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Faut-il réserver la prescription de pilules contraceptives de troisième génération aux gynécologues ?

Première publication : jeudi 3 janvier 2013,
par Dominique Dupagne - Visites : 19220

Faut-il réserver la prescription de contraceptifs dangereux aux gynécologues ? Pas si sûr au vu des statistiques de prescription. Et si on commençait par informer correctement les femmes ?

Suite au scandale de la surprescription de pilules de troisième génération, plus dangereuses que les pilules plus anciennes, l’Agence du médicament a émis l’idée de réserver leur prescription aux gynécologues.

C’est un réflexe classique en France : Lorsqu’il existe une prescription anormale d’un médicament dangereux ou coûteux, sa prescription est réservée à certains spécialistes ou aux médecins hospitaliers.

Cette mesure de prescription restreinte n’a, à ma connaissance, jamais été évaluée. Elle est fondée sur l’idée, répandue dans certains milieux, que les médecins généralistes seraient incapables de prescrire correctement, et qu’il faut les limiter au renouvellement des ordonnances de spécialistes.

Non seulement ces mesures sont outrageantes, mais elles sont idiotes. Ainsi, il est interdit aux généralistes de prescrire certains traitements hormonaux destinés aux hommes manquant de testostérone, mais cette prescription est autorisée aux gynécologues...

Avec les pilules de troisième génération, nous disposons de données qui montrent à quel point cette restriction serait absurde. Voici la répartition des prescriptions de contraceptifs oraux de 1ère, 2ème et 3ème génération en fonction de la spécialité du prescripteur (source) :

Intéressons nous essentiellement aux prescriptions de pilules de 2ème et 3ème génération, qui représentent 82% du total (les 16,5% de la catégorie "autres" sont représentés essentiellement par des pilules de 4ème génération).

Les généralistes ont donc réalisé 44% des prescriptions de pilules de 3eG contre 54% aux gynécologues.

Nous pouvons, à partir de ces chiffres bruts, calculer que les pilules de 3eG, connues comme plus dangereuses que les 2eG, représentent :
- 30% des prescriptions des généralistes
- 50% des prescriptions des gynécologues.

Comment expliquer ce mystère ? Pourquoi des spécialistes en gynécologie censés être mieux informés continuent-ils à prescrire autant de pilules de 3eG qui devraient être réservées aux femmes qui ne supportent pas les pilules de 2eG ?

J’ai quelques explications à vous proposer :
- Le marketing pharmaceutique des nouvelles pilules a été ciblé sur les gynécologues. Ce n’est plus le cas depuis quelques années car il s’est déplacé vers les pilules de 4eG et d’autres modes de contraception, d’où peut-être la diminution récente des prescriptions de pilules de 3eG chez les gynécologues.
- Le pourcentage de médecins généralistes abonnés à la revue Prescrire (qui met en garde contre les pilules de 3eG depuis 10 ans) est plus élevé chez les généralistes que chez les gynécologues.
- Les généralistes français sont moins cons que certains pourraient le penser.

En tout cas, en terme de santé publique, s’il faut restreindre la prescription de pilules de troisième génération à certains spécialistes mieux à même de les prescrire à bon escient, ce sont les médecins spécialistes en médecine générale qui sont à privilégier et non les gynécologues. Personnnellement, je n’y suis pas favorable. L’information, et surtout l’information des femmes, doit être privilégiée. Je suggère d’ajouter dans les boîtes de contraceptif un document contenant les informations suivantes :

Ce contraceptif est un médicament. Comme tous les médicaments, il expose à des risques qui doivent être mis en balance avec les effets positifs attendus.

Vous devez être consciente de ces risques qui sont les suivants :

Risques graves

Tout contraceptif oral associant des hormones de la famille des estrogènes et de la progestérone augmente le risque d’accidents cardiovasculaires exceptionnels comme un infarctus, une embolie pulmonaire ou un accident vasculaire cérébral. Ces accidents peuvent laisser de lourdes séquelles ou conduire au décès.

Ces accidents sont très rares : moins d’ un cas sur cent mille utilisatrices pendant un an. Ces accidents existent aussi chez des femmes qui ne prennent pas de contraceptifs, mais le risque est doublé par la prise d’un contraceptif de deuxième génération, et quadruplé par celui d’un contraceptif de troisième génération, comme c’est le cas pour le médicament contenu dans cette boîte. Fumer multiplie encore ce risque par quatre.

Votre médecin ne doit vous prescrire ce médicament que si vous ne supportez pas les pilules de deuxième génération dont l’usage est moins risqué. Informez-le de tout accident cardiovasculaire survenu chez vos parents, grands-parents, oncles et tantes, frères et soeurs.

Risques de gravité modérée

La prise d’un contraceptif oral augmente le risque de phlébite (caillot dans une veine), maladie qui survient spontanément chez une femme sur dix mille tous les ans. Les contraceptifs oraux de deuxième génération doublent ce risque, et les contraceptifs oraux de troisième génération comme celui contenu dans cette boîte le multiplient par quatre. Là encore, le tabac constitue un fort facteur aggravant.

La prise d’un contraceptif peut favoriser l’apparition d’un diabète, d’une hypertension artérielle, d’une inflammation du foie, d’un calcul dans la vésicule biliaire, d’une tumeur bénigne du foie ou du sein ou d’une épilepsie.

Autres risques

Les contraceptifs oraux exposent au risque d’effets indésirables moins graves qui doivent néanmoins être signalés à votre médecin : nausées, maux de tête, prise de poids, tension modérée des seins, acné, jambes lourdes, irritation oculaire par les lentilles de contact, saignement entre les règles, diminution ou disparition des règles, irritabilité, pousse excessive des poils, taches sombres sur le visage, vertiges, troubles de la vue, écoulement de lait par le mamelon.

Ces évènements sont des risques, c’est à dire qu’il ne surviennent que chez certaines femmes. Dans l’ensemble, les contraceptifs oraux sont bien supportés et provoquent très peu d’accidents sérieux.

Une femme correctement informée est souvent à même de prendre de bonnes décisions concernant sa santé. Arrêtons de tout décider à la place des femmes, tout en leur cachant les informations essentielles.

PS du 5/1/2013 Si j’en crois Jean-Daniel Flaysakier sur Twitter, l’Agence du médicament va renoncer à restreindre la prescription des pilules de troisième génération et va renforcer l’information des femmes utilisatrices. Voila qui est parfait.

Il y a 38 messages sur ce forum.

Messages

  • Et pourquoi pas ? Si nos représentants profitaient de la vague médiatique pour demander que la prescription des pilules 3G soit réservée aux seuls MGs puisque les chiffres montrent bien qu’ils en prescrivent nettement moins que les gynécos ?
    Evidemment, ça ne pourrait pas être accepté, et comme toi je ne trouverais pas ça souhaitable, mais ça aurait l’avantage de faire passer certains messages concernant la qualité de prescription.

  • Exclure les généralistes de la prescription de certains médicaments, est une "insulte" faite à ces médecins...mais il est vrai qu’ils aiment bien cela, en acceptant les conditions d’exercice et ce genre de mesure discriminatoire (car ce n’est pas la première fois). Nous pourrions penser ou espérer que tout médecin qui ne se sentirait pas compétent ou intéressé par une question particulière, passe son patient à un autre médecin plus au fait de la question. Ce genre de mesure n’a aucune raison d’être...mais c’est une façon détournée, aussi, de profiter de ce sur-risque pour diminuer une chère prescription. Si le message d’alerte, est valide pour insister sur le sur-risque, les mesures envisagées sont professionnellement discutables.

  • Et comment feront les femmes qui n’arriveront pas à avoir un rendez-vous chez le gynécologue dans un délai raisonnable ?

    • ...elles iront voir une sage-femme.... c’est curieux, personne n’en parle...mais elles non plus ne prescrivent pas forcément les 3g en première intention, mais d’un autre côté, les délégués médicaux ne viennent pas non plus beaucoup les voir. ;-)

    • Heu... Dans certaines régions (rurales en particulier), les sage-femmes ne sont pas plus disponibles ou plus faciles à trouver que les gynécologues !

    • Je pourrais être d’accord avec vous si l’article ne disais pas "réserver la prescription aux gynécologues".

      Et, par chez moi, les sages-femmes libérales ne sont pas légion. On en revient donc au problème de disponibilité.

    • La prescription ou le renouvellement de pilule semble une tâche que les sages-femmes peuvent remplir avec une parfaite compétence. La consultation d’un médecin ne paraît utile qu’en cas de difficulté en matière de tolérance ou de risque, ce qui est rare.

      Je ne doute pas qu’avec la diminution du nombre des gynécologues, cette prescription spécialisée par des femmes (même s’il existe des hommes sage-femme) va se développer considérablement.

    • l’ansm en a rien à foutre.
      TL

  • Un bon prescripteur de pilules contraceptives devrait s’allier d’un pharmacien clinicien, qu’il soit gynécologues ou généraliste
    http://www.bmj.com/rapid-response/2011/10/31/pharmacists-and-pharmacological-capacity-behind-every-good-prescriber-good

    Le circuit du médicament en France laisse le prescripteur seul. Il faut l’aider, il lui faut un copilote !

  • "Arrêtons de tout décider à la place des femmes, tout en leur cachant les informations essentielles"

    Entièrement d’accord !

  • Encore une fois, le battage médiatique fait perdre tout sens commun dans cette affaire. Outre l’affligeante médiocrité de la majorité des journalistes qui traitent des questions de santé, encore une fois c’est la médiocrité politique qui l’emporte.

    1/ une plainte très médiatisée d’une patiente contre un laboratoire.
    Je pense que cette plainte ne ménera à rien, l’information dispensée par le laboratoire (RCP et notice) étant en accord avec l’AMM et ses annexes, seuls documents juridiques opposables.
    J’ignore si lors de son utilisation de contraceptif de 3ème génération, les risques d’AVC étaient mentionnés et que la prise de sang à l’initiation du traitement était déjà recommandé mais il me semble que oui. Dans ce cas, l’absence de bilan sanguin est imputable préalable serait donc au médecin non au laboratoire.

    2/ le risque d’AVC sous contraceptif sous pilule de 3ème génération est 2 à fois plus élevé que pour les générations précédentes.. Ce facteur de risque reste quand même inférieur à la consommation de tabac par exemple. D’autre part, il s’agit d’un médicament, donc par définition un produit dangereux dont l’utilisation et la commercialisation doit être contrôlée. Ce que beaucoup de patiente semblent oublier au comptoir des pharmacies ("j’ai pas besoin d’une ordonnance, c’est juste une pilule").

    3/ La solution de la ministre a donc été d’une logique imparable : le déremboursement.
    Un manque d’encadrement des prescriptions imputables aux prescripteurs et au système dans sont ensemble (l’impact marketing des labos est loin d’etre nul) trouve sa solution en faisant payer aux patientes un produit qu’elles avaient jusqu’à présent gratuitement.

    4/ La prescription par un spécialiste en plus serait vraiment le ponpon. A Paris, un gynécologue peut demander jusqu’à 120 euros pour une consultation prise avec 5 mois d’avance pour la prescription d’un médicament non remboursé. Où est l’intéret des patientes ?

    5/ Depuis quelques années, je constate un accroissement significatif du nombre d’arrêt de contraception orale, une prise régulière de la pilule du lendemain chez des femmes de moins en moins jeunes malgré mais mises en garde voir mes refus (des confrères plus complaisants existent) et il y a quelques semaines, tout le monde se félicitait du remboursement de l’avortement.

    C’est l’exemple typique qu’en France nous n’avons pas un système de santé mais un système de soin : mieux vaut guérir que prévenir. Ou était-ce l’inverse ?

    • En réponse au commentaire. Le préservatif fonctionne bien. J’ai arrêté la contraception orale après un an de pilule car je ne la supportais pas, et aucun souci. Arrêt de la contraception orale ne veut pas dire arrêt de la contraception... Je suis ravie de mon choix.

    • N’oublions pas le stérilet, excellente méthode contraceptive, y compris chez les jeunes filles qui n’ont jamais eu d’enfants.

    • Cher confrère

      Permettez moi de m’inscrire en faux suite à votre première affirmation.

      La jurisprudence en matière civile et la législation précise qu’un produit défectueux est un produit n’offre pas la sécurité à laquelle on pouvait légitimement s’attendre compte tenu de toutes les circonstances, et, notamment, de sa présentation, de l’usage qui pouvait en être raisonnablement attendu.

      En l’espèce, en droit pénal, la discussion, pour le producteur va se concentrer sur la faute, le produit est il défectueux, le producteur est il au courant au moment de la prescription, a t’il accomplit les diligences normales ?

      Il est probable aussi que la discussion tourne autour du lien de causalité qui doit être certain en droit pénal. En effet, en présence d’une anomalie de la coagulation pourrait entrainer la relaxe du producteur.

      Dans cette plainte, il y a une petite subtilité juridique qui souligne la violation manifestement délibérée du principe de précaution.

      En effet lors des blessures involontaires avec ITT supérieure à trois mois, lors d’une causalité indirecte (par exemple dans le cadre d’un accident de la voie publique où un secouriste commet une faute entrainant le décès de la victime, le secouriste n’est pas responsable de l’accident et de son dommage, mais il « complète » ce dommage par une faute qui se surajoute), il faut soit :

      • Une violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement
      • une faute caractérisée, c’est-à-dire la faute qui a « un certain caractère de gravité ».

      Dans ce cadre, ceci permet de se dédouaner d’un lien de causalité certain (s’il venait a existé une cause favorisant une thrombose) vis-à-vis du producteur de la pilule, mais cela implique une faute manifestement délibérée du producteur et non pas une faute simple, ce qui est difficile à prouver.

      toutefois, la preuve de la faute est pourrait être simple, puisque le simple constat de l’absence d’un retrait d’un traitement reconnu comme deux fois plus dangereux sans amélioration service médical rendu pourrait être considéré par le juge comme une faute caractérisée (bien sûr , il faut que cette dangerosité soit connue au moment de l’accident ) l’avis de HAS risque de peser lourd trés lourd dans la balance.

      Le fait même que le risque soit mentionné dans les RCP ne dédouane en rien de la responsabilité pénale ( ceci n’est pas vrai en responsabilité civile) et ce pour deux raisons
      1) en Droit pénal c’est la Loi du Tout ou Rien ( la notion de perte de chance n’existe pas)
      2) le producteur était conscient des risques , sa vigilance se devait être d’autant plus grande et ce qu’une des argumentations "de vente", c’était une diminution des risques alors qu’il y a sur risque

      Pour faire simple, le producteur était il au courant de se sur-risque ? et si oui a t’il pris les diligences normales qui s’imposaient ?

    • Les données de la littérature montrent plutôt que le risque d’AVC est inférieur avec les pilules de 3 ème génération par rapport aux 2ème génération : Lidegaard : Contraceptives and cerebral thrombosis : a five year national case-control study Contraception 2002 : 63 197-205 .
      Avec 2 ème génération : RR 2.2 ( 1.6- 3)
      Avec 3 ème génération : RR : 1.4 ( 1- 1.9)
      Il y a une confusion entre le risque thrombo-embolique veineux indiscutablement majoré par les 3 ème génération et le risque artériel qui n’est pas différent quelque soit le progestatif et qui est surtout augmenté avec les pilules à 50 gamma d’éthinyl-oestradiol .( type stédiril)
      Le risque thrombo-embolique artériel dépend du tabagisme, de l’existence d’une thrombophilie et de l’hypertriglycéridèmie .

    • la thrombophlébite cérébrale, c’est veineux et ça peut très mal finir...

    • C’est exact , mais il faut savoir que les thrombophlébites cérébrales ne constituent que 1 à 2 % des AVC . Dans 2 études chez des patientes ayant fait une thrombophlébite cérébrale , la prise de contraceptifs était retrouvée dans 10 à 46% des cas http://www.medicalforum.ch/pdf/pdf_f/2008/2008-41/2008-41-110.PDF
      En cas d’AVC , une remise en cause d’une pilule de 3 ème génération n’est donc possible en matière juridique qu’en cas d’origine veineuse , ce qui est bien plus rare qu’un accident artériel

    • Oh oui....TRIELLA " triphasique".

  • Au delà , Je me pose la question du retrait même de ces pilules contraceptives car
    1) on donne un traitement à des femmes non malades ;
    2) ils existent de nombreuses alternatives comme contraceptif ;
    3) le risque même minime est mortel ;
    4) on a déjà retiré des traitements pour moins que ça .

    Par ailleurs , la décision de reserver cette prescription aux spécialistes, au vu de vos données , si elle était prise ; nécessiterais un recours pour excés de pouvoir devant le conseil d’Etat par une société savante en médecine générale .

    On rigolerai bien

    • Mon point de vue diverge à ce sujet avec certains de mes amis médecins. Je suis persuadé que certaines femmes supportent mieux les pilules de 3ème génération que les autres. De même que certaines femmes supportent mieux les pilules de 2ème génération. Chaque femme est unique.

      Il est important de pouvoir disposer d’alternatives en cas de problème de mauvaise tolérance (boutons, maux de tête par exemple). De même que l’aspirine, dix fois plus dangereuse que le paracétamol, a la préférence de certains patients pour leurs maux de tête ou le traitement de la fièvre.

      Ce qui est inacceptable, c’est de prescrire en première intention et sans information de la patiente une pilule de troisième génération. Mais j’estime que la femme a le droit de décider, de même que la femme a le droit de souhaiter un traitement hormonal pour sa ménopause au prix d’une augmentation réelle mais modeste de son risque de faire un cancer du sein ou un infarctus.

    • Je vous avoue mes limites dans ce domaine spécifique de la prescription de contraception mais
      les bénéfices sont-ils suffisamment important pour faire doubler ou quadruplet le risque ? j’avoue que le préservatif par exemple c’est ch.. mais quand même, c’est mieux qu’un AVC

      Mais bon , je ne suis pas expert, je suivrai sur ce point l’opinion des mes confrères sachant

    • Cher Dominique,
      Je te réponds tardivement sur ton site.
      Pour une fois nous sommes peut-être en désaccord, mais sur quoi ? Comme toi, j’ai cherché à le comprendre. En fait sur l’interprétation que nous faisons de l’avis de la commission de la transparence. Pour ma part le retrait doit être discuté sur le fait que ces pilules soient depuis septembre 2012 considérée par la commission de la transparence comme à Service Médical Rendu Insuffisant (SMRI), avec aucune place en 2ème intention.
      Sur la tolérance supposée meilleure de ces contraceptifs de 3ème génération, il est important de prendre connaissance des évaluations de la CT au cours de la dernière décennie.
      Ainsi, la CT précise que en 2002-2003 : « Pour ces spécialités, la Commission avait conclu à un SMR important et à l’absence d’ASMR par rapport aux contraceptifs de 2ème génération et émis un avis favorable à l’inscription en ville et aux collectivités. La Commission avait demandé des informations complémentaires : « Cet avis sera revu au plus tard dans 24 mois. En effet, en l’état des données, il est très difficile de situer cette spécialité versus ses alternatives. Pour cette révision le laboratoire devra fournir des données permettant d’évaluer la tolérance de sa spécialité versus un estroprogestatif de 2ème génération. » Ces informations complémentaires n’ont pas été fournies.  »
      En Octobre 2007, « La Commission a conclu à un SMR important et à l’absence d’ASMR par rapport aux contraceptifs oraux de 2ème génération. Elle les a situés en deuxième intention après les contraceptifs oraux de 2ème génération et a recommandé la réalisation d’une étude prospective, comparative de large échelle permettant une comparaison pertinente entre les contraceptifs oraux.  »
      Page 14, la CT, relate la réunion qui s’est tenue à L’Afssaps le 16 avril 2012 qui concluait sur : « la tolérance clinique des contraceptifs oraux de 2ème génération est bonne, il n’y a pas de bénéfice supérieur démontré des contraceptifs oraux de 3ème et 4ème générations versus les contraceptifs oraux de 2ème génération. 4. l’effet sur l’acné est similaire pour toutes les générations de contraceptifs oraux. ».
      Et donc en septembre 2012, la CT conclut : « En 2012, la Commission de la transparence prenant en compte d’une part le surrisque d’événements thromboemboliques veineux et d’autre part l’absence d’avantage démontré en termes de tolérance clinique pour les femmes exposées aux contraceptifs oraux de 3ème génération par rapport aux contraceptifs oraux de 2ème ou de 1ère génération, considère que le service médical rendu par ces spécialités doit être qualifié d’insuffisant pour une prise en charge par la solidarité nationale. »
      Cet avis n’a pas été contesté par les firmes en justice, alors qu’elles utilisent régulièrement ce droit.
      Ce caractère non contesté de cet avis est pour moi un argument fort. Après je conçois que l’on puisse être en désaccord avec cet avis, car il ne prendrait pas suffisamment en compte certaines situations. C’est je crois notre divergence : en les retirant du marché nous priverions quelques femmes de ces produits. Pour te répondre sur ce point, je suis tout de même surpris de voir que les firmes n’aient pas fournies ces données qui ont été demandées depuis 10 ans (voir l’avis de 2002-2003).
      Il est aussi vrai que si les prescriptions de ces médicaments ne concernaient que 5% des prescriptions, nous ne serions pas dans cette nouvelle crise.
      Dernière remarque, les autorités pour nous expliquer que le retrait ne peut être envisagé argumentent essentiellement sur un aspect juridique européen. J’extrais cette phrase de l’interview de Dominique Maraninchi au Monde hier : « Si la France décidait une suspension en urgence, cela nécessiterait un arbitrage européen. »
      Merci de cet espace de débat que tu nous offres et qui me semble indispensable. C’est la médecine 2.0 n’est-ce pas ?
      Bien à toi.
      Philippe Nicot. Je n’ai pas de liens d’intérêts avec les firmes pharmaceutiques. Je réalise occasionnellement des rapports pour la commission de la transparence.

    • Le DG de l’ANSM tente de noyer le poisson . La France est tout à fait en droit de retirer l’AMM même en urgence , il n’y a aucune difficulté juridique.

      Article L5121-9

      (...)L’autorisation prévue à l’article L. 5121-8 est suspendue, retirée ou modifiée dans des conditions déterminées par décret en Conseil d’Etat, et notamment pour l’un des motifs suivants :

      1° Le médicament est nocif ;

      2° Le médicament ne permet pas d’obtenir de résultats thérapeutiques ;

      3° Le rapport entre les bénéfices et les risques n’est pas favorable ;

      4° La spécialité n’a pas la composition qualitative et quantitative déclarée ;

      5° Le titulaire de l’autorisation de mise sur le marché ne respecte pas les conditions prévues au même article L. 5121-8 ou les obligations qui lui sont imposées en application des articles L. 5121-8-1 et L. 5121-24.

      Bon, Le DG de l’ANSM fait référence à la procédure d’urgence. Bon je cite le texte
      (DIRECTIVE 2001/83/CE DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL du 6 novembre 2001 instituant un code communautaire relatif aux médicaments à usage humain, texte consolidé en dec 2012, S e c t i o n 4 )

      P r o c é d u r e d ’ u r g e n c e d e l ’ U n i o n
      Article 107 decies
      (...)
      2. Sans préjudice des dispositions du paragraphe 1 du présent article,
      des articles 107 undecies et 107 duodecies, lorsqu’une action d’urgence
      est nécessaire pour protéger la santé publique, UN ETAT MEMBRE PEUT
      SUSPENDRE l’autorisation de mise sur le marché et interdire l’utilisation
      du médicament concerné sur son territoire jusqu’à ce qu’une décision
      définitive soit prise. Il informe la Commission, l’Agence et les autres
      États membres, au plus tard le jour ouvrable suivant, des raisons d’une
      telle mesure.

      Enfin bref , les textes ne préjugent en rien de l’opportunité de retirer ou pas les pilules de 3ème génération. Je tiens à souligner que la grossesse n’est pas une maladie et que les moyens de contraception n’ont pas d’effet thérapeutique (comme indication principale) mais un effet contraceptif . La Loi est la Loi

    • Bonjour Philippe.

      Le débat est le suivant.

      Soit ces pilules ne présente aucun avantage en terme de tolérance pour aucune femme, et leur maintien sur le marché est injustifié. Tu aurais alors raison.

      Soit ces pilules sont mieux supportées par certaines femmes, et il me semble que cela constitue alors une alternative intéressante pour des femmes bien informées de l’excès de risque probable auquel elles seront alors exposées.

      Les données disponibles ne nous permettent pas de trancher ces questions. Le ressenti de nombreuses femmes et prescripteurs est que certaines pilules sont mieux supportées que d’autres, y compris des 2eme génération mieux supportées que des 3ème.

      Les industriels sont occupés à la promotion de nouvelles pilules aux estrogènes naturels et se moque de ce qui arrive aux 3ème génération qui sont génériquées.

  • En 1995, une fois que le risque d’hypertension artérielle pulmonaire secondaire à la prise du coupe-faim Isoméride (analogue au Mediator) a été reconnu, l’agence du médicament a ... restreint la prescription de ce coupe-faim aux médecins hospitaliers pour les obésités sévères.
    En 2007, alors que le Mediator était massivement détourné de son usage comme coupe-faim, l’agence du médicament a...restreint la prescription aux seuls diabétiques.
    Toutes ces restrictions n’ont eu comme seul effet que de prolonger l’exposition d’une population, même "restreinte", à des substances dangereuses et sans "service médical rendu" (pour Isoméride et Mediator).
    Ou sans "amélioration du service médical rendu" pour les pilules de 3ème génération.
    Je suis d’accord avec Dominique Dupagne, c’est l’information loyale aux femmes qu’il faut recommander, sans restriction !

    • non, non , on sait pas faire en France ça : réfléchir intelligemment à la formation des professionnels et l’information des patients : on préfère diviser pour mieux régner et ensuite trouver le bouc émissaire : c’est médiatiquement plus efficace et tout le monde aura la conscience tranquille une fois le "veau" saigné

  • En cas, l’incidence des hépatites médicamenteuses (14/100 000 soit 8000 cas par an en France) dues au paracétamol (75% des HM), on en parle ?

  • Je reprends le terme d’un confrère plus haut... Je me suis senti insulté en entendant cette proposition à la radio.

    Les chiffres présentés ici confirment ce que j’ai toujours observé : les gynécologues prescrivent plus souvent mal la pilule en première intention que les généralistes.
    La réponse à une gynécologue (hospitalière) à qui je faisais la remarque : "quand on paye la consultation cher (avec dépassement d’honoraire) on sort avec une ordonnance chère (non remboursée)". Elle même ne prescrit pratiquement que des 2e génération en première intention.

  • Le préservatif n’est pas un moyen (fiable) de contraception ! Mais comme l’IVG va être remboursé, pas de problème... Depuis le mediator nos experts et politiques sont devenus dingos. Allez, un Rivotril (qui me reste) une clope et au lit, en attendant la prochaine réglementation de FMC.

  • Quand on assiste à tout ce battage stérile on a de quoi se poser des questions sur comment peut on exercer la Médecine dans un tel contexte ...

    Certes il faut gagner sa vie mais notre travail au quotidien est de plus en plus méprisé sans que les budgets reviennent à l’équilibre

    Tout cela est un beau gachis comme seules nos sociétés riches savent les produire à coup de technocratie si savante

    Exemple personnel en ces fêtes de fin d’année d’un refus de générique PLAVIX remplacé par DUO PLAVIN + 75 mg d’aspirine par un cardiologue ce qui aconduit à épistaxis massif avec malaise avec chute ...heureusement après reprse du traitement initial tout est rentré dans l’ordre pour le réveillon

    vive l’économie en santé et les réquisitions nous vivons une époque moderne

  • Quelqu’un peut il me répondre.
    J’ai eu toujours eu de gros problème avec les règles depuis mon adolescence (surtout très très abondante et douloureuse)
    Fin 2008 celà a atteint son paroxisme (à 42 ans) douleur permanente tout le mois aux seins au ventre.
    J’ai fait des examens et une gynecho qui me suit depuis m’a mis "les ovaires aux repos", soit du Luthenyl (ou nomegestrol) depuis septembre 2008 à raison de 21 j par mois.
    Depuis je n’ai plus rien, pas de règle du tout, pas de prise de poids, pas de pilosité, mais les jambes pas terribles. Je me fais traitée pour de l’hypertension depuis avril 2009 et me suit fait poser un anneau gastrique en juillet 2011 (independant de la pilule)
    Or depuis la polémique sur la pilule, j’ai lu des articles peu élogieux sur le luthenyl, notamment qu’il ne faut pas le prendre trop longtemps et pas plus de 15 j. Là çà m’interpelle

    • kikiprincesse, je suppose que personne n’aura le temps de répondre précisément à cette question : par ailleurs, il y a beaucoup de soignants, généralistes en particulier qui lisent les posts sur ce sujet : hors nous sommes des incompétents notoires et nous n’avons pas connaissance du médicament dont vous parlez, ne sachant que prescrire Hélicidine sirop pour la toux. Je vous conseille de poser la question aux intellectuels de l’ANSM qui, seuls, pourront vous donner des milliers de statistiques sur le rapport bénéfice/risque.
      Kikiprincesse, je précise que ma réponse n’est pas de la moquerie ; tout au plus du cynisme et un profond dépit vis à vis du système de santé dont le monde entier nous envie.

  • Le débat est initié par un projet de décision du DG de l’ANSM de restreindre les prescriptions des estroprogestatifs aux « spécialistes » !...

    Pour mémoire, le DG : Dominique MARANINCHI, brillant spécialiste en hématologie, est fils d’un brillant et honorable omnipraticien, médecin de famille traditionnel d’une grande ville du sud...

    Une énième restriction de prescription ne semble plus du tout justifiée et encore moins appropriée, entre les positions de DDD, Philippe NICOT et Irène FRACHON, toutes sont pertinentes et dans le cas précis du choix d’un mode contraceptif :
    Le couple « spécialiste » adéquat est bien : La patiente et son médecin traitant, dans la majorité des cas en France, c’est : Le médecin omnipraticien et la patiente...

    Je suis tout à fait de l’avis d’Irène FRACHON, les restrictions de prescriptions entraînent le plus souvent des effets pervers, mais elles arrangent bien les lobbies en limitant le nombre potentiel de prescripteurs et par cela les pressions d’intérêts...

    Aujourd’hui la définition du « spécialiste » ne comporte pas uniquement la possession d’un diplôme, mais bien d’une compétence et d’une expérience, dans la vraie vie, les « spécialistes »des polypathologies, ne sont pas les spécialistes d’organe, un médecin généraliste a quotidiennement la charge de patients âgés, diabétiques, insuffisants rénaux, cardiopathes, et détériorés neurologiques, ce qui représente la part la plus difficile de la médecine...

    Un exemple pervers dans ma spécialité : Le traitement de la leucémie myéloïde chronique ( LMC ) Une fois le diagnostic fait auprès d’un laboratoire compétent, rien de plus simple à traiter, plus de 80% des patients sont guéris en prenant deux comprimés par jour d’imatinib, les effets secondaires ont simples à gérer, et à la portée de la majorité des médecins traitants...
    Pourtant les malades sont en général suivis par les plus sophistiqués services d’hématologie, les médicaments restreints, mais très lucratifs pour les laboratoires qui les fabriquent, les médecins prescripteurs généralement invités à des séminaires réguliers pour des informations de mise à jour avec des moyens de communication surdimmensionnés...

    Oui, notre système de santé mérite une révision générale !...

    Docmars

    • j’ose à peine évoquer le RIVOTRIL interdit à ces incultes généralistes qui savent pas prescrire hors AMM alors que nombre de patients sortent de l’hopital avec du RIVOTRIL prescrit par un interne dont la legislation en vigueur est le moindre des soucis : le patient n’est ni informé du hors AMM, ni du caractère "stupéfiant" ni du déremboursement : je dirai que c’est ....... stupéfiant !

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