire, et pour les autres rédiger, des articles pour corriger, démentir, ou tout simplement contredire, au sens étymologique « s’opposer à », ceux des médias - à savoir Lagardère, Bouygues, Bertelsmann, Bergé&Pigasse&Niel, Bolloré, etc. - dont le point de vue partial ne permet plus d’apporter des informations pertinentes et/ou de qualité.
Rappelons que la presse française est tout de même largement subventionnée par le domaine public et qu’il n’y aurait guère de journaux à vendre dans les kiosques si tel n’était pas le cas.
Bref, ce qui est vrai pour l’information du domaine médical, l’est tout autant pour celui du social, de l’économie et de la politique - politique extérieure, par exemple, et au hasard-.
Au point qu’il devient extrèmement difficile de comprendre quelque chose à notre réalité, à moins d’y passer du temps, ce qui n’est pas forcément à la portée de tout le monde.
Je vous trouve quand même un peu complaisant lorsque vous dites : "Après s’être plantée, une agence gouvernementale réagit habituellement par excès, en sens inverse. C’est humain, nous fonctionnons tous comme cela". Parce que si la responsabilité n’appartenait qu’à une seule personne, pénalement responsable, comme c’est le cas pour la majorité d’entre nous, sûr que les choses ne se passeraient pas comme ça. Nos agences gouvernementales ont largement prouvé leur incompétence à gérer le risque médical. Et sûr que le système, tel qu’il existe, ne sert pas la population. Pourquoi donc cette indulgence de votre part ?
C’est toujours avec un réel plaisir que je vous lis, même si je ne suis pas toujours d’accord avec vous.
Cordialement.
Philippe G.
1er février 2013, 15:08, par Dominique Dupagne
Je suis indulgent, car je connais les failles de l’humain. Dire que je les comprends ne veut pas dire que je les excuses. Avez vous lu La revanche du rameur ?
1er février 2013, 14:28, par hugo
Corrigez moi si je me trompe mais de cette polémique / affaire, je retiens les éléments suivants :
- Diane 35 a une AMM "dermatologique"
- Diane 35 a un effet avéré en tant que contraceptif
- le taux de mortalité de ce médicament est ridiculement bas et on ne peut exclure que les cas mortels soient liés au médicament plutôt qu’au ’terrain’ des utilisatrices (taux d’androgènes supérieurs à la moyenne ...)
- tout a démarré par la plainte au pénal d’une jeune femme sous pillule de 3ème génération (mais pas Diane 35)
Mes questions :
- Diane 35 serait-elle la dernière victime du mediator ? C’est à dire critiqué pour son usage hors AMM ?
- Si je pousse le vice un peu loin, est-il normal que le laboratoire commercialisant Diane 35 soit méjugé à cause de médecins prescrivant le médicament hors AMM ? Par analogie, un fabricant de tronçonneuse verrait-il son produit interdit si des clowns décidaient d’un numéro de jonglage avec la dite tronçonneuse ? Il me semble que la règle de base est l’innocuité du produit dans un usage cadré dit ’normal’.
- Un fabricant peut-il être attaqué pour un marketing poussant à l’usage hors AMM ?
- Comment s’assurer qu’un médicament n’est utilisé que dans le cadre de son AMM ? Imaginons que Diane 35 ne soit autorisé à la prescription que par des dermatologues. Comment contrôler ? Surtout pour les produits non remboursés par la sécu.
Bref, contrairement à l’affaire du Mediator, il me semble que cette affaire tient plus d’une tempête dans un verre d’eau qui masque de vraies questions.
1er février 2013, 15:10, par Dominique Dupagne
Vous posez beaucoup de bonnes questions et vos analyses initiales sont justes. Ne sous-estimez tout de même pas la rouerie du laboratoire qui a toujours veillé à ce que son médicament passe pour une pilule contraceptive sans financer les travaux scientifiques nécessaires pour avoir une AMM contraceptive.
1er février 2013, 15:13, par Dominique Dupagne
Je rebondis sur le commentaire de M. X
En fait, c’est tout simplement de la Médecine 2.0, telle que je l’appelle de mes voeux :
Sous la pression d’un public bien informé par le web collaboratif, les médecins arrêteront de prescrire n’importe quoi de peur de passer pour des brêles. L’avenir de la régulation sanitaire est là, pas dans les Agences.
1er février 2013, 20:21
Copie réflexion sur le sujet :
Retirer la Diane35 , une énieme décision des instances de régulation de santé publique : Décision discutable, commentée, discutée, controversée et dont les modes de communication sont passés à côté de l’objectif louable de la Ministre de vouloir « rassurer » les patientes !....
Il est instructif de constater que plus on demande à des technocrates et « experts » grassement payés de faire sur le sujet de santé publique des groupes de travail, des réunions à n’en plus finir au sein des prestigieuses Agences inefficaces et impuissantes comme l’ANSM, L’HAS, L’INCA,l’INVS, et des instances d’état : DGS, DHOS, DSS, Haut Comité pour la Santé Publique , Haut Comité de la Sécurité Sociale etc...etc...,plus les décisions sont retardées, diluées, inadaptées, incohérentes, et en définitive prises par un politique en bout de chaîne, complètement inconscient des réalités avec une communication catastrophique !...
Derniers grands couacs : Amiante, Grippe H1N1, MEDIATOR, prothèses PIP et maintenant pilules....Nous pouvons prévoir d’autres couacs à court, moyen et long terme si la gouvernance de la santé publique n’est pas réintégrée de façon démocratique par les citoyens et les professionnels de la santé...Oui avec DDD, la médecine2.0 est une voie qui peut y contribuer
Docmars
2 février 2013, 11:00, par bleu horizon
Bonjour,
Je trouve enfin un confrère qui se rapproche de mes opinions sur la gouvernance de la Santé.
Il y a trop d’agences, cela coûte trop d’argent, il est temps de faire le ménage. En outre, les patients et les médecins doivent redevenir les maîtres d’œuvre de la santé.
Par contre, je dois corriger une erreur , les experts qui siègent dans les agences le font gratuitement ou quasiment gratuitement.
6 février 2013, 20:00, par braillon
Les interventions pour les Agences sont rémunérées, plus ou moins bien ; cela est toujours relatif. Surtout, pour certains, le fait de siéger dans une Agence est un moyen d’obtenir d’autres avantages d’autres structures ...
1er février 2013, 21:50
Bonsoir,
J’ai pris Diane 35 pendant des années (10 ans) puis Trinordiol puis Désobel G20 depuis 2 ans je ne sais pas si tout cela est lié mais j’ai eu un AVC à 42 ans alors que je n’avais aucun facteur de risque - surpoids, tabac... et cela est de plus en plus courant autour de moi.
La pilule a été évoquée très vaguement comme cause.
Il me paraît nécessaire de se poser des questions.
NB
2 février 2013, 05:14, par Dominique Dupagne
Bonjour,
Avez-vous fait un AVC d’origine artérielle ou veineuse ?
2 février 2013, 09:42, par Emmanuel
Bonjour docteur.
Vous parlez du "médicament Diane 35". Le "médicament"... ah bon ?
Le dictionnaire nous donne de ce terme la définition suivante : "toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales."
Mais alors, le "médicament" dont il est question dans votre article soigne quoi au juste ?
2 février 2013, 10:07, par Dominique Dupagne
Le médicament Diane35 soigne l’acné qui est une maladie de la peau. Cela dit, administrativement, les contraceptifs sont aussi considérés comme des médicaments, ainsi que les vaccins.
Voici une photo d’acné sévère au cas où vous douteriez qu’il s’agisse d’une maladie.
2 février 2013, 15:31, par CMT
J’ai tout lu et donc j’ai vu aussi que tu me désignais comme la « méchante », dans un commentaire. La fille dangereuse qui fait des commentaires faussement bienveillants qui pourraient empêcher le web 2.0 de sauver les patients et le monde.
On est toujours le « méchant » de quelqu’un. Et, quitte à être méchante autant l’être jusqu’au bout . Tu dis ne pas être néo-libéral mais anarchiste. Je me permets de te dire que tu me fais quand même plus penser à Arpagon qu’à Trotsky. Je prends des nouvelles de ta porte blindée. Penses-tu qu’elle sera assez épaisse pour résister aux assauts des émeutiers affamés en 2012 ? (je crois que c’était en 2012 que devait avoir lieu la grande crise).
D’ailleurs, perso, l’anarchie, je connais en tant qu’idéologie et qu’utopie mais je ne connais pas en tant que réalité. La domination d’un groupe, généralement très minoritaire, qui cherche à influencer l’organisation des rapport sociaux pour renforcer et pérenniser son propre pouvoir sur d’autres, en revanche, est une constante dans toutes les formes de société que nous avons connu ces derniers millénaires. Dont le néo-libéralisme.
Tu remarqueras que la dangereuse extrémiste que je suis n’a pas pris position pour le retrait de Diane 35. Simplement parce qu’en tant que médecin je suis sensible aux témoignages de femmes qui disent avoir tout essayé devant une hyperandrogénie avec alopécie et acné sévère avant d’avoir trouvé une solution avec ce médicament. J’aurais plutôt prôné d’établir un protocole clair de prescription avec examens préalables en écrivant en gros et partout , tant sur les publicités que sur la boite que celui-ci est à réserver exclusivement aux acnés sévères de la femme en Xème intention. Et en réservant les prescriptions aux dermatologues. Simplement parce que 3900 dermatologues c’est plus facile à contrôler que 60 000 généralistes. Et je dis Xème intention parce que je ne sais pas quelle est la balance bénéfice/risque des autres traitements. Cela dépend certainement des caractéristiques de chaque sujet.
Cela entraîne une remarque : on n’a aucune idée du nombre de femmes concernées par ces formes d’acné sévère avec hyperandrogénie. Du moins j’ai un peu cherché et je n’ai rien trouvé, y compris en anglais. Sauf l’affirmation qu’on manquait cruellement d’études épidémiologiques.
Ca aussi c’est une constante. Les labos ont de plus en plus d’argent, dépensent des milliards pour faire des campagnes publicitaires, du lobbying auprès des parlementaires européens ou bien américains, pour acheter les fonctionnaires de l’agence européenne du médicament, et l’Etat n’a ni sous ni volonté pour mener des études épidémiologiques qui pourraient permettre d’encadrer et de limiter les prescriptions. Et plus les labos vendent des cochonneries plus ils ont de l’argent pour en vendre encore davantage. Et plus, en parallèle, l’Etat s’appauvrit (remboursement et accroissement des accidents iatrogènes dont certaines estimations sont de plusieurs dizaines de milliers de morts par an, donc plusieurs centaines de milliers d’hospitalisations).C’est ce qu’on appelle un cercle vicieux.
Ton spécialiste fait une analyse assez intéressante. J’avais déjà fait une semblable analyse, sans être spécialiste sur le blog de docteurdu16 (Jean-Claude Grange) http://docteurdu16.blogspot.fr/2013/01/pilules-quand-lansm-montre-sa-triple.html (commentaire du 11 janvier à 13h49). Jean-Claude Grange, qui, soit dit en passant, a écrit tout une série de posts sur le sujet, avec lesquels on peut être ou non d’accord, mais qui s’est tout de même creusé le ciboulot, un peu plus que toi.
L’analyse est, que les évolutions réglementaires depuis les années 90 ont à la fois mis les agences nationales de contrôle de type ANSM sous le contrôle de l’agence européenne du médicament (EMA, elle-même, d’ailleurs, étant un vivier d’agents des Pharmas et sous le contrôle de la Commission européenne qui exerce une pression constante sur le Parlement européen pour que celui-ci se plie aux quatre volontés des pharmas et favorise la « libre-circulation » des médicaments et la publicité directe au consommateur, en réduisant la régulation au minimum, c’est-à-dire à rien) pour les empêcher d’exercer le moindre contrôle et la moindre censure sur la mise sur le marché des médicaments, tout en restreignant leurs possibilité de recours en cas de dysfonctionnement avéré lorsqu’on découvre qu’un médicament a un mauvais rapport bénéfice/risque. Retirer un médicament du marché sans l’accord des Pharmas devient ainsi très compliqué, voire impossible et les Pharmas peuvent très facilement s’appuyer sur les vices de procédure pour invalider un recours.
Ainsi les recours ou les retraits d’une agence nationale revêtent plus une valeur « d’affichage » à visée politique , démagogique et de réassurance vis-à-vis de l’opinion publique qu’ils n’ont une portée réelle. Les agences ont même la possibilité d’auto-saboter leur propre recours en utilisant les mauvaises procédures dont elles savent qu’elles seront automatiquement invalidées par l’EMA.
Une autre remarque intéressante, faite par ton spécialiste c’est que la mise en avant de Diane 35 est un pare-feu. Je m’étais fait la même réflexion. Et j’avais déjà dit, dans un autre commentaire, que tout le travail des autorités consisterait, dans cette nouvelle crise comme dans les précédentes, à focaliser l’attention sur un aspect du problème le plus limité possible, pour s’assurer que, sur le fond, rien ne change.
Or, qui a allumé ce pare-feu très opportun, je te le donne en mille ? C’est toi et Jean-Daniel Flaysakier dans le journal de France 2. Tout le monde parlait des pilules de dernière génération et tu as annoncé pompeusement que tu allais parler du problème au journal de France 2 début janvier (le 5 je crois). Et tu as parlé de quoi ? Uniquement de Diane 35.
Toi et JDF vous vous êtes bien trouvés et je ne suis pas étonnée d’être votre « méchante » à tous les deux.
Tu as la mémoire courte.
Tout ça pour ne pas parler des problèmes de fond :
1-on prescrit beaucoup trop la pilule en France, sans que la population en tire de bénéfice (plus on prescrit la pilule, moins cela a d’effet sur le premier résultat recherché, la diminution du nombre des grossesses non désirées). On la prescrit même et surtout, à des femmes chez qui elle est contre-indiquée
2- dès qu’un médicament accède au marché français seuls les laboratoires ont le contrôle de la manière dont il sera prescrit (grâce à la formation et à l’ »information » des médecins et du public et à l’absence de contrôle de la part des agences)
3 Les effets indésirables de la pilule sont très largement sous évalués puisque d’après les chiffres de Maraninchi il devrait y avoir tout au plus, en dehors de facteurs de risque, moins de 3000 hospitalisations pour phlébite profonde et embolie pulmonaire chez des femmes. Or, il y en a en réalité entre 50 000 et 100 000 par an.
4 – les problèmes de santé publique générés par la surprescription de la contraception hormonale ne sont pas visibles immédiatement, puisqu’il s’agit de pathologies chroniques (constitution de plaques d’athérome) qui vont se révéler, généralement après 40 ans, par des accidents cardiaques et vasculaires cérébraux dont on constate l’augmentation en France chez les femmes.
Ce qui me gêne, dans ta vision du monde idéal, c’est que la science n’y a aucune place (« on ne peut pas savoir »). La régulation non plus. Seul l’individu consommateur, cible préférée du marketing triomphant et le « bon sens populaire », qui ne veut à peu près rien dire, y règnent.
7 février 2013, 17:19, par siary
Les effets thrombogènes de le contraception oestroprogestative sont dus uniquement à son impact sur la coagulation . Aucune étude n’a montré qu’elle favorisait l’athérosclérose . Prétendre que la prise d’une COP pendant des années va favoriser cette affection ne repose sur aucun fondement scientifique .
Par ailleurs , réserver la prescription de Diane aux seuls dermatologues relève du même état d’esprit que de reserver la prescription des pilules de 3 ème génération aux gynécologues .
Le retrait de Diane 35 est un pare-feu, mais c’est aussi une sanction vis à vis du laboratoire qui ne s’est jamais donné la peine de produire des travaux sur son efficacité contraceptive .
La contraception médicalisée ( COP, Implants progestatifs, DIU) reste la meilleure méthode, surtout chez les femmes jeunes . Les autres techniques connaissent des echecs plus importants et ont une observance encore plus mauvaise . Le DIU et l’implant de progestatif ont dans la vraie vie un indice de Pearl 22 fois inférieur à celui de la contraception oestroprogestative . Malheureusement un certain nombre de femmes ne tolèrent pas ces 2 moyens qui sont en théorie les meilleurs . Voilà pourquoi la contraception oestroprogestative est incontournable et constitue à la fois un progrès médical et sociétal majeur .
7 février 2013, 22:31, par CMT
A Siary,
Je suis navrée que tous les médecins français que je lis sur le sujet n’arrivent pas à concevoir autre chose que la contraception normalisée et stéréotypée qui existe actuellement en France où 3 moyens de contraception représentent plus de 95% des moyens utilisés (Contraception hormonale par voie orale ou sous d’autres formes, DIU, préservatif).
Dire que la contraception hormonale est une grande avancée est sûrement vrai mais cela va bien dans un discours politique mais n’a rien à faire dans un commentaire scientifique. Tout outil mal utilisé peut devenir mauvais et cela est surtout vrai des médicaments.
Il est peut-être abusif de dire que la pilule en elle même favorise l’athérome, encore que cela reste à prouver car elle modifie l’expression des monocytes qui jouent un rôle dans sa constitution. Mais la pilule agit de manière synergique avec les autres facteurs de risque que sont le tabac et l’hypertension dans la constitution de cette plaque puisque l’association des FR augmente le risque cardio-vasculaire.http://cmbi.bjmu.edu.cn/uptodate/vascular%20medicine/Miscellaneous/Risks%20and%20side%20effects%20associated%20with%20oral%20contraceptives.htm
Mon propos était de dire que les médecins français laissent trop longtemps les femmes sous pilule ou mettent sous pilule des femmes qui présentent des contre-indications formelles comme le tabagisme à plus de 15 cig/j après 35 ans. Tous les risques CV augmentent avec l’âge et la pilule les aggrave.
Il y a une augmentation de la morbidité cardio-vasculaire précoce chez les femmes en France. La pilule est l’un des facteurs qui y contribuent.
2 février 2013, 18:13
Ce débat sur le retrait de Diane 35 nous amène loin !...
Pour répondre à bleu horizon qui signale que les experts des Agences sont quasi bénévoles, cela reste à démontrer, pour ma part certains groupes de travail m’ont sollicité pour des « piges » des avis dans ma spécialité ( où nous sommes peu de prescripteurs) qui étaient payées du genre 1500€ pour un rapport de 4 à 5 pages !...J’ai toujours refusé, car je n’ai pas le temps, ni les moyens de vérifier les données des laboratoires déclaratives et non contrôlées...
Pour contredire CMT, qui effectivement fait la méchante envers DDD, les chiffres et les données scientifiques sur lesquelles les décisions de santé publique comme celle prise par Dominique MARANINCHI sont globalement peu fiables : Les bases de données des affections cardiovasculaires ne sont que des extrapolations très discutables et très discutées d’informations non contrôlées issues du PMSI, cad les séjours hospitaliers dans les établissements de court séjour (MCO), avec un outil ;le PMSI qui n’est pas fait pour ça !...C’est un outil de tarification et dont la base logistique classe le séjour en fonction de plusieurs paramètres où la pertinence du diagnostic et la réalité du diagnostic n’est pas contrôlée !...En bref, on compte des maladies quasi virtuelles, car bien des séjours avec phlébite ou autre complication putativement liée à la pilule ne seront pas obligatoirement comptabilisés dans la base, de même tous les séjours dans d’autres établissements classé MCO se seront pas dans ces bases, de mêmes toutes les patientes traitées en ambulatoire !...Donc, comme pour les victimes putatives du MEDIATOR, les estimations sont à coup sûr sous évaluées !...
Il faut le regretter, mais notre pays ne dispose pas de registres fiables des pathologies, contrairement aux Anglo Saxons et aux pays Nordiques, à l’exception de quelques registres Départementaux orientés sur le cancer où les données restent aussi d’une très mauvaise qualité d’exhaustivité...
On ne peut s’appuyer que sur des études de cohortes, ciblées, élaborées le plus souvent par des hospitalo-universitaires ou des institutions type INSERM, basées sur des outils de recueils déclaratifs le plus souvent discutables, biaisés et peu exhaustifs, c’est la base de l’épidémiologie, science sinistrée en France, il suffit de comparer les données publiées et celle des autres pays...
Alors dans ce cas de figure de Diane35, heureusement que DDD et JNF, peuvent être des donneurs d’alerte et lever des lièvres, souhaitons qu’il y en aura encore...
Et c’est là aussi que l’argument de la force de la médecine 2.0 contredit toutes vos critiques contre ceux qui le défendent !...
L’épidémiologie de la réalité est celle que nous en faisons, les professionnels de la santé de terrain et les citoyens concernés...
Docmars
2 février 2013, 19:51, par CMT
A Docmars
Donneurs d’alerte, je ne suis pas vraiment d’accord, vous pouviez le supposer. Pompiers pyromanes me semblerait plus exact. Voici le reportage de France 2 au journal de 20hs où DD sur l’invitation de JDF, était censé parler de la problématique des pilules de dernière génération, qui faisait rage et où il n’ a parlé que de Diane 35 http://www.youtube.com/watch?v=HCXglRJ8im4&list=UU0XWwH4_bfXNuAIhRI2wQ0g&index=2 .
Il a ainsi réussi à restreindre le débat sur la contraception, qui aurait pu surgir et se développer de manière constructive à partir de cette affaire, à la question de savoir si oui ou non il fallait retirer Diane 35. Il s’est ensuite posé en vedette et en défenseur des patientes dans cette affaire en répétant son habituel couplet sur l’intelligence collective du web 2.0 qui pourrait à la fois remplacer les études scientifiques et la régulation du marché des médicaments par l’Etat et l’Union européenne. Ben voyons…
Je reconnais que c’est dur de se faire traiter de néo-libéral alors qu’on pose à l’anarchiste.
Mais le rôle de la méchante, c’est DD lui-même qui a voulu me l’attribuer, et quand on me donne un rôle j’essaie vraiment d’être à fond dans le personnage.
Il écrivait dans un commentaire suite à son précédent article sur Diane, ceci en réponse à une autre personne : « Vous écrivez "Nous sommes informés, laissez nous le choix. ". C’est le point de vue que je défends, et je peux vous dire qu’il est très difficile de le faire passer. Nous sommes dans une société qui reste très paternaliste.
Voir par exemple ce commentaire http://www.atoute.org/n/Pseudo-pilu... que je trouve terrifiant sous son allure bienveillante. » Signé DD . Et il parlait de mon commentaire. Puisque je suis terrifiante, je tiens à le terrifier pour de bon. BOUH !!
Pour ce qui est du PMSI , vous avez totalement raison, vu les enjeux qui sont attachés au PMSI dans la tarification à l’activité, enjeux sonnants et trébuchants, le PMSI n’est pas fiable.
Mais je ne peux pas citer toutes les références que j’ai déjà citées sur le blog de Jean-Claude Grange. Simplement je ne me fondais pas du tout sur ce que dit le PMSI mais sur le recoupement de deux sources. D’une part un Congrès européen de cardiologie qui a eu lieu en 2011, où les cardiologues s’inquiétaient ouvertement de la survenue de plus en plus fréquente d’infarctus chez des femmes de plus en plus jeunes http://www.lauma-communication.com/2011/08/25/2731-aout-congres-europeen-de-cardiologie-faire-reculer-les-maladies-cardiovasculaires/ tout en suspectant les effets de la conjonction tabac et pilule.
Ce ressenti des cardiologues, étayé toutefois par les chiffres concernant l’augmentation de la proportion des femmes hospitalisées dans les services de cardiologie peut-être recoupé avec les données d’une étude parue dans le BEH (BEH 6 mars 2012 10-11 Personnes hospitalisées pour accident vasculaire cérébral en France :
tendances 2002-2008).
Je reprends ce qui y était dit à propos des accidents vasculaires cérébraux et des infarctus du myocarde, c’est-à-dire les accidents majoritairement ARTERIELS où la pilule représente un facteur de risque. Les AVC (accidents vasculaires cérébraux) 125 000 personnes hospitalisées chaque année (BEH 6 mars 2012 10-11 Personnes hospitalisées pour accident vasculaire cérébral en France :
tendances 2002-2008). Les AVC ont diminué entre 2002 et 2008 mais ils ont augmenté chez les moins de 65 ans et c’est CHEZ LES FEMMES DE MOINS DE 65 ANS QU’ILS ONT AUGMENTE PLUS VITE .Pour les hommes (+9,7%) et pour
les femmes (+12,9%).
Pour les cardiopathies ischémiques (angine de poitrine, infarctus du myocarde), en 2008, 3089000 hospitalisations dont 56 000 infarctus du myocarde. Il y a une diminution dans l’ensemble de la population des taux standardisés entre 2002 et 2008 (- 7,6% globalement et -17% pour l’infarctus du myocarde) SAUF CHEZ LES FEMMES DE 35 à 54 ANS (tiens, l’âge où les femmes restent sous pilule et fument) avec une augmentation de 6,7% ce qui veut dire quelques 700 femmes de 35 à 55 ans hospitalisés en plus chaque année pour infarctus du myocarde http://opac.invs.sante.fr/doc_num.php?explnum_id=8559 . Ce qui est frappant c’est que l’évolution se fait à l’opposé des autres catégories ce qui veut dire que le différentiel pour les femmes de cet âge est plus important que ce qui apparaît en première analyse. On pourrait donc dire qu’il y a peut-être 800 à 900 infarctus du myocarde chez des femmes de 35 à 54 ans qui auraient pu être évités. Il y a, en parallèle une augmentation du tabagisme entre 2005 et 2010 mais presque exclusivement chez les femmes de 45 à 64 ans, de 16 à 22%.. L’utilisation de la pilule entre 2000 et 2010 a augmenté d’environ 10% (de 45 à 55%).
En résumé deux sources différentes, l’INVS et les cardiologues, sans conflits d’intérêts sur le sujet précis de la contraception hormonale pour les cardiologues, qui montrent des TENDANCES. Ce qui a plus de valeur que des chiffres ponctuels. Une augmentation contrastée des accidents artériels qui concerne uniquement les personnes jeunes (moins de 65 ans) et de manière beaucoup plus marquée les femmes jeunes par rapport aux hommes du même âge en ce qui concerne les infarctus. Et, qui concerne aussi les AVC chez les femmes jeunes, qui augmentent plus vite que chez les hommes du même âge.
Donc je fais la méchante mais de manière fondée.
3 février 2013, 06:43, par Dominique Dupagne
Je trouve cette polémique personnelle stérile. J’ai toujours eu un discours plutôt rassurant par rapport à l’hystérie ambiante, y compris dans le sujet de France 2 signalé par CMT.
Et je continue à être rassurant.
En revanche, oui, j’affirmais en 2003 sur mon forum à des femmes incrédules que ce médicament n’était pas une pilule contraceptive et qu’il semblait exposer à une fréquence accrue d’accidents vasculaires. Je n’avais rien inventé, mais j’étais seul à en parler sur le web.
Pour le reste, je n’ai pas envie de me bagarrer avec toi CMT. Cela n’a aucun intérêt. Lis La Revanche du Rameur et tu comprendras mieux ce qui est absurde dans le fait de me traiter de néo-libéral. L’anarchie, ou plutôt l’hétérarchie, est l’un des principaux mode de fonctionnement stable du monde vivant.
3 février 2013, 09:50, par bleu horizon
À docmars
Pour répondre sur les experts, j’ai travaillé au ministère, je peux vous assurer que les experts au ministère ne sont pas rémunérés (qu’il soit patron ou pas).
L’agence de la biomédecine limite sa contribution financière à la prise en charge des frais de déplacement comme au ministère ( et seulement en seconde classe)
Pour les experts de l’Afssaps, la rémunération des experts en tant que membres de commissions ou de groupes de travail n’est pas prévue sauf pour les présidents de commission les libéraux (disposition qui était soumise à un décret simple)
Mais les dispositions réglementaires ont changé depuis peu.
Je confirme que les experts en général étaient mal payés ou pas du tout. Toutefois, il se peut que pour une mission ponctuelle, il existe une rémunération.
Pour CMT, je ne crois pas à la théorie du pare-feu connaissant les institutions.
Je pense plus à la théorie : il y a le feu, on fait n’importe quoi ! c’est du vécu.
L’ANSM est en première ligne avec, je vous le rappelle une plainte au pénal. Les scandales sanitaires cela fait des dégâts, les ministres sautent où se sont retrouvés devant la cours de justice de la république pour ça ... Quelqu’un dans l’administration a surement soulevé le problème d’une pilule qui n’en était pas une (qui comporte aussi un sur-risque) et de façon concomitante avec une instruction au pénal ! Ne cherchez pas plus loin, l’explication c’est : de l’affolement, rajouter une pincée de média et nous y voilà !
3 février 2013, 10:52
Ce débat sur le retrait de Diane 35 rebondit encore !...
Je suis d’accord avec DDD, polémiquer es inutile et nuisible, débattre est constructif, sans arrières pensées autres que nous éclairer mutuellement.
CMT nous documente les données, chiffres et sources diverses épidémiologiques et justifie la position des cardiologues à propos d’un congrès de cardiologie en 2011 !...
J’ai eu la chance pendant mes études de médecine d’avoir des enseignants universitaires brillants, mais assez péremptoires, mes pairs dont mes collègues qui avaient comme moi, passé le concours d’internat de CHU ancien système, cad avant 1984, avions une formation théorique de qualité et il était essentiel d’avoir un esprit critique sur nos sources de formation, le confrère interne d’an plus un était notre tuteur et nous guidait dans cette quête permanente de la remise en question de nos sources...
La formation pratique viendra après et aujourd’hui après plus de 34 ans d’exercice depuis mon internat , j’en apprend tous les jours...
Nous savions dès la fin des années 70 que toutes les hormones dites alkylées en C17 étaient inductrices de complications cardiovasculaires, en particulier d’accidents artériels et veineux, 34 ans plus tard, c’est toujours le cas, et contrairement à ce qu’écrit CMT, il ne faut pas résumer les accidents vasculaires aux seuls accidents artériels, une complication probablement plus fréquente qu’il n’y paraît est la thrombophlébite cérébrale, parce qu’elle est de diagnostic difficile ( il faut passer une angio IRM en urgence ) et ne peut donner comme symptôme uniquement des céphalées...Elle est réputée rare par les neurologues ( 2% des AVC ) mais aucune étude de registre n’est venue l’étayer, a fortiori, aucune étude fiable de dépistage ciblé ne permet d’en connaître la réelle prévalence chez les femmes exposées aux pilules...
Aujourd’hui pour qu’un professionnel de la santé se fasse une opinion,il se base, comme moi, sur son expérience propre et sur l’analyse critique des données scientifiques, les étudiants qui n’ont pas encore d’expérience, sur les documentations dont les enseignants de médecine, « sachants » publient...
Ici rapportés deux exemples instructifs :
Des cardiologues qui en 1999 ( les mêmes qui animent les congrès de cardiologie ) Livre du Pr AP FOUET destiné aux spécialistes de cardiologie , p274, où les pilules de nouvelles générations sont clairement impliquées dans une augmentation significative du risque vasculaire....Pourquoi avoir attendu 13 ans avant de le dénoncer ?
http://cri-cirs-wnts. univ-lyon1. fr/Polycopies
Des neurologues enseignants en neurologie qui semblent au contraire ignorer ce facteur de risque d’AVC lié aux nouvelles pilules :
« Contraception orale : faible augmentation du RR, limitée encore par l’utilisation des pilules microdosées ; le risque est essentiellement lié à l’effet synergique avec le tabac. »
http://www.cen-neurologie.fr/2eme-cycle/Items%20inscrits%20dans%20les%20modules%20transversaux/Accidents%20vasculaires%20c%C3%A9r%C3%A9braux/index.phtml
Alors mettons nous humblement à la place des étudiants en médecine d’aujourd’hui, et donc des journalistes, se faire une idée précise du risque, sans s’appuyer sur des données épidémiologiques fiables …
Ces postures arrêtées sont forcément subjectives, que l’on soit néo-libéral ou anarchiste....
Sachons avancer avec les histoires de la médecine dans notre pays, l’affaire du MEDIATOR en est l’exemple le plus instructif, les soi-disant « sachants » cardiologues tels le Pr J ACAR et ses sbires qui contestent la réalité et l’intensité des dommages aux victimes présumées, alors que nous ne disposons pas encore de données des cohortes de suivi, la position honteuse des experts de l’ONIAM qui ont rejeté la majorité des demandes, alors qu’il est impossible sans biopsie valvulaire de distinguer une valvulopathie toxique intriquée à une valvulopathie dégénérative ( un expert honnête a d’ailleurs démissionné )...
Pour ma part, avec ma modeste mais réelle expérience, je suis de plus en plus prudent et j’élargis au maximum les bilans à la recherche des facteurs favorisant les accidents vasculaires chez les femmes exposées aux traitements hormonaux quel qu’ils soient, et j’invite mes confrères à le faire...
Je vous invite de nouveau à méditer sur les donneurs d’alertes en suivant la vidéo d’audit au sénat de la commission du MEDIATOR du Dr Georges CHICHE , un peu longue mais très instructive...faites des parallèles avec l’affaire du MEDIATOR et celle des pilules et vous y verrez bien des points communs...
http://videos.senat.fr/video/videos/2011/video9290.html
Je prédis d’autres affaires, avec le VASTAREL, les ergots de seigle, etc...etc...
Ecoutez le Pr EVEN et lisez prescrire...
Continuons comme cela que DDD vous plaise ou non !...la médecine2.0 n’appartient à personne ( pour l’instant !...)
Docmars
3 février 2013, 11:22, par Lm
Bonjour,
Bien loin de vos analyses et commentaires très pro.
Je suis utilisatrice de DIANE 35 depuis 1996, qui m’a été prescrite par mon généraliste pour de la contraception et mon acné.
A aujourd’hui 34 ans, donc 17 ans de prise, ce médicament soigne l’acné et me permet d’avoir une sexualité avec mon mari sans contrainte car contraceptif.
Je dénoncerais plus les génériques de ce médicament (voir d’autres) qui eux ne soignent pas l’acné et dont les effets secondaires sont effectivement accrus.
Cependant, je suis fort triste pour ces femmes décédées et prend du recul car j’ai peur....j’aimerais FRANCHEMENT qu’il soit PROUVE que ces décès soient liés à ce médicament.
Si Diane 35 est retiré du marché, comment moi et d’autres femmes pourrons nous continuer à avoir une jolie peau à plus de 30 ans et tout étant sous contraception.
Quel relais aurons-nous ?
alors égoïstement je suis en colère et mes proches s’inquiètent car ils savent que je prend ce médicament.
Merci de m’avoir permis ces quelques lignes, espérant que le laboratoire BAYER saura démontrer les causes, faits et preuves pour mettre fin à cet amalgame de polémique entre Diane 35, le Médiator et ces pilules "last génération" !!!
26 février 2013, 10:13, par Nicholas Anderson
Medecin, je ne suis ni generaliste, ni gyneco, mais psychiatre et connais assez mal les pilules mais le bon sens medical ne semble pas prevaloir dans cette histoire qui s’appelle jeter le bebe avec l’eau du bain....
Comme l’ecrit Dupagne (je crois), c’est si peu de morts par rapport au nombre de prescriptions. N’oublions pas que les grossesses (prevenues par les pilules dont Diane 35) causent infiniment plus de morts, des dizaines par an.
3 février 2013, 11:23, par CMT
A Bleu horizon
Je ne suis pas une théoricienne du complot. Je ne pense pas qu’il y a quelqu’un qui est en train de penser délibérément des stratégies pour étouffer cette affaire. La stratégie, les stratégies d’influence, font en revanche partie du fonctionnement courant des multinationales pharmaceutiques. Des entités comme les Pharmas qui ont une stratégie et des objectifs déterminés (et des énormes moyens) auront toujours le dessus sur des entités administratives qui ne sont pas préparées à ça mais qui fonctionnent sur le mode Pharma friendly.
Je connais aussi les institutions même si ce n’est pas au niveau des ministères. Et je sais que face à un évènement perturbant le reflexe, dès que cela atteint le niveau du politique c’est de revenir à l’état initial d’équilibre à moindre frais. Je prendrais un exemple qui ne semble avoir rien à voir : les cas de pédophilie à l’Education Nationale.
Le problème c’est que l’état initial d’équilibre est fondamentalement dysfonctionnant et qu’en France, c’est l’industrie pharmaceutique qui gère les politiques du médicament et de santé publique. La notion d’intérêt général disparaît. Ce sont les intérêts particuliers des Pharmas qui prennent le dessus.
A DD,
Je ne tiens pas non plus à me bagarrer avec toi. Mais permets moi de te dire que j’ai été très étonnée de la teneur du reportage sur France 2. Je m’attendais à ce que soit abordé au moins le problème des pilules de dernière génération dans son ensemble, d’une manière pédagogique et percutante comme tu sais parfois le faire. Au lieu de ça on a eu droit à un discours assez superficiel (temps du JT oblige je suppose) qui se limitait au cas spécifique de Diane 35. A partir de là tout le monde s’est emballé sur Diane 35 et on a oublié le problème, bien plus général et essentiel, de la gestion dangereuse de la contraception en France.
Dans le commentaire que tu as trouvé « terrifiant » je me bornais à dire qu’il fallait des études pour déterminer si un médicament avait un bon rapport bénéfice/risque et que les individus, médecins comme patients, étaient vulnérables face à la puissance marketing des Pharmas. Cela veut dire qu’il faut, qu’il est essentiel d’avoir une régulation et des études cliniques et épidémiologiques de qualité.
Dans ta logique individualiste, tous les médicaments doivent pouvoir être proposés à tous les patients qui décident seuls si le médicament leur convient ou pas. Tu exclues l’idée même de régulation et l’idée même de santé publique puisque tout se gère au niveau individuel.
C’est la loi du tout ou rien.
L’utilité des AMM, quand leur gestion est suffisamment rigoureuse, est tout de même de garantir au patient que dès le départ les chances d’avoir un bénéfice sont supérieures aux risques qu’il encourt.
Et tu vois que j’ai une position plus nuancée que toi à propos de Diane 35 parce que la régulation ne fonctionne pas selon la loi du tout ou rien. C’est l’ultralibéralisme qui fonctionne comme ça. L’idée pour moi, à propos de Diane 35, serait de restreindre les indications aux acnés sévères et de limiter les prescriptions aux dermatologues. D’une part, les patientes seront moins tentées d’aller consulter un dermato pour des problèmes d’acné légère. D’autre part les dermatos seront moins tentés de confondre anti-acnéique et moyen de contraception. La régulation est une manière de majorer le rapport bénéfice/risque à l’échelle d’une population.
Mais il semble que tu trouves la régulation terrifiante.
3 février 2013, 11:46, par Dominique Dupagne
Bonjour
L’histoire est partie du JDD et non de France 2.
Il n’y a qu’en direct que tu maîtrises ta communication. Je refuse le plus souvent ces sujets tournés et montés où le journaliste ne garde que quelques dizaines de secondes sur une interview de 10 minutes. Là, je n’ai pas trouvé que l’on trahissait mon propos, mais il est clair que le sujet était centré sur Diane 35
3 février 2013, 22:31
Comme dit plus haut, le problème de Diane 35 est en faite le problème de la contraception en France...et ailleurs !! Pourquoi autant de paternalisme des médecins ? pourquoi le tout pilule ? Pourquoi tant de méconnaissance des effets secondaires par les médecins, effets secondaires qui empoisonnent la vie des femmes ? Pourquoi les femmes en sont encore à gober des pilules qui leur nique leur libido qu’elles oublient régulièrement 40 ans après la première pilule ? Elle est où l’émancipation de la femme là ?
Il y a un vrai problème de santé publique lié au mauvais rapport benefice/risque d’un médicament censé JUSTE agir comme contraceptif et de formation des médecins qui se comportent comme des ayatollah vis à vis des femmes en les rabaissant au niveau de leur utérus.
Le pire que j’ai entendu ces derniers jours est la crainte de ces médecins de voir une recrudescence des avortements des femmes qui auraient arrêté leur pilule suite au scandale médiatique. Mais je nage en plein DÉLIRE ?? Les femmes ne seraient donc pas douées de raison ? Ce seraient des animaux incapables de comprendre les enjeux qui les concernent ? De juger et de choisir ce qui est bon pour elles ? Sachez docteurs misogynes que les femmes régulaient leur contraception et accouchaient bien avant que le mot médecine soit prononcé. Sachez docteurs mengele que les femmes choisissent leur contraception, qu’elles l’arrêtent quand elles veulent, qu’elles ne sont pas des animaux serviles et qu’elles vous emmerdent !!!!
3 février 2013, 13:33
Diane 35, salaire des experts,expériences collectives ou personnelles, alternatives, régulation, , communication, le débat continue, c’est bien on a le temps le dimanche …
Sur la rémunération des experts : Pour répondre a Bleu Horizon, qui a l’expérience des Ministères, oui, les experts des Agences, sont parfois bénévoles ( ce sont le plus souvent des professionnels Hospitalo-Universitaires, qui ont déjà des émoluments bien confortables, et qui acceptent souvent des honoraires et commissions de l’industrie pharmaceutiques, car ce sont eux qui « testent » en Phase II ou III les nouvelles molécules, la non-signature du « sunshine act » à la Française, est l’illustration de ces conflits d’intérêts...)
Mais comme vous le reconnaissez, d’autres ; engagés par les Agences dites indépendantes, comme les directeurs de pôles, sont bien salariés, de même que les hauts fonctionnaires technocrates des Directions diverses de la santé...
Sur l’expérience propre de Lm, avoir pris Diane 35 à 17 ans et continuer à la prendre pendant encore 17 ans avec une efficacité sur l’acné et un confort contraceptif est effectivement une expérience positive, mais ne doit pas être une justification pour banaliser les effets délétères chez les autres patientes, le choix de prendre un contraceptif oral pendant 17 ans est assez personnel, quand à l’effet prolongé de Diane sur la prévention de l’acné à 34 ans, on pourrait en douter...
Le choix après Diane pourrait être celui de beaucoup de femmes : Un DIU et un traitement cosmétique de l’acné...
Sur la régulation : Je ne partage pas l’avis du Ministère et de CMT sur la restriction des prescripteurs, en général d’ailleurs, je considère qu’un professionnel de la santé diplômé et qui s’est engagé pour sa vie professionnelle d’être thérapeute doit accéder à toutes les prescriptions avec une liberté totale, qu’il soit omnipraticien ou spécialiste d’organe...
Aujourd’hui par exemple, rien n’est plus délicat que l’exercice de la médecine générale ambulatoire lorsqu’on a à traiter des polypathologiques âgés, diabétiques, hypertendus, arthrosiques, cardiaques, sous anticoagulants, insuffisants rénaux, déficients neurologiques, et que l’on doit tenir compte des diverses interactions médicamenteuses,à partir de la pharmacopée disponible et non restreinte...
Restreindre Diane 35 aux dermatologues, sera bon pour augmenter leur clientèle, mais je ne suis pas persuadé que les dermatologues soient plus attentifs que les omnipraticiens aux modalités de prescription et au respect des contre indications...C’est déplacer le problème sans le régler...
Quand à la communication, elle est effectivement un des nœuds actuels des ressentis de la population sur les problèmes de santé publique, on se rappelle des expériences malheureuses de la canicule, de la grippe H1N1, alors que les communicants de SERVIER, sont des pros, Irène FRACHON fait ce qu’elle peut mais communique assez moyennement...
J’ai admiré en tant que proche collaborateur Dominique MARANINCHI sur ses qualités d’hématologue, mais je n’ai jamais été convaincu sur ses qualités de communicant...
J’observe que les qualités de communicante de MST sont catastrophiques lorsqu’elle veut « rassurer » les patientes, elle-même nous faisant ressentir son malaise,son inquiétude, son incertitude...
La communication est un métier, que l’on peut apprendre, mais je trouve que DDD ne s’en sort pas trop mal !...
Bon dimanche,
Docmars
3 février 2013, 16:15, par CMT
Pas spécialement tant de temps que ça, mais l’envie de débattre.
Ce que vous montrez, c’est surtout qu’il est difficile de corriger les problèmes attachés à la surprescription en s’attaquant à des aspects particuliers. Parce que c’est l’ensemble du système tel qu’il fonctionne qui produit de la surprescription.
C’est pourquoi, j’avais essayé d’élargir le débat au problème de la contraception en général.
Je ne vais pas redéployer ici tout l’argumentaire que j’avais développé chez docteurdu 16 sur le fait que la France se caractérise par des modes de contraception très stéréotypés (rapport IGAS de 2009 http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/104000049/0000.pdf) avec une domination très nette, et constamment croissante de la contraception hormonale (55% environ des femmes sous contraception sont sous contraception hormonale, 26% sous DIU, 11% pour le préservatif et il ne reste pas grand-chose pour les autres moyens, en particulier la stérilisation et les autres moyens locaux) qui n’apporte plus, depuis de nombreuses années de bénéfice en termes de réduction du nombre de grossesses non désirées car les médecins prescrivent de manière reflexe et téléguidée sans tenir aucun compte des besoins ou de la typologie des femmes. Le succès de la contraception d’urgence (1,4 millions de boites vendues en 2010), encore une contraception hormonale, n’a non plus rien apporté en termes de grossesses non désirées, ce qui montre que le succès a été surtout commercial mais qu’elle est très mal utilisée.
La France se caractérise par la très grande médicalisation de la contraception, les femmes sous contraception orale hormonale se rendent en moyenne 3,6 fois par an chez le médecin pour renouveler la contraception, sans que cela n’apporte rien en termes de prévention des risques puisque plus de 40% des femmes de plus de 35 ans sont encore sous contraception orale hormonale, et qu’il y a plus de fumeuses chez les femmes prenant la pilule que chez les femmes n’en prenant pas, 35% de fumeuses chez les femmes sous contraception orale et 25% chez les autres http://www.gyneweb.fr/Sources/contraception/pilule-tabac.htm.
Donc, malgré une très forte médicalisation (ou à cause) les femmes prenant une contraception en France sont exposées à des risques non justifiées car maintenues pendant des décennies sous contraception, sans respect des contre-indications formelles de la pilule, notamment tabagisme sup à 15 cig /j après 35 ans. Dans d’autres pays la (anglosaxons Uni, nordiques) la stérilisation, les moyens locaux, représentent largement plus de 50% des moyens de contraception réduisant d’autant la place et les risques dus à la contraception hormonale . Et améliorant également l’efficacité contraceptive (stérilisation féminine ou vasectomie).
Les risques trhombo-embolique veineux et artériels augmentent de manière certaine avec l’âge et avec le tabagisme.
La remarque de Lm montre aussi la difficulté des patients à saisir la notion de risque, de sur-risque ou de risque attribuable (normal, c’est difficile même pour nous) et le risque (forcément futur) demeure quelque chose d’abstrait en regard des bénéfices immédiats attendus.
Il ya autre chose : une des difficultés dans une société où seul est censé exister l’individu consommateur roi, est de faire la part entre le besoin et l’envie. Et DD a tout de suite extrapolé le débat concernant Diane 35 aux cas d’acné sévère durable qui représentent une toute petite minorité des cas alors que 80% des adolescents et jeunes adultes présentent des formes d’acné, généralement légère et transitoire, et que sous l’illusion créée par le marketing les médecins en viennent à leur prescrire Diane comme premier moyen de contraception.
S’il y a impossibilité de réguler, il faut effectivement choisir entre un bénéfice immédiat pour X femmes et X décès par an. Et je rappelais, simplement, qu’il n’y a pas que le risque trhombo-embolique veineux mais qu’il existe aussi un risque artériel, plus fréquent et aussi grave.
3 février 2013, 23:06
J’ajouterais ce que tout le monde s’ingénie à occulter : les effets secondaires qui polluent la vie des femmes. Comment peut-on prescrire un médoc et nier la chute de libido, les céphalées, la prise de poids, la rétention d’eau, les symptômes de grossesse, l’état dépressif, l’augmentation du taux de cholestérol, les risques veineux, etc
Sans compter que la pilule c’est cher et qu’il faut y penser tous les jours...plus le risque de tomber enceinte...bref le contraceptif le moins fiable qui soit.
Les femmes veulent juste une contraception, pas être bouffie, pas grossir, pas avoir l’impression d’être enceinte, pas déprimer, pas devenir frigide, pas souffrir, pas détériorer leur santé, pas mourir !!!! Alors si la pilule provoque ça, bah faut pas la prescrire. C’est si simple que ça. Il reste quand même le stérilet, le préservatif, le spermicide, le diaphragme, la stérilisation, et un beau challenge à relever pour tous les chercheurs en tous genres.
Les médecins ne sont pas correctement formés à la contraception, n’en n’ont pas envie et le font très mal. Il serait peut-être temps de s’intéresser à la formation obsolète et dogmatique des médecins. Pourquoi sont-ils si méchants (oui oui le mépris et le dénie c’est méchant) et incompétents avec les femmes ?
Enfin, pour aller encore plus loin et soulever encore un peu plus les cœurs, traite-on avec dignité et respect les femmes pendant leur suivi de grossesse ? Accouchent-elles aujourd’hui sans contrainte et dans le respect de leur intégrité physique ?
4 février 2013, 12:57, par Nelly
Là vraiment, je ne peux pas ne pas répondre : je sais qu’il est de bon ton d’affirmer que les médecins sont des incompétents, soudoyés par les firmes pharmaceutiques, et qu’ils n’obéissent qu’à des intérêts catégoriels très loin des préoccupations de leur patients, etc...
Il se trouve que je suis moi-même médecin généraliste "de base", et qu’à ce titre, des femmes viennent me solliciter concernant leur problèmes gynécologiques et leur contraception, y compris des jeunes filles qui veulent supprimer leur préservatif ( quand elles l’utilisent).
Une première consultation pour contraception n’est jamais banale. Il faut connaître le désir particulier de la patiente, ses propres représentation par rapport à sa fertilité, être capable de lui expliquer les différentes méthodes de contraception, les lui montrer ( j’ai toutes les méthodes possibles disponibles, que les patientes peuvent manipuler dans mon cabinet), lui en expliquer les contraintes, les avantages et les inconvénients, vérifier l’absence de contre indication à telle ou telle méthode, expliquer les modalités de suivi, parler de l’association au tabac, s’il y a lieu, et permettre ainsi à la patiente de faire son choix, en toute connaissance de cause. mais cela ne suffit pas : il faut à la consultation suivante, vérifier la bonne utilisation de la méthode, vérifier que les risques ont été bien entendus, vérifier que la patiente a bien compris le recours éventuel à la pilule dite "du lendemain", etc... Et à ce sujet, je vous rappelle que la stérilisation (ligature des trompes ou vasectomie) n’est pas une méthode contraceptive, qui, par définition doit être réversible.
Et que l’on ne me dise pas que je suis un médecin " hors norme" ; je pratique depuis toujours la formation médicale continue, suis abonnée à 2 revues médicales indépendantes, "Prescrire" et "Médecine", et je vous assure que de nombreux confrères, que je rencontre régulièrement, ont la même exigence professionnelle. Et nos jeunes stagiaires, internes en médecine générale, futurs généralistes, sont formés auprès de nous, et ont tout autant intégré cette exigence.
Et pourtant, il n’est pas simple de s’y contraindre, quand nos semaines de travail dépassent 60 ou 65h hebdomadaires, et que le temps "officiellement" dévolu à la formation continue se réduit comme peau de chagrin...
Je continuerai quand même à exercer tel que je le crois juste, et pertinent, sans écraser mes pauvres patientes de ma "science toute puissante", mais les donneurs de leçon devraient balayer devant leur porte...
29 mars 2013, 07:47
Dommage que vous défendiez une profession dont vous n’êtes apparemment pas représentative. Peu de médecins (j’évoque uniquement les gynécologues là) ont du recul sur leur pratique, c’est à dire leur prescription, leur attitude face à leurs patientes. Effectivement la contrainte de temps est souvent invoquée par les praticiens pour justifier une consultation vite expédiée (20 minutes) qui se solde de manière récurrente par la prescription d’une pilule, jamais autre chose si la patiente est nullipare. Combien de femmes ont consulté leur gynécologue pour se plaindre des effets secondaires, plus ou moins contraignant, ayant des répercussions sur leur vie intime et sexuelle, sur leur santé, systématiquement balayés par un revers de main du médecin, sachant qui décrédibilise la parole sans jamais donner le bénéfice du doute à sa patiente, diminuant d’emblée l’importance des effets ressentis, la culpabilisant même, lui attribuant la cause des effets décriés. Ainsi, si la femme se plaint d’une prise de poids concomitante avec la prise d’hormone, le médecin va incomber la cause à son appétit lui prescrivant un régime, si la femme se plaint de douleur et de gonflement de l’abdomen, le médecin va diagnostiquer des problèmes de transit lui prescrivant un régime, si la femme se plaint d’une baisse de libido (quand elle fait le lien de cause à effet, car c’est rarement le cas, faute de connaissance scientifique et de littérature disponible), le médecin renvoie la cause à la relation entretenue avec son compagnon etc etc. Au mieux, le praticien proposera une autre contraception hormonale (autre molécule, autre dosage), rarement autre modes de contraception.
Combien de médecins gynécologues délivrent à leur patiente une information claire et surtout neutre des contraceptifs disponibles ?? Je persiste en disant que la majorité des praticiens oriente la prescription de contraceptif vers la pilule, ignorant les autres contraceptifs. Et ce pour plusieurs raisons : par habitude, par facilité (une simple ordonnance suffit), par croyance (refusant par exemple le stérilet aux nullipares), par peur du changement, par injonction du corps médical, par manque d’information sur les autres méthodes de contraception, par manque d’intérêts, par profit (la pilule oblige à renouvellement donc à consultation...) etc etc.
Je tiens à vous dire que je connais beaucoup de jeunes filles qui abandonnent leur pilule pour le préservatif suite à un échec de la contraception hormonale, faute d’avoir pu communiquer avec leur gynécologue.
En outre, nombreuses sont les étrangères à s’étonner de la préférence des francaises pour la pilule, de cet engouement pour un médicament. Et surtout étonnées d’apprendre qu’elles prennent la pilule aussi longtemps sans que ça ne les questionne sur les conséquences induites pour leur santé. Les regards extérieurs sont souvent plein de bon sens, plutôt objectifs, souvent utilisés pour relever les incohérences, devenues invisibles aux acteurs contingentés dans leurs habitus (que ce soit les médecins ou leurs patientes d’ailleurs).
Je continuerais à pointer du doigt les médecins tant que la problématique de la contraception sera une problématique médicale, dévolue aux seuls médecins.
Pour finir, je balaye devant ma porte et constate que nombre de femmes font une aveugle confiance à leur médecin, ont peu de recul sur leur consommation de médicaments, ne s’investissent pas, ni ne s’informent sur leur contraception. À qui la faute ? À leur éducation, à leur naïveté, à la considération de la société française pour le genre féminin, au pouvoir médical omnipotent ?
3 février 2013, 17:58
C’est bien gentil tout ça mais les patientes a qui ont prescrit DIANE 35 pour des troubles hormonaux, de l’acné et l’alopécie, on fait quoi ? Quelles sont les solutions alternatives ? Roaccutane ? C’est aberrant de se voir prescrire Roaccutane après toutes ces années, je suis étonnée qu’il n’y ai pas de solutions médicales autre que DIANE 35 ou le Roaccutane. Personnellement je n’ai pas pris DIANE 35 comme contraceptif mais pour des troubles hormonaux très handicapants, je fais quoi maintenant, je vous pose la question ?
3 février 2013, 22:38, par CMT
Loin du monde merveilleux du marketing des Pharmas (et des médecines parallèles) où il existe toujours une solution "parfaitement efficaces et totalement sans danger" à tous vos problèmes de santé, bienvenue dans le monde du réel. Celui où on tombe malade et, parfois même, on meurt.
Il parait qu’il y a une pétition quelque part. Vous pouvez toujours la signer.
3 février 2013, 23:31
Merci pour votre cynisme. Je suppose que ni vous ni votre entourage proche n’êtes concernés par les problèmes spécifiques que pouvait traiter Diane 35 ou ses génériques pour répondre de façon aussi désinvolte au message précédent.
Je connaissais les risques liés à Diane 35, je sais parfaitement qu’il n’existe pas de médicament sûr, mais j’avais le choix de me traiter ou pas. Je prenais ce traitement pour des raisons dermatologiques. Mes perspectives sont maintenant déprimantes : ou bien me résigner à subir mon alopécie androgénique ou bien prendre de l’androcur, bien plus léger que la Diane 35, c’est connu.
Puisque vous semblez être au courant de la pétition, cherchez-la et signez-la, comme je l’ai fait. Ce sera autrement plus utile que votre méchanceté gratuite envers des femmes qui sont désemparées.
4 février 2013, 10:52, par Bleu horizon
Madame on peut comprendre votre désarroi , en l’espèce , c’est une décision administrative de l’ANSM. Devant cet état de fait , vous pouvez saisir le conseil d’Etat en référé-suspension pour suspendre la décision du directeur général de l’ANSM dans l attente de l avis de l’UE.
ce recours aurait de bonne chance de fructifier
4 février 2013, 09:17, par généraliste provincial
Je suis médecin généraliste provincial et je m’étonne :
J’entends souvent depuis le début de la polémique :
" les femmes qui fument ne devraient pas prendre la pilule ! "
C’est renversant ! On devrait dire :
" les femmes qui prennent la pilule ne devraient pas fumer " !
70 000 décès imputables au tabac par an en France , paraît-il !
4 février 2013, 10:53
Mais pourquoi ne pose-t-on pas un stérilet à ces fumeuses ???
4 février 2013, 13:27, par bob
france inter 13h17 lundi 04/02/2013
"...une femme jeune est morte on soupçonne une infection due à son stérilet..."
et ca rapporte un peu moins.
6 février 2013, 20:02, par braillon
vous avez raison
4 février 2013, 17:30, par Viviane
Le problème c’est que la vision de la contraception en France est très stéréotypée : la pilule jusqu’à 35 ans, et plutôt le stérilet ensuite. Comme le rappelait CMT, les pays anglo-saxons utilisent bien plus la stérilisation ; les couples japonais utilisent à 90% le préservatif. Oui, la pilule est une contraception contraignante ; oui, une bonne contraception, c’est celle à laquelle on n’a pas besoin de penser. Oui, chez une jeune fille ou une jeune femme, il faut privilégier une contraception REMBOURSÉE et penser que l’aspect financier peut être une cause d’abandon/d’échec. Et oui, dans la mesure où le nombre d’IVG ne diminue pas du tout, il faudrait que les autorités de santé, au lieu de rentrer dans une démarche purement compassionnelle à propos de drames réels mais exceptionnels, réfléchissent à une vraie politique de santé. Dérembourser les 3 et 4G, arrêter la commercialisation de Diane 35 ne constitue pas une politique de santé.
4 février 2013, 19:59, par CMT
A anonyme du 3 février 17h58. Je ne sais pas qui de nous deux est le plus cynique. Mais c’est peut-être bien vous quand vous montrez à quel point vous vous fichez des éventuelles conséquences de la prescription de ces hormones sur les centaines de milliers de femmes qui la prennent de manière non justifiée, en tant que contraceptif , tant que vos problèmes personnels sont résolus.
A Nelly
Tous les médecins, comme vous, qui, exemplaires sans aucun doute, montent au créneau pour s’indigner chaque fois qu’on attaque les médecins rendent un très mauvais service à la médecine. Etre médecin ne définit ni l’éthique d’une personne, ni sa capacité à résister aux stratégies d’influence des Pharmas. Le corporatisme, y en a marre !
Vous êtes exemplaire mais vous n’êtes pas représentative. Sinon on ne s’expliquerait pas la surprescrition.
Et vous êtes exemplaire jusqu’à un certain point. Puisque vous alimentez encore les préjugés omniprésents chez les médecins français contre la stérilisation comme moyen de contraception. Qui a décrété que la stérilisation n’était pas un moyen de contraception ? Dans les faits, elle l’est, même si les documents officiels français comme les recommandations de la HAS prétendent qu’elle est à réserver aux cas désespérés. Non seulement elle l’est mais elle ne présente aucune contre-indication permanente et a l’immense avantage, d’être, non seulement le plus efficace des moyens de contraception, mais de rendre le patient totalement autonome par rapport aux médecins. C’est simplement un moyen de contraception non réversible. Au Canada, la stérilisation est utilisée deux fois plus par les hommes que par les femmes, 13% contre 7% (prenez en de la graine, sans jeu de mots, messieurs), et elle concerne en particulier les couples mariés de 35 à 44 ans. La stérilisation serait utilisée presque autant que la contraception hormonale orale dans ce pays et l’utilisation de la pilule a peu augmenté au cours des années, contrairement à ce qui s’est passé en France http://www.canadianmedicaljournal.ca/content/176/7/953.full.pdf+html . Les pays les plus efficients en matière de contraception (diminution du nombre d’IVG) sont ceux qui diversifient les moyens de contraception, où la stérilisation tient une place importante, et où les hommes prennent aussi leur part à la contraception, notamment pas le biais des vasectomies. A titre d’exemples la Finlande et les Pays Bas.
Avantage annexe : quel gain de place et de temps chez les généralistes et les gynécologues qui ne seraient plus alors « obligés » de faire revenir les femmes quatre fois par an pour un renouvellement de contraception orale !
Autre avantage annexe : diminution notable des effets indésirables de la contraception hormonale aux âges où ceux-ci se manifestent le plus souvent, c’est-à-dire après 35 ans.
Une interview intéressante de Maraninchi ce matin sur France Info : http://www.franceinfo.fr/player/videos?dmid=xx9m4m . Où il déclare que la procédure de révision concernant Diane 35 avait débuté en juillet 2011 (début de l’interview). Et que Bayer n’a pas répondu aux demandes de l’ANSM d’apporter des études cliniques confirmant l’efficacité de Diane 35 en tant que contraceptif malgré son utilisation de fait dans cette indication grâce à une habile campagne de promotion.
J’entrevois deux explications possibles à cela :
Bayer a estimé qu’ils avaient atteint leurs objectifs de vente concernant Diane 35 et qu’ils ne pouvaient guère faire mieux et n’ont pas pris la peine de répondre à l’ANSM
Les études concernant l’efficacité de Diane 35 en tant que contraceptif n’étaient guère probantes ou bien montraient un excès d’effets indésirables.
La deuxième hypothèse est probable, suite aux propos de ce confère qui disait avoir observé plusieurs accidents vasculaires parmi ses patientes sous Diane 35. Même à supposer que ce confère passe ses journées à prescrire des pilules, pour que des effets graves soient observés à plusieurs reprises dans une clientèle en relation probable avec un médicament particulier, il faut que leur fréquence soit très importante.
C’est pourquoi, je considère que la vision de DD est simplement irresponsable. Penser que la régulation du marché du médicament va se faire par le web, par une sorte de contractualisation entre médecin et patient, les médecins se trouvant libres de prescrire tout ce que les Pharmas jugent bon de mettre sur le marché, indépendamment du fait qu’il existe ou non des AMM, est extrêmement dangereux.
L’interview de Maraninchi montre surtout l’impuissance des agences et à quel point les agences sont dépassées par la force de frappe et le réseau d’influences établis par les Pharmas. Et en sont réduits à embaucher des directeurs qui travaillent avec les firmes pharmaceutiques ( Alperovich, Emrich) en faisant comme si le simple fait de travailler pour l’ANSM les immunisait contre le lavage de cerveau subi pendant des décennies de collaboration étroite avec les Pharmas.
Par ailleurs, l’idée, défendue par DD, que la contractualisation et le web pourraient se substituer à la régulation et à l’Etat est l’essence même de la pensée libérale. Le libéralisme ne connaît pas l’Etat, et ne connaît pas l’intérêt général. Il ne connaît que des individus contractualisant pour défendre leurs intérêts particuliers.
Il faut plutôt écouter Peter Götzche. C’est une pointure et il tient un discours très différent :
http://www.prescrire.org/Fr/109/440/48258/2312/ReportDetails.aspx (merci Jean-Claude Grange, alias docteurdu16)
4 février 2013, 22:13
Je suis l’anonyme du 3 février, 17h58
Je vous invite à faire un petit tour sur le web : je suis loin d’être la seule à me plaindre du retrait de la Diane 35. Il ne s’agit en rien d’un petit problème "personnel", il s’agit d’une catégorie de femmes que vous évacuez commodément et, le répète, cyniquement, pour vous donner le beau rôle de défenseur de victimes bien réelles mais qui représentent une autre catégorie de femmes.
Maintenant, dites-nous : quels sont les traitements alternatifs pour celles qui souffrent, comme moi, d’alopécie androgénique ? Ces traitements comportent-ils des risques, oui ou non ? Ces risques sont-ils moindres par rapport à la Diane 35, oui ou non ? Court-on le risque de voir se produire d’autres complications suite à la prise de ces traitements alternatifs, oui ou non ?
Enfin : avez conscience, oui ou non, des souffrances que peuvent occasionner, au choix, un crâne dégarni lorsque l’on a peine 31 ans, un visage ravagé par l’acné au même âge, une pilosité exacerbée ? Et ne contredisez pas en m’opposant la vision des jeunes femmes désormais handicapées par la prise de la pilule, et même mortes, concentrez-vous sur notre catégorie, car, que vous le vouliez ou non, nous existons.
4 février 2013, 22:29, par KLR
Ah et regardez, là j’ai enlevé mon anonymat.
Non parce que CMT comme surnom, c’est vrai, ça me parle beaucoup !
5 février 2013, 00:25, par Dominique Dupagne
@CMT
Bayer avait peu de chances de répondre aux demandes de l’Agence pour une raison simple : son produit est dans le domaine public. Un laboratoire n’a aucune envie de financer des travaux qui vont bénéficier aux génériqueurs.
Ensuite, je te rappelle car tu ne veux pas l’entendre que l’absence de régulateur centralisé est plus spécifique de l’anarchie que du libéralisme. Je suis hétérarchiste http://owni.fr/2010/05/10/plus-nous-nous-rendons-interdependants-plus-nous-sommes-libres/ Je voudrais que tu arrêtes de me qualifier de neo-libéral ou de libéral.
5 février 2013, 07:41, par CMT
A DD
Je croyais que le laboratoire en question avait déjà effectué les études cliniques pour l’obtention de l’AMM dans d’autres pays ? Tu as bien utilisé cet argument pour justifier l’utilisation de Diane comme contraceptif en France ? Ou insinuerais tu que l’AMM obtenue dans ces pays là est une AMM de complaisance ? Octroyée au bénéfice du doute ? Il y a des fortes chances d’ailleurs, car c’est bien le but de la dérégulation des AMM en faveur des Pharmas obtenue par celle-ci à la force du poignet et du lobbying auprès de l’Union européenne.
En ce qui concerne ce que je dis de toi je vais t’expliquer mon point de vue. Il y a le "moi idéal", ce qu’on aimerait être pour être en accord avec soi-même. Il y a "l’idéal du moi", ce qu’on pense devoir être pour être en accord avec les désirs introjectés de tiers, nos parents. Il y a l’image que les autres se font de nous. Et il y a le "mo"i qui compose avec tout ça et qui agit concrètement dans le monde réel.
Je pense que chez toi il y a une discordance entre tout cela parce que tu te hérisses chaque fois qu’il est question de réguler ou d’interdire la vente des médicaments arguant que ce serait une affaire à traiter entre un médecin, pour le coup idéal, informant exhaustivement les patients (sur la base de quoi si les études cliniques disparaissent puisque les labos n’en auront plus besoin pour pouvoir vendre des médicaments ?) et un patient idéal qui comprend tout et n’est jamais sujet à la pression du marketing et à ses propres illusions d’optique.
Ce faisant tu agis dans le monde bien réel exactement dans le même sens que ce que font les Pharmas : tu leurs sers les patients et les médecins sur un plateau.
Tout ça au prétexte que le web serait le talisman magique protégeant tout le monde contre les rapports de force établis par le pouvoir économique et la puissance marketing des Pharmas.
Le web est juste le talisman magique qui te protège de tes propres contradictions.
A KLR, mon nom complet est sur le blog du docteurdu16, mais ça ne vous dira pas plus. Y en a marre de la peopilisation !
5 février 2013, 13:33, par KLR
Vous n’avez pas répondu à mes questions.
Les réponses vous gênent peut-être ?
5 février 2013, 14:16, par Dominique Dupagne
Personne n’est forcé de répondre aux questions des autres... Merci d’éviter les polémiques stériles.
5 février 2013, 15:06, par KLR
Je ne suis pas sûre que ce soit une polémique stérile. C’est un des noeuds du problème.
On a voulu suspendre à toute vitesse cette pilule en pensant aider un grand nombre de femmes. Mais un petit nombre de femmes, qui avaient besoin de diane 35, crient à l’injustice - dont moi.
Ce matin j’ai voulu acheter de la Diane 35 en pharmacie, avec une ordonnance de mon dermatologue datée du 29/01. Je n’ai rien eu, les divers pharmaciens m’ont dit qu’ils n’avaient plus de Diane ou générique en stock. Je me retrouve bientôt sans traitement et sans contraception. Je n’ai pas eu de rendez-vous chez mon dermato avant fin mars. Je ne sais même plus quoi faire.
5 février 2013, 16:50, par Doris
Bonjour,
un médecin généraliste pourra vous prescrire un contraceptif dans l’immédiat, il semble que la gamme des contraceptifs soit importante. Des solutions existent même si pas parfaites !
Cordialement
Doris.
5 février 2013, 21:40, par CMT
Je n’avais simplement pas compris que c’était la même personne qui s’adressait à moi sous des identités différentes.
Il n’y a pas pour moi de hiérarchie à faire entre les victimes, de maladie ou bien les victimes de médicaments. Je trouve ce genre d’opposition, pour le coup, totalement stérile mais je je peux que constater que, d’une part que le fonctionnement de toute notre société se réduit désormais à ça , des groupes de pression défendant leurs intérêts propres qui s’opposent à d’autres groupes de pression (à ce jeu là ce sont ceux qui ont les plus gros moyens pour faire du lobbying qui gagneront toujours, et nous savons qui ils sont) et, d’autre part, que dans ce débat, devant l’impossibilité de réguler la prescription d’un médicament, c’est à dire simplement de faire en sorte qu’il ne soit prescrit que aux personnes qui en ont réellement besoin dûment informées (acné sévère provoquée par une hyperandrogénie) nous n’avons d’autre alternative que de faire des comptes d’apothicaire pour savoir combien de victimes si on maintient ce médicament utilisé n’importe comment d’un côté ? Et combien de victimes ou de personnes, en tous cas, se trouvant sans solution face à une acné invalidante si on supprime le médicament ?
Ceci dit, ça n’a pas été la raison du retrait par l’ANSM. La raison du retrait par l’ANSM a été, à en croire Maraninchi, que Bayer a refusé de répondre à ses demandes de présentation d’essais cliniques démontrant l’efficacité de Diane 35 en tant que contracptif qui auraient permis de justifier la prescription courante de Diane 35 dans cette indication hors AMM.
L’ANSM a pris une mesure qui est une sanction vis à vis du laboratoire. L’ANSM a très peu de moyens d’action vis à vis des laboratoires et on ne peut pas lui reprocher de s’en servir. Même si on peut douter de leur efficacité.
Sur les médicaments alternatifs je ne partage pas l’avis de mes confrères lu à droite à gauche. Je suis médecin de prévention et cela fait très longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de traiter une acné. Mais dans mon esprit les cyclines et le Roaccutane faisaient partie de ces médicaments que j’avais rangé dans un coin de mon cerveau avec une étiquette rouge à cause de leurs effets secondaires redoutables (hématologiques, dermatologiques, hépatiques, tératogènes etc).
Voici une référence : http://www.em-consulte.com/article/15126/article/cyclines-et-acne-attention-aux-effets-indesirables
6 février 2013, 08:46, par Dominique Dupagne
Ce sera l’occasion de tester Jasminelle, (elle aussi potentiellement plus dangereuse qu’un contraceptif normal) car une étude a montré que son effet cutané était supérieur à Diane 35 http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12096825
(je n’ai aucun intérêt chez les marchands de Jasminelle)
Sachant aussi qu’une étude unique ne peut emporter la conviction et que la réaction de chaque femme est individuelle.
Au moins Jasminelle est-elle "certifiée" contraceptive.
6 février 2013, 13:19, par KLR
Bonjour
Je vous remercie de votre réponse et de m’informer des autres possibilités.
J’ai fini par trouver une boîte de générique diane ("la dernière !" m’a dit la pharmacienne) dans une pharmacie havraise. A Paris, après plusieurs tentatives, rien trouvé. Des femmes sur des forums électroniques racontent qu’elles ont fait des stocks de Diane pour parfois deux ans, juste avant ou peu après l’annonce du gouvernement. Je ne leur en veux pas, je les comprends.
Le blog de Miss Frottis sur internet est également une aide pour les autres femmes dans ma situation (besoin thérapeutique de Diane 35), elle indique les alternatives possibles pour en discuter ensuite avec le/la dermato ou gynéco de chacune.
Encore merci.
4 février 2013, 20:32
C’est quand même un commentaire extrêmement paternaliste.
De plus vous faites un discours assez manichéen, d’un côté les méchants labos et de l’autre les gentilles agences du médicaments qui n’ont même pas demandé plutôt de révision sur DIANE 35 en 26 ans. Je trouve que vous exagérez.
4 février 2013, 22:47, par CMT
J’ai assez critiqué les agences pour qu’on ne m’accuse pas de les protéger. Simplement je vois un Maraninchi qui semble plein de bonne volonté mais qui, totalement dépassé, essaye de se se faire croire et de nous faire croire que la transparence peut se substituer à l’interdiction et à la sanction, qui essaye de se faire croire et de nous faire croire que les effets délétères pour l’intérêt général du pantouflage et ce que le Formindep a appelé « les portes tournantes » http://www.formindep.org/spip.php?page=forum&id_article=490 (personnes navigant dans des postes stratégiques du public au privé et du privé au public), peut être neutralisé simplement par le fait de travailler dans une agence publique.
Nous avons, depuis décembre, un jeune loup aux dents très longues, Hervé Gisserot, cadre dirigeant au niveau européen de GlaxoSmithKleine, multinationale pharmaceutique dont le siège se trouve au Royaume Uni, qui a pris la présidence du LEEM, syndicat des industriels du médicament (MEDEF des Pharmas). Il est du genre « droite décomplexée » et je dirais même, « maîtres du monde décomplexés » et il se scandalise à la radio qu’on ose prétendre empêcher les Pharmas de faire du lobbying. Quoi de plus naturel pour une société que de défendre ses intérêts auprès des politiques ? Sauf que les sociétés dont il veut défendre les intérêts ne sont pas des PME. Les 10 premières multinationales pharmaceutiques ont un chiffre d’affaires qui dépasse le PIB de la plupart des pays de la planète, plusieurs dizaines de milliards d’euros http://www.arphycos.com/article-classement-des-10-premiers-laboratoires-pharmaceutiques-mondiaux-83703297.html .
Un proche m’avait fait connaître cette vidéo intitulée, le complot de Goldman Sachs où un humoriste allemand explique comment une poignée de personnes, navigant dans différents postes stratégiques et dans des thinks tanks très selects décident de la marche du monde.
C’est présenté comme un gag mais malheureusement tout est vrai http://www.dailymotion.com/video/xv622i_le-complot-de-goldman-sachs_fun#.URAqlGdP7Fk .
4 février 2013, 20:45
Je voulais rajouter que la raison a définitivement quitter le monde et en particulier la France. On ne raisonne plus, on tombe directement dans l’affectif, on fait pleurer dans les chaumières en ignorant souvent les antécédents des femmes qui ont eu des problèmes.
5 février 2013, 17:03
En parlant de liens étroit des médecins et des labos, j’appris des choses assez impressionnantes depuis que je fouille partout. Que dire des liens des politiques français et des groupes pharmaceutiques. Comme par exemple qu’un député avait des liens très fort avec une firme pharmaceutique très connue et qu’il a été impliqué dans un conflit d’intérêt. Et que ce même député siège actuellement dans une certaine agence du médicament...
5 février 2013, 17:46
Tout cela vole maintenant trés haut...
Je peux simplement confirmer en tant que son ancien collaborateur de l’honnêteté, de la sincérité, de la probité de Dominique MARANINCHI...
Lorsque je l’ai connu au début des années 80, cheveux longs, jean troué, gauloises sans filtre au bec, il n’avait pas du tout le profil de l’arriviste néo-libéral aux dents longues, si il aime le pouvoir, probablement comme tous les dirigeants, c’est pour son obsession de l’organisation et de la promotion de certaines normes scientifiques de l’EBM, il est malheureusement comme le souligne CMT, dépassé par le lobbyisme des industriels et des politiques, et malheureusement comme je l’ai souligné mauvais communicant...Mais certainement encore incorruptible, j’en suis convaincu...
Afin d’aider les femmes qui souhaiteraient continuer la Diane35, en connaissance de cause des risques, je ne suis pas spécialiste de la pharmacologie, mais pensez-vous qu’une préparation magistrale des 2 molécules en DCI pourrait être prescrite et réalisée simplement par le pharmacien ?
Docmars
5 février 2013, 22:35, par Dominique Dupagne
J’ai aussi cette impression positive à propos de D Maraninchi. C’est pour cela que sa décision de retrait de Diane m’attriste.
Un cancérologue qui fume ne peut pas être totalement mauvais ;-)
J’ai peur qu’il fasse les frais de ce psychodrame.
5 février 2013, 23:13, par CMT
Je plaisantais quand je parlais du moi idéal, de l’idéal du moi etc. Je plaisantais au moins en partie.
Intuitivement Maraninchi m’a toujours donné l’impression d’un type honnête.
Mais il subit ce que subissent toutes les personnes exposées aux conflits d’intérêts. Et même, toutes les personnes qui, soumises à des contraintes arbitraires, ne peuvent pas faire leur travail en restant en accord avec leurs propres valeurs ou ne peuvent tout simplement pas faire leur travail.
Elles ont alors recours à la dissonance cognitive (une explication accessible de ce qu’est la dissonance cognitive http://psychosociale67.canalblog.com/archives/2005/01/07/249251.html ). Cela les oblige à entrer dans un cycle de rationalisations et d’auto-justifications qui les éloigne de plus en plus du réel. Autrement dit, elles sont obligées de déformer le réel pour pouvoir conserver une image acceptable d’elles-mêmes.
La dissonance cognitive peut être vue comme une forme atténuée de dissociation . Celle-ci se rencontre dans les psychoses et les syndromes post-traumatiques.
Ce en quoi notre société est hautement pathogène.
Maraninchi devrait démissionner. Justement parce que c’est un type honnête. Et un type honnête doit tôt ou tard se rendre compte qu’il n’est pas en mesure de faire le travail qu’il est censé faire.
6 février 2013, 07:29, par a annetin
Passionnant la disonnance cognitive :
"...personnes qui, soumises à des contraintes arbitraires, ne peuvent pas faire leur travail en restant en accord avec leurs propres valeurs ou ne peuvent tout simplement pas faire leur travail. Elles ont alors recours à la dissonance cognitive"
n’est ce pas ce qui atteint le praticien au quotidien ?
"Cela les oblige à entrer dans un cycle de rationalisations et d’auto-justifications qui les éloigne de plus en plus du réel. Autrement dit, elles sont obligées de déformer le réel pour pouvoir conserver une image acceptable d’elles-mêmes. "
regardons nous ...n’en sommes nous pas là dans nos pratiques ?
6 février 2013, 08:14, par Dominique Dupagne
Plus précisément, la dissonance cognitive est l’état désagréable de conflits intérieurs. L’individu ne fait pas appel à la dissonance cognitive, mais à des procédés ou raisonnements qui permettent d’en réduire l’intensité, voire de la faire disparaître.
6 février 2013, 10:13, par bleu horizon
A docmars , la réponse est non ( un peu oui mais bon juridiquement c’est très casse-gueule ) sur la possibilité de la préparation magistrale car :
L’article R5132-8 du CSP précise qu’ " une spécialité pharmaceutique relevant de la réglementation des substances vénéneuses ne peut faire l’objet d’un déconditionnement par le pharmacien d’officine en vue de son incorporation dans une préparation magistrale.
Cette interdiction n’est pas applicable aux spécialités destinées à être appliquées sur la peau.
A titre exceptionnel,
une préparation magistrale peut être réalisée à partir d’une spécialité pharmaceutique dans le respect des conditions prévues par les bonnes pratiques de préparation mentionnées à l’article L. 5121-5."
au sens de l’ Article L5132-1 du CSP " sont comprises comme substances vénéneuses :
1° (supprimé)
2° Les substances stupéfiantes ;
3° Les substances psychotropes ;
4° Les substances inscrites sur la liste I (étiquette blanche avec un large filet rouge) et la liste II ( étiquette blanche avec un large filet vert ) ..."
Pour info diane 35 était en liste I
6 février 2013, 11:11, par CMT
A Docmars
Tant mieux si ça vous fait du bien. Etre confronté à une certaine vérité peut-être douloureux dans un premier temps (désillusionnement) mais est toujours positif et constructif dans un deuxième.
Ma connaissance de ces théories est relativement récente parce qu’elle a surgi de ce qu’il ya quatre ou cinq ans je suis un jour tombée sur un livre de Joule et Beauvois dans une librairie, « petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens » http://www.philo5.com/Mes%20lectures/JouleBeauvois_TraiteDeManipulation.htm . Cela va de pair avec la théorie de la soumission librement consentie et de l’engagement. C’est de la psychosociologie expérimentale donc ça se lit très facilement même s’il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre (il peut y avoir surinterpétation de certaines données expérimentales). Pour moi, personnellement, c’était une suite naturelle de mon intérêt pour la transmission transgénérationnelle de la maltraitance (Alice Miller en particulier), la victimoloige, la perversion et les pervers (Caroline Elliacheff, Harold Searls, Paul Claude Racamier p exp).
Ceci dit vous parliez tout à l’heure de communication et maintenant de « reliance » et il y a une réflexion à mener aussi là-dessus car la communication prend largement le pas sur le contenu, l’information et l’analyse.
Je mets ici un texte que j’ai glané lors de mes incursions clandestines sur twitter et proposé par Christian Lehmann sur le rôle du web 2.0 et ce que cela induit dans la manière de diffuser l’information, de l’appréhender, sur la manière de penser, même. Cela s’intitule « le destin tragique du web 2.0 », cela aurait pu s’intituler « quand la machine créa l’homme à son image ».
http://www.communication-sensible.com/download/le-destin-tragique-du-web-20.pdf
Je trouve que la manière dont a été gérée cette « crise » (mais la crise n’est elle pas désormais permanente, ce qui fait que le terme crise constitue un abus de langage ?) illustre parfaitement le propos de l’article. Ou inversement. http://www.communication-sensible.com/download/le-destin-tragique-du-web-20.pdf
A DD La dissonance cognitive est une défense, parmi d’autres (reléguer dans l’inconscient ce qui nous est difficilement supportable car met nos valeurs en conflit avec nos actes). Elle n’est pas désagréable en soi mais est justement destinée à éviter un état désagréable. Trouves tu vraiment que Floret, Nisand, Lina et autres leaders d’opinion aient l’air d’être en grande souffrance ? Moi je ne trouve pas. La rationalisation se fait à postériori, car nous sommes en recherche permanente de sens.
Je trouve un peu léger de ta part de te préparer à prescrire une autre pilule (Jasminelle), en remplacement de Diane 35. Jasminelle n’a pas d’indication dans le traitement de l’acné. C’est une des pilules les plus récentes avec un progestatif parmi les moins connus puissque l’AMM ne date que de 2006 (peu de recul, procédures d’AMM de plus en plus floues avec de moins en moins de garanties) et où l’acné est noté parmi les effets secondaires fréquents (1 à 10%) dans le RCP (avec douleurs abdo, labilité émotionnelle, métrorragies…). Quelles seront tes critères pour la prescrire ? Devant une jeune fille qui a un copain et qui est complexée par deux boutons qui se courent après vas-tu la prescrire ?
6 février 2013, 19:28
Merci Bleu Horizon de ces précisons techniques sur la réglementation...
J’ignorais ce dispositif, on peut s’interroger sur les motivations des législateurs dont la volonté semblait être plus la protection du métier de pharmacien et du monopole des laboratoires pharmaceutiques, que la protection du public, car même en préparation magistrale pour applications locales, des effets délétères graves peuvent être observés en cas de déconditionnement inadapté...
C’est en fait reconnaître que le métier de pharmacien n’est plus celui de "l’art"tisan "du temps des apothicaires mais bien d’un professionnel du commerce un peu à part, alors qu’on reconnait que le métier de prescripteur est toujours un "art" médical !...
Dommage pour les femmes concernées...
6 février 2013, 23:39, par Dominique Dupagne
@CMT : tu confonds la dissonance cognitive avec les stratégies de réduction de la dissonance : http://psychosociale67.canalblog.com/archives/2005/01/07/249251.html ce n’est pas très grave, mais cette confusion est fréquente.
7 février 2013, 08:04, par CMT
A DD
C’est juste. Je n’ai pas réfléchi à ce que j’étais en train de dire.
5 février 2013, 18:04
Je n’ai pas incriminé l’actuel directeur mais que certain politique en ce moment au pouvoir avaient des liens plus qu’étroit avec une firme pharmaceutique et puis les gens changent surtout s’ils sont mal entourés...
6 février 2013, 08:11
Chapeau pour vos réflexions CMT, et merci à DDD pour son opinion convergente et humoristique sur le cas de DM.
Je me rends compte que je suis probablement en dissonance cognitive moi aussi, me tourmentant sans cesse des dysfonctionnements grandissants du système de santé dans lequel j’exerce et cette psychanalyse virtuelle par le diagnostic de CMT me fait du bien !...
Oui je me soigne, probablement par le phénomène de résilience cher à Boris CYRULNIK, mais aussi par le concept récent de RELIANCE, décrit par mon ami le Dr Michel EYNAUD, psychiatre éloquent, dont les écrits sont publiés dans : « La Maladie SOCIALE » : Le Progrès Social en 2009.
Concept imaginé suite aux événements sociaux de Guadeloupe, lorsque cette petite société fortement traumatisée et confrontée à des obstacles à répondu par les reconstructions de LIENS sociaux, familiaux, sociétaux, et bien entendus virtuels par les RSS et le net...Ces LIENS ayant une valeur symbolique forte dans cette société post-esclavagiste...
Non, nous ne démissionnons pas encore parce que pour certains nous n’avons pas le choix et pour d’autres par cette RELIANCE...
Ma proposition de demander aux pharmaciens de faire des préparations magistrales de Diane 35 est probablement utopique et irréaliste, mais est une réponse qui m’est venue en bloguant avec vous et avec ces femmes demandeuses...
Docmars : Un Psychanalysé dissonant cognitif qui se soigne !...
6 février 2013, 08:46, par a annetin
Et oui comment en est on arrivé là .. ;dans ce forum ...c’est passionnant et très angoissant observer notre impuissance ,nos soubressauts
seule reste cette capacité que nous avons à nous opposer à nous déchirer alors que nous ne sommes que quelques uns à nous intéresser à ce qui sous tend ce "retrait" ..entre nous en petit comité ...
Comment prétendre obliger les praticiens à un Développement Professionnel Continu basé sur des objectifs définis par des agences quand la réalité de ces agences est telle qu’elle confine à l’impuissance intellectuelle
Tout cela devient très dangereux pour le praticien censé donner des soins en fonction de données validées mais par qui ou quoi ...
Opposabilité ,responsabilité ,médiatisation ,procès ,condamnation ...CULPABILITE
peut on encore prétendre exercer la Médecine au quotidien dans un tel contexte ?
6 février 2013, 11:28, par Dr Ph Abimelec dermatologue
Je ne crois pas que le climat va beaucoup s’améliorer - Voici la pub adword apparue hier sur ma boite gmail
Avocat Erreur Médicale
Victime d’une erreur médicale
Indemnisation de votre préjudice
simonnot-avocat.fr
Cette dérive à l’américaine va je pense bouleverser notre pratique.
6 février 2013, 21:46, par CMT
La judiciarisation est juste une régulation à postériori quand la régulation à priori n’a pas eu lieu. C’est la pire des régulations car elle est réparatrice et non préventive. Elle survient quand les dégâts ont déjà eu lieu.
Les Etats Unis sont un modèle, car en même temps le pays de la libre entreprise, celui où régulation est un gros mot, celui où on dépense le plus par habitant pour se soigner, celui où il ya probablement le plus de décès iatrogéniques, environ 225 000 d’après une estimation dans un article du JAMA http://silver.neep.wisc.edu/~lakes/iatrogenic.pdf dont 106 000 seraient dus à des effets indésirables de médicaments à l’hôpital http://jama.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=187436 sur quelques 2 700 000 décès annuels, c’est-à-dire environ 8% des décès, et celui où la judiciarisation des erreurs médicales est la plus forte et est même devenue un énorme business.
Mais je pense qu’il ne faut pas tomber dans la paranoïa et considérer les patients comme des plaignants potentiels. Un patient avec qui on établit une relation de confiance, à qui on explique pourquoi on prescrit un médicament et ses effets indésirables possibles, à qui on explique les limites de ses propres connaissances, ne sera pas tenté de porter plainte. D’autre part l’indemnisation des victimes est limitée en France et les honoraires des avocats plus encadrés. Cela évite aussi que la raison principale des plaintes soit l’appât du gain. Car aux Etats Unis ce sont souvent les avocats qui incitent les patients à porter plainte.
12 février 2013, 20:53, par Anonymous
Je suis passée par plusieurs pillules et traitements lourds pour soigner acné et ovaires polykystiques sans aucun bons résultats ou alors que temporaires. La diane était pour moi un miracle et même une sonnette d’alarme car à la suite du traitement roaccutane (2 de 1 an et demi chacun) j’ai eu de graves troubles neuro-psycho (idées noires...) Mais bon je suis quelqu’un de prudente et j’en ai de suite parlé à ma dermato qui m’a alors conseillé la diane (que je ne voulais vraiment pas prendre depuis le début). Et alors au bout de 1 an quels résultats !!! Enfin je me suis mise à revivre......Bien entendu je sais que c’est un traitement qui reste à surveiller mais je fais assez confiance aux professionnels qui chacun année vérifie mes examens et ma santé de prêt. Alors je pense que interdire la diane c’est cruellement abandonner les femmes qui souffrent de cet acné et qui n’ont d’autres solutions que de se tourner vers ce traitement. Il faut bien sûr surveiller cette prescription et renforcer la sécurité autour de ce médicament mais sûrement pas le prohiber. De nombreuses femmes en souffriraient. Pour ma part j’ai été à la pharmacie et on m’a même donné plus qu’une boîte de renouvellement en comprenant ma détresse et ma dépression face à ce lourd fléau. Je dramatise peut être mais 8 ans de souffrance et de renfermement sur soi c’est trop dur et je ne suis pas prête à revivre cela...J’espère que l’Europe décidera de le laisser comme traitement contre l’acné
11 mars 2013, 11:10
D’un coté une acné, de l’autre la mort subite par EP d’une jeune fille ...
D’un coté : conseiller et parler !
Parler du rôle des cosmétiques, parler de la iatrogénie dermatologique des psychotropes, parler de l’anxiété qui active l’axe cortico-surrénalien, parler de la puberté et du pubertaire, parler du narcissisme et de l’estime de soi... Parler, conseiller, surveiller, soutenir et prescrire, peut-être, dans un second temps.
De l’autre, la prescription pharmacologique rapide - sans trop se poser de question : Le médicament "à la mode", qui "bonne presse", dont on dit "le plus grand bien" chez les spécialistes, qui à "si bien marché" comme nous l’a dit notre confrère, ...
Et si, dans votre patientelle, "Melle X", 20 ans, que vous connaissez depuis sa naissance, décédait subitement d’une EP massive, sans autres FDR que votre prescription de Diane 35 deux mois auparavant ?
Une coïncidence ? Un aléa ? Ou une réflexion à mener sur son identité de médecin emporté par les 3 à 4 consultations par heures ; affaiblit par les opinions et le marketing plus rapide et plus confortable à acquérir que le "bon-sens", la prudence et le questionnement scientifique.
"Tenir les cadences" : combien ce fordisme de la MG a-t-il pesé sur le plateau la balance bénéfices-risques ?
14 mars 2013, 11:35
Je suis une patiente. Je prends Diane 35 depuis plus de 20 ans. Je ne fume pas. Je ne souffre pas de stress. Je n’utilise pas de cosmétiques. Et je ne suis pas narcissique.
C’est incroyable comme il est réducteur de considérer les problèmes d’acné chez la femme comme du narcissisme ou de l’orgueil mal placé ! Oui, de l’acné sévère impacte sur tout : sur les relations avec les autres, sur l’image de soi, sur décrocher un job ou non ! Pensez-vous qu’en tant qu’hôtesse d’accueil, on vous confie une mission si la première chose que l’on voit chez vous ce sont des boutons par dizaines ? Idem pour tous les métiers de contact, du tourisme à la restauration en passant par la vente, le conseil ou l’accueil ! Et oui, c’est aussi ça, l’acné : un vrai handicap social et professionnel !
J’ai essayé tous les autres traitements. Je ne prends pas Diane 35 par plaisir car je n’ai pas besoin de contraception. Je la prends simplement parce que c’est le seul traitement parfaitement efficace et complètement satisfaisant pour moi : aucun effet secondaire désagréable, et tous les effets bénéfiques que je pouvais en attendre. Ce n’est pas le cas pour tout le monde. Très bien. Mais pour nous toutes qui sommes dans ce cas où l’effet sur notre vie en général est si bénéfique, merci de croire que nous sommes des femmes adultes et intelligentes qui pouvons prendre notre décision de façon réfléchie et parfaitement consciente : oui, nous avons bien compris tous les risques potentiels liés à la prise de ce médicament, et notamment depuis la médiatisation de cette affaire. Accordez-nous la grâce de penser que nous sommes aptes à choisir nous-mêmes si le jeu en vaut la chandelle ou non, car au fond, c’est à nous d’assumer nos responsabilités.
21 mars 2013, 12:44, par stephaluc
Je dois être aussi "chanceuse" que Clairvoyante dans ce cas, car moi aussi j’utilise Diane 35 depuis 20 ans et je n’ai pas les effets secondaires constatés. Au contraire, Diane 35 a réglé beaucoup de mes problèmes gynécologiques et d’acné. Dans les boîtes des contraceptifs il y a ce que l’on appelle une notice qui doit-être scrupuleusement respectée et aussi avoir une très bonne hygiène de vie ce qui est mon cas. Je ne sais pas d’où vient cette chasse au sorcière la concernant mais tout ça n’est pas très net. j’ai lu un document via ce lien : http://hebdomadaire.fr/pilules-de-troisieme-et-quatrieme-generation-diane-35-quen-est-il-vraiment/ . ils disent qu’avec la prise de Diane 35, le risque de thrombose serait trois fois supérieur à la normale.
26 avril 2015, 15:25, par jasa
C’est bien que la DIANE règle les problèmes de bcp de femmes, moi elle m’a donné une phlébite après 3 mois. Je l’ai pris pour des problèmes de peau, prescrit par mon généraliste qui soucieux comme elle est a même fait des analyses sanguins avant l’ordonnance pour voir s’il y a des facteurs de risque.
Par malchance j’ai fait une phlébite de bras (causé par la Diane et un espace trop réduit entre cote et os du bras si j’ai bien compris). Ça doit pas être très courant, j’ai d’ailleurs été regardé comme une bête un peu curieuse pas tout le personnel médical que j’ai rencontré mais bon ça existe quand même.
Il faut pas verser dans l’extrême, peut être interdire n’était pas nécessaire mais plus de connaissances chez certains médecins (et là je pense médecins d’urgences qui m’ont renvoyé deux fois en disant que ça doit être une allergie et ça ne peut pas être une phlébite car j’ai pas de facteurs de risque et c’est trop rare). Quand le bras était violet ils ont quand même fait des examens, merci !